Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

SFFF - Page 11

  • Star Trek into Darkness, de J.J. Abrams

    Star-Trek-Into-Darkness-star-trek-into-darkness-33724303-1600-900.jpgCe film est la suite du précédent Star Trek de J.J. Abrams. On reprend les mêmes et on recommence : J.J. Abrams aux commandes, Chris Pine en capitaine Kirk, Zachary Quinto en commandeur Spock, Karl Urban en Dr McCoy, Zoe Saldana en Uhura... D'avance, je me pourléchais les babines !

    Synopsis : James T. Kirk est nommé second de l'Enterprise par l'amiral Pike. Alors qu'une réunion d'urgence a lieu, rassemblant tous les amiraux, une attaque est menée contre ses participants. Pike est tué. Kirk a le temps d'identifier le responsable, John Harrison, meilleur agent de Starfleet.

    Celui-ci venait de faire exploser les archives de la flotte à Londres, qui se révèlent n'être pas du tout des archives, d'ailleurs (on ne le dit pas assez : les bibliothèques et affiliées sont des endroits dangereux). Kirk est donc mandaté - avec le très primesautier Spock - pour aller tuer Harrison en plein territoire Klingon, réintégrant illico presto ses fonctions de commandant. Mission à effectuer en marchant sur des oeufs : la paix avec les Klingons est plus que fragile, il ne faudrait pas se faire prendre la main dans le sac...

    Une fois Harrison arrêté (une arrestation toute en discrétion, absolument personne ne s'est aperçu de leur présence - *mode sarcastique*), Kirk écoute son histoire, réfléchit, décide de le ramener sur Terre au lieu de le tuer afin de le faire juger devant un tribunal. Genre : on n'est pas des sauvages. Bon, et là, les vrais ennuis commencent...

    Mon avis : Que dire de ce 2e opus de J. J. Abrams ? D'abord, que je me suis bien amusée. Les échanges entre Spock et Kirk, mais aussi entre Spock et Uhura durant une véritable scène de ménage sont vraiment très drôles. Ne parlons pas des grommellements de McCoy et du jeu comique de Scotty ; mon voisin de fauteuil, que je ne connaissais pas du tout, a dû en prendre plein les oreilles pendant la séance. J'ai beaucoup ri !

    star-trek-into-darkness-spock-and-kirk-1024x707.jpgLe personnage de John Harrison, joué par l'excellent Benedict Cumberbatch, devient un poil trop vite très méchant à la fin. Dommage pour la jolie nuance du personnage, bien servie par le talent de son interprète en début de film, qui tourne court avec la transformation de son personnage en incarnation du Mal pour une raison incompréhensible.

    On comprendra donc vite ce que je reproche à ce film, comme à d'autres blockbusters du même acabit : il y a eu beaucoup plus d'argent investi dans les effets spéciaux (très réussis) que dans le scénario (étique). J'ai aimé les acteurs, les vaisseaux, les scènes d'action, mais je ne peux que déplorer le fait que les producteurs américains se croient obligés de s'adresser à un public d'un QI moyen de 80. Cela dit, je dis ça, mais peut-être que le mien frise difficilement les 85...

    Je ne connaissais Star trek que de réputation lorsque j'ai vu le premier film d'Abrams en 2009. Je n'étais donc pas du tout une Trekkie (= fan de Star Trek). Cela a quelque peu changé lorsque ce printemps, Arte a eu la bonne idée de repasser plusieurs des films issus des séries TV, toutes générations confondues. J'ai donc fait connaissance avec la fameuse "philosophie" de Star Trek, philosophie qui évolue d'ailleurs considérablement au cours des années... Et qui a tendance à disparaître totalement des deux derniers opus cinématographiques.

    Mais, les Dieux d'Hollywood soient remerciés, à la toute fin de ce présent film, Kirk pose la question de la raison d'être de Starfleet : l'exploration, pas la guerre. Et en effet, dans ce film, Starfleet n'est pas taillée pour la guerre interstellaire, particulièrement pas ses hommes, qui ne sont pas des soldats. J'avoue que ce fait, bien qu'en accord avec la philosophie de la série TV d'origine, m'a surprise, car il n'est jamais évoqué dans le précédent Star Trek. Bien au contraire, je me souviens clairement de branle bas de combat, de vaisseaux de la flotte qui se précipitent pour combattre un vilain... Bref, j'ai décelé comme une grosse incohérence.

    star trek bones 2.jpgEnfin, à la fin, on dirait bien qu'on retourne aux fondamentaux : l'exploration, vers l'infini et au delà. Ca fait plaisir. Espérons que cela continue ainsi.

    Un petit détail m'a interpellé durant la séance : le côté western assez appuyé du film, avec une musique blues et country à l'ancienne ("non mais allô, quoi, ça fait trop 20e siècle, ton truc !"). C'était plutôt drôle.

    En bonus, je vous mets une ch'tite photo de Leonard "Bones" McCoy, interprété par Karl Urban depuis deux films. Mon néo-zélandais préféré, en spéciale dédicace à Lhisbei.

     

    Cette chronique entre dans le cadre du Summer StarWars Episode I de Lhisbei, béni soit son nom et celui de M. Lhisbei pour l'existence de ce 4e opus du challenge. J'ai vu ce film dans le cadre de la Fête du Cinéma, tout comme mon blogopote barbu, A.C. de Haenne.

    Film également vu, chroniqué (et pas du tout aimé) par Xapur, ainsi que par notre maître à tous en matière de démontage de scénario débile, Sa Majesté Odieux Connard, le bien nommé.

  • Quatre cent milliards d'étoiles, de Paul J. McCauley

    400 milliards d'étoiles.jpgRésumé de l'éditeur : Dorthy Yoshida, jeune astronome japonaise, est envoyée sur une planète récemment découverte pour essayer d'en percer le mystère grâce à ses dons de télépathie. Cette planète, P'thrsn, a été terraformée par une civilisation très avancée qui semble avoir disparu. Elle n'est plus habitée que par les « bergers », créatures primitives couvertes de fourrure et dotées de six membres, qui gardent des troupeaux d'herbivores semblables à des limaces géantes. Pourtant, lors de sa descente vers la planète, Dorthy perçoit une intelligence formidable quelque part au-delà de l'horizon. Les bergers auraient-ils un rapport avec l'Ennemi mystérieux contre lequel les hommes se battent à l'autre bout de la galaxie ?

    De ce court roman, je conserve un sentiment d'inachevé. Bien que la réponse à la question du résumé soit donnée à la toute fin du roman, il reste que les étapes traversées par l'héroïne confinent aux errements divagatoires d'une femme que l'on prend trop souvent pour une déséquilibrée. La recherche de Dorthy Yoshida, empirique et aléatoire, est menée de façon trop crytique pour moi. Elle passe d'une expérience à l'autre sur cette planète étrange, sans que le lecteur n'ait plus de clés qu'elle sur les causes de la situation en cours.

    En ce qui concerne les autres humains présents avec elle, on ne comprend jamais vraiment qui ils sont, ni leurs buts. Les personnages sont plutôt bien fouillés, avec des personnalités complexes et une psychologie développée. Les caractéristiques de l'héroïne sont exemptes de sexisme, ce que j'apprécie. Il n'en reste pas moins que tout cela a l'air d'avoir été travaillé en vain. A la fin, on a l'impression d'avoir pataugé durant quelques heures avec Dorthy pour avoir certes une réponse à la question de l'identité de l'ennemi... Mais toutes les autres restent en suspens.

    Rien à voir avec le qualité du contenu : je trouve la couverture hideuse. Fier étalon de la grande époque J'ai Lu SF...

     

    Cette chronique entre dans le cadre du Summer StarWars Episode 1, de Lhisbei.

    J'ai Lu, 1998

    Genre : science-fiction, space opera, planet opera, suspens

  • Iron Man 3, de Shane Black

    Voici revenu le connard génial et égocentrique de Marvel Comics, mon pote Tony Stark, alias Iron Man. Il est cette fois aux prises avec un traumatisme post-Avengers et un grand méchant terroriste qui menace les Etats-Unis, le Mandarin. 

    Iron Man est une franchise de divertissement. Pas du cinéma d'auteur. Une fois que tout le monde s'est mis d'accord là dessus, on peut creuser un peu.

    Iron Man 3.jpg

    Ce troisième opus est une grande réussite pour tout ce qui concerne les scènes d'action. La destruction de la villa de Tony Stark (je ne spoile pas, c'est dans la bande-annonce) est un moment extraordinaire, spectaculaire à souhait. Rien que pour toutes les scènes de combat et de vol en armure, le visionnage en salle obscure vaut le déplacement.

    Prévoyez toutefois de vous procurer une place à tarif réduit : si les personnages, principaux comme secondaires, sont plutôt bien travaillés, le scénario souffre d'une indigence certaine par moments, manquant de créer le lien suffisant pour justifier la présence de quelques personnages clés, comme le mouflet malin et le grand méchant Mandarin. Ca rime, oui.

    La situation de départ est la suivante : en raison de son expérience de mort imminente (ou presque) dans Avengers, Tony déprime ; il s'amuse avec ses joujoux - une pléthore d'armures expérimentales - refuse de dormir et fuit le monde, même sa mignonne Pepper Potts (toujours potiche, mais un peu moins que dans les films précédents). Il passe surtout son temps à planter tout ce qu'il entreprend, et c'est sans doute ce qui est le plus intéressant dans ce 3e opus. Dans ces scènes, le potentiel comique de Robert Downey Jr est pleinement exploité, pour mon plus grand bonheur. Il est réellement excellent dans ce registre, à la fois dans l'autodérision et dans le comique gestuel - procurez-vous Tonnerre sous les tropiques, vous verrez un bon exemple de son talent en la matière ! Donc Tony Stark se plante encore plus souvent que dans ses 2 premières aventures cinématrographiques, c'est très drôle, et cela donne un peu plus de relief à ce personnage déjà haut en couleur.

    Comme énoncé plus haut, il y a dans ce film un surprenant grand méchant Mandarin, dans le rôle duquel Ben Kingsley s'amuse comme un fou, et un mouflet malin qui tient la dragée haute à Tony Stark, qui est pourtant son idole. Ils m'ont bien plu tous les deux. En revanche, je mets un B- à Guy Pierce dans le rôle du Dr Killian. Sa tête ne me revient pas dans ce film. Tant pis pour lui, il s'en remettra.

    J'ai passé un fort bon moment en salle obscure, à peine gâché par la faiblesse du scénario - comme quoi, tout dépend de l'humeur du moment, car cette même faiblesse m'avait beaucoup dérangée pour Avengers.

    iron-man-3 [2].jpg

    Je suis débile. Je n'avais jamais remarqué que le chauffeur, garde du corps puis responsable de la sécurité de Tony Stark dans tous les Iron Man était Jon Favreau himself, le réalisateur des deux premier opus. Mais cette fois, je ne suis pas passée à côté. Car si Happy Hogan, son personnage, passe une grande partie de ce troisième opus alité dans une chambre d'hôpital, il montre un goût immodéré pour la série so british Downton Abbey... Que je viens de finir de dévorer.

    Je dois avouer que dans ce film de divertissement américain à grand spectacle, qui convoque toutes les recettes les plus ébouriffantes et irréalistes (scènes d'action, technologies avancées, feux d'artifices bling bling), la présence de petits morceaux de société anglaise traditionnelle d'avant-guerre est un pied-de-nez fort amusant, qui m'a grandement divertie.

  • Le top quinze des films de SF (2)

    En novembre 2010, le Traqueur Stellaire lançait un top 15 des meilleurs films de SF, que j'avais librement repris à mon compte.

    Il a recommencé récemment, et j'en étais encore à me tâter pour savoir si je réitérais ou non la chose quand cette perfide collègue blogueuse et bibliothécaire de Lune m'a taguée ! Damned ! J'étais refaite !

    Mais alors, que je commençai ce billet, je découvris que Lhisbei à son tour me taguait ! Incroyable !

    Je crois que les blogopotes m'encouragent, et je les en remercie. Bon, et puis elles ont un argument de choix : j'ai gagné deux livres grâce à elles...

     

    « Je cherche un prêtre, Vito Cornelius, c'est ici ?

    Non mon fils, les mariages, c'est l'étage en dessous. »

     

    Voici donc, dans le désordre et à l'impromptu, les 15 titres de films de SF qui me reviennent :

    1- Pitch Black, chouette film super malin où Vin Diesel sert le film, ça change !

    2- L'armée des douze singes, dans lequel il y a le second rôle qui m'a pratiquement le plus marqué au cinéma : Brad Pitt. Et pas parce qu'il a une belle gueule.

    3- Starship Troopers, parce que, en plus de ce que j'en ai dit la dernière fois, il se trouve que j'ai lu récemment le livre dont il est tiré, Etoiles, garde à vous ! de Robert Heinlein (merci Guillaume). Et que j'apprécie d'autant plus la qualité de l'adaptation cinématographique.

    4- Star Wars épisode IV (mais aussi les V, VI et III. J'ai prévenu que c'était dans le désordre !)

    5- X-Men II sans doute parce que je n'ai pas encore vu X-Men le commencement, et parce que comme dans tous les X-Men, il y a Hugh Jackman en combinaison moulante.

    6- Iron Man, parce que même si le(s) film(s) n'ont pas un intérêt cinématographique durable, Robert Downey Jr est Tony Stark jusque dans la moindre fibre de son être, et que c'est jouissif.

    7- District 9, parce que l'humanité en prend plein la gueule, et qu'elle l'a bien mérité.

    8- Matrix (le premier uniquement). Lunettes noires, manteau noir, M. Smith, post-apo : la classe

    9- Le cinquième élément. Le film qui m'a le plus fait rire en SF, dans le bon sens du terme. Après ça, je me suis teint quelques semaines les cheveux en orange, comme Leeloo. C'était classe.

    10- Bienvenue à Gattaca. Glaçant. Extraordinaire.

    11- Time out. Bon d'accord, ce n'est vraiment pas le meilleur film de SF que j'ai vu, mais j'aime beaucoup le pitch de ce monde où le temps de vie est la monnaie d'échange quotidienne.

    12- Terminator. Parce que : "Sarah Connor ? Oui ? Pan !"

    13- Avatar. Le film est un peu trop plein de bon sentiments, mais c'est quand même un sacré planet opera et un spectacle inégalable pour les yeux.

    14- Les fils de l'homme. Parce que.

    15- Et là, je vais faire hurler tout le monde : Hunger Games. Comme Time Out, le film n'est pas assez bon pour avoir une place méritée dans un top 15 objectif, mais l'histoire me plaît. Un bon moyen de rappeler aux gens qui n'ont pas trop souvent lu cet excellentissime billet d'Odieux Connard sur le film qu'ils peuvent lire ce roman d'anticipation post-apocalyptique, car il est loin d'être une bouse.

     

    « Un-be-lie-va-ble ! »

  • La trilogie de l'empire, de Raymond E. Feist et Janny Wurts

    Fille de l'empire.jpgLa trilogie de l'empire est une oeuvre en trois volumes (si, si, je vous jure...) écrite par Raymond E. Feist et Janny Wurts, qui développe une histoire parallèle aux Chroniques du Krondor de Raymond E. Feist. Tous les romans autour du Krondor sont bien connus des amateurs de SFFF, mais je n'en ai pour ma part lu aucun. Je suis donc entrée dans la trilogie de l'empire en parfaite néophyte.

    Les tomes s'intitulent respectivement Fille de l'empire, Pair de l'empire et Maîtresse de l'empire. Etant donné que je n'aime pas spoiler, j'aurai pu éviter de donner les titres, qui sont à mon avis les pires que l'on puisse donner à des histoires dont le lecteur ne veut pas connaître le dénouement. Malgré la fin prévisible, j'ai décidé de tenter le coup et j'ai acheté ces titres en version numérique.

    L'histoire : Mara des Acoma est une jeune fille de 17 ans, héritière d'une noble famille de l'empire Tsurani sur le monde de Kelewan. Alors qu'elle est sur le point de prononcer ses voeux pour intégrer un ordre religieux dédiée à Lashima, déesse de la sagesse, elle est interrompue par le chef militaire de sa famille, qui l'informe de la mort de son père et de son frère à la guerre. Elle hérite brutalement d'une maison décimée, ruinée, et privée de la totalité (ou peu s'en faut) de sa force militaire.  Mara comprend rapidement que le décès de ses proches est dû à la manoeuvre d'un commandant Tsurani, ennemi de sa famille, qui les a placé délibérément au sein d'une opération militaire suicidaire dans la guerre des tsurani contre les Midkemians (une référence à La guerre de la faille, de Raymond E. Feist). Elle ne peut trainer en justice le responsable du massacre, qui a camouflé son meurtre sous une apparence honorable.

    Pour reconstruire sa maisonnée et venger sa famille, Mara doit jouer le Jeu du Conseil - le jeu le moins amusant du monde, dans lequel toutes les familles nobles de l'empire tsurani cherchent à gagner le pouvoir, le conserver et empêcher les autres d'y accéder, tout en maintenant l'apparence de la plus parfaite honorabilité. Dans la civilisation tsurani, l'honneur est au-dessus de toute autre considération, et la mort préférable à la honte et à l'humiliation. Mara, dans une situation désespérée, utilise des moyens discrets, tortueux voire non conventionnels afin de regagner un peu de prestige et de force, quitte à payer de sa personne. La trilogie relate sa montée en puissance dans un univers hostile.

     pair de l'empire.png

    Mon avis : Le point de départ du roman, sans originalité, est compensé par la richesse de l'univers recréé et une narration efficace, et qui peut parfois aussi se révéler réellement poignante.

    L'empire tsurani est décrit comme une société patriarcale et clanique, sur le modèle nippon traditionnel. L'esclavage en est une composante formelle (les esclaves sont les serviteurs de maisons déchues et les prisonniers de guerre), ainsi que le suicide rituel. Les tsurani croient en la métempsycose, d'inspiration hindouiste, avec des réincarnations plus ou moins honorables en fonction des mérites gagnés dans les vies antérieures.

    Les nobles s'y déplacent en palanquin ; ils ne connaissent pas le cheval. Kelewan est un monde quasiment privé de ressources métalliques. Les armes et armures sont de cuir, et l'empire tsurani vit de l'agriculture et du commerce, sans aucune industrie.

    Les tsurani, subtils et épouvantablement polis, sont pour certains des monstres de perversité. Une des réussites indéniables du roman est la qualité du rendu des relations humaines dans ce contexte social, où les non-dits sont plus beaucoup plus significatifs que les paroles. Virtuoses de la communication non verbale, les tsurani (et surtout le narrateur !) embarquent le lecteur dans des scènes épiques de conquête de pouvoir où il ne se passe pourtant rien de plus qu'une discussion guindée dans un salon de réception... Etant donné que la plupart des romans de fantasy s'inspirent plutôt des légendes nordiques ou celtiques, ce cadre oriental est une petite bouffée d'air frais.

    On y trouve de la magie, mais il n'en est que peu question jusqu'au 3e tome, dans lequel celle-ci prend de l'importance pour servir l'intrigue.

    La ligne narrative des romans est un peu inégale. Elle est souvent efficace et pragmatique, mais prend parfois une tournure lyrique étonnante. J'ai été particulièrement émue par deux scènes du 2e tome, Pair de l'empire. La première met en scène le commandant de Mara, Keyoke, pris au piège d'une embuscade particulièrement retorse, au coeur de laquelle il se bat sans espoir de survie, ni de rédemption pour l'honneur de sa maîtresse. Il se bat de toute son âme, tenant par son seul courage, soutenu par toute une vie de discipline. La narration de la scène est réussie, à la fois réaliste et portée par un souffle épique.

    La deuxième scène relate de façon puissante et émouvante, en quelques courtes pages, la façon dont Keyoke, mourant, dans le coma, est d'abord laissé à lui-même pour lui permettre de mourir dans l'honneur, puis sauvé par un prêtre guérisseur qui fait appel aux sentiments de Mara pour son serviteur, en dépit des traditions contraires.

    maitresse de l'empire.pngPar ailleurs, une fan de science-fiction comme moi ne pouvait pas laisser un détail sous silence : les Cho-Ja. Ces insectes géants, proches de fourmis ou des termites, sont les habitants originels de Kelewan. Doués d'intelligence, reconnus comme des égaux, leurs talents d'artisan et de guerrier sont prisés, et leur alliance recherchée par tous les clans tsuranis. La société Cho-Ja est assez bien décrite et constitue un à-côté distrayant, bien que trop peu développé à mon goût. Ces fascinants insectoïdes auraient largement mérité un traitement narratif plus minutieux.

    L'héroïne dotée d'un fort caractère et d'une poigne de fer a bien entendu tout pour plaire à mon esprit féministe et romanesque (un bisounours en tenue de Femen, si vous préférez...), rappelant à mon bon souvenir des petits plaisirs tels que... oui, vous avez deviné : Honor Harrington.

    Sauf que Mara des Acoma, contrairement à ma copine Honor, n'apprend jamais à se battre. Elle n'est pas militaire. Elle est juste une jeune femme qui se sert de son intelligence et de qualités traditionnellement féminines pour arriver à ses fins. Cela change de mes héroïnes masculinisées...

    En somme, La trilogie de l'empire m'a donc semblé être un charmant roman populaire, qui reprend des codes romanesques vieux comme le monde pour les exploiter de façon satisfaisante et attachante. Le fait que j'aie lu les trois tomes d'affilée est révélateur de son pouvoir d'attractivité, et je ne peux que vous le conseiller comme un bon divertissement, propice aux soirées au coin du feu comme aux journées à l'ombre du parasol.

     

    Editeur : Bragelonne, février 2011 pour tous les tomes de cette édition. Lus en version numérique

    Genre : fantasy, science-fiction

    Lu aussi par : Spocky

  • Janua Vera, de Jean-Philippe Jaworski

    janua-vera.jpgJean-Philippe Jaworski est un orfèvre de la langue française. Il cisèle ses textes comme d'autres les gravures à l'eau-forte, il pastiche, il détourne. Il sait tous les styles, tous les tons, toutes les trames. Il sait aussi les hommes, leurs passions, leurs crimes et leur drôlerie.

    Il met la première au service des seconds. Et on en redemande.

    Le recueil de nouvelles Janua Vera, dans l'édition de 2010, contient 10 nouvelles. Jaworski, pour ceux qui l'ignorent encore, nous a également régalé d'un roman de tout premier ordre, Gagner la guerre.

     

    1 - Janua Vera

    Le roi Leodegar le Resplendissant, Roi-Dieu de Leomance, fait de mauvais rêves... On entre dans l'ordre chronologique de l'histoire avec cette première nouvelle courte. Elle ne m'a pas laissé beaucoup de souvenirs, mais elle fait office de mythe fondateur pour le Vieux Royaume.

    2 - Montefellone

    Une nouvelle orientée vers la tradition militaire et chevaleresque des grands récits d'héroic fantasy, qui nous rappelle forcément Le trône de fer. Au beau milieu d'un guerre, des généraux doivent choisir entre un ordre direct de leur souverain (occuper Montefellone) ou lui rendre service en volant à sa rescousse en désobéissant aux ordres.

    Complots, trahisons, valse-hésitation des uns et des autres et surtout, le thème de la loyauté : qui est loyal à qui, comment, pourquoi, et quelle loyauté est la mieux récompensée ? Pas toujours la plus honnête, il faut croire...

    3 - Mauvaise donne

    La nouvelle attendue par tous ceux comme moi qui ont lu Jaworski dans le désordre, soit Gagner la guerre avant Janua Vera.

    « Mauvaise donne » met en scène la première apparition de Benvenuto Gesufal, crapule et assassin des bas quartiers de Ciudalia, empêtré dans les rêts d'un complot beaucoup trop gros pour lui. Empruntant aux romans d'aventure, aux ambiances de polars noirs et aux conspirations machiavéliques (au sens propre du terme, Machiavel n'est jamais loin...), cette nouvelle réjouit le lecteur par sa vivacité et son humour. Les joutes verbales sont délicieuses. Voici un extrait (déjà moult fois cité, mais tant pis) :

    « Je souhaiterai obtenir un entretien avec sa seigneurie.
    Elle me connait : j'ai déjà eu l'honneur de la daguer. »

    4 - Le service des dames

    Aedan, incarnation du chevalier à l'honneur sans tache et sans reproche (je ronfle déjà), rend service à une gente dame afin de jouir du droit de passage d'un pont. Il lui faut aller chercher noise au vil et méchant voisin. Sauf que cette histoire sent très mauvais, et qu'au final, il y a des baffes qui se perdent. Pour la gente dame, surtout.

    Oui, je suis violente. Il faut dire que mon sens de l'honneur est inexistant, contrairement à ce pauvre Aedan qui se débat au milieu de ses grands principes. Un exercice de pastiche assez réussi, bien que le sujet m'intéresse peu.

    5- Une offrande très précieuse

    Certainement l'une des nouvelles qui m'a le plus touchée. Sans doute parce qu'elle en appelle à la fibre parentale qui sommeille en chacun de nous ;  j'en suis presque certaine parce que je pense que l'histoire m'aurait laissé froide il y a quelques années.

    Cecht et Dugham sont soldats. Dugham est blesséau combat, Cecht tente de le sauver en traversant une forêt immense avec son camarade sur le dos. Cecht est une brute, il a peu de cervelle, et il le sait. Parce qu'il le sait et qu'il fait un choix altruiste mais sans doute fatal pour sa survie, Cecht nous est rapidement sympathique. Il rencontre une vieille sorcière qui, pour soigner son compagnon, lui demande de faire une offrande. Une offrande atypique, qui fait appel à ses souvenirs les plus profondément enfouis et à une sensibilité qu'il ne se soupçonnait pas.

    Une belle réussite que cette nouvelle.

    6 - Le conte de Suzelle

    Tristesse insondable, temps perdu, désillusion, rêves disparus... Cette nouvelle est belle, mais si triste.

    Suzelle est une petite fille débordante de vitalité et de gaieté, lorsqu'elle fait une rencontre qui bouleverse sa vie. Son interlocuteur la marque à jamais, et dans l'attente d'une promesse et d'un retour, elle laisse passer son existence. Mariage, travail, enfants, vieillesse... Le temps passe, dans cette paysannerie rude et parfois sordide.

    Le rêve d'une vie jamais vraiment vécue.

    [soupir]

    7 - Jour de guigneJanua vera - Gagner la guerre 2.jpg

    Calame le scribe est victime du syndrome de Palimpseste. Parce qu'il a utilisé un parchemin ensorcelé, sa vie se réécrit sous ses yeux ébahis et sa volonté impuissante. On rit beaucoup dans cette nouvelle absurde et parfois potache, toujours soignée du point de vue du style.

                                                                     éd. spéciale de Janua Vera et Gagner la guerre

    8 - Un amour dévorant

    A Noant-le-Vieux, la nuit, les bois sont hantés par des appeleurs, à la recherche d'une jeune femme. Tous sont morts depuis des siècles, mais ils vivent encore sous les futaies, ombres parmi les ombres. Un prêtre du culte du Desséché mène son enquête pour éclaircir l'histoire, interrogeant chaque témoin. 

    Cette nouvelle pose une atmosphère à la Edgar Allan poe, dans la plus pure tradition fantastique du 19e siècle, hantée par les esprits, les revenants, et la fascination pour la mort (en lien avec le culte du Désséché). Personnellement, je n'aime pas particulièrement ce genre, mais il est une fois de plus excellemment mis en oeuvre par Jaworski.

    9 - Comment Blandin fut perdu

    Un peintre errant se voit confier un chantier dans un monastère, ainsi qu'un apprenti doté d'un talent extraordinaire. Le maître ne comprend pas la hâte du monastère à se débarrasser du génie, jusqu'à ce qu'il se rende compte que son apprenti est obsédé par une femme, une seule, et qu'il ne cesse de la peindre. Incapable de varier, il intègre son visage à toutes ses oeuvres, partout, tout le temps, comme un poison lentement instillé...

    Une histoire originale.

    10 - Le confident

    Cette nouvelle aborde d'un peu plus près le culte du Desséché, avec l'histoire d'un prêtre qui décide de se faire enfermer dans le noir total, une sorte d'expiation volontaire, et dont il décrit les étapes angoissées. L'anxiété monte, avec elle les peurs et les cauchemars, à la lisière entre sommeil et veille, rêve et réalité...

    N'étant pas fan de l'épouvante, je n'ai pas particulièrement accroché à cette nouvelle, qui, étant la dernière du recueil, la termine sur une note sombre. Un peu dommage pour moi, mais pour ceux qui aiment, c'est toujours réussi.

     

     ed. spéciale Janua Vera et Gagner la guerre

    Janua vera - Gagner la guerre.jpgLe recueil terminé, mes impressions globales de lecture (avec du recul, je l'ai terminé il y a quelques temps) sont les suivantes :

    • Je n'aime pas particulièrement le format nouvelle. Vieille école, vieilles habitudes, vieille bibliothécaire... On pourra trouver quantité d'explications à cet état de fait ! Lire 10 nouvelles de suite m'a donc demandé un effort certain, que je ne pense pas réitérer de si peu. Une ou deux nouvelles à la fois suffiront largement pour mes futures expériences. Par comparaison, la novella, comme Palimpseste de Charles Stross, me convient mieux.
    • Mes goûts personnels me portent peu vers le fantastique, les revenants, l'épouvante et la fascination pour la mort, ni d'ailleurs vers ce qui est noir et désespéré... Des thèmes plutôt récurrents dans ce recueil, particulièrement vers la fin. Je ne peux donc pas dire que je l'ai adoré. [Oui, les bisounours ne sont pas loin, mais que voulez-vous...]
    • Bien que moins enthousiaste qu'à la lecture de Gagner la guerre, en cause les raisons précédemment évoquées, je reste séduite par la qualité de l'écriture de l'auteur. Il sait vraiment tout faire, tant sur le fond que dans la forme. Et il met sa forme très travaillée au service d'un fond qui ressemble à tout sauf à cette autofiction si chère à notre intelligentsia littéraire, que j'abhorre. Rien que pour cela, Jean-Philippe Jaworski est mon ami. Enfin, non, mais... Remarquez, je peux toujours le lui demander sur Facebook, on ne sait jamais !
    • Mes nouvelles préférées sont donc : Mauvaise donne, parce que Benvenuto Gesufal, et Une offrande très précieuse, parce que tout le monde aime un jour, quel qu'il soit. [Quand je vous disais que les bisounours n'étaient pas loin]. Avec une mention spéciale pour Le conte de Suzelle, parce que l'histoire a beau être triste à en mourir, elle est magnifique.

    Tous les aficionados de Jean-Philippe Jaworski attendent avec impatience la sortie de son prochain roman, toujours aux Moutons électriques, en août 2013 : Même pas mort sera le premier tome d'une trilogie intitulée Les Rois du monde.

    Et rien que pour vous faire baver un peu, sachez donc que je devrais rencontrer le monsieur le week-end prochain, aux Oniriques à Meyzieu. Et toc.

     

    Ce billet est dédié à Tigger Lilly, parce qu'elle a été la première à demander une chro de ma PAB.

    Edition : Les Moutons électriques, 2010 (édition augmentée)

    logog JLNN.jpg

  • Palimpseste, de Charles Stross

    Palimpseste est une novella de Charles Stross, par ailleurs auteur de la série Les princes marchands. Palimpseste a obtenu le prix Hugo en 2010. J'ai acheté ce livre pour ma bibliothèque personnelle durant les dernières Utopiales (je le signale car j'achète assez peu de livres pour moi).

    palimpseste.jpg

    Palimpseste raconte l'histoire de Pierce, un patrouilleur du temps, qui parcours l'histoire de la Terre afin d'intervenir sur des points de divergence, des noeuds dangereux pour l'humanité. La Stase, son employeur, est chargée du maintien de la population et de l'histoire humaine sur la Terre, quelles que soient les époques. Son action court sur des millions d'années.

    On suit donc Pierce tout au long des vingt années de formation qui lui sont nécessaires pour devenir un véritable agent de la Stase, vingt ans à parcourir le temps, à se fondre dans la masse, à éviter des catastrophes, à tomber amoureux... A se faire tuer aussi. Car Pierce meurt à plusieurs reprises, mais la Stase le ramène chaque fois à la vie.

    Il arrive parfois que les agents de la Stase tombent en plein palimpseste : une scène qui a été effacée et réécrite plusieurs fois. Un véritable casse-tête chinois...

    La Stase charge aussi parfois ses agents de déplacer des populations dans le temps, afin de mener des "Réensemencements". Ceux-ci permettent à l'humanité de "repartir" au lieu de s'éteindre, comme le voudrait la loi de l'évolution. Elle utilise également les ressources de civilisations scientifiques pour éviter à la Terre de s'éteindre avec la mort du Soleil.

    Pour devenir agent, Pierce doit faire un sacrifice : se couper de ses racines, et pour le prouver, il doit aller dans son passé tuer son grand père. Il doit même, en fin de formation, se tuer lui-même, un soi déviant qui a pris un autre chemin et qui doit être éliminé. Une carrière difficile, mais qui a ses avantages : une vie extrêmement longue, le sentiment d'être utile à l'humanité entière, et la possibilité de se retirer parfois plusieurs années dans une civilisation paradisiaque dont il est le demi-dieu.

    Mais Pierce découvre que la réalité se révèle plus compliquée encore lorsqu'il arrive enfin à consulter la grande bibliothèque du temps, le bien le plus précieux de son employeur...

    voyages temps.jpg

    Palimpseste a beau être un roman court, il contient littéralement plusieurs mondes. Une terre comme jamais on ne l'aurait imaginée, avec de multiples dérives des continents, des miliers de civilisations, et une géographie astronomique changeante : *attention spoiler* la Terre quitte même le système solaire pour partir "vivre sa vie" dans l'espace intergalactique !

    Charles Stross utilise l'ellipse à l'envie afin de parvenir à ce résultat extraordinaire, un procédé qui pourrait en agacer certains. J'ai pour ma part accepté sans rechigner la méthode, qui permet de ne pas perdre de temps et d'aller toujours à l'essentiel.

    Bien entendu, les multiples voyages dans le temps du personnage central brouillent rapidement les cartes. Les paradoxes temporels s'accumulent et il faut bien avouer qu'au bout d'un moment, les ellipses aidant, j'ai cessé de vouloir tout comprendre dans la chaîne de causalité. Ce qui m'a finalement aidé à apprécier l'histoire racontée, celle d'un homme prisonnier du temps qu'il arpente pourtant sans limites.

    En aparté, je conseille au lecteur intéressé par les thèmes du voyage dans le temps et de l'uchronie de lire ce fil de discussion du Planète Sf. Une bonne façon de comprendre la différence fondamentale entre les deux... On peut aussi aller voir la série canadienne Continuum, qui exploite à bien plus petite échelle l'idée du voyage dans le temps.

    Pierce cherche un sens à son travail, une certitude de faire le bien en fin de compte. Comme il a dû, pour accéder à ce poste, employer la violence, il a besoin d'un garde-fou éthique : "qu'importe les moyens, pourvu que la fin soit honorable". Et la recherche de cette caution morale l'amène sur bien des chemins, en bien des temps...

    Palimpseste a été pour moi un très beau roman, bref et intense. La fin de l'histoire nous laisse dans l'incertitude, mais je n'en attendais pas plus... ou pas moins ?

     

    PS : ami lecteur, tu peux remercier Vert et Lhisbei pour leur kick ass, qui a permis à cette chronique de voir le jour. C'est comme un accouchement : il est inéluctable, mais on a souvent besoin d'un coup de main pour le mener à bien !

    Editeur : J'ai lu, collection "nouveaux millénaires", 2011

    Genre : science-fiction, voyage dans le temps

                                

    WTT.jpg

    Ce billet entre dans les challenges Winter Tilogog JLNN.jpgme Travel de Lhisbei et Je lis des Nouvelles et des Novellas de Lune.