Impromptu
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2023-12-15T19:06:36+01:00
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Ce que font les bibliothécaires quand vous ne les voyez pas
tag:impromptu.hautetfort.com,2023-09-30:6463755
2023-10-31T19:48:53+01:00
2023-10-17T07:15:00+02:00
Récemment, j'ai pris les nerfs, sur Twitter/X. Parce qu'une usagère m'a...
<p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><img id="media-6482842" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/00/1066364649.png" alt="homme invisible.png" />Récemment, j'ai pris les nerfs, sur Twitter/X. Parce qu'une usagère m'a fait la remarque de trop pendant ma journée de travail, me déclarant, le ton méprisant et l'oeil revanchard, que mon métier n'était pas fatigant. Alors que je sors tout juste d'une très longue période d'arrêt maladie puis de temps partiel thérapeutique, justement parce que ledit métier m'a fichu les articulations en vrac... </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Alors voilà, comme j'en ai marre qu'on nous regarde de haut, nous les bibliothécaires, j'ai décidé de dire clairement ce qu'on fait vraiment dans mon métier. Vraiment. Tous les jours.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Et laissez tomber les "t'as qu'à bosser en usine, tu verras ce que c'est" : j'ai bossé en usine, en 3 / 8. Je suis donc parfaitement capable de comparer, merci.<br /></span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">On aurait aussi pu appeler cet article : que font les bibliothécaires quand la bibliothèque est fermée ?</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Mais ce serait réducteur.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Car<strong> les bibliothécaires ne passent pas tout leur temps de travail en accueil public.</strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">C'est à dire que si la bibliothèque est ouverte, disons, 30h par semaine, ils ne passent pas, eux, 30 heures en salle à t'accueillir sans avoir rien d’autre à faire que t'inscrire, ranger des documents, et te conseiller en rayon.<br /></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">En tout cas, pas dans les bibliothèques territoriales (différentes des bibliothèques universitaires). Et là, je te parle du métier de bibliothécaire en bibliothèque territoriale.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">D'abord, un <strong>bibliothécaire bosse à plein temps</strong> quand il travaille dans des conditions normales : 35, 36, 37, 38h... par semaine, comme tout le monde. En général du mardi au samedi, parfois du lundi au samedi avec des aménagements. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">C'est aussi, hélas, un métier où il y a énormément de postes précaires, avec des contrats à temps partiels et à durée déterminée où les gens sont payés au SMIC alors qu'ils ont le plus souvent des diplômes universitaires allant du DU au Master.<br /></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Le bibliothécaire a des horaires décalés : il travaille le samedi, il travaille souvent assez tard le soir. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">S’il veut un temps partiel, <strong>pas question d'avoir son mercredi pour s’occuper des gosses</strong> : quand tu es bibliothécaire, tu passes toutes les heures de ton mercredi au taf. <br /></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Il a 5 semaines de congés par an, un peu plus s'il a des RTT. Comme tout le monde.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: helvetica, arial, sans-serif;">Il galère à poser ses congés si sa bibliothèque ne ferme pas l'été, parce qu'il faut assurer le service public et que toutes les collectivités territoriales ne prennent pas des vacataires pour compléter l'équipe en période estivale.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: helvetica, arial, sans-serif;">Donc <strong>c'est pas un métier <em>kids-friendly</em></strong> : t'es pas là les mercredis, t'es pas là les samedis voire les dimanches, t'es pas plus là pour les vacances scolaires que les autres et t'es pas là une partie des soirs de semaine.<br /></span></p><p> </p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Ensuite, si toi, lecteur, tu restais de 10h à 19h dans les murs d'une bibliothèque municipale de taille moyenne, tu verrais les bibliothécaires se relayer toutes les 2, 3 heures. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Ceux qui étaient en salle avec toi disparaissent soudain de ta vue, remplacés par de nouveaux. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 18pt;">Et là... C'est le drame.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Car<strong> pour toi, ils ont arrêté de travailler.</strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Mais eux, en fait, considèrent souvent que c'est le moment où ils peuvent <em>"enfin"</em> s'y mettre.</strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Bah ouais.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">De là à dire que tu les empêches de faire leur boulot, il n 'y a qu'un pas. Que je ne franchirai pas, parce que sans toi, leur boulot n’a pas de sens.</span></p><p><br /><br /></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Voici donc, ô noble usager des bibliothèques, devant tes yeux ébahis, ce que font les bibliothécaires quand tu ne les voies pas.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #ff420e;">Ils rencontrent (encore et toujours !) du public</span></strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Les crèches, les écoles, le collège, le lycée, les seniors, les associations, le centre social, le centre de loisirs viennent à la médiathèque pour des visites, des recherches, des réunions, des projections, des formations. Et ils viennent souvent quand la bibliothèque est fermée ! </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> L'inverse est tout aussi vrai : les bibliothécaires partent à l'extérieur, en « hors les murs », pour des interventions régulières auprès des EHPAD, des tous-petits, dans les écoles, à la piscine, au parc, au centre social, et à diverses manifestations de la ville.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Les bibliothécaires sont là pour préparer leur intervention en amont, ils sont là pour accueillir et accompagner ces groupes, voire les former, ils sont là pour ranger après eux et faire un bilan.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas.</span></p><p> </p><h4 class="western"><span style="color: #ff420e; font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Ils préparent les animations</span></h4><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> En bibliothèque, on organise en permanence des contes, histoires, spectacles, concerts, projections, histoires, conférences, expositions et rencontres, organisations de prix, et même des formations à l'informatique. Et tout cela se prépare longtemps en amont.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Il faut chercher et sélectionner les animations et les partenaires, contacter et convaincre les intervenants, fournisseurs, experts ou artistes, négocier les contrats, prévoir les contraintes techniques, mettre à jour les ordinateurs, les tablettes, tous les équipements numériques, planifier le tout dans un calendrier en évitant de coller telle ou telle animation en même temps que telle autre, (ou avec les matchs de la Coupe du Monde...).</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Avant et après le moment T, les bibliothécaires sortent ou rentrent des tables, des chaises, déplacent les bacs et des fauteuils, installent et désinstallent le matériel électronique et scénique.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas.</span></p><p> </p><h4 class="western" style="orphans: 0; widows: 0; page-break-after: avoid;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #ff420e;"><span lang="fr-FR">Ils achètent des livres, des CD, des DVD</span></span></span></h4><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Toute l’année, tout le temps. Parce que le marché de l'édition ne s'arrête jamais, les bibliothécaires doivent suivre l'actualité culturelle et surveiller en permanence le marché des livres, de la musique, des films, des jeux, des chaines youtube, des podcasts...</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Pour bien acheter, les bibliothécaires doivent :</span></p><ul><li><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>sélectionner</strong> parmi le flot de nouveautés les documents qui ont un intérêt pour les habitants de la commune. Cette sélection est un très gros travail : par exemple, 60 000 livres paraissent <span style="font-style: normal;">chaque année en France</span><em>. </em> Les bibliothécaires des villes de moins de 15 000 habitants ont les moyens d’acheter environ 1 à 2 % de cette production. Alors ils passent beaucoup de temps à chercher et à choisir les documents les plus pertinents, ils discutent avec les libraires pour se faire conseiller sur les nouveautés. Ils lisent des revues spécialisées et des critiques pour préparer leurs acquisitions. Et enfin, ils passent encore plus de temps à les éliminer au moment de la commande finale, <em>parce qu’il faut rentrer dans le budget </em>(c’est le moment le plus douloureux) !<br /></span></li><li><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>remplacer</strong> les documents disparus ou détériorés, et vérifier leur bon fonctionnement lorsque ce sont des CD, DVD, liseuses.</span></li><li><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>développer</strong> les collections récemment créées ou un domaine particulier jusque-là peu ou mal représenté dans les collections.<br /></span></li></ul><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Les acquéreurs de la bibliothèque se consacrent à la musique et au cinéma, aux jeux, aux applications informatiques, aux livres papier, audio et numériques, pour les enfants et les adultes. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Chacun suit un budget, gère des commandes, des factures, remplit des formulaires réglementaires (vive l’administration) et fait de la veille éditoriale et documentaire (quelles nouveautés acheter, pour quel public, sous quelle forme ? Quelle ressource repérer et médiatiser pour les usagers ?). </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas.</span></p><p> </p><h4 class="western"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #ff420e;">Ils enregistrent les nouveautés</span></span></h4><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Les bibliothécaires réceptionnent, cataloguent, indexent et équipent les documents nouvellement arrivés.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils vont<strong> </strong><strong>acheter</strong><strong> </strong><span style="font-weight: normal;">les documents</span> commandés en librairie ou se les font livrer à la médiathèque, puis ils les pointent. <br /></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Ils <strong>cataloguent</strong> et <strong>indexent</strong> les documents achetés dans la base de données de la médiathèque, ainsi que les revues et les journaux (c'est le <strong>bulletinage</strong>), et <strong>même les ressources en ligne</strong> (les chaines Youtube, les podcasts). Cela sert à établir la carte d’identité du document ou de la ressource : l’auteur, l’éditeur, le nombre de pages ou la durée, le contenu. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Le catalogage permet de les recenser et pour toi, de les trouver lorsque tu les cherches via le catalogue du site web. C’est une opération qui prend du temps (même si on sait en gagner en automatisant une partie du processus), totalement invisible pour toi et… totalement indispensable.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><br />Ils <strong>équipent</strong><span style="font-weight: normal;"> les CD, livres et DVD</span>. Comme les documents seront consultés et empruntés des centaines de fois, ils doivent être préparés à ce marathon. Ils sont donc tamponnés, renforcés, étiquetés et plastifiés. Les bibliothécaires leur posent une cote, sorte d’adresse personnelle qui permettra de les retrouver dans la médiathèque.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas.</span></p><p> </p><h4 class="western"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #ff420e;">Ils entretiennent et analysent les collections</span></span></h4><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils rangent, ils vérifient, ils réparent, ils « désherbent ».</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Dans une collection de plusieurs dizaines de milliers de documents, un document mal rangé est un document perdu. Chacun à la bibliothèque participe au <strong>rangement</strong><span style="font-weight: normal;">. Les bibliothécaires rangent</span> tous les jours les retours, et passent régulièrement en revue des segments complets du fonds pour repérer les égarés.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Chaque document rendu par les usagers est <strong>vérifié</strong><span style="font-weight: normal;"> et </span>nettoyé, avant d’être rangé.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils sont souvent <strong>réparés,</strong><span style="font-weight: normal;"> scotchés, collés, reliés, lissés, renforcés pour prolonger leur durée de vie. </span></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="font-weight: normal;">Certains sont plus fragiles que d'autres : les DVD, les gros romans au dos large exigent des réparations fréquentes. </span><span style="font-weight: normal;">Certains se perdent : une ressource en ligne peut </span><span style="font-weight: normal;">disparaître</span><span style="font-weight: normal;">, il faut donc vérifier régulièrement les liens.</span></span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Le bibliothécaire fait du <strong>désherbage </strong>: il retire au fur et à mesure les documents usés, périmés, inappropriés pour les mettre en réserve, les donner ou les recycler. Cela permet de faire de la place aux nouveautés. Sinon, il faudrait agrandir la médiathèque tous les ans !</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Le bibliothécaire extrait régulièrement des <strong>statistiques</strong> d’utilisation de son logiciel, et les exploite pour voir comment il peut améliorer son travail : les stats lui servent à mieux acheter, mieux désherber, mieux déployer, mieux coter, mieux réorganiser, bref, mieux adapter aux publics concernés les segments de collection dont il a la charge.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas.</span></p><p> </p><h4 class="western"><span style="color: #ff420e; font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Ils restent en contact avec toi !</span></h4><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Les bibliothécaires produisent des programmes d'animation, des affiches et des brochures d'information. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils éditent des listes de nouveautés. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils élaborent des sélections thématiques.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils attribuent des coups de cœur.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Ils rédigent des critiques d'oeuvres.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Et bien sûr, ils diffusent ces informations dans la bibliothèque, dans la ville et sur le web.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Et puis, il te préviennent quand ta réservation est arrivée, quand tu as oublié de rendre tes documents, quand ils vont faire une animation qui pourra t’intéresser, toi particulièrement. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Bref, les bibliothécaires communiquent avec toi, par tous les moyens possibles.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Là encore, quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas. Et en plus tu croies que ça leur prend 2 secondes et 3 clics...<br /></span></p><p> </p><p><span style="color: #ff420e; font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Ils se réunissent et rendent des comptes</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Les bibliothécaires font beaucoup de <strong>réunions</strong>. Beaucoup trop, si tu veux mon avis. Mais ces réunions de préparation, d’organisation et de bilans sont indispensables au fonctionnement de la bibliothèque.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Un bibliothécaire peut faire entre 1 et 3 réunions par jour, bien plus s’il est responsable de la structure. Et bien sûr, il en fait des comptes-rendus, écrits ou oraux, selon les nécessités...</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Tous les ans, les bibliothécaires élaborent un <strong>rapport d’activité</strong>, souvent plusieurs. Pour la Direction du Livre et de la Lecture, pour sa tutelle (commune, interco, département…), où ils rendent compte de leur activité et, au fond, de l’utilisation des fonds publics. Avec des chiffres, des diagrammes, des décomptes. Une vraie purge, mais on en a besoin. Et pour faire ces rapports annuels, tous les jours, les bibliothécaires remplissent des tableaux d’indicateurs : combien de personnes pour cette animation? Quel coût ? Quels partenaires ? Quels usages ?</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quand ils font ça, toi qui viens à la bibliothèque, tu ne les vois pas.</span></p><p> </p><h4 class="western"><span style="color: #ff420e; font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">La réponse à LA question que vous vous posez tous :</span></h4><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"> Avec tout ce que je viens de te dire, tu imagines bien maintenant que les bibliothécaires lisent des livres, regardent des films et écoutent de la musique, oui...mais, le soir, après leur journée de travail, comme tout le monde !</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Pire, pour toi, c'est du plaisir. Alors que pour ton bibliothécaire, c'est aussi, et parfois uniquement, du boulot.</span></p><p> </p><p><span style="color: #ff420e; font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;"><em><strong>En conclusion</strong></em></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">T’es pas bibliothécaire si tu ne connais pas par coeur la formule du calcul du taux de rotation et le sens de l’acronyme IOUPI. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">T’es pas bibliothécaire si tu ne sais pas que les cotes 150 sortent beaucoup plus que les 510 en BM. </span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Et t’es pas bibliothécaire si tu n’as rien compris à la phrase précédente !</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Bref, être bibliothécaire, c’est un métier qui s’apprend.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">C’est un métier qui nécessite une heure de travail invisible pour chaque document que tu vois en rayon et bien plus encore pour chaque séance d'histoire, de rencontre avec un auteur, de concert, de projection.<br /></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">C’est un métier intéressant, oui. Mais il est bien plus fatigant que ce que tu vois, toi, depuis ta lorgnette de lecteur.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">C’est un métier où, si tu ne vois pas le travail effectué pour que tu trouves non seulement ce que tu cherches à la bibliothèque, mais aussi ce que tu n’y cherches pas, c’est la preuve que cette quantité effroyable de tâches invisibles a fonctionné.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">T’as rien vu de ce qu’on fait ?</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Alors c’est qu’on a (trop) bien fait notre job.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Parce que des fois, on aimerait être plus vus.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Et arrêter de se taper des remarques de vieille bique comme quoi « ça va, c’est pas fatigant ! »</span></p><p> </p>
Blop
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Les dépossédés, d'Ursula Le Guin
tag:impromptu.hautetfort.com,2022-11-17:6412190
2022-11-18T09:18:41+01:00
2022-11-18T09:16:00+01:00
Dans la ligne de mes lectures précédentes, qui remontent le temps de la SF,...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Dans la ligne de mes lectures précédentes, qui remontent le temps de la SF, particulièrement de ma dernière lecture, <a href="http://impromptu.hautetfort.com/archive/2022/09/12/la-main-gauche-de-la-nuit-d-ursula-le-guin-6400722.html" target="_blank" rel="noopener"><em>La main gauche de la nuit</em></a> d'Ursula Le Guin, j'ai décidé de continuer à cheminer sur cette voie.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">J'ai donc abordé <em>Les dépossédés</em>, le roman d'Ursula Le Guin qui a obtenu les prix Nebula en 1974 et Hugo et Locus en 1975. L'autrice a également gagné un Prix Hugo pour la suscitée <em>Main gauche de la nuit</em>, ainsi que plusieurs autres prix Hugo pour des nouvelles et novellas.</span></p><p> </p><p><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><img id="media-6402303" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/02/462380774.png" alt="dépossédés.png" /><strong>L'histoire</strong> : sur Anarres, une planète du système stellaire Tau Ceti, Shevek est un physicien de haut vol. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Anarres forme un système binaire avec la planète Urras, chacune des planètes considérant son alter ego comme sa lune.</span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Les anarrestiens ont émigré d'Urras 200 ans avant le début du récit, pour fonder une société utopiste, communiste libertaire, et anarchiste. La culture commune des anarrestiens est détachée de toute notion de possession, aidée en cela par une langue créée spécialement pour servir cette utopie, le pravique.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Par contraste, les anarrestiens désignent les urrastiens, qui fonctionnent selon un système capitaliste, comme les possédants, ou les propriétaires.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le roman propose de suivre la vie et l'oeuvre de Shevek, dans un récit non linéaire qui alterne sa vie passée et son aventure présente. Shevek en effet, au début du roman, prend un vaisseau à destination d'Urras. Au vu des protestations qui accompagnent son embarquement, cette décision ne fait pas l'unanimité.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Shevek mène depuis le début de sa carrière des recherches sur une théorie globale du temps, en termes autant mathématiques que physiques et philosophiques. Le roman expose en parallèle les théories de Shevek et sa prise de conscience progressive de l'évolution de la société anarrestie, qui de révolutionnaire est devenue dogmatique, l'empêchant ainsi de reconnaître et faire diffuser son travail. Son départ pour Urras a pour objectif de diffuser ses théories et de tenter de renouer le dialogue entre ces deux mondes cétiens qui, au mieux, s'ignorent.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><strong>Mon avis </strong>: je ne m'attendais pas du tout à ce roman. Sortant de <em><a href="http://impromptu.hautetfort.com/archive/2022/09/12/la-main-gauche-de-la-nuit-d-ursula-le-guin-6400722.html" target="_blank" rel="noopener">La main gauche de la nuit</a></em>, qui abordait allègrement et de toutes les manières possibles les question de genre et de sexualité dans la société, j'ai été surprise de découvrir un roman qui aborde de façon aussi poussée des questions à la fois de physique temporelle et d'utopie politique, tendance anarchiste et communiste.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Un mélange qui m'a immédiatement séduite. La construction du roman alterne et empile les flash-backs avec les réflexions politiques et physiques, tout à la fois, sans jamais semer le lecteur. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Je me perdais avec délices dans les théories de physique temporelle de Shevek, tandis que je découvrais comment Ursula Le Guin avait construit une société communiste libertaire en la rendant réaliste, avec ses dérives inévitables et ses individualités forcément perturbatrices, sans pour autant la transformer en dystopie. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Si cette société a perduré selon ses principes fondateurs, c'est en partie parce que la planète Anarrès est désertique, alors qu'Urras est une planète verdoyante et généreuse envers ses habitants. Les contraintes posées par un environnement aride et si peu prodigue de bienfaits ont favorisé l'unification des colons utopistes autour de leurs idées fondatrices, pour s'atteler à une vie de dur labeur et d'adaptation constante à une planète hostile. Cette contrainte forte maintient la solidarité de la société anarrestienne et la haute valeur éthique associée à leur mode de vie, rappelant ainsi la nettement moins utopiste mais toute aussi efficace planète Salusa Secundus des Sardaukar dans <em>Dune</em>, de Frank Herbert.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le parti-pris de l'autrice de faire évoluer la pensée scientifique de Shevek avec ses expériences de vie, vie amoureuse et parentale, vie sociale, vie politique, était un pari a priori casse-gueule parce que compliqué à faire accepter à une époque où la science-fiction était encore souvent développée hors-sol vis à vis des sciences humaines, mais Ursula Le Guin l'a mené ici avec maestria. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Les étapes intimes et sociales franchies par Shevek forment sa pensée scientifique autant que politique, et font évoluer sa vision du monde et du temps, lui permettant ainsi d'aller au bout de sa théorie temporelle. C'est ainsi que Shevek invente les théories à l'origine de l'Ansible, cette technique de communication instantanée qui relie les mondes dans le cycle de l'Ekumen de Le Guin, et qui s'est diffusé par capillarité dans bien des oeuvres de science-fiction depuis.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">J'ai énormément aimé <em>Les dépossédés</em>, bien plus que <em>La main gauche de la nuit</em>. J'ai mis longtemps à le lire car je ne voulais pas aller trop vite, afin d'éviter perdre une miette des idées qui l'émaillent. Philosophie, politique, société, sciences physiques : tout est intéressant dans ce roman, tout éveille la curiosité, l'esprit critique, l'envie d'aller plus loin. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La postface d'Elisabeth Vornarburg vaut elle aussi le détour, je la recommande.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Et puis, cette dernière phrase, qui rejoint si bien le titre de l’œuvre : </span></p><blockquote><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">"<span style="color: #000000;"><em><span style="font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; text-align: justify; text-indent: 5%; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; display: inline !important; float: none;">Mais il </span></em><span style="font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; text-align: justify; text-indent: 5%; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; display: inline !important; float: none;">[Shevek]</span><em><span style="font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; text-align: justify; text-indent: 5%; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; display: inline !important; float: none;"> n’avait rien rapporté. Ses mains étaient vides, comme elles l’avaient toujours été."</span></em></span><br /></span></p></blockquote><p> </p><p><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="color: #000000;"><span style="font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; letter-spacing: normal; text-align: justify; text-indent: 5%; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; display: inline !important; float: none;">Je t'enjoins, ami lecteur, à découvrir </span><em><span style="font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; letter-spacing: normal; text-align: justify; text-indent: 5%; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; display: inline !important; float: none;">Les dépossédés,</span></em><span style="font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; letter-spacing: normal; text-align: justify; text-indent: 5%; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; display: inline !important; float: none;"> si comme moi tu as presque 50 ans de retard de littérature de SF à rattraper. Le voyage sera singulier, le plaisir certain, et ta sagesse pourrait même s'en trouver augmentée. Ce livre restera sans doute parmi mes plus belles découvertes de l'année.</span></span></span></strong></p><p> </p>
Blop
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Les Utopiales 2022, atterissage
tag:impromptu.hautetfort.com,2022-11-08:6410715
2022-11-08T16:04:26+01:00
2022-11-08T16:04:26+01:00
Ce mois d'octobre 2022 était à marquer d'une pierre blanche dans ma vie de...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Ce mois d'octobre 2022 était à marquer d'une pierre blanche dans ma vie de lectrice (et vaguement blogueuse) de SF : je suis enfin retournée, après 10 ans, aux Utopiales à Nantes.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6400209" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/02/1573680434.jpg" alt="Visuel-affiche-Utopiales-2022-hors-page-accueil-©-Marc-Antoine-Mathieu.jpg" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Cette respiration nécessaire m'a revigorée.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elle m'a donné l'occasion de rencontrer IRL des gens que je ne connaissais que par les réseaux et les blogs : je citerai donc ici Anne-Laure de <a href="https://chutmamanlit.fr/blog/" target="_blank" rel="noopener">Chut... Maman lit !</a>, Vert de <a href="https://nevertwhere.blogspot.com/" target="_blank" rel="noopener">Nevertwhere</a>, Shaya des <a href="http://parchmentsha.fr/" target="_blank" rel="noopener">Lectures de Shaya</a>, Cédric de <a href="https://refletsf.com/" target="_blank" rel="noopener">Reflet de mes lectures</a>, MJ des <a href="http://www.leslecturesdemariejuliet.fr/" target="_blank" rel="noopener">Lectures de MarieJuliet</a>, Bertrand Campeis (qui blogue chez Lhisbei), Fabrice Chemla (qui publie mais ne blogue pas), Cornwall Hélène Thomas de <a href="https://laprophetiedesanes.blogspot.com/">La prophétie des ânes</a>, Roxane (dont j'ai oublié le nom du blog) et Chloé (qui n'en a pas).</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elle m'a permis de revoir ceux que j'avais rencontré il y a 10 ans : Lhisbei et M. Lhisbei (avec qui les nourritures sont aussi terrestres que spirituelles !) du <a href="http://rsfblog.fr/" target="_blank" rel="noopener">RSF blog</a>, Gromovar de <a href="https://www.quoideneufsurmapile.com/" target="_blank" rel="noopener">Quoi de neuf sur ma pile ?</a>, Lune d'<a href="https://unpapillondanslalune.blogspot.com/" target="_blank" rel="noopener">Un papillon dans la Lune</a>, Tigger Lilly du <a href="https://dragongalactique.com/" target="_blank" rel="noopener">Dragon Galactique</a> et Lorhkan de <a href="https://www.lorhkan.com/" target="_blank" rel="noopener">Lorhkan et les mauvais Genres</a>.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elle m'a donné l'occasion d'aller faire ma groupie - ou tout simplement discuter aimablement - avec des auteurs ou journalistes : Pierre Bordage, le taulier (d'une gentillesse à tomber), Antoine Beauchamp de France Culture (cette voix, mais cette voix...), Lloyd Chéry et sa veste (éblouissante !)(merci du bavardage, et vive les bibliothécaires), Simon Riaux et Nicolas Martin (très rigolos, et grâce auxquels j'ai presque envie de regarder <em>Alien</em>, c'est dire s'ils sont forts !), Jo Walton (avec son magnifique chapeau et son accent gallois que j'ai eu un mal fou à comprendre derrière son masque, hélas !), Marguerite Imbert (toute timide, mais faut dire qu'elle se trouvait à ce moment-là à côté du très expansif Nicolas Martin) et enfin les très charmants Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6400219" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/02/3509005856.jpg" alt="LOGO-UTO.jpg" /></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elle m'a démontré que j'aimais toujours autant la SF, et que j'aimais vraiment beaucoup les sciences : les conférences que j'ai préférées étaient essentiellement scientifiques. Le site <a href="https://www.actusf.com/detail-d-une-rubrique/utopiales-2022" target="_blank" rel="noopener">ActuSF </a>les met en ligne petit à petit. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Sachez donc que j'ai particulièrement apprécié "<em>Irons-nous vers les étoiles ?</em>" et "<em>Le ciel d'Alastor</em>" pour ce qui est des tables rondes ou conférences scientifiques et "<em>Sky is the limit"</em> et l'enregistrement de la Science CQFD "<em>Rafraîchissez-vous l'Alien</em>" pour ce qui est des rencontres non scientifiques.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elle m'a permis d'assister pour la deuxième fois à la remise du Prix Julia Verlanger, dont le sourire rayonnant et heureux du lauréat P. Djèli Clark m'a fait chaud au coeur, et d'être là pour le lancement de la collection Rivages imaginaire (ainsi que de récupérer au passage le roman de Chen Qiufan, <em>L'île de silicium</em>, merci !).</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Elle m'a aussi rappelé, parce qu'elle était présente en filigrane sur la programmation, et surtout sur la table ronde "<em>Les frontières de l'infini, trois pages de Lois McMaster Bujold</em>", combien la <a href="http://impromptu.hautetfort.com/archive/2014/04/05/la-saga-vorkosigan-de-lois-mcmaster-bujold-5340756.html" target="_blank" rel="noopener"><strong><em>Saga Vorkosigan</em></strong></a> de Lois McMaster Bujold est une oeuvre importante. J'en suis reconnaissante à Jeanne A Debats (ce que je le lui ai dit, les larmes aux yeux, petite nature émotive de 45 piges que je suis).</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">J'ai fait quelques restaurants, vidé quelques verres avec des amis (pas mal de verres, en fait !), récupéré quelques goodies, visité à pied la ville de Nantes (que j'ai beaucoup aimée), et <strong>je suis revenue avec quelques livres dédicacés dans la valise, mais surtout... des étoiles plein les yeux et du bonheur plein la tête !</strong></span></p>
Blop
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La main gauche de la nuit, d'Ursula Le Guin
tag:impromptu.hautetfort.com,2022-09-12:6400722
2022-09-22T23:07:29+02:00
2022-09-22T23:07:29+02:00
Cette année, je me suis décidée à lire des classiques de la SF que je ne...
<p><img id="media-6385770" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/00/2303002178.png" alt="la-main-gauche-de-la-nuit-le-guin.png" /><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Cette année, je me suis décidée à lire des classiques de la SF que je ne connaissais pas encore. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Et donc, <em>La main gauche de la nuit</em>, d'Ursula Le Guin. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Il était temps, n'est-ce pas. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Paru en 1969, ce roman a obtenu le Prix Nebula 1969 et le Prix Hugo 1970. C'est encore l'écoute du podcast <a href="https://www.cestplusquedelasf.com/" target="_blank" rel="noopener"><em>C'est plus que de la SF</em></a> qui m'a incitée à le lire (décidément...), bien que j'en aie déjà entendu parler auparavant.</span></p><p> </p><p><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">L'histoire :</span></strong></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Genly Aï est un ambassadeur de l'Ekumen, une fédération de planète, envoyé sur Nivôse, ou Gethen, comme l'appellent les autochotones. Il a pour objectif de proposer aux peuples qui l'habitent d'adhérer à l'Ekumen. Une mission difficile, délicate, et surtout, au long cours. Lui même est terrien, et il a choisi cette voie en connaissance de cause. Le voyage pour arriver jusqu'à Gethen dure 17 ans, il sait donc que c'est la vocation d'une vie.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Les peuples Géthéniens sont méfiants, la situation politique est instable entre les différents pays qui composent la planète et celle-ci possède un climat extrêmement rigoureux, où l'hiver, le froid et la neige règnent en maîtres. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Par ailleurs, les géthéniens, bien qu'humains, ont développé une particularité génétique : ils sont asexués la plupart du temps, lorsqu'ils sont en état de <em>soma</em>, et connaissent une période d’activité sexuelle assez courte (le <em>kemma</em>) pendant laquelle ils développent tour à tour et indifféremment l'un ou l'autre caractère sexuel. Le narrateur, Genly Aï, est très déstabilisé par le fait de ne jamais savoir s'il s'adresse à un homme ou à une femme. En retour, ses interlocuteurs géthéniens sont repoussés par cet humain bloqué en état de "rut permanent".</span></p><p> </p><p><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Mon avis :</span></strong></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Étant donné les débats sociaux actuels, on voit bien l'intérêt de se pencher sur cette œuvre quinquagénaire, publiée en pleine période de bouillonnement intellectuel et de libération sexuelle. Elle permet d'éclairer notre société des années 2020 tout comme elle peut être éclairée par elle, à la lumière des évolutions des dernières années. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Néanmoins, n'étant pas sociologue, je me garderai de toute généralité et m'en tiendrai à mon interprétation personnelle. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Il est indéniable que cette société asexuée, qui voit d'un mauvais œil la présence d'un humain sexué en permanence est une révolution à l'époque où le roman a été écrit. Mais voilà, je le lis avec 50 ans de retard : il ne me paraît donc plus aussi révolutionnaire... </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">C'est en tout cas un exercice très intéressant, qui permet à l'autrice d'exprimer certaines de ses compétences en ethnologie (qu'elle a étudiée à l'université), en sociologie et en anthropologie. Elle nous donne l'occasion de voir ce monde par différents yeux : ceux de Genly Aï, majoritairement, mais aussi par le biais d'Estraven, son principal interlocuteur, ainsi que par un rapport d'investigatrice et des contes géthéniens.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">On appréhende Gethen d'abord par le prisme de Genly, qui porte un regard hésitant sur cette population à la fois asexuée et hermaphrodite (un exploit !). Il est conscient d'être gêné de ne jamais savoir s'il s'adresse à un homme ou à une femme. Il est d'ailleurs particulièrement agacé de voir transparaître dans le comportement de ses interlocuteurs des attitudes qu'il qualifie de féminines, et qui sont, à ses yeux, inadéquates dans le contexte de rapports professionnels politiques. On voit donc bien là apparaître le machisme inconscient du personnage.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">En contrepoint, un chapitre est narré par Estraven, et laisse transparaître son vague dégoût vis à vis de cet humain esclave de ses instincts sexuels de façon permanente, ainsi que son incompréhension face à certaines de ses réactions sociales : celles-ci sont en effet inadaptées dans un milieu où l'identité sexuelle et de genre n'a aucune importance, puisque chaque individu passe de l'un à l'autre sa vie durant.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Le roman raconte surtout les commencements, si délicats : la rencontre entre deux civilisations. La première étant plus savante et omnisciente que la seconde, elle envoie un seul plénipotentiaire, afin de ne faire peser aucune menace, psychologique ou militaire, sur la seconde. L'objectif est de faciliter la prise de contact et la confiance entre les deux parties. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Cette approche, contre-intuitive au premier abord, se révèle très efficace, même si elle implique pas mal d'ennuis pour le plénipotentiaire : ignoré, souvent moqué, bref, il n'est pas pris au sérieux par une partie de ses interlocuteurs. C'est aussi une démarche au long cours pour lui : dans le roman, il faut plus de 2 ans à Genly Aï pour parvenir à un accord préalable et commencer les vraies négociations.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Néanmoins, cela fonctionne, puisque les Géthéniens se sentent libres, et non contraints, à un accord. La démarche de l'Ekumen reste une proposition, et c'est à son ambassadeur d'en faire valoir les avantages et de convaincre ses interlocuteurs.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Il est certain qu'Ursula Le Guin propose là un récit science-fictionnel dans son acception la plus noble ; le lecteur est transporté dans un ailleurs qui l'incite à regarder son propre monde avec un oeil neuf. Essayer de voir le monde sans le prisme du genre, tout en racontant une histoire de la rencontre de deux cultures : pari tenu. <em>La main gauche de la nuit</em> est un roman qui mérite d'être lu, et même s'il n'est plus aussi révolutionnaire qu'à l'époque de sa parution, il reste un texte moderne et singulier.</strong><br /></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Une fois encore, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le <a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener">Summer Star Wars</a>, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et avec vous.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><a href="http://rsfblog.fr/2022/05/29/summer-star-wars-obi-wan-kenobi/" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6379750" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/02/2515442063.2.jpg" alt="science-fiction,space opera" /></a></span></p><p> </p>
Blop
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Destination Outreterres, de Robert Heinlein
tag:impromptu.hautetfort.com,2022-08-18:6396744
2022-08-30T18:18:41+02:00
2022-08-30T18:18:41+02:00
L’histoire : La Terre étouffe sous le poids de sa surpopulation...
<p><strong><img id="media-6382408" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/01/00/3738693160.jpg" alt="destinationoutreterres.jpg" /><span style="font-size: 12pt;">L’histoire</span></strong><span style="font-size: 12pt;"> : </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">La Terre étouffe sous le poids de sa surpopulation et se meurt lentement. Pour survivre, l'humanité a dû ouvrir de nouvelles routes de colonisation : des portails perçant des passages dans l'espace vers les Outreterres, ces planètes lointaines où la vie semble possible. Chaque année, une Mission Survie teste les jeunes futurs candidats à l'exil. Une destination inhabitée secrète, un équipement choisi à l'aveugle, trois jours d'épreuve.</span><br /><span style="font-size: 12pt;">Mais pour Rod et ses camarades, le portail se referme à jamais derrière eux. Comment survivre ? </span><span style="font-size: 12pt;">Il faut s’abriter, explorer, rester sur ses gardes mais aussi apprendre à faire confiance ; trouver des solutions, oser. Surtout, recréer une société. Comment choisir ensemble des valeurs communes, des règles, et des moyens pour les faire respecter ? En clair : comment ne pas devenir des barbares dans un monde sauvage ?</span></p><p> </p><p><strong><span style="font-size: 12pt;">Mon avis : </span></strong></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em>Destination Outreterres</em> ("<em>Tunnels in the sky</em>" en version originale) a été publié en 1955. Il fait partie des romans pour adolescents écrits par Robert Heinlein dans les années 40 et 50, et a été pour la première fois publié en français cette année, 67 ans plus tard, par Hachette Heroes dans leur nouvelle collection "Le Rayon Imaginaire". </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">J'en ai entendu parler au mois de mai dernier, en écoutant le podcast "<a href="https://www.cestplusquedelasf.com/podcasts" target="_blank" rel="noopener"><em>C'est plus que de la SF</em></a>" (ceux qui ne le connaissent pas encore le connaitront bientôt). </span><span style="font-size: 12pt;">Ça tombait bien, le Summer Star Wars se profilait à l'horizon.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Rod Walker, le narrateur, part en stage de survie avec une centaine de ses camarades pour ses trois jours d'épreuve. Hésitant, mais motivé par les compétences de sa grande soeur devenue une véritable Amazone, il franchit donc le portail pour faire ses preuves. Sauf que le portail ne se rouvre pas, et les jeunes, filles et garçons, se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un environnement potentiellement hostile. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Heinlein ne donne pas de détails sur les raisons de cette panne, ni sur le fonctionnement du portail. Son propos est centré sur le groupe de jeunes qui, cahin caha, bon an mal an, se constitue afin de survivre à l'impensable. </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Le temps passant, les jeunes gens se regroupent. Le processus se fait à la dure : la peur, la violence, le ressentiment, la jalousie, la brutalité et le danger s'ingèrent dans leur quotidien. Mais leur volonté de survivre et de faire société est forte, leur éducation au fonctionnement d'un système démocratique est étonnamment bonne (on ne trouverait certainement pas autant de jeunes si bien éduqués à la politique dans la réalité). Les jeunes créent donc une société humaine, avec ses imperfections, ses déséquilibres, mais dont ses membres restent à la fois libres et civilisés.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Rod Walker, à la fois spectateur et acteur du drame, observe et agit, réfléchit, doute, essaie, rate parfois, réussit de temps à autres. Il n'est pas plus fort, ni plus loquace que les autres, il n'est pas plus intelligent, ni plus éduqué. Mais il est le plus gentil. Et parce qu'il fait preuve de plus de compassion et de capacité à pardonner les erreurs des autres, Rod devient chef de la communauté qui se crée.</span></p><p><strong><span style="font-size: 12pt;">Robert Heinlein propose donc ici un récit initiatique optimiste, agréable à la lecture. Il est tout à fait recommandable aux lecteurs de YA. Un adulte appréciera les nuances de gris apportées par l'auteur dans le comportement et la psychologie des personnages, ainsi que leur diversité (pour un récit des années 50, les femmes n'y jouent pas les potiches). Un roman sans doute pas inoubliable, mais qui permet d'appréhender un peu mieux l'oeuvre d'Heinlein, bien loin du soi-disant militarisme de <em>Starship Troopers.</em></span></strong></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Une fois encore, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le <a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener">Summer Star Wars</a>, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et avec vous.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><a href="http://rsfblog.fr/2022/05/29/summer-star-wars-obi-wan-kenobi/" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6379750" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/02/2515442063.2.jpg" alt="science-fiction,space opera" /></a></span></p>
Blop
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L'espace d'un an, de Becky Chambers
tag:impromptu.hautetfort.com,2018-07-13:6066334
2022-08-18T08:17:51+02:00
2022-08-18T08:17:51+02:00
L'histoire : Rosemary rejoint le vaisseau tunnelier Voyageur pour y...
<p><img id="media-6379746" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/00/186446706.jpg" alt="science-fiction,space opera" /><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><strong>L'histoire</strong> : Rosemary rejoint le vaisseau tunnelier <em>Voyageur</em> pour y être employée comme greffière. Elle y est accueillie par un équipage hétéroclite constitué de quatre humains et trois extra-terrestres, tous d'espèces différentes, ainsi qu'une IA, Lovey. Elle traîne un passé qui lui pèse et qu'elle n'ose pas dévoiler, mais s'intègre peu à peu dans le groupe. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Le <em>Voyageur</em> accepte une mission au long cours pour creuser un tunnel dans l'espace-temps, sa spécialité, dans une zone très lointaine et plutôt instable politiquement. Le temps pour l'équipage d'apprendre à connaître Rosemary, et vivre des aventures... intéressantes. Au bas mot. Et de se découvrir, mûrir et changer, chacun, à travers les épreuves rencontrées.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"> </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><strong>Mon avis </strong>: Ce roman, j'en avais entendu du bien, par Môssieur Space Opera, celui qui en lit tout le temps mais n'en chronique (presque) jamais : M. Lhisbei <em>himself</em> ! Et, effectivement, il faut bien le reconnaître : <em>L'espace d'un an</em>, c'est du space opera pour bisounours, ou tout simplement pour des gens qui ont envie de voir de belles idées se développer et prendre racine dans une bonne histoire. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Le roman se déroule sur une année, d'où le titre. On apprend à connaître intimement chacun des membres de l'équipage, des personnages souvent hauts en couleur, à part, unis par une indéfectible affection - à une exception près. Ils et elles sont grandes gueules, singuliers, terriblement attachants.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">On trouve beaucoup de choses dans ce roman : de la bienveillance (ce mot terriblement galvaudé qui commence à sérieusement m'agacer, mais qui reste une définition précise de l’atmosphère du roman), de l'inclusion, quelques pincées d'humour. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Les gens vivent et travaillent ensemble ; il y a de l'amour pour tous, hétéro et homosexuel, et avec tous, entre personnes de la même espèce ou non. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Quelque esprit chagrin accuserait ce roman de dégouliner de bons sentiments. C'est vrai, mais je n'en suis étonnamment pas écœurée. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Pour la première fois depuis que je lis du space opera américain, on parle de gens qui cherchent et aiment la paix du quotidien dans un vaisseau spatial, et non de ses potentialités létales ! C'est original, étonnant et tout à fait rafraîchissant.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Par ailleurs, l'écriture est fluide et de qualité, ce qui ne gâche rien. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><strong>Beaucoup ont aimé ce roman depuis qu'il est sorti en août 2016 chez L'Atalante. Je ne fais pas exception. J'ai juste mis 4 ans à finir ma chronique</strong>, puisque je l'avais lu en 2018... </span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le <a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener">Summer Star Wars</a>, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et vous.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><a href="http://rsfblog.fr/2022/05/29/summer-star-wars-obi-wan-kenobi/" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6379750" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/02/2515442063.2.jpg" alt="science-fiction,space opera" /></a></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Ce livre a également été chroniqué cette année, et pour le même challenge, par <a href="https://dragongalactique.com/2022/06/27/lespace-d-un-an-becky-chambers/" target="_blank" rel="noopener">Tigger Lilly</a>.</span></p>
Blop
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La reine des neiges, de Joan D. Vinge
tag:impromptu.hautetfort.com,2022-07-19:6392745
2022-07-19T18:38:55+02:00
2022-07-19T17:20:00+02:00
J'ai été récemment prise d'un besoin pressant : celui de tenter de...
<p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6373834" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/02/2911773674.jpg" alt="reine des neiges.jpg" /></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">J'ai été récemment prise d'un besoin pressant : celui de tenter de combler, au moins partiellement, l'énorme trou dans ma culture SF classique. Pour ce faire, j'ai très bêtement cherché la liste de tous les Prix Hugo depuis le commencement de l'histoire de ce prix.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Et je suis tombée sur ce roman, <em>La reine des neiges</em>, Prix Hugo et Locus 1981, dont je n'avais jamais entendu parlé mais qui m'a intriguée : l'autrice porte le même nom de famille qu'un certain Vernor Vinge, auteur bien connu et lauréat lui aussi de plusieurs Prix Hugo (<a href="http://impromptu.hautetfort.com/archive/2012/01/20/au-trefonds-du-ciel-de-vernor-vinge.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Au tréfonds du ciel</em></a>, <a href="http://impromptu.hautetfort.com/archive/2011/09/08/un-feu-sur-l-abime-de-vernor-vinge.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Un feu sur l'abîme</em></a>), et... son titre évoque une certaine chanson à martyriser les tympans pour n'importe quel parent depuis 2013 !</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;"><em>La reine des neiges</em> s'inscrit par la suite dans une série, intitulée Le cycle de Tiamat, dont il constitue le premier tome.</span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Joan D. Vinge a effectivement épousé Vernor Vinge, dont elle a ensuite divorcé. Peu connue en France, elle a relativement peu écrit mais ses oeuvres bénéficient d'une bonne critique ; elle a été 2 fois lauréate du prix Hugo, et nommée à plusieurs reprises.</span></p><p> </p><p><br /><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;"><strong>Résumé : <img id="media-6373885" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/02/1337668355.png" alt="la-reine-des-neiges.png" /></strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">La planète Tiamat est la plus primitive des mondes à portée spatiale de l'Hégémonie. Vivant au rythme d'interminables saisons hivernales et estivales, elle a tout oublié de la technologie de vol hyperspatial de ses ancêtres, et les seuls voyages possibles se font en utilisant les remous quantiques provoqués par un proche trou noir, dernier passage avec les autres colonies de l'Hégémonie. Après cent cinquante ans de règne, Arienrhod, la Reine de l'Hiver, ne veut pas quitter le pouvoir. Et pourtant voici que vient le temps de l'Été, celui des Étésiens, où une Reine de l’Été doit prendre sa place. Cela pousse Arienrhod à recourir à des clonages, des êtres en lesquels elle pourrait se réincarner éternellement. Une tâche redoutable qui échoit à Moon, une jeune Étésienne pour qui jusque là n'ont existé que les joies de la mer et l'amour de son cousin Sparks...</span></p><p> </p><p><br /><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;"><strong>Mon avis :</strong></span></p><p><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Je suis entrée dans ce récit en toute candeur, n'ayant jamais rien lu ni vu sur ce roman. Et j'ai immédiatement été charmée par la narration fluide et les personnages attachants de Moon et Sparks. Puis la lecture aidant, l'univers de Moon prend de l'ampleur et la lectrice que je suis a été plus charmée encore par l'ambition de l'autrice, qui du planet opera passe allègrement au space opera, nous entrainant loin de Tiamat pour entrer au coeur de l'Hégémonie qui la dirige.</span></p><p><br /><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">C'est ainsi que l'univers se déploie, progressivement, permettant au lecteur d'appréhender sans heurt la complexité de la société, de l'histoire et de la politique de la planète Tiamat, puis de comprendre sa place si spéciale au sein de l'Hégémonie, qui veille sur elle, non pas tant comme une mère sur son enfant, mais comme un vieil homme jaloux sur ses privilèges.</span></p><p><br /><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6373886" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/01/01/3989586401.png" alt="Reine des neiges avec texte.png" />La reine Arienrhod est une femme politique avisée, très expérimentée, dont l'apparente jeunesse éternelle camoufle un esprit vorace et affûté. Toute son énergie est tournée vers la préservation de son pouvoir à l'arrivée de l'été, selon des moyens détestables et cruels. En premier lieu, Arienrhod tient le rôle cathartique du mal à combattre, face à la très solaire Moon. Mais, comme dans toutes les bonnes histoires, et c'est là une très bonne histoire, Arienrhod agit mal en étant motivée par d'excellentes raisons. Des raisons que Moon et Sparks, chacun de leur côté, sont amenés à découvrir et à comprendre.</span></p><p><br /><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Moon, de son côté, devient Sybille, une sorte de voyante liée aux croyances religieuses très profondes de Tiamat. Et Moon apprend bientôt que les Sybilles sont beaucoup plus qu'elle ne paraissent être, camouflant une antique technologie derrière un voile mystique. La loi chère à Arthur C. Clarke,<em> </em>"<em>toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie"</em>, revient donc, sous une nouvelle forme. Et ce faisant, Moon découvre, par d'autres voies que la Reine de l'Hiver, les raisons profondes et inavouables pour lesquelles l'Hégémonie tient tant à laisser Tiamat dans son état primitif.</span></p><p> </p><p style="text-align: left;"><br /><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;"><strong>Joan D. Vinge entremêle donc plutôt habilement les thèmes classiques du space opera et de la fantasy, à l'instar d'une Anne McCaffrey avec <a href="http://impromptu.hautetfort.com/archive/2009/04/17/le-vol-du-dragon-la-ballade-de-pern.html" target="_blank" rel="noopener"><em>La Ballade de Pern</em></a>, donnant ainsi vie à un roman complet, divertissant, qui ne manque ni de souffle, ni d'ambition. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je vous recommande chaudement de découvrir ou redécouvrir ce texte de plus de 40 ans, qui n'a pas vieilli. </strong>Comme moi.</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: helvetica, arial, sans-serif; font-size: 10pt;">Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le <a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener">Summer Star Wars</a>, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et vous.</span></p><p> </p><div class="livre_resume" style="margin: 5px; display: block;"><span style="font-size: 10pt; font-family: helvetica, arial, sans-serif;"><a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6373843" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/02/2515442063.jpg" alt="SSW Obi Wan Kenobi.jpg" /></a></span></div>
Blop
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Journal d'un AssaSynth, de Martha Wells (tomes 1 à 5)
tag:impromptu.hautetfort.com,2022-06-26:6388841
2022-06-27T21:19:07+02:00
2022-06-27T21:16:00+02:00
L'oeuvre : Pour ce premier (et peut-être dernier !) billet de l'année...
<p><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><strong><img id="media-6368098" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/00/183097463.jpg" alt="space opera,science-fiction" />L'oeuvre</strong> : Pour ce premier (et peut-être dernier !) billet de l'année 2022, je me suis dit que tant qu'à parler de space opera, autant ne pas y aller de main morte. J'ai donc décidé de vous parler d'une série commencée en décembre dernier, et terminée aujourd'hui, devenue célèbre grâce à son succès critique : </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><em><strong>Journal d’un AssaSynth</strong>,</em> de Martha Wells (titre original : <span lang="en-US"><em>The Murderbot Diaries</em></span><span lang="en-US">).</span></span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><span lang="en-US">La série est composée de 5 novellas et 1 roman, tous édités à la Dentelle du Cygne chez L'Atalante (ma collection que j'aime d'amour "<em>pour toujours et à jamais, jusqu'à preuve du contraire</em>", comme dirait <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique" target="_blank" rel="noopener">Nicolas Martin</a> - mais je m'égare).<br /></span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">1- <em>Défaillances systèmes</em> (2019) : prix Hugo, Locus, Nebula et Alex 2018</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">2- <em>Schémas artificiels</em> (2019) : prix Hugo et Locus 2019</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">3- <em>Cheval de Troie</em> (2019)</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">4 -<em>Stratégie de sortie</em> (2019)<img id="media-6368099" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/01/02/2812607031.jpg" alt="space opera,science-fiction" /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">5- <em>Effet de réseau</em> (2020) : Prix Nebula 2020, Prix Hugo et Locus 2021</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">6- <em>Télémétrie fugitive</em> (2021), que je n'ai pas encore lu<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">En outre, le prix Hugo de la meilleure série littéraire 2021 lui a été décerné dernièrement. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">On peut donc dire que la qualité avait de bonnes chances d'être au rendez-vous. <br /></span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><strong>L'histoire</strong> : Une équipe de scientifique, PréservationAux, est en mission d'exploration sur une planète quasi inconnue. Elle est accompagnée d'une SecUnit, un cyborg chargé de sa sécurité. Ce dernier, le narrateur, a pour particularité de s'être auto-baptisé en secret "AssaSynth" - plus poétique encore que la version originale "murderbot" (bravo à la traductrice Mathilde Montier !). Il a aussi piraté en loucedé son module superviseur, qui permet normalement aux humains, et surtout à la compagnie qui le met à disposition des clients, de le contrôler. Ce piratage est potentiellement létal pour les humains, mais il se trouve que dans le cas de notre SecUnit, ledit potentiel reste sagement inexprimé.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6368100" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/01/1350656473.jpg" alt="space opera,science-fiction" />En effet, lors d'une mission précédente, des clients dont il ("iel", pour être précise) était chargé sont morts, et ce souvenir atroce le pousse à faire de son mieux pour protéger cette équipe scientifique, menée par le Dr Mensah. Le récit dévoile plus tard les raisons précises qui ont mené AssaSynth à désactiver son module de supervision pour devenir autonome. Et celles-ci sont effectivement sacrément bonnes, et naissent d'un véritable traumatisme, pour pousser un cyborg à pirater son propre système.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Tout en suivant pas à pas la mission de protection d'AssaSynth face à des scientifiques jamais assez prudents à son goût, sur une planète plus hostile qu'il n'y paraît, le lecteur explore avec le cyborg les aléas de la découverte de la liberté de décision, de pensée et de conscience, ainsi que ses progrès - ou pas - en matière de rapports avec les êtres humains, le Dr Mensah en tête.<br /></span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Les tomes suivants développent les relations d'AssaSynth avec les scientifiques de Préservation, ainsi que ses déboires divers et variés pour se trouver une place au sein d'une société qui ne veut certainement pas d'une SecUnit séditieuse, toute bien intentionnée soit-elle. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Car AssaSynth observe l'humanité par le prisme de ce que celle-ci pense des cyborgs, et il ne se fait aucune illusion sur ce qu'il peut attendre d'elle. </span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le cyborg trouve alors systématiquement refuge, de manière aussi drôlatique que pathétique, et toujours compulsive, dans la consommation effrénée de séries télévisées de science-fiction, toutes aussi irréalistes les unes que les autres, et dans lesquelles les SecUnits tiennent régulièrement, voire systématiquement, le rôle de tueurs effroyables et incontrôlables...<br /></span></p><p> </p><p><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><strong>Mon avis</strong> : </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Comme toujours dans les oeuvres que j'apprécie le plus, celle-ci propose un récit d'aventure en surface, et une réflexion philosophique sur l'existence et la conscience, dans le fond.<br /></span></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6368101" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/01/3240152781.jpg" alt="space opera,science-fiction" />Dès ma lecture de la première novella, et ceux qui me suivent sur les réseaux s'en souviennent peut-être, j'ai partagé quelques lignes qui m'ont fait glousser, voire pouffer : </span></p><blockquote><span style="font-size: 10pt;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">C'était pire que ce que je croyais. [...] Ils étaient arrivés à la conclusion qu'il ne fallait pas "me mettre la pression". Ils étaient tous tellement gentils que ça en devenait abominable.</span></em></span></blockquote><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Car en effet, AssaSynth fait preuve d'une ironie dévastatrice dans son récit, ironie qui lui permet de gérer tant bien que mal les conflits inévitables entre sa part de machine factuelle et analytique, et les vagues émotionnelles très humaines, issues de sa partie organique, qui viennent le parasiter bien trop souvent à son goût. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">La gestion de ses émotions constitue l'un des points centraux de l'évolution d'AssaSynth tout au long de la série, et le lecteur peut mesurer ses progrès en la matière - ou pas ! - à la fréquence à laquelle il se réfugie dans ses épisodes préférés de série télé, qu'il visionne et revisionne, tel une Blop qui relit son livre doudou chaque année (<em>Le Vol du Dragon</em> d'Anne McCaffrey, pour les curieux).<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><img id="media-6368376" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/02/549062702.jpg" alt="space opera,science-fiction" />L'autrice émaille donc le récit de réflexions et commentaires personnels d'AssaSynth, souvent très drôles, toujours sarcastiques et, au moins en surface, légèrement humanophobes. Car il est bien évident que ce cyborg nourrit des sentiments aussi profonds que niés pour ses compagnons humains, sentiments qu'il s'évertue à qualifier de toutes les façons possibles, sauf bien entendu celles qui entrent dans le champ sémantique de l'émotion. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Ces pas de côté au beau milieu de scènes d'action offrent une respiration décalée, souvent inattendue, et l'ensemble propose des novellas dont le rythme rapide n’essouffle pas le lecteur, en y injectant de la profondeur de champ. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Le roman est, lui, un peu moins bien équilibré. Néanmoins, le contexte ayant été très convenablement posé dans les 4 novellas précédentes, on se laisse porter par les aventures d'AssaSynth et de ses associés humains. </span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Le plus intéressant étant d'ailleurs dans ce 5e opus, l'exploration de la relation entre AssaSynth et le vaisseau-bot <em>Périhélion</em>, rencontré dès la fin du premier tome. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Les deux entités nouent un lien complexe, indéfinissable, et très hautement divertissant pour le lecteur, qu'AssaSynth refuse catégoriquement de qualifier d'amitié, puisque ce concept est humain et donc, non applicable dans le champ des relations robot-cyborg. Or ce lien évolue énormément durant le 5e tome, et l'exploration de leurs identités respectives constitue l'un des coeurs du récit.</span></span></p><p><span style="font-size: 10pt;"><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Tout dans cette oeuvre tourne autour des questions de l'identité, de la conscience et de la relation à l'autre, quand rien dans le monde n'est prêt à admettre qu'il y a là une conscience, une identité et une altérité à reconnaître. </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><em>Journal d'un AssaSynth</em> est donc une série qui allie le divertissement de surface au sens profond, tout ce que j'aime dans la littérature en général, et dans le space opera en particulier.</span></strong></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le <a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener">Summer Star Wars</a>, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;"><strong>Que la Force soit avec vous.</strong></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 10pt;"><a href="http://rsfblog.fr/2022/06/21/summer-star-wars-obi-wan-kenobi-decollage/" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6368378" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/01/01/996095714.jpg" alt="space opera,science-fiction" /></a></span></p><p> </p>
Blop
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Dune, de Denis Villeneuve
tag:impromptu.hautetfort.com,2021-09-23:6339255
2021-09-23T15:25:21+02:00
2021-09-23T15:25:21+02:00
Bon, tout le monde parle de Dune , cette semaine, je ne suis donc guère...
<p><img id="media-6296307" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/00/1317970091.jpg" alt="4633954.jpg" />Bon, tout le monde parle de <em>Dune</em>, cette semaine, je ne suis donc guère originale. Mais je me devais de participer in extremis au Summer StarWars cru 2021, ne serait-ce que pour ne pas faire moins que son instigateur, M. Lhisbei (gloire à lui, à Lhisbei et à Excel Vador).</p><p><em>Dune </em>de Denis Villeneuve, donc. L'histoire est compliquée, mais on va essayer de faire simple : le duc Leto Atreides est mandaté par l'empereur Padishah pour reprendre la gestion de la planète Arrakis, surnommée Dune. Arrakis étant la seule planète sur laquelle on trouve l'épice de prescience qui permet la navigation spatiale, Leto est potentiellement un homme très riche. En réalité, l'empereur est jaloux de la popularité de Leto et lui tend un piège, en collaboration avec les Harkonnen, une famille rivale moche, méchante et redoutable. Leto, lui, est beau et honorable. Il a aussi une compagne, Jessica, et un fils Paul. Ce dernier possède des capacités psychiques particulières, capacités qui se déploient de façon exponentielle à son arrivée sur Arrakis, en raison de la proximité permanente de l'épice. Le récit est raconté du point de vue de Paul.</p><p><em>Dune </em>est un film qui se veut grandiose, par ses images, son montage, ses cadrages... Il y réussit, au moins en partie. Il appuie malheureusement son propos par trop de ralentis et de très gros plans, le rendant certes majestueux, mais aussi pesant. C'est comme si Villeneuve voulait nous convaincre à coup de marteau qu'il nous propose un grand film. Je n'ai certes pas besoin de tant d'encouragements, pour ma part : ses plans larges comme ses gros plans sont magnifiques, avec des cadrages décalés originaux et vivants. Les effets spéciaux sur les vaisseaux sont impressionnants. Bref, pas besoin d'en rajouter !</p><p>La distribution des rôles est plutôt réussie, bien que Villeneuve n'ait pas fait preuve d'une grande originalité. Les acteurs que j'ai préférés dans leurs rôles respectifs sont Stellan Skarsgard en Baron Harkonnen (il a vraiment un don pour les personnages inquiétants), Rebecca Ferguson en Jessica (sous exploitée à mon sens, mais la force de Jessica transparaît très bien chez l'actrice), Oscar Isaacs en Leto Atreides (parfait), Timothée Chalamet en Paul (un peu fragile peut-être, mais assez intense pour être convaincant), Javier Bardem en Stilgar (pour le coup, c'est franchement réussi) et, <em>last but not least</em>, Jason Momoa en Duncan Idaho (c'est comme si Herbert lui-même avait écrit le personnage pour Momoa, et pourtant je n'ai habituellement pas une très haute estime du talent de cet acteur, malgré son physique avantageux).</p><p>J'ai moins goûté la présence de Dave Bautista (que j'ai sans doute trop vu dans des superproductions ces dernières années), mais il faut bien avouer qu'il fait l'affaire dans le rôle de Rabban. Si Josh Brolin a la gueule de l'emploi pour jouer Gurney Halleck, sa prestation lors des épisodes de citations poétiques m'a paru totalement à côté de la plaque. Dommage, car il faut avouer que c'est l'un des aspects les plus intéressants du personnage du roman. Zendaya en Chani ne procure absolument aucune émotion. Cette fille fait très bien la gueule, je peux au moins lui accorder cela.</p><p>Dans l'ensemble, cette distribution plutôt talentueuse me pose un problème : ces têtes archi-connues nous distraient de l'histoire, de l'univers. Sans doute ai-je été influencée par des sagas à succès comme <em>Star Wars</em> ou <em>Game of Thrones</em>, dans lesquelles le cast est initialement composé d'acteurs peu connus, ce qui permet de s'attacher au récit et aux personnages, sans attendre quoique ce soit de tel ou tel acteur.</p><p>Ce choix de tête d'affiches se comprend : c'est une assez bonne garantie d'attirer le public cible en salle (les 30-55 ans), alors qu'il est soumis à tant d'impératifs en cette rentrée 2021 (le pass sanitaire, la rentrée des classes pour les parents, la reprise des activités professionnelles et personnelles, etc.). Néanmoins, avec cette distribution à la mode, le risque demeure que cette oeuvre vieillisse aussi mal que celle de Lynch... L'avenir le dira.</p><p>J'ai été frappée par la désaturation des couleurs, constante au long du film, que les scènes se déroulent sur Caladan ou sur Arrakis. Le bleu et le vert de Caladan sont bleu-gris et vert-gris, le jaune et le noir sur Arrakis sont jaune-gris et noir-gris. J'aurais imaginé quelque chose de plus chatoyant, au moins pour ce qui concerne Caladan. L'ensemble forme un bloc visuel très minéral, un choix esthétique que j'apprécie que peu, bien qu'il fasse sens.</p><p>Cette minéralité se retrouve dans la bande-son, électrique, basse et très rythmée. J'ai eu l'impression tenace d'écouter des morceaux déjà entendus avant dans ma vie. C'est comme si cette musique était... obsolète ! Étrange sensation. Pas désagréable, mais étrange. Je crains qu'elle ne vieillisse très mal, mais une fois de plus, l'avenir nous le dira.</p><p><img id="media-6296308" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/00/01/3498735226.jpg" alt="royalty_mag_telerama_1029_v1_0.jpg" />Le style vestimentaire des personnages, distilles, tenues de cérémonie et autres armures de combat, m'a furieusement rappelé le style dans "La caste des Méta-Barons" de Gimenez et.. Jodorowsky ! Coïncidence ? D'autres, plus informés, pourront sans doute répondre plus avant à cette question.</p><p>Le film propose tout de même quelques épisodes vestimentaires étonnants, voire anachroniques, du style "écrivain bohème et maudit du 19e siècle", entre Chateaubriand et Beaudelaire, pour Timothée Chalamet en Paul Atréides. Il faut dire qu'il a le physique de l'emploi !</p><p>L'adaptation du récit est assez fidèle au roman, bien que certaines informations, délivrées bien plus tard dans le roman d'Herbert, soient là exposées assez tôt. Villeneuve a également choisi de sauter des passages entiers, comme le repas avec les notables locaux et toute la partie où le duc Leto fait croire à Jessica elle-même qu'il est fâché contre elle. Cela ne dessert pas le film, qui resserre ainsi le récit sur Paul et sa mère, et leur adaptation aux périls politiques, environnementaux et sociaux d'Arrakis.</p><p>Villeneuve a su, de façon tout à faite étonnante, mélanger dans les mêmes séquences des moments de tension et de danger avec des scènes d'intimité, comme les visions de Paul, rendant ainsi les secondes plus dramatiques et les premières moins écrasantes.</p><p>Pour être honnête, je n'ai pas vu passer les deux heures et demie du film, et j'ai été très heureuse de pouvoir le voir en salle, puisqu'il a été fabriqué pour cela.</p><p><strong>Les choix artistiques de Denis Villeneuve, bien qu'ils ne me convainquent ou ne me plaisent pas tous, sont respectables et j'apprécie son engagement dans une vision très personnelle de l'adaptation du roman d'Herbert. La qualité de réalisation est bien là, ainsi que la direction d'acteurs. Si je n'apprécie pas la distribution trop racoleuse, j'admets qu'elle est certainement un mal nécessaire pour que cette vision puisse avoir une suite et une fin. Je reverrai ce film avec plaisir. Longue vie à <em>Dune </em>!</strong></p><p> </p><p><img class="aligncenter size-full wp-image-21655" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="https://i2.wp.com/rsfblog.fr/wp-content/uploads/2021/06/summer-star-wars-mandalorian.jpg?resize=430%2C412" sizes="(max-width: 430px) 100vw, 430px" srcset="https://i2.wp.com/rsfblog.fr/wp-content/uploads/2021/06/summer-star-wars-mandalorian.jpg?w=430&ssl=1 430w, https://i2.wp.com/rsfblog.fr/wp-content/uploads/2021/06/summer-star-wars-mandalorian.jpg?resize=200%2C192&ssl=1 200w" alt="" width="174" height="166" loading="lazy" data-recalc-dims="1" /></p><p> </p>
Blop
http://impromptu.hautetfort.com/about.html
Coeurs d'acier (De haut bord, tome 1), H. Paul Honsinger
tag:impromptu.hautetfort.com,2020-07-23:6253417
2020-07-24T07:02:38+02:00
2020-07-24T07:00:00+02:00
Quatrième de couverture : 21 janvier 2315. L'Union de la Terre et...
<p><span style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 14pt;"><img id="media-6156121" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/02/01/1626775269.jpg" alt="space opera,science fiction" /><em>Quatrième de couverture :</em> </span></p><p><span style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 14pt;">21 janvier 2315. L'Union de la Terre et des Mondes colonisés est en guerre contre les Krags, une guerre sans merci dont l'issue peut conduire à l'anéantissement de l'espèce humaine. Par ordre de l'amiral « Tape-Dur » Hornmeyer, le lieutenant Max Robichaux, promu capitaine de corvette, reçoit le commandement du Cumberland, un destroyer de classe Khyber, moderne et puissant. Sa mission : arpenter furtivement le Libre Corridor et frapper le commerce krag afin de saper son effort de guerre. Son handicap : un équipage sans moral et sans efficacité qui a fait du Cumberland la risée de la flotte. Son bouclier : la Spatiale de l'Union, coeurs d'acier ses vaisseaux, coeurs d'acier ses matelots et ses officiers.</span></p><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;"><em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Mon avis</span></em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> :</span></span></p><p><span style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 14pt;">Pour l'internaute qui tomberait ici par hasard (mais quand même, ça m'étonnerait), ce roman entre tout pile dans ma madeleine de proust : le space opera militaire !</span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">N'ayant pas apprécié ma dernière </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">tentative de nouvelle série de space opera</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> (</span><em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Lazare en guerre</span></em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> de Jamie Sawyer, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">dont je n’ai pas écrit de chronique</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">), j'ai abordé ce nouveau roman avec une certaine circonspection. J'ai traqué ses défauts tout en espérant ne pas me gâcher moi-même la lecture.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Et je n’ai pas eu à traquer très longtemps… </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">C</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e qui m'a nettement contrarié</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> dans ce premier tome est la manière peu subtile, voire carrément fluorescente, dont H. Paul Honsinger a évacué d'emblée la moitié de l'humanité de son récit, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">par le truchement d’un virus ciblant exclusivement la gente féminine</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Honsinger</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> a écrit </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">son roman </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">en 2012, il y a moins de 10 ans, et même si #MeToo n'était pas encore passé par là, éliminer les femmes d'un </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">roman de ce type</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> est un tantinet voyant, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">et fait immédiatement penser, peut être à tort concernant H. Paul Honsinger, aux plus conservateurs </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">et misogynes </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">des écrivains américains du genre, les rabbid puppies.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Sur les vaisseaux </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">de l’Union</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">, il </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">n’y a que d</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">es petits garçons, des adolescents et des hommes. Une manière que l'auteur pensait peut-être habile de se rapprocher des récits de guerre maritime mettant en scène les </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">hommes - </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">mousses, cadets et marins confirmés -</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> sur les </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">voiliers britanniques de la fin du 18e siècle, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">récits </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">dont il s'inspire très largement (voir les aventures de </span><em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Horacio Hornblower</span></em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> et </span><em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Jack Aubrey</span></em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">). </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Mais ma fibre féministe </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">et égalitariste</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> en a pris ombrage, soyons clair.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">L</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e deuxième défaut </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">du récit tient à l’irréalisme des références historiques des personnages, qui, vivants au 24</span><sup><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e</span></sup><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> siècle, seraient des experts de l’histoire militaire des 19</span><sup><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e</span></sup><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> et 20</span><sup><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e</span></sup><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> siècle. L’amiral Nelson, le général Patton et autres grandes figures des 200 dernières années s’invitent dans les dialogues d’officiers en guerre depuis leur plus tendre enfance… Où et quand auraient-ils eu le temps d’apprendre des références aussi ancienne ? C’est sympathique, mais incohérent.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Le </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">troisième</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> défaut, si on aime </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">la co</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">ntextualisation géopolitique, c’est qu</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e cette dernière</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> est </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">assez </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">peu développée dans ce premier tome de la série </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><em>De haut</em></span> <span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><em>bord</em></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Évidemment</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">, dès qu’on parle de conte</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">x</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">te géopolitique, pas grand-chose ne peut se comparer à </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><em>Honor Harrington</em></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">. Donc je ne comparerai pas l’incomparable. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Je me contenterai de dire que si vous aimez les arrière-plans solides, vous serez peut-être un peu déçu. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">L’auteur en rajoute au niveau des acronymes, qui </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">donnent l’impression de </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">se substitue</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">r, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">sans succès,</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> à un exposé plus </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">en profondeur</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> du contexte. </span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Pour autant, je</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> me dis </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">que </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">grâce </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">cette</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> relative légèreté </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">conte</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">x</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">tuelle</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">et pourvu qu’on ne fuit pas devant lesdits acronymes, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">l</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e roman</span> <span style="font-family: Calibri, sans-serif;">peut constituer</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> un bon point de départ pour qui s’int</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">é</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">resserait en néophyte au genre</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> du space opera militaire.</span></span></p><p><span style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 14pt;">Cela nous amène donc doucement mais sûrement aux qualités du roman. </span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">L</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">es personnages sont d’emblée sympathiques, bien que relativement caricaturaux. Max (Maxwell ou Maxime ? Je crois avoir vu les deux versions dans le roman, à ma grande confusion) Robichaux est un officier avide de combat rapproché avec les Krags, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">les </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">ennemis de l’humanité, qui possède aussi des qualités de meneur d’homme. Il a un</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> bonne intelligence tactique et </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">surtout une intelligence humaine, qui lui permet de ramener son équipage dans la norme d’efficacité de la Flotte. </span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">C’est très certainement ce point qui constitue l’intérêt principal de ce premier tome : la façon dont Robichaux, pour son premier commandement, utilise à bon escient les (un peu trop) excellentes qualifications de ses officiers de bord et mène à la baguette - mais pas au fouet - un équipage </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">psychologiquement très</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> abîmé et démotivé par son précédent commandement pour lui faire retrouver sa fierté. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Robichaux est lui-même l’objet d’attention et de soin, laissant deviner une profondeur intéressante, qui je l’espère sera développée dans les tomes suivants.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">L</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e principal personnage secondaire (oxymore !), qui est souvent le second dans ce genre de roman, est tenu ici par le médecin de bord. Doté d’un peu trop de qualités à mon goût, il n’en reste pas moins tout à fait attachant et sympathique. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Les autres personnages, qui n’échappent pas aux clichés, servent le récit et font le job. </span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Je mettrai un petit point en plus pour les références constantes, et agréables à l’oeil du lecteur francophone, à la culture, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">au</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> dialecte et </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">à</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> la cuisine cajun. C’est tout à fait délicieux, dans tous les sens du terme, et cela évite aux personnages principaux de coller à profil WASP trop conservateur. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Le médecin est d’ailleurs entièrement hors de la culture blanche américaine : </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">il est de confession </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">musulman</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">e</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">et </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">d’origine turquo-arabe.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Bien que sans surprise, l’art et la manière de mener </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">l’</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">arc narratif </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">concernant les hommes à bord </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">sont agréables </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">a</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">u lecteur : de l’humour, d’excellents dialogues, et des tirades </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">parfois</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> brillantes. </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Il y a </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">des</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> moments de grâce, </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">et de rire,</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> à côté desquels il serait dommage de passer. </span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Je regrette cependant le traitement « par-dessus la jambe » du sacrifice de certains membres de l’équipage face à l’ennemi (je ne spoile pas plus avant). Le</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">s sentiments de</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> deuil et </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">de</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> perte ne sont pas traités, pas plus que l’</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">état d’esprit des soldats au moment de leur sacrifice. C’est d’autant plus dommage que bien d’autres aspects psychologiques sont abordés avec pertinence (voir plus haut, sur l’état moral de l’équipage et de son commandant).</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Ce premier tome de </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><em>De haut bord</em></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> propose au lecteur de très nombreux clins d’oeil (trop nombreux parfois) à de célèbres œuvres littéraires ou cinématographiques : les romans maritimes de Cecil Scott Forester et Patrick O’Brian, l’univers </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><em>Star Trek</em></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> de Gene Rodenberry, les romans de space opera des monstres sacrés du genre… </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Le lecteur un peu au fait des œuvres de space opera appréciera, mais sans doute que le spécialiste en sera agacé.</span></span></p><p><br /><br /></p><p><span style="font-size: 14pt;"><strong><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">P</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">our conclure, malgré d’évidents défauts, le plaisir l’a emporté dans cette lecture du premier tome de </span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><em>De haut bord</em></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">. L’humour, la qualité des dialogues, l’art et la manière de mener un groupe humain à se dépasser, sont les points fort de ce roman. Suffisamment fort à mon sens pour faire oublier, ou du moins minimiser, ses défauts. Je prévois de lire dans un délai raisonnablement court les 2 tomes suivants.</span></strong></span></p><p><br /><br /></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Ce billet a été rédigé dans le cadre de l'indétrônable challenge </span><em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Summer Star Wars</span></em><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> de M. Lhisbei, 11e du nom. Gloire à lui, à Lhisbei et à l'enseigne Excel Vador ! </span></span></p><p style="text-align: center;"><a title="Le Summer Star Wars 2020" href="http://rsfblog.fr/2020/06/07/episode-ix-lascension-du-challenge/" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6156126" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://impromptu.hautetfort.com/media/01/00/3008901013.jpg" alt="space opera,science fiction" /></a></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"> </span></span></p><p> </p>