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  • Destination Outreterres, de Robert Heinlein

    destinationoutreterres.jpgL’histoire :

    La Terre étouffe sous le poids de sa surpopulation et se meurt lentement. Pour survivre, l'humanité a dû ouvrir de nouvelles routes de colonisation : des portails perçant des passages dans l'espace vers les Outreterres, ces planètes lointaines où la vie semble possible. Chaque année, une Mission Survie teste les jeunes futurs candidats à l'exil. Une destination inhabitée secrète, un équipement choisi à l'aveugle, trois jours d'épreuve.
    Mais pour Rod et ses camarades, le portail se referme à jamais derrière eux. Comment survivre ? Il faut s’abriter, explorer, rester sur ses gardes mais aussi apprendre à faire confiance ; trouver des solutions, oser. Surtout, recréer une société. Comment choisir ensemble des valeurs communes, des règles, et des moyens pour les faire respecter ? En clair : comment ne pas devenir des barbares dans un monde sauvage ?

     

    Mon avis :

    Destination Outreterres ("Tunnels in the sky" en version originale) a été publié en 1955. Il fait partie des romans pour adolescents écrits par Robert Heinlein dans les années 40 et 50, et a été pour la première fois publié en français cette année, 67 ans plus tard, par Hachette Heroes dans leur nouvelle collection "Le Rayon Imaginaire".

    J'en ai entendu parler au mois de mai dernier, en écoutant le podcast "C'est plus que de la SF" (ceux qui ne le connaissent pas encore le connaitront bientôt). Ça tombait bien, le Summer Star Wars se profilait à l'horizon.

    Rod Walker, le narrateur, part en stage de survie avec une centaine de ses camarades pour ses trois jours d'épreuve. Hésitant, mais motivé par les compétences de sa grande soeur devenue une véritable Amazone, il franchit donc le portail pour faire ses preuves. Sauf que le portail ne se rouvre pas, et les jeunes, filles et garçons, se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un environnement potentiellement hostile.

    Heinlein ne donne pas de détails sur les raisons de cette panne, ni sur le fonctionnement du portail. Son propos est centré sur le groupe de jeunes qui, cahin caha, bon an mal an, se constitue afin de survivre à l'impensable.

    Le temps passant, les jeunes gens se regroupent. Le processus se fait à la dure : la peur, la violence, le ressentiment, la jalousie, la brutalité et le danger s'ingèrent dans leur quotidien. Mais leur volonté de survivre et de faire société est forte, leur éducation au fonctionnement d'un système démocratique est étonnamment bonne (on ne trouverait certainement pas autant de jeunes si bien éduqués à la politique dans la réalité). Les jeunes créent donc une société humaine, avec ses imperfections, ses déséquilibres, mais dont ses membres restent à la fois libres et civilisés.

    Rod Walker, à la fois spectateur et acteur du drame, observe et agit, réfléchit, doute, essaie, rate parfois, réussit de temps à autres. Il n'est pas plus fort, ni plus loquace que les autres, il n'est pas plus intelligent, ni plus éduqué. Mais il est le plus gentil. Et parce qu'il fait preuve de plus de compassion et de capacité à pardonner les erreurs des autres, Rod devient chef de la communauté qui se crée.

    Robert Heinlein propose donc ici un récit initiatique optimiste, agréable à la lecture. Il est tout à fait recommandable aux lecteurs de YA. Un adulte appréciera les nuances de gris apportées par l'auteur dans le comportement et la psychologie des personnages, ainsi que leur diversité (pour un récit des années 50, les femmes n'y jouent pas les potiches). Un roman sans doute pas inoubliable, mais qui permet d'appréhender un peu mieux l'oeuvre d'Heinlein, bien loin du soi-disant militarisme de Starship Troopers.

     

    Une fois encore, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et avec vous.

    science-fiction,space opera

  • L'espace d'un an, de Becky Chambers

    science-fiction,space operaL'histoire : Rosemary rejoint le vaisseau tunnelier Voyageur pour y être employée comme greffière. Elle y est accueillie par un équipage hétéroclite constitué de quatre humains et trois extra-terrestres, tous d'espèces différentes, ainsi qu'une IA, Lovey. Elle traîne un passé qui lui pèse et qu'elle n'ose pas dévoiler, mais s'intègre peu à peu dans le groupe.

    Le Voyageur accepte une mission au long cours pour creuser un tunnel dans l'espace-temps, sa spécialité, dans une zone très lointaine et plutôt instable politiquement. Le temps pour l'équipage d'apprendre à connaître Rosemary, et vivre des aventures... intéressantes. Au bas mot. Et de se découvrir, mûrir et changer, chacun, à travers les épreuves rencontrées.

     

    Mon avis : Ce roman, j'en avais entendu du bien, par Môssieur Space Opera, celui qui en lit tout le temps mais n'en chronique (presque) jamais : M. Lhisbei himself ! Et, effectivement, il faut bien le reconnaître : L'espace d'un an, c'est du space opera pour bisounours, ou tout simplement pour des gens qui ont envie de voir de belles idées se développer et prendre racine dans une bonne histoire.

    Le roman se déroule sur une année, d'où le titre. On apprend à connaître intimement chacun des membres de l'équipage, des personnages souvent hauts en couleur, à part, unis par une indéfectible affection - à une exception près. Ils et elles sont grandes gueules, singuliers, terriblement attachants.

    On trouve beaucoup de choses dans ce roman :  de la bienveillance (ce mot terriblement galvaudé qui commence à sérieusement m'agacer, mais qui reste une définition précise de l’atmosphère du roman), de l'inclusion, quelques pincées d'humour.

    Les gens vivent et travaillent ensemble ; il y a de l'amour pour tous, hétéro et homosexuel, et avec tous, entre personnes de la même espèce ou non.

    Quelque esprit chagrin accuserait ce roman de dégouliner de bons sentiments. C'est vrai, mais je n'en suis étonnamment pas écœurée.

    Pour la première fois depuis que je lis du space opera américain, on parle de gens qui cherchent et aiment la paix du quotidien dans un vaisseau spatial, et non de ses potentialités létales ! C'est original, étonnant et tout à fait rafraîchissant.

    Par ailleurs, l'écriture est fluide et de qualité, ce qui ne gâche rien.

    Beaucoup ont aimé ce roman depuis qu'il est sorti en août 2016 chez L'Atalante. Je ne fais pas exception. J'ai juste mis 4 ans à finir ma chronique, puisque je l'avais lu en 2018...

     

    Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et vous.

    science-fiction,space opera

    Ce livre a également été chroniqué cette année, et pour le même challenge, par Tigger Lilly.