Publié en 1966, Babel 17 obtint le prix Nebula. Il fut réédité plusieurs fois en français, de 1973 à 2012, la dernière édition en date étant une version numérique chez Bragelonne. Son auteur décrocha par ailleurs 2 prix Nebula et un prix Hugo entre 1966 et 1970. Des indices de qualité engageants...
Quatrième de couverture : Depuis des mois, la Terre et ses planètes, unies au sein de l'Alliance, subissent les attaques meurtrières d'insaisissables Envahisseurs. Et avant chaque coup de main, les réseaux radio de l'Alliance sont neutralisés par d'inintelligibles messages surnommés Babel 17.Qu'est-ce que Babel 17 ? Un code dont on ne parvient pas à trouver la clef ? La langue d'une civilisation ignorée ? Ou encore un super-langage dépassant tous les modes de pensée connus ? La belle Rydra Wong, une célèbre poétesse qui maîtrise une dizaine de langues — terrestres et extra-terrestres — peut seule sans doute résoudre l'énigme. Elle va partir pour un aventureux voyage dans la Galaxie, à bord de l'astronef Rimbaud... Et si Babel 17 était l'arme absolue ?
Très court - il fait environ 200 pages, cet étonnant roman de science-fiction, qui peut être estampillé sans hésitation comme space-opera (pour mon plus grand bonheur) aborde le voyage spatial et la guerre interstellaire sous un angle sacrément original : la linguistique !
Étant totalement novice en la matière, j'ai été happée dans un système de pensée dont je ne maîtrise pas le moins du monde les codes. Cela participe certainement de mon sentiment de lire là de la SF intelligente, c'est-à-dire celle dont on sort un peu moins bête parce qu'on a appris quelque chose (un peu comme dans l'Exoconférence d'Alexandre Astier - bon, ce n'est pas de la SF, mais le monsieur a la gentillesse de ne pas prendre ses spectateurs pour des cons sous prétexte qu'il les fait rire).
Il y a un paradoxe étonnant dans le fait de lire un roman de space opera (un truc d'hurluberlus, c'est bien connu) qui prend comme référence un champ d'étude aussi classique, c'est-à-dire digne et convenable, que la linguistique. Si toute la littérature de SF des années 60 ressemble à ça, j'y reviendrai...
Les personnages de ce roman sont plutôt bien campés, et leurs aventures linguistico-spatiales sont à mes yeux plutôt originales. Ce fameux langage inconnu, Babel 17, possède des propriétés étonnantes et induit des évolutions non seulement dans le déroulé de l'histoire, mais aussi et surtout dans le comportement des personnages qui y sont confrontés. Avec le changement de langue, ces derniers modifient leur mode de pensée, d'appréhension du monde. Un phénomène bien connu de tous les amoureux des langues, mais qui est retranscrit ici avec force et simplicité.
Voici donc un roman qui me laisse, outre un plaisir de lecture fort divertissante, quelques étincelles d'ouverture d'esprit et d'intelligence, ce dont je lui suis fort reconnaissante.
Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.
Edit du 24 juin : suite aux remarques pertinentes de mon voisin Xapur, il se trouve que cet article entre également en lice pour le Challenge Summer Short Stories of SFFF !