Il existe, depuis plusieurs années maintenant, une nouvelle catégorie de psychotropes, gratuits (c'est bien là le problème) : les séries télé.
Pour cette deuxième édition des Nouvelles du pays des camés, je vous emmène dans l'amérique post-apocalyptique, ou plutôt, post-électricité, avec la série Révolution.
Charlie Matheson, qui vit avec son père et son frère, assiste à l'enlèvement de son frère et à l'assassinat de son père par Tom Neville, un capitaine de la milice de Sebastian Monroe, dictateur de la République Monroe, dans une amérique post-apocalyptique. Elle part à la recherche de son oncle Miles, pour l'aider retrouver son frère. Miles est un ancien commandant de Monroe. Son ex meilleur ami, en fait. En cours de route, Charlie et son ami scientifique Aaron découvrent qu'il existe une possibilité de faire revenir l'électricité, et que sa mère, qu'elle croyait morte, est vivante.
Révolution a dès le début provoqué l'ire de bien des spécialistes des séries TV : annoncée comme une série originale, elle répondrait malheureusement à tous les poncifs du genre. On y trouve de belles pépées super brushées dans une amérique privée d'électricité depuis 15 ans, violente et divisée. On assiste à leurs affres sentimentaux ("mon pôpa est moooooort !") et à des rebondissements scénaristiques trop attendus ("et en mourant il a dit que l'électricité pouvait.... Raaaa, couic !").
Les scénaristes se croient obligés de tout nous expliquer, comme si nous ne pouvions pas faire des déductions du contexte tout seul. A croire que l'américain moyen est un con (comment voulez-vous que les européens ne le considère pas comme tel avec de pareils scénarios, hein ?) Les rebondissements capillotractés manquent sérieusement de tenue, je pense qu'Odieux Connard ferait un festin. Bref, c'est relou.
Cela dit, une fois cela passé, je suis toujours la série. Parce que, si on se dit qu'on accepte que ces fichus survivants au black-out sont toujours propres sur eux (sans déconner, matez le brushing d'Elizabeth Mitchell, c'est spectaculaire !) et que le fait qu'ils se battent au sabre n'a rien de ridicule, on s'attache quand même un chouïa aux personnages. Et la 2e saison rattrape la première.
La jeune héroïne, Charlie, est un peu trop monolithique. Le même haussement de sourcil dans toutes les situations. Bon, elle est canon, je suppose que ça fait passer la pilule. Et son personnage évolue rapidement pour devenir indépendant, capable d'initiative et libre. Même sexuellement, si. Ca fait du bien de voir ça en ces temps de régression sociale.
Le génie paumé, Aaron, est gras, barbu et binoclard, couard et incapable de dire ce qu'il fait là. Un autre cliché.
Le tonton sur le retour est bien. Si. J'aime bien Billy Burke (mais si, vous savez, le type qui joue le papa de Bella dans Twilight). Il a un physique atypique dans le PAA (équivalent américain du PAF), qui rend le personnage plus normal.
Le méchant dictateur, joué par David Lyons, est super glaçant, comme on peut s'y attendre d'un sadique torturé. Mais il déploie des facettes nuancées de son personnage dans la 2e saison. Et l'acteur australien est réellement hypnotisant, avec son regard bleu fou. Une belle incarnation. Oserais-je dire que je le trouve carrément sexy ? Oups, pardon, ça m'a échappé : cela n'a rien à voir avec une critique constructive.
Et puis, il y a le brushing d' Elizabeth Mitchell. Elle a joué auparavant dans V (2009), un rôle d'agent du FBI qu'elle remplissait de façon crédible dans une série qui ne l'était pas. Bon, ben là, elle joue très bien aussi. Son personnage ambigu est intéressant, et c'est l'un des rares où on n'a pas droit à des tonnes d'explications pour chaque acte. Elle garde un peu de son mystère. Ouf !
Giancarlo Esposito, qui explose depuis quelques années dans le paysage télévisuel américain (si, regardez donc Once Upon A Time ou Breaking Bad), campe un personnage brutal et intelligent, qui a l'avantage, de mon point de vue, de ne pas se définir par le bien ou le mal qu'il fait, mais par sa motivation, avant tout égocentrique. Il change de "camp" comme de chemise, ne perdant jamais de vue ses objectifs propres : la protection des siens et le pouvoir personnel. Un personnage agaçant et intéressant, bien que prévisible.
La 2e saison change de ton : on passe de l'élucidation du mystère de l'électricité perdue (c'était chiant et mystique) au combat pour la survie d'un groupe de gens animés d'intentions diversement recommandables contre un pouvoir montant aux intentions et aux méthodes plus que douteuses. La théorie du complot et la construction d'un mouvement résistant dans la 2e saison est une pilule plus facile à avaler que la tonalité messianique de la première. Donc, on en redemande, et on s'amuse beaucoup plus.
Game of thrones
Comment osé-je ? Oui, comment osé-je mettre dans le même article (le même panier !) Revolution et Game of thrones ? Parce que je suis chez moi, et que ma ligne éditoriale se résume ces derniers mois à : "je publie quand ça me prend".
Game of thrones, pour ceux qui vivent sur une autre planète, est une série adaptée de l'oeuvre encore inachevée d'un vieil écrivain américain dont tout le monde craint la mort : G.R.R. Martin. Pas par empathie personnelle, croyez-le bien. C'est juste qu'on voudrait qu'il finisse sa saga du Trône de Fer avant de clamser !!!
HBO a fourni là une série de tout premier ordre, produite avec le soin d'un film de cinéma qui durerait plusieurs saisons : décors et effets spéciaux somptueux, distribution de grande ampleur et de qualité, adaptation scénaristique intelligente.
Dans un univers de medieval fantasy, plusieurs familles nobles se déchirent pour un trône, alors qu'au Nord, la menace de l'hiver et des marcheurs blancs approche. De très nombreux personnages tiennent le haut du pavé, s'entrecroisent, s'allient, se combattent... et meurent.
La blague récurrente des amateurs de la série, c'est de parier sur qui va mourir dans l'épisode suivant. En effet, George Martin massacre ses personnages, gentils comme méchants, sans pitié aucune, défiant ainsi les règles scénaristiques communément admises dans les productions télévisuelles. Le scénario ne ressemble pas aux autres.
Plus de 20 personnages se partagent équitablement l'affiche ; ils évoluent changent de camp, de motivations, d'intentions. Ils grandissent, ils rapetissent (du moins, certains membres), ils marchent, ils roulent, ils combattent. Ils apprennent la grandeur ou l'humilité, ils vivent et ils meurent. Ils sont passionnants.
Et puis, il faut bien le dire, Le trône de fer est totalement exempt de ce défaut reproché à Révolution : on ne nous explique pas tout. Bien au contraire, les informations sont distillées petit à petit, le télespectateur se laissant mener par le bout du nez. Au détour d'un épisode, il peut se retrouver pantelant, choqué sans rien avoir vu venir... Sauf, bien évidemment, s'il a lu les livres.
Des comédiens, à part Sean Bean, aucun n'a une notoriété qui pourrait influencer le rôle qu'ils jouent et la perception que le spectateur en a. Seul leur talent compte, et ils en sont largement pourvus.
Ces éléments constituent tout le sel de cette adaptation télévisée. Pas de calibrage, un souffle inattendu et des rebondissements parfois dérangeants permettent à cette série de prétendre véritablement au qualificatif d'original, malgré le développement des thématiques classiques de l'heroïc fantasy.
Jason Momoa est un Khal Drogo impressionnant.
Bon, d'accord, encore une photo d'un mec à moitié à poil. Oui, je le fais exprès.
Alors, oui, c'est un peu violent. Je dis ça parce que mon frère n'a pas pu aller au bout du premier épisode, alors que c'est un adulte. Donc, oui, âmes sensibles, abstenez-vous.
Pour les autres, je dirais qu'il est plus que temps de découvrir cette petite merveille.
A bon entendeur, salut... et rendez-vous aux prochaines nouvelles du pays des camés !