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Gravity, d'Alfonso Cuaron

Gravity 1.jpgCertains sont des spécialistes d'Alfonso Cuaron. Moi, non. J'ai vu Les fils de l'homme au cinéma, qui m'a scotché sur mon siège pendant toute la projection, et bien entendu Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, dont j'ai apprécié le côté sombre et esthétique, mais de toute façon le livre était aussi mon préféré de la série. De bonnes expériences antérieures, donc.

Cela dit, je partais avec un peu de crainte pour aller voir Gravity : la 3D ne m'a jamais convaincue jusqu'ici, les critiques un peu trop dithyrambiques sur le film suscitaient ma méfiance - voire me donnaient presque envie d'aller voir ce que pouvait en dire Odieux Connard, le maître en matière de démontage de soi-disant chef-d'oeuvre. Bref, j'y allais poussée par la curiosité, et tirée par la méfiance.

L'histoire tient sur une feuille de papier à cigarette, tellement courte que je dois spoiler. Attention, donc, pour ceux qui n'auraient pas deviné la fin dès la bande annonce : une équipe américaine d'astronautes en pleine sortie dans l'espace se retrouve prise au piège d'une tempête de débris. Deux d'entre eux s'en sortent, seuls, sans assistance, sans navette, et sans contact avec Houston. L'un est expérimenté (Kowalski, joué par Clooney), l'autre pas (Stone, joué par Bullock). Kowalski aide Stone dans la première épreuve, rejoindre l'ISS en scaphandre. La narration suit ensuite Stone dans ses aventures autour de la terre pour survivre à l'enfer du vide spatial et réussir, d'une manière ou d'une autre, à rentrer saine et sauve sur terre. Elle passe de scaphandre en soyouz, de soyouz en shenzhou, de shenzhou dans l'eau. Grosso modo.

Gravity 2.jpg

Non, le scénario n'est pas bon. Il se veut simple, il est bien souvent plein de trous. Stone survit à un peu trop de tempêtes de débris dans l'espace. Tout le monde meurt autour d'elle, qu'ils soient dans une navette ou dans un scaphandre, et elle reste indemne ? Pas crédible. Le dernier rebondissement du scénario, une fois qu'elle amerrit et manque se noyer, est largement de trop. Bref, du scénario de film catastrophe classique.

Mais j'ai aimé ce film. D'abord et avant tout parce qu'il touche ce que je cherche dans mes lectures : cet au-delà, cette capacité d'aller plus loin, ce désir irrépressible de quitter le berceau terrien pour aller explorer l'univers. Pourtant, Gravity n'est pas un film de science-fiction. Mais il en a tous les attraits. Il nous parle de l'homme dans l'univers, de sa minuscule et pourtant essentielle place dans le ballet infini des galaxies. Il nous rappelle que nous sommes fait pour aller nous confronter au vide stellaire.

Gravity 3.jpgIl dépasse surtout ce repli sur soi que notre société connait depuis trente ans, en dirigeant à nouveau le regard du grand public vers cette "projection vertigineuse des possibles"* que représentent les étoiles.

Et puis, je l'ai aimé pour d'autres raisons :

- les images sont d'une beauté stupéfiante, et laissent des traces sidérantes dans la rétine pendant des heures. C'est un véritable exploit cinématographique et une expérience personnelle magique.

- La 3D est utilisée avec pertinence, particulièrement dans les scènes de tempête de débris. Contrairement à d'autres films  en 3D, je ne suis pas sortie de là avec la migraine.

 - La scène de désespoir de Stone dans le Soyouz, où elle rêve une discussion avec Kowalski alors qu'elle est au bord du suicide, est d'une grande poésie. Le silence y est magnifique, comme à chaque fois qu'il apparaît dans le film. On ne le dit pas assez : l'espace est un monde de silence, et c'est la première fois que je vois un film qui lui rende un hommage aussi juste.

Allez voir Gravity sur grand écran. Ce serait un crime de le regarder sur un écran de télévision ou d'ordinateur. Ce film est un film de cinéma, qui mérite qu'on se déplace et qu'on paie le prix fort.

 

Vu aussi par : Lhisbei, Lorhkan

 

*j'ai emprunté cette jolie expression à ma blogopote Lhisbei.

Commentaires

  • " Elle passe de scaphandre en soyouz, de soyouz en shenzhou, de shenzhou dans l'eau. Grosso modo."
    C'est exactement ça :)
    je partage tes réserves et tes élans BLlop (et contente que ça te fasse faire une chronique ^^)

  • Quand je dis qu'on bien des points communes, Lhisbei ! ;) Et moi aussi, je suis contente de faire une chronique.

  • Moi je me suis quand même demander un moment si il y aurait un survivant à la fin (depuis les Fils de l'Homme je me méfie un peu). C'est sûr que le scénario est simple (en regard de ses précédents films), mais pour le coup je trouve que c'est tout aussi bien, ça permet de se concentrer sur l'expérience, et quelle expérience !
    C'est vraiment le genre de film qu'on envoie les gens voir au ciné, en effet.

  • Pour une fois, l'indigence du scénario servirait le film ? C'est peut-être bien vrai. En tout cas, c'est sûr que le spectacle se suffit à lui-même.
    Je ne le dis peut-être pas assez dans ma chro, mais ce film est un film de cinéma, dans le sens le plus noble du terme. Et quel bonheur de voir si bien l'espace, de le ressentir, de l'écouter ! Vraiment magnifique.

  • Vraiment un bon moment de cinéma, je m'étais régalé. Pas le film parfait mais déjà un bon film.

  • J'aurais espéré la perfection, après "Les Fils de l'homme". Mais honnêtement, le spectacle était tellement beau que j'ai pardonné le reste. On en ressort avec de la matière à rêve plein la tête.

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