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Blog

  • Les dépossédés, d'Ursula Le Guin

    Dans la ligne de mes lectures précédentes, qui remontent le temps de la SF, particulièrement de ma dernière lecture, La main gauche de la nuit d'Ursula Le Guin, j'ai décidé de continuer à cheminer sur cette voie.

    J'ai donc abordé Les dépossédés, le roman d'Ursula Le Guin qui a obtenu les prix Nebula en 1974 et Hugo et Locus en 1975. L'autrice a également gagné un Prix Hugo pour la suscitée Main gauche de la nuit, ainsi que plusieurs autres prix Hugo pour des nouvelles et novellas.

     

    dépossédés.pngL'histoire : sur Anarres, une planète du système stellaire Tau Ceti, Shevek est un physicien de haut vol. Anarres forme un système binaire avec la planète Urras, chacune des planètes considérant son alter ego comme sa lune.

    Les anarrestiens ont émigré d'Urras 200 ans avant le début du récit, pour fonder une société utopiste, communiste libertaire, et anarchiste. La culture commune des anarrestiens est détachée de toute notion de possession, aidée en cela par une langue créée spécialement pour servir cette utopie, le pravique.

    Par contraste, les anarrestiens désignent les urrastiens, qui fonctionnent selon un système capitaliste, comme les possédants, ou les propriétaires.

    Le roman propose de suivre la vie et l'oeuvre de Shevek, dans un récit non linéaire qui alterne sa vie passée et son aventure présente. Shevek en effet, au début du roman, prend un vaisseau à destination d'Urras. Au vu des protestations qui accompagnent son embarquement, cette décision ne fait pas l'unanimité.

    Shevek mène depuis le début de sa carrière des recherches sur une théorie globale du temps, en termes autant mathématiques que physiques et philosophiques. Le roman expose en parallèle les théories de Shevek et sa prise de conscience progressive de l'évolution de la société anarrestie, qui de révolutionnaire est devenue dogmatique, l'empêchant ainsi de reconnaître et faire diffuser son travail. Son départ pour Urras a pour objectif de diffuser ses théories et de tenter de renouer le dialogue entre ces deux mondes cétiens qui, au mieux, s'ignorent.

     

    Mon avis : je ne m'attendais pas du tout à ce roman. Sortant de La main gauche de la nuit, qui abordait allègrement et de toutes les manières possibles les question de genre et de sexualité dans la société, j'ai été surprise de découvrir un roman qui aborde de façon aussi poussée des questions à la fois de physique temporelle et d'utopie politique, tendance anarchiste et communiste.

    Un mélange qui m'a immédiatement séduite. La construction du roman alterne et empile les flash-backs avec les réflexions politiques et physiques, tout à la fois, sans jamais semer le lecteur.

    Je me perdais avec délices dans les théories de physique temporelle de Shevek, tandis que je découvrais comment Ursula Le Guin avait construit une société communiste libertaire en la rendant réaliste, avec ses dérives inévitables et ses individualités forcément perturbatrices, sans pour autant la transformer en dystopie.

    Si cette société a perduré selon ses principes fondateurs, c'est en partie parce que la planète Anarrès est désertique, alors qu'Urras est une planète verdoyante et généreuse envers ses habitants. Les contraintes posées par un environnement aride et si peu prodigue de bienfaits ont favorisé l'unification des colons utopistes autour de leurs idées fondatrices, pour s'atteler à une vie de dur labeur et d'adaptation constante à une planète hostile. Cette contrainte forte maintient la solidarité de la société anarrestienne et la haute valeur éthique associée à leur mode de vie, rappelant ainsi la nettement moins utopiste mais toute aussi efficace planète Salusa Secundus des Sardaukar dans Dune, de Frank Herbert.

    Le parti-pris de l'autrice de faire évoluer la pensée scientifique de Shevek avec ses expériences de vie, vie amoureuse et parentale, vie sociale, vie politique, était un pari a priori casse-gueule parce que compliqué à faire accepter à une époque où la science-fiction était encore souvent développée hors-sol vis à vis des sciences humaines, mais Ursula Le Guin l'a mené ici avec maestria.

    Les étapes intimes et sociales franchies par Shevek forment sa pensée scientifique autant que politique, et font évoluer sa vision du monde et du temps, lui permettant ainsi d'aller au bout de sa théorie temporelle. C'est ainsi que Shevek invente les théories à l'origine de l'Ansible, cette technique de communication instantanée qui relie les mondes dans le cycle de l'Ekumen de Le Guin, et qui s'est diffusé par capillarité dans bien des oeuvres de science-fiction depuis.

    J'ai énormément aimé Les dépossédés, bien plus que La main gauche de la nuit. J'ai mis longtemps à le lire car je ne voulais pas aller trop vite, afin d'éviter perdre une miette des idées qui l'émaillent. Philosophie, politique, société, sciences physiques : tout est intéressant dans ce roman, tout éveille la curiosité, l'esprit critique, l'envie d'aller plus loin. La postface d'Elisabeth Vornarburg vaut elle aussi le détour, je la recommande.

     

    Et puis, cette dernière phrase, qui rejoint si bien le titre de l’œuvre :

    "Mais il [Shevek] n’avait rien rapporté. Ses mains étaient vides, comme elles l’avaient toujours été."

     

    Je t'enjoins, ami lecteur, à découvrir Les dépossédés, si comme moi tu as presque 50 ans de retard de littérature de SF à rattraper. Le voyage sera singulier, le plaisir certain, et ta sagesse pourrait même s'en trouver augmentée. Ce livre restera sans doute parmi mes plus belles découvertes de l'année.

     

  • La main gauche de la nuit, d'Ursula Le Guin

    la-main-gauche-de-la-nuit-le-guin.pngCette année, je me suis décidée à lire des classiques de la SF que je ne connaissais pas encore.

    Et donc, La main gauche de la nuit, d'Ursula Le Guin.

    Il était temps, n'est-ce pas.

    Paru en 1969, ce roman a obtenu le Prix Nebula 1969 et le Prix Hugo 1970. C'est encore l'écoute du podcast C'est plus que de la SF qui m'a incitée à le lire (décidément...), bien que j'en aie déjà entendu parler auparavant.

     

    L'histoire :

    Genly Aï est un ambassadeur de l'Ekumen, une fédération de planète, envoyé sur Nivôse, ou Gethen, comme l'appellent les autochotones. Il a pour objectif de proposer aux peuples qui l'habitent d'adhérer à l'Ekumen. Une mission difficile, délicate, et surtout, au long cours. Lui même est terrien, et il a choisi cette voie en connaissance de cause. Le voyage pour arriver jusqu'à Gethen dure 17 ans, il sait donc que c'est la vocation d'une vie.

    Les peuples Géthéniens sont méfiants, la situation politique est instable entre les différents pays qui composent la planète et celle-ci possède un climat extrêmement rigoureux, où l'hiver, le froid et la neige règnent en maîtres.

    Par ailleurs, les géthéniens, bien qu'humains, ont développé une particularité génétique : ils sont asexués la plupart du temps, lorsqu'ils sont en état de soma, et connaissent une période d’activité sexuelle assez courte (le kemma) pendant laquelle ils développent tour à tour et indifféremment l'un ou l'autre caractère sexuel. Le narrateur, Genly Aï, est très déstabilisé par le fait de ne jamais savoir s'il s'adresse à un homme ou à une femme. En retour, ses interlocuteurs géthéniens sont repoussés par cet humain bloqué en état de "rut permanent".

     

    Mon avis :

    Étant donné les débats sociaux actuels, on voit bien l'intérêt de se pencher sur cette œuvre quinquagénaire, publiée en pleine période de bouillonnement intellectuel et de libération sexuelle. Elle permet d'éclairer notre société des années 2020 tout comme elle peut être éclairée par elle, à la lumière des évolutions des dernières années. Néanmoins, n'étant pas sociologue, je me garderai de toute généralité et m'en tiendrai à mon interprétation personnelle.

    Il est indéniable que cette société asexuée, qui voit d'un mauvais œil la présence d'un humain sexué en permanence est une révolution à l'époque où le roman a été écrit. Mais voilà, je le lis avec 50 ans de retard : il ne me paraît donc plus aussi révolutionnaire...

    C'est en tout cas un exercice très intéressant, qui permet à l'autrice d'exprimer certaines de ses compétences en ethnologie (qu'elle a étudiée à l'université), en sociologie et en anthropologie. Elle nous donne l'occasion de voir ce monde par différents yeux : ceux de Genly Aï, majoritairement, mais aussi par le biais d'Estraven, son principal interlocuteur, ainsi que par un rapport d'investigatrice et des contes géthéniens.

    On appréhende Gethen d'abord par le prisme de Genly, qui porte un regard hésitant sur cette population à la fois asexuée et hermaphrodite (un exploit !). Il est conscient d'être gêné de ne jamais savoir s'il s'adresse à un homme ou à une femme. Il est d'ailleurs particulièrement agacé de voir transparaître dans le comportement de ses interlocuteurs des attitudes qu'il qualifie de féminines, et qui sont, à ses yeux, inadéquates dans le contexte de rapports professionnels politiques. On voit donc bien là apparaître le machisme inconscient du personnage.

    En contrepoint, un chapitre est narré par Estraven, et laisse transparaître son vague dégoût vis à vis de cet humain esclave de ses instincts sexuels de façon permanente, ainsi que son incompréhension face à certaines de ses réactions sociales : celles-ci sont en effet inadaptées dans un milieu où l'identité sexuelle et de genre n'a aucune importance, puisque chaque individu passe de l'un à l'autre sa vie durant.

    Le roman raconte surtout les commencements, si délicats : la rencontre entre deux civilisations. La première étant plus savante et omnisciente que la seconde, elle envoie un seul plénipotentiaire, afin de ne faire peser aucune menace, psychologique ou militaire, sur la seconde. L'objectif est de faciliter la prise de contact et la confiance entre les deux parties.

    Cette approche, contre-intuitive au premier abord, se révèle très efficace, même si elle implique pas mal d'ennuis pour le plénipotentiaire : ignoré, souvent moqué, bref, il n'est pas pris au sérieux par une partie de ses interlocuteurs. C'est aussi une démarche au long cours pour lui : dans le roman, il faut plus de 2 ans à Genly Aï pour parvenir à un accord préalable et commencer les vraies négociations.

    Néanmoins, cela fonctionne, puisque les Géthéniens se sentent libres, et non contraints, à un accord. La démarche de l'Ekumen reste une proposition, et c'est à son ambassadeur d'en faire valoir les avantages et de convaincre ses interlocuteurs.

    Il est certain qu'Ursula Le Guin propose là un récit science-fictionnel dans son acception la plus noble ; le lecteur est transporté dans un ailleurs qui l'incite à regarder son propre monde avec un oeil neuf. Essayer de voir le monde sans le prisme du genre, tout en racontant une histoire de la rencontre de deux cultures : pari tenu. La main gauche de la nuit est un roman qui mérite d'être lu, et même s'il n'est plus aussi révolutionnaire qu'à l'époque de sa parution, il reste un texte moderne et singulier.

     

    Une fois encore, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et avec vous.

    science-fiction,space opera

     

  • Destination Outreterres, de Robert Heinlein

    destinationoutreterres.jpgL’histoire :

    La Terre étouffe sous le poids de sa surpopulation et se meurt lentement. Pour survivre, l'humanité a dû ouvrir de nouvelles routes de colonisation : des portails perçant des passages dans l'espace vers les Outreterres, ces planètes lointaines où la vie semble possible. Chaque année, une Mission Survie teste les jeunes futurs candidats à l'exil. Une destination inhabitée secrète, un équipement choisi à l'aveugle, trois jours d'épreuve.
    Mais pour Rod et ses camarades, le portail se referme à jamais derrière eux. Comment survivre ? Il faut s’abriter, explorer, rester sur ses gardes mais aussi apprendre à faire confiance ; trouver des solutions, oser. Surtout, recréer une société. Comment choisir ensemble des valeurs communes, des règles, et des moyens pour les faire respecter ? En clair : comment ne pas devenir des barbares dans un monde sauvage ?

     

    Mon avis :

    Destination Outreterres ("Tunnels in the sky" en version originale) a été publié en 1955. Il fait partie des romans pour adolescents écrits par Robert Heinlein dans les années 40 et 50, et a été pour la première fois publié en français cette année, 67 ans plus tard, par Hachette Heroes dans leur nouvelle collection "Le Rayon Imaginaire".

    J'en ai entendu parler au mois de mai dernier, en écoutant le podcast "C'est plus que de la SF" (ceux qui ne le connaissent pas encore le connaitront bientôt). Ça tombait bien, le Summer Star Wars se profilait à l'horizon.

    Rod Walker, le narrateur, part en stage de survie avec une centaine de ses camarades pour ses trois jours d'épreuve. Hésitant, mais motivé par les compétences de sa grande soeur devenue une véritable Amazone, il franchit donc le portail pour faire ses preuves. Sauf que le portail ne se rouvre pas, et les jeunes, filles et garçons, se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un environnement potentiellement hostile.

    Heinlein ne donne pas de détails sur les raisons de cette panne, ni sur le fonctionnement du portail. Son propos est centré sur le groupe de jeunes qui, cahin caha, bon an mal an, se constitue afin de survivre à l'impensable.

    Le temps passant, les jeunes gens se regroupent. Le processus se fait à la dure : la peur, la violence, le ressentiment, la jalousie, la brutalité et le danger s'ingèrent dans leur quotidien. Mais leur volonté de survivre et de faire société est forte, leur éducation au fonctionnement d'un système démocratique est étonnamment bonne (on ne trouverait certainement pas autant de jeunes si bien éduqués à la politique dans la réalité). Les jeunes créent donc une société humaine, avec ses imperfections, ses déséquilibres, mais dont ses membres restent à la fois libres et civilisés.

    Rod Walker, à la fois spectateur et acteur du drame, observe et agit, réfléchit, doute, essaie, rate parfois, réussit de temps à autres. Il n'est pas plus fort, ni plus loquace que les autres, il n'est pas plus intelligent, ni plus éduqué. Mais il est le plus gentil. Et parce qu'il fait preuve de plus de compassion et de capacité à pardonner les erreurs des autres, Rod devient chef de la communauté qui se crée.

    Robert Heinlein propose donc ici un récit initiatique optimiste, agréable à la lecture. Il est tout à fait recommandable aux lecteurs de YA. Un adulte appréciera les nuances de gris apportées par l'auteur dans le comportement et la psychologie des personnages, ainsi que leur diversité (pour un récit des années 50, les femmes n'y jouent pas les potiches). Un roman sans doute pas inoubliable, mais qui permet d'appréhender un peu mieux l'oeuvre d'Heinlein, bien loin du soi-disant militarisme de Starship Troopers.

     

    Une fois encore, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et avec vous.

    science-fiction,space opera

  • De l'écriture

    Durant des vacances estivales il y a quelques années, j'avais eu l'occasion de discuter plusieurs fois avec mon blogopote A.C. de Haenne IRL. Autour d'une bonne bière, ce qui ne gâche rien. Et je me suis rendue compte qu'au cours d'une discussion, une incompréhension était née entre nous sur la façon dont je considère l'écriture. Parce que cette incompréhension est apparue, cela m'a donné l'occasion de réfléchir à la façon dont je considère l'écriture en général et la mienne en particulier.

    Donc, la faille a fait son apparition lorsque A.C. a compris que je considérais que l'écriture n'était qu'un outil, comme une voiture nous emmenait d'un point A à un point B, et qu'elle n'avait rien d'artistique. Sauf qu'en réalité, je parlais de mon écriture, certainement pas de la Littérature en Majesté avec la Majuscule. J'espère que ce point est désormais éclairci pour lui.

    La littérature

    Pendant très, très longtemps, c'est à dire jusqu'à plus de trente ans, pendant mes lectures, le récit et les personnages m'importaient seuls, le style me laissant froide. J'étais capable de m'enfiler des trucs au français parfois improbable sans sourciller, parce que je m'en fichais comme de ma première paire de collants (et quand on sait à quelle allure un collant se file...). Dès qu'une ambition stylistique s'affichait dans une texte, je fuyais tel le Harkonnen devant un ver des sables, tant j'avais en horreur les circonvolutions égocentriques de l'auteur autour de son nombril scriptural.

    Depuis quelques années, je suis plus sensible à la qualité littéraire d'un texte. S'il ne raconte rien, il va m'ennuyer et je le laisserai planté là. Mais s'il raconte une bonne histoire et qu'il est bien écrit, j'apprécie de plus en plus. Cela est certainement né avec ma lecture en 2010 de Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski. Un roman épique et entraînant, original, passionnant et... merveilleusement écrit. Après Jaworski, j'ai enchaîné l'année suivante sur La horde du contrevent de Damasio. Là aussi, une écriture ébouriffante au service d'une sacrée histoire.

    Depuis, je suis sensible au style. Je deviens incapable de supporter des ouvrages du type Pleine Lune, de la bit-lit mal écrite en plus d'être proche du zéro au niveau scénario. Par contre, la bit-lit de Cail Garriger, dans Le protectorat de l'ombrelle, oui. Je ne désespère pas un jour de lire du Umberto Eco sans sourciller (j'avais lu Baudolino, mais ce fut une des pires purges de ma vie). Encore aujourd'hui, son style ultra ampoulé et sa manie de noyer l'intrigue pourtant intéressante dans une avalanche de détails superfétatoires me fait fuir. Il faut pourtant lui reconnaître une immense qualité : le monsieur savait écrire. Il était un peu linguiste sur les bords. Et aussi au milieu, en fait.

    Je ne peux toujours pas blairer la plupart des ouvrages de littérature générale qui concourent aux prix littéraires, parce que le style centralise l'attention au détriment du récit proposé. Et je ne crois pas que cela change avant longtemps. Mais enfin, lorsque la langue et le style servent le récit, l'art surgit et je suis joie !

    Mon écriture

    J'écris sur ce blog (et d'autres...), ainsi que dans mon travail, parce que l'écriture est un véhicule du partage. Le partage d'information et d'émotion, c'est mon métier. Et l'écriture m'aide dans cette mission de partage, tout autant que la parole.

    L'écriture est pour moi un outil. Un outil qu'il me faut travailler : je fais encore trop de fautes de grammaire à mon goût, ma syntaxe et mes expressions se révèlent parfois lourdingues, incorrectes, imprécises. Je prends tous les jours conscience que ma connaissance du français est superficielle : je n'ai pas fait d'études poussées en langue française, pas de bac littéraire, pas de linguistique. Je n'ai pas fait de latin ni de grec. J'ai simplement bien appris mes leçons de français jusqu'en troisième. Il me manque des connaissances pour comprendre pleinement ma langue et l'utiliser, voire la détourner, à bon escient.

    Mais enfin, ce que j'écris est compréhensible par le plus grand nombre, sans faire hurler Bescherelle ta mère. De nombreux profs ont loué la clarté de mon propos, tout en critiquant son manque de développement, voire de profondeur. C'est parfaitement justifié : je déteste m'étendre, cela heurte mon esprit synthétique, ainsi que mon poil dans la main - qui s'apparente plutôt souvent à un baobab.

    Je n'ai donc et ne pense jamais avoir (sauf si mon frère réitère trop souvent ses menaces) de prétention littéraire :

    1. je n'ai rien à raconter, imagination zéro
    2. si d'aventure, je trouvais une idée, je suis trop feignante pour passer mes nuits à écrire et à me documenter
    3. je ne maîtrise pas assez la langue française

    Je suis donc éperdue d'admiration devant les auteurs. Vous faites un travail admirable et totalement ingrat.

    Je salue particulièrement les auteurs d'anticipation et de SF, en raison de la cohérence et de la documentation exigées par ces genres.

    Voilà, donc, contrairement à mon collègue BiblioMan(u) et à ma blogopote Lhisbei, que j'admire pour avoir franchi le pas, je crains que vous ne voyiez jamais votre servante faire éditer le moindre texte !

  • Concours !

    Noël approche, et la barbe blanche me pousse au menton...

    Pour la première fois, je te propose, ami lecteur, un petit concours afin de gagner l'ouvrage suivant :

    Redshirts.jpg

    Redshirts, de John Scalzi, aux éditions de l'Atalante

     

    Si tu remplis avec exactitude et/ou bonne humeur le questionnaire ci-dessous, tu pourras gagner un exemplaire flambant neuf de cet excellent roman, empaqueté par mes soins.

     

     

     

     

  • Le Retour du Challenge qui me fait kiffer ma vie : Summer Star Wars

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    Ils reviennent.

    Ils sont plus beaux, plus grands, plus expérimentés, plus redoutables.

    Excel Vador et ses acolytes, M. Lhisbei et Lhisbei, ne vous lâcheront pas, du 21 juin au 23 septembre 2015.

    Le Summer Star Wars est de retour pour la sixième fois, sous le nom de Revanche du Challenge.

     

    Nous en sommes donc à l'épisode III. Et s'il y en a un l'an prochain, ce sera l'épisode VII. Si vous n'avez pas compris, c'est que vous n'êtes pas un fan de Star Wars. Ou que vous êtes vraiment très, très jeune (ce qui n'est grave, hein, vous n'y êtes pour rien).

     

    Vous avez trois mois pour explorer deux genres phares de la SF : le Space Opera et le Planet OPera. Les romans, essais, BD, nouvelles, films, séries, jeux vidéos, compte-rendus d’expositions ou de conférences sont acceptés. Les inscriptions se font en zone de commentaire par là.

     

    J'ai pour ma part quelques chroniques déjà prêtes, ainsi que des lectures en cours et à venir. Mon genre de prédilection retrouve le chemin de ce blog avec plaisir et impatience.

    A très bientôt !

  • Charlie Hebdo

    Yoda Charlie.jpg

    Jeudi, j'ai vécu un moment intense.

    Je suis bibliothécaire dans un établissement public ; nous étions appelés à nous rassembler à la mairie de ma ville employeur pour écouter un court discours et observer une minute de silence en hommage aux 12 hommes et femmes assassinés hier par des... Je ne sais même pas comment les appeler, tiens.

    Bref, je me rends sur place, où je croise de nombreux collègues de la ville. Et puis, à ma surprise, je vois aussi un papa et ses deux enfants, des gens que je connais comme lecteurs de la médiathèque. Je comprends alors que les habitants de la commune ont également  été prévenus de ce rassemblement.

    Quelques minutes plus tard, je tombe sur la nounou de Mini-Blop qui a décidé d'emmener toute la tribu à cet évènement : son mari, ses propres enfants, et le mien. Surprise, étonnement, joie... Mon enfant s'accroche à moi et ne me lâche plus. Il est très jeune, c'est impressionnant et un peu incompréhensible pour lui non seulement de se retrouver là, mais aussi de m'y retrouver.

    Pendant le discours du Maire, grave et émouvant, puis pendant la minute de silence, mon petit m'avait enlacé de ses bras, posant sa tête contre mon ventre, et plusieurs fois et pendant longtemps, la relevant pour me regarder avec tout l'amour du monde dans ses grands yeux bleus. Sans un mot.

    Ben... J'ai bien cru que je pleurais devant tout le monde.

    Pas pour le discours, pas pour les morts de Charlie Hebdo. Pour ce regard.

    Parce que l'amour dans les yeux d'un enfant, c'est ce qui nous encourage à aller de l'avant, à ne pas se laisser manipuler par la peur, par la terreur et par les cons.

    C'est la raison pour laquelle on se bat tous les jours, entre autres dans mon métier, pour qu'il grandisse dans un pays vraiment libre, où chacun peut exprimer ses idées, ses opinions (même stupides), son sens de l'humour - forcément toujours discutable du point de vue de l'autre - avec la bénédiction de l'état, et même, sa protection en cas d'attaque violente. Un pays où l'altérité est reconnue, acceptée et valorisée.

    Je regrette profondément que justice n'ait pas été faite. Car, non, l'exécution des tueurs présumés de Charlie Hebdo ne constitue pas une justice. La justice, ce serait un procès, public et équitable, où la loi démocratique s'exprime dans toute sa force, qui démontre que les crimes contre la liberté d'expression ne demeurent pas impunis dans notre pays.

    J'ai bien entendu de la peine pour tous ces morts. J'ai grandi avec Cabu qui dessinait dans RécréA2, j'ai un ami policier à qui je n'aimerais pas qu'il arrive le même sort qu'à Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro, j'appréciais le travail de Bernard Maris...

    Mais vous savez quoi ? J'ai encore plus de peine pour mes concitoyens français musulmans, et pour le prophète Mahomet, de qui ces connards dégénérés ont osé se réclamer.

    aimé par les cons.jpg

    Ah, oui, au fait : bonne année.