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science-fiction

  • L'espace d'un an, de Becky Chambers

    science-fiction,space operaL'histoire : Rosemary rejoint le vaisseau tunnelier Voyageur pour y être employée comme greffière. Elle y est accueillie par un équipage hétéroclite constitué de quatre humains et trois extra-terrestres, tous d'espèces différentes, ainsi qu'une IA, Lovey. Elle traîne un passé qui lui pèse et qu'elle n'ose pas dévoiler, mais s'intègre peu à peu dans le groupe.

    Le Voyageur accepte une mission au long cours pour creuser un tunnel dans l'espace-temps, sa spécialité, dans une zone très lointaine et plutôt instable politiquement. Le temps pour l'équipage d'apprendre à connaître Rosemary, et vivre des aventures... intéressantes. Au bas mot. Et de se découvrir, mûrir et changer, chacun, à travers les épreuves rencontrées.

     

    Mon avis : Ce roman, j'en avais entendu du bien, par Môssieur Space Opera, celui qui en lit tout le temps mais n'en chronique (presque) jamais : M. Lhisbei himself ! Et, effectivement, il faut bien le reconnaître : L'espace d'un an, c'est du space opera pour bisounours, ou tout simplement pour des gens qui ont envie de voir de belles idées se développer et prendre racine dans une bonne histoire.

    Le roman se déroule sur une année, d'où le titre. On apprend à connaître intimement chacun des membres de l'équipage, des personnages souvent hauts en couleur, à part, unis par une indéfectible affection - à une exception près. Ils et elles sont grandes gueules, singuliers, terriblement attachants.

    On trouve beaucoup de choses dans ce roman :  de la bienveillance (ce mot terriblement galvaudé qui commence à sérieusement m'agacer, mais qui reste une définition précise de l’atmosphère du roman), de l'inclusion, quelques pincées d'humour.

    Les gens vivent et travaillent ensemble ; il y a de l'amour pour tous, hétéro et homosexuel, et avec tous, entre personnes de la même espèce ou non.

    Quelque esprit chagrin accuserait ce roman de dégouliner de bons sentiments. C'est vrai, mais je n'en suis étonnamment pas écœurée.

    Pour la première fois depuis que je lis du space opera américain, on parle de gens qui cherchent et aiment la paix du quotidien dans un vaisseau spatial, et non de ses potentialités létales ! C'est original, étonnant et tout à fait rafraîchissant.

    Par ailleurs, l'écriture est fluide et de qualité, ce qui ne gâche rien.

    Beaucoup ont aimé ce roman depuis qu'il est sorti en août 2016 chez L'Atalante. Je ne fais pas exception. J'ai juste mis 4 ans à finir ma chronique, puisque je l'avais lu en 2018...

     

    Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et vous.

    science-fiction,space opera

    Ce livre a également été chroniqué cette année, et pour le même challenge, par Tigger Lilly.

  • Journal d'un AssaSynth, de Martha Wells (tomes 1 à 5)

    space opera,science-fictionL'oeuvre : Pour ce premier (et peut-être dernier !) billet de l'année 2022, je me suis dit que tant qu'à parler de space opera, autant ne pas y aller de main morte. J'ai donc décidé de vous parler d'une série commencée en décembre dernier, et terminée aujourd'hui, devenue célèbre grâce à son succès critique : Journal d’un AssaSynth, de Martha Wells (titre original : The Murderbot Diaries).

    La série est composée de 5 novellas et 1 roman, tous édités à la Dentelle du Cygne chez L'Atalante (ma collection que j'aime d'amour "pour toujours et à jamais, jusqu'à preuve du contraire", comme dirait Nicolas Martin - mais je m'égare).

    1- Défaillances systèmes (2019) : prix Hugo, Locus, Nebula et Alex 2018

    2- Schémas artificiels (2019) : prix Hugo et Locus 2019

    3- Cheval de Troie (2019)

    4 -Stratégie de sortie (2019)space opera,science-fiction

    5- Effet de réseau (2020) : Prix Nebula 2020, Prix Hugo et Locus 2021

    6- Télémétrie fugitive (2021), que je n'ai pas encore lu

    En outre, le prix Hugo de la meilleure série littéraire 2021 lui a été décerné dernièrement.

    On peut donc dire que la qualité avait de bonnes chances d'être au rendez-vous.

     

    L'histoire : Une équipe de scientifique, PréservationAux, est en mission d'exploration sur une planète quasi inconnue. Elle est accompagnée d'une SecUnit, un cyborg chargé de sa sécurité. Ce dernier, le narrateur, a pour particularité de s'être auto-baptisé en secret "AssaSynth" - plus poétique encore que la version originale "murderbot" (bravo à la traductrice Mathilde Montier !). Il a aussi piraté en loucedé son module superviseur, qui permet normalement aux humains, et surtout à la compagnie qui le met à disposition des clients, de le contrôler. Ce piratage est potentiellement létal pour les humains, mais il se trouve que dans le cas de notre SecUnit, ledit potentiel reste sagement inexprimé.

    space opera,science-fictionEn effet, lors d'une mission précédente, des clients dont il ("iel", pour être précise) était chargé sont morts, et ce souvenir atroce le pousse à faire de son mieux pour protéger cette équipe scientifique, menée par le Dr Mensah. Le récit dévoile plus tard les raisons précises qui ont mené AssaSynth à désactiver son module de supervision pour devenir autonome. Et celles-ci sont effectivement sacrément bonnes, et naissent d'un véritable traumatisme, pour pousser un cyborg à pirater son propre système.

    Tout en suivant pas à pas la mission de protection d'AssaSynth face à des scientifiques jamais assez prudents à son goût, sur une planète plus hostile qu'il n'y paraît, le lecteur explore avec le cyborg les aléas de la découverte de la liberté de décision, de pensée et de conscience, ainsi que ses progrès - ou pas - en matière de rapports avec les êtres humains, le Dr Mensah en tête.

    Les tomes suivants développent les relations d'AssaSynth avec les scientifiques de Préservation, ainsi que ses déboires divers et variés pour se trouver une place au sein d'une société qui ne veut certainement pas d'une SecUnit séditieuse, toute bien intentionnée soit-elle. Car AssaSynth observe l'humanité par le prisme de ce que celle-ci pense des cyborgs, et il ne se fait aucune illusion sur ce qu'il peut attendre d'elle.

    Le cyborg trouve alors systématiquement refuge, de manière aussi drôlatique que pathétique, et toujours compulsive, dans la consommation effrénée de séries télévisées de science-fiction, toutes aussi irréalistes les unes que les autres, et dans lesquelles les SecUnits tiennent régulièrement, voire systématiquement, le rôle de tueurs effroyables et incontrôlables...

     

    Mon avis : Comme toujours dans les oeuvres que j'apprécie le plus, celle-ci propose un récit d'aventure en surface, et une réflexion philosophique sur l'existence et la conscience, dans le fond.

    space opera,science-fictionDès ma lecture de la première novella, et ceux qui me suivent sur les réseaux s'en souviennent peut-être, j'ai partagé quelques lignes qui m'ont fait glousser, voire pouffer :

    C'était pire que ce que je croyais. [...] Ils étaient arrivés à la conclusion qu'il ne fallait pas "me mettre la pression". Ils étaient tous tellement gentils que ça en devenait abominable.

    Car en effet, AssaSynth fait preuve d'une ironie dévastatrice dans son récit, ironie qui lui permet de gérer tant bien que mal les conflits inévitables entre sa part de machine factuelle et analytique, et les vagues émotionnelles très humaines, issues de sa partie organique, qui viennent le parasiter bien trop souvent à son goût.

    La gestion de ses émotions constitue l'un des points centraux de l'évolution d'AssaSynth tout au long de la série, et le lecteur peut mesurer ses progrès en la matière - ou pas ! - à la fréquence à laquelle il se réfugie dans ses épisodes préférés de série télé, qu'il visionne et revisionne, tel une Blop qui relit son livre doudou chaque année (Le Vol du Dragon d'Anne McCaffrey, pour les curieux).

    space opera,science-fictionL'autrice émaille donc le récit de réflexions et commentaires personnels d'AssaSynth, souvent très drôles, toujours sarcastiques et, au moins en surface, légèrement humanophobes. Car il est bien évident que ce cyborg nourrit des sentiments aussi profonds que niés pour ses compagnons humains, sentiments qu'il s'évertue à qualifier de toutes les façons possibles, sauf bien entendu celles qui entrent dans le champ sémantique de l'émotion.

    Ces pas de côté au beau milieu de scènes d'action offrent une respiration décalée, souvent inattendue, et l'ensemble propose des novellas dont le rythme rapide n’essouffle pas le lecteur, en y injectant de la profondeur de champ.

    Le roman est, lui, un peu moins bien équilibré. Néanmoins, le contexte ayant été très convenablement posé dans les 4 novellas précédentes, on se laisse porter par les aventures d'AssaSynth et de ses associés humains.

    Le plus intéressant étant d'ailleurs dans ce 5e opus, l'exploration de la relation entre AssaSynth et le vaisseau-bot Périhélion, rencontré dès la fin du premier tome. Les deux entités nouent un lien complexe, indéfinissable, et très hautement divertissant pour le lecteur, qu'AssaSynth refuse catégoriquement de qualifier d'amitié, puisque ce concept est humain et donc, non applicable dans le champ des relations robot-cyborg. Or ce lien évolue énormément durant le 5e tome, et l'exploration de leurs identités respectives constitue l'un des coeurs du récit.

    Tout dans cette oeuvre tourne autour des questions de l'identité, de la conscience et de la relation à l'autre, quand rien dans le monde n'est prêt à admettre qu'il y a là une conscience, une identité et une altérité à reconnaître. Journal d'un AssaSynth est donc une série qui allie le divertissement de surface au sens profond, tout ce que j'aime dans la littérature en général, et dans le space opera en particulier.

     

    Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie.

    Que la Force soit avec vous.

    space opera,science-fiction

     

  • Star Trek : Picard

    star-trek-picard-poster.jpgJe termine à l'instant, plusieurs mois après sa sortie, le dernier épisode de la saison 1 de Star Trek Picard. Un épisode final qui aurait pu l'être plus (final, s'entend), mais qui me remplit de joie, de chaleur, d'optimiste, d'humanisme, d'allégresse et... Bon. Je crois que tout le monde a compris. L'émotion l'emporte.

    Maintenant, on va tenter de revenir à la raison.

    Star Trek : Picard reprend donc le personnage de Jean-Luc Picard, initialement capitaine de Starfleet dans la série Star Trek : la nouvelle génération. Le personnage est toujours joué par Sir Patrick Stewart, devenu iconique grâce à ses rôles dans Star Trek et X-Men.

    Star Trek : Picard propose une nouvelle pousse dans l'univers de Gene Roddenberry. Picard, à la retraite dans son vignoble français, est rattrapé par son passé. Il a quitté Starfleet 15 ans auparavant, avec pertes et fracas, face à la décision d'interdire toutes les formes de vies synthétiques. Hanté par ses souvenirs et son affection pour son défunt ami l'androïd Data, il a très mal vécu cet épisode. Dhaj, une jeune femme en danger de mort, le contacte. Pour sauver Dhaj, puis sa soeur Soji, Picard tente de tirer quelques ficelles de sa vie antérieure au sein de Starfleet. Mais son titre d'amiral ne lui est d'aucune utilité : il est persona non grata. Nous suivons donc, durant 10 épisodes, les efforts pas toujours couronnés de succès de Picard pour tenter de sauver Dhaj, puis Soji, de leurs ennemis.

    Picard est un vieil homme fatigué, malade, têtu et pour tout dire, pas très facile à vivre. C'est aussi un humaniste indécrottable. Le grand âge, la maladie ne l'épargnent pas. Il reste néanmoins farouchement convaincu des grands principes qui ont dirigé sa vie d'explorateur spatial : le respect de la vie sous toutes ses formes, et l'absolue conviction que l'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne.

    Il s'entoure d'un aréopage de personnages plus ou moins vraisemblables, mais qui ont une facette fêlée, abîmée, voire carrément ratatinée. Des personnages attachants, qui réussissent presque tous à acquérir un minimum de profondeur durant les 10 épisodes de cette saison. Ils ne sont pas tous réussis, loin s'en faut. Mais le fait que le spectateur prenne l'histoire en route, avec un passé dont il découvre les détails progressivement et qui a des répercussions essentielles dans le présent du récit, lui permet de s'immerger rapidement dans l'univers et d'accepter ce qu'on lui présente.

    L'héritage de la série Star Trek : la nouvelle génération est clairement revendiqué et l'action se déroule 20 ans après les événements du film Star Trek Nemesis. Je précise que quelqu'un qui n'aurait vu ni la série ni le film, comme moi, ne se sentira pas totalement perdu. Il m'a manqué quelques références, mais cela ne m'a pas gêné pour suivre et apprécier le récit.

    Patrick Stewart, qui aura quand même 80 ans cet été, fait un Picard très réussi, fragile et volontaire. J'ai particulièrement apprécié que la réalisation montre sans fard (ou si peu) l'effet de la vieillesse sur un homme. C'est d'ailleurs un des éléments les plus intéressants de cette énième émanation de l'univers de Star Trek, et du space opera télévisuel ou cinématographique en général ; car en effet, je n'avais pour ma part jamais vu traitée la question de la vieillesse (et je parle bien de la vieillesse, non de la mortalité). Cette fragilité grandissante, cette perte de mobilité, d'énergie et de capacité d'adaptation, ces rides et ces rhumatismes qui s'installent et plus jamais ne nous laissent tranquilles... Tout cela participe de la sensibilité étonnante - et bienfaisante - de l'oeuvre. C'est touchant, c'est philosophique... et c'est une grande félicité.

     

     

    Ce billet a été rédigé avec grand plaisir et dans la joie que m'a procurée Lhisbei, grande prêtresse du Summer Star Wars, lorsqu'elle m'a gentiment invoquée sur les réseaux sociaux pour m'inciter à participer à ce 11e opus. Si vous revoyez (enfin) un nouveau billet sur ce blog, c'est elle qu'il faut remercier !

     

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  • Les Aux', de David Gunn

    1412-faucheur-i_org.jpgRésumé : Sven est un tueur féroce et la pire tête de mule de l’Empire. Il est humain à 98,2 %, ce qui lui permet de guérir d’atroces blessures en un temps record. Repéré par l’Empereur, il est incorporé dans son armée d’élite, les Faucheurs. Là, on lui offre une nouvelle vie… en échange d’une mission suicide. Au coeur de l’ouragan de métal et de feu qui s’ensuit, Sven comprend vite qu’il n’est qu’un pion dans un jeu mortel. Et la règle veut que les pions soient sacrifiés. Mais Sven ne s’encombre pas des règles…

    Mon avis : la série Les Aux' est composé de trois romans : Faucheur, Offensif, et Le jour des damnés. Une trilogie de space opera militaire, pas tout à fait militariste. Elle propose le récit de vie (ou plutôt, de survie), de Sven Tveskoeg, ex-sergent de la Légion et nouveau sous-lieutenant des Faucheurs d'un empire improbable, dirigé par Octo V, empereur âgé de 12 ans... depuis environ 300 ans. 

    Sven est un tueur, un meneur d'hommes - et de femmes -, un type qui préfère agir plutôt que réfléchir, parce que quand il réfléchit, cela lui fait littéralement mal à la tête. Sven est donc un personnage sévèrement burné (dans tous les sens du terme), un bourrin sans nuance - mais pas sans intelligence.

    Tout au long des trois tomes, le lecteur découvre un contexte militaire et politique qui implique les très antagonistes Empire Octovien - celui de Sven -, l'Union-Libre Galactique et l'empire Exarche ; contexte tripartite dans lequel Sven et ses Aux' (auxiliaires) tentent de survivre. Et vu que la plupart du temps, les gens qui les envoient au combat espèrent qu'ils se fassent tuer en chemin, ce n'est guère une tâche aisée pour leur chef de troupe. S'ensuite donc, très fréquemment, d'épiques scènes de massacre, d'étripage (littéral), de fusillades et parfois même de cannibalisme.

    Les Aux' est bien ce qu'il semble être : une série de romans rapides comme l'éclair, violents et cons comme la mort. Descriptions courtes, dialogues courts, chapitres courts. L'environnement SF est assez peu développé, bien que des tas de bonnes idées aient été puisées dans le cyberpunk (Carbone modifié, entre autres...), telles que les implants de sauvegarde de la conscience, les armes intégrées aux corps humains, ou les pouvoirs psychiques augmentés par des additifs extra-terrestres. Aucune réflexion n'est à attendre de sa lecture, qui relève du plaisir simple d'une madeleine de Proust : si tu aimes les punchlines, l'alcool, le sexe et la baston, tu es chez toi. Et oui, parfois, j'aime ça.

    Mais c'est également un peu plus que cela. Lorsqu'on prend la peine de lire la trilogie jusqu'au bout, on découvre une contextualisation politique assez complexe, des personnages dotés de reliefs, comme les fameux Auxiliaires, mais aussi le fameux empereur Octo V, mi-machine mi-humain. Les femmes ont tous les rôles dans ces romans, jolies potiches, putains, combattantes d'exception, dirigeantes militaires ou politiques, femmes d'influence : un bon point pour Les Aux' !

    Bien que totalement militaire, le récit ne peut pas être considéré comme militariste. Le narrateur est douloureusement conscient de son statut de chair à canon, un simple pion manipulé par les grandes puissances qui l'entourent et le manient à leur guise, sans souci aucun de la valeur d'une vie humaine dans le cours d'une guerre.

    Sven est accompagné d'un SIG doté d'un Intelligence Artificielle. C'est à dire qu'il se balade constamment avec un flingue qui parle, critique, commente et n'en fait parfois qu'à sa tête. Et c'est ce personnage improbable qui provoque chez le lecteur de vrais éclats de rire : les traits d'esprit - dans le genre humour noir - fusent entre Sven et son SIG, et font passer crème les aspects plus rudimentaires du roman.

    On rit, on s'amuse à défourailler dans tous les coins et on passe à autre chose. La trilogie des Aux' non seulement ne déçoit pas son lecteur, mais laisse quelques traces plaisantes ; on ne lui en demande pas plus.

     

    Genre : space opera, SF militaire

    Éditeur : Bragelonne, version numérique.

     

     

    Ce billet intègre le Summer Star Wars de M. Lhisbei, avec la participation de Lhisbei et Excel Vador, bénis soient-ils au delà de toutes les galaxies.

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  • Les derniers Jedi, Star Wars VIII, de Rian Johnson

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    Chronique presque sans spoiler.

     

    Synopsis : Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé… 

     

    Mon avis : Qu'ai-je pensé de ce 8e opus ? L'ai-je aimé ou détesté ? Pour tout t'avouer, ami lecteur, je me tâte encore.  Si j'étais sortie avec le sourire aux lèvres et des sapins de noël dans les yeux de la projection de l'épisode VII il y a deux ans, même si je savais qu'on m'avait servi une belle copie de l'épisode IV, ce ne fut pas le cas cette fois-ci. Je suis sortie... désorientée.

    Commençons, peut-être, par ce qui est, à mon sens, réussi : l'univers visuel. Certaines scènes sont à couper le souffle. La bataille finale sur la planète blanche et rouge est à tomber par terre, tant les contrastes de couleur sont marquants et somptueux. Le film vaut réellement la peine de se déplacer en salle obscure pour cette raison.

    L'évolution du personnage de Luke Skywalker, devenu misanthrope, dépressif et franchement désagréable - on dirait Ben Affleck en Batman - m'a plu. Il est humain, égoïste et adore se complaire dans l'auto-apitoiement. Bref, un vrai personnage ! Même si, effectivement, la fameuse scène du sabre-laser au début du film aurait pu trancher un peu moins avec la solennité de cette même scène à la fin du film précédent. J'avais l'impression de voir les facéties de Simon Pegg en plein milieu d'un temple bouddhiste. C'était drôle, mais déplacé. Les relations houleuses entre Rey et Luke, teintées de comédie, ont pour rôle de rappeler les scènes drôlatiques de l'initiation de Luke avec Yoda sur Dagobah, dans L'Empire contre attaque. Avec plus ou moins de bonheur, suivant les moments.

    Le lien entre Kylo Ren et Rey est totalement novateur, étranger à l'univers Star Wars. J'ai la nette impression que Rian Johnson a vu, comme moi, la série Sense8, de Lana Wachowski, tant ce lien entre les deux protagonistes ressemble à celui qui unit les sensitifs dans la série. Cette nouveauté peut déranger par son incongruité, mais elle m'a conquise, sans doute parce que je suis déjà une fan de la série Sense8 et de ses personnages extraordinaires, mais aussi parce qu'elle colle finalement plutôt bien au concept de la Force.

    Cette bonne surprise n'a pourtant pas amoindri le désappointement que j'éprouve une nouvelle fois face au personnage de Kylo Ren. Une tronche de méduse échouée (oui, bon, ok : on a dit pas le physique), un ego blessé d'adolescent en mal de reconnaissance : il m'agace. Dommage, car les relations qu'il établit avec Rey sont intéressantes, complexes et pleines de promesses.

    Passons ensuite aux déceptions que j'ai pu ressentir : la rencontre et le voyage de Finn et Rose, bien que sympathiques, semblent être totalement gratuits et sans intérêt pour l'avancement du récit. J'avais l'impression d'être devant la longue scène de 50 pages sur Tom Bombadil dans le Seigneur des anneaux de Tolkien (aïe, pas taper !). En moins ennuyeux, tout de même. Je ne parle pas de Poe, dont le personnage donne l'impression de tourner en rond. On dirait qu'il n'est là que pour rappeler au spectateur qu'un pilote de la rébellion, c'est cool.

    De même, j'ai été déçue de la conclusion de l'assommante poursuite entre les vaisseaux des Rebelles et ceux du Nouvel Ordre. Elle remet en cause toutes les précédentes scènes de bataille spatiale de l'univers Star Wars sans explication ; elle introduit un élément étranger qui est, cette fois, incohérent. Qu'il aurait été facile de détruire toutes les étoiles noires des précédents épisodes avec pareil procédé !

    Ne parlons pas de la façon dont la Force se manifeste chez Leia Organa : cela m'a immédiatement fait penser à une scène de Superman en majesté (et en vol) dans Man of Steel. C'était d'un ridicule... Dommage pour un personnage aussi royal. Car feue Carrie Fischer en impose dans son rôle du général Leia Organa à chacune de ses apparitions à l'écran, avec dignité, grandeur et... malice. Un vrai bonheur.

    Certains personnages, dont un méchant majeur, meurent ou disparaissent en un claquement de doigt, tels des pions sacrifiables sur un échiquier incompréhensible. L'identité des parents de Rey est donnée au débotté, sans la moindre révélation fracassante, alors qu'on en attendait beaucoup de ce côté. Bref, de multiples arcs narratifs auraient pu être développés et se sont terminés en queue de poisson. C'est comme si le film ne prenait pas le temps de se consacrer à des histoires, à des personnages, alors même qu'il dure 2h30 ! Cela a généré, pour moi, de multiples petites déceptions durant le visionnage. Je veux bien de l'action, mais pas au détriment de la profondeur de narration.

    Les dernier Jedi est-il une copie de l'épisode V, le très fameux et très controversé Empire contre attaque ? Par certaines scènes, oui, évidemment. Mais je ne peux pas dire que cela m'ait fondamentalement dérangée. Non, ce qui m'a gênée, je pense, est la présence de scènes et développement inutiles, la conclusion hâtive d'arcs narratifs pourtant fort prometteurs dans l'épisode précédent, et l'introduction de certains concepts totalement étrangers à l'univers Star Wars.

    Les derniers Jedi  donne l'impression de ne pas savoir ce qu'il veut : rendre hommage à l'épisode V, comme J.J. Abrams l'avait fait pour le film précédent avec l'épisode IV, ou prendre tout le monde à contre-pied pour surprendre et innover ? Il mélange allègrement les deux tendances sans obtenir une mayonnaise qui tienne.

    Ma conclusion ? Je ne suis pas entièrement déçue, ni vraiment enthousiaste. Les derniers Jedi m'a perdue et rendue... perplexe. J'attends donc de voir comment J. J. Abrams transformera l'essai dans l'épisode IX.

     

     

    Genre : space opera, space fantasy

     

    Ce billet inaugure, comme de bien entendu, le Summer Star Wars de M. Lhisbei, avec la participation de Lhisbei et Excel Vador, bénis soient-ils au delà de toutes les galaxies.

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  • Valérian et la cité des mille planètes, de Luc Besson

    395704.jpgGenre : space opera coloré

     

    Synopsis : Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d'agents spatio-temporels chargés de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha - une métropole en constante expansion où des espèces venues de l'univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d'Alpha, une force obscure qui menace l'existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l'avenir de l'univers. 

     

    Mon avis : Luc Besson sait réaliser des films. Les imaginer, les tourner, les monter. Et en plus, il adore, en SF, si on s'en réfère à ses deux space-operas (Le Cinquième Élément et Valérian), les univers très colorés. Donc, moi, j'aime quand Luc Besson fait un space-opera.

    Évidemment, c'est du Besson. Donc on a une réalisation virtuose, franchement réjouissante, sur une histoire un peu creuse mais enlevée, directement inspirée de deux des albums des créateurs de la BD éponyme, et dont les personnages font preuve d'une maturité qui s'élève au niveau d'un lycéen de seconde. Environ.

    La scène d'exposition est assez drôle, avec l'ajout successif des peuplades à l'ISS et sa transformation en cité des mille planètes, avec quelques clins d’œils sympathiques à des références bessoniennes ou extérieures. Mais ensuite, il faut passer la trop longue scène de destruction de la planète Mül : les très grandes filles longilignes qui dansent en s'étirant et souriant bêtement pendant 20 minutes, ça me gave. On entre ensuite dans le vif du sujet : la mission confiée à Valérian et Laureline, qui permet de passer au rythme du film d'action.

    Dane DeHaan et Cara Delevingne incarnent les rôles-titres, de façon aussi convaincante que possible, vu la faible complexité des personnages. J'ai vu ici et là des critiques virulentes contre le côté falot et pusillanime de Dane DeHaan, mais pour le coup, je trouve que c'est justement là ce qui est intéressant : le film porte son nom, mais il ne porte pas seul le film. Et d'ailleurs, le personnage original de la BD est sacrément bêta. Pas idiot, mais immature. Donc, Valérian par Dane DeHaan, c'est pas mal du tout, je trouve. Il a de jolis yeux et un beau sourire. Il est amusant. Pour une fois, le héros est mignon et compétent mais inconséquent. Il ne brille pas par son épaisseur. Ce n'est pas grave, ça arrive tout le temps au cinéma, d'avoir de tels personnages ; c'est juste qu'en général, il s'agit des personnages secondaires... ou des personnages féminins principaux.

    Le film est donc au moins autant porté, on l'aura compris, par Laureline / Cara Delevingne. Une fille. Jeune, sexy, engagée, avec un caractère affirmé et de la suite dans les idées. Vous pouvez remplacer par « un mec jeune, avec de belles tablettes de chocolat et des pectoraux, engagé, avec un caractère affirmé et de la suite dans les idées », et vous avez un pitch classique des films de SF/action/aventures. Rien de nouveau sous le soleil, donc, si ce n'est qu'on a changé le sexe du protagoniste. Laureline est un peu plus intéressante que son partenaire.

    Je trouve donc très dommageable qu'à la fin du film, *alerte spoiler !* Laureline succombe au charme de Valérian. Comprenez-moi : on sait depuis le début du film que Valérian convoite sa partenaire. Il tient le rôle classique du dragueur impénitent, ce qui agace Laureline. La transformer en poupée presque romantique à la fin du film est donc maladroit et absolument pas crédible. Il aurait été plus logique soit qu'elle le renvoie gentiment dans ses vingt-deux, en attendant qu'il évolue (dans les prochains films ?), soit qu'elle consente avec plus d'amusement et de distance - et non qu'elle succombe comme une potiche.

    Le personnage joué par Rihanna, plein de promesses lors de la scène d'introduction, est maladroitement approfondi par le scénario afin que le spectateur s'y attache en un temps record. Cela ne marche pas du tout. Dommage pour elle.

    Cela posé, parlons de ce qui est pleinement réussi dans le film : une réalisation échevelée, un univers visuel ultra coloré, des scènes d'action étourdissantes - au sens propre. Il fallait le voir au cinéma pour en profiter. Peut-être même en 3D, mais en 2D, ça passait très bien. Je ne parle pas du scénario, qui contient des trous plutôt visibles, mais bien de ce que le spectateur voit. Et ça envoie. C'était très beau, très enthousiasmant, et malheureusement, assez vain. Dommage que le film manque autant d'épaisseur, il est passé à ça de devenir culte.

    Valérian et la cité des mille planètes est ce qu'il annonce être, un blockbuster divertissant : on peut être déçu, mais il n'y a pas vraiment de promesses non tenues. J'ai fait avec, et j'ai apprécié.

     

    Cette chronique aurait dû rentrer dans le Summer Star Wars de Lhisbei et M. Lhisbei, mais j'ai trois siècles de retard. Et trois millénaires d'avance pour l'épisode de l'été prochain...

     

  • Où s'imposent les silences, d'Emmanuel Quentin

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    Genre : gymkhana entre les mondes

     

    Résumé : D’où que vous veniez, quelle que soit votre Terre d’origine, êtes-vous sûr de vouloir lire les lignes qui suivent ? De vous entendre résumer une histoire en quelques mots sous prétexte qu’ils vous éclaireraient sur son contenu ? Voulez-vous vraiment savoir ce que recèlent ces pages ? Sachez donc que vous allez partir à la rencontre d’un étudiant confronté à un tableau de la Renaissance pour le moins anachronique, d’un flic enquêtant sur un cadavre improbable, et d’une femme amnésique se réveillant dans un champ désolé. Trois personnes rattrapées par le déséquilibre des mondes. Si votre Loi vous y autorise, ouvrez ce livre, avant que ne s’imposent les silences.

     

    Mon avis : L'auteur m'avait prévenue : « Blop, tu devrais aimer celui-ci plus que le précédent ! ». Et il avait raison. Là où le genre fantastique associé au thriller ne m'attirait guère dans Dormeurs, la science-fiction à suspens d'Où s'imposent les silences me plaît.

     Ce roman au si beau titre et à la couverture splendide (de Pascal Casolari) se lit vite. Trop vite, en fait.

    L'auteur m'avait aussi dit : « tu vas voir, j'ai travaillé le personnage féminin, tu m'en diras des nouvelles ! ». Effectivement, LA femme du récit (oui, parce qu'en fait, il n'y en a guère d'autre... Pourquoi tous les autres personnages principaux sont-ils des hommes ? Hein, Manu, pourquoi ? Je sais, tu vas dire que je ne suis jamais contente...), lorsqu'on comprend ce qu'elle est et d'où elle vient, est un personnage intéressant, résilient et redoutable. Et encore ne fait-on que deviner les traits de sa personnalité en creux : il y a beaucoup plus derrière que ce que l'auteur en dit.

    La flopée de personnages principaux (c'est un vrai roman choral) est réussie, ils sont attachants, mais leur contextualisation est trop brève -  à l'exception de Dimitri - pour les voir véritablement évoluer durant le récit. On a envie d'en savoir plus, parce que le récit de leurs mésaventures est prenant et addictif. En fait, je crois que ce roman m'a frustrée parce qu'il m'a plu. Oui, ma vie de lectrice est compliquée...

    Mais sinon, quid de l'histoire ? Matthias, Alex Jovic et LA femme : trois personnages initiaux pour trois récits distincts se superposent, dans deux univers différents. Puis trois. Puis quatre. La force d'une narration bien menée, c'est de ne pas perdre ses lecteurs dans une construction aussi éclatée. Ici, pas de problème : on rentre dans le livre, on accompagne les personnages, et on n'a pas la moindre envie de les lâcher. Page-turner accompli, voici un roman qui assume sa fonction divertissante tout en distillant quelques problématiques contemporaines.

    L'univers "normal" de Matthias et Alex se déroule sur une terre, qui dans moins de 20 ans, est dévastée par une épidémie. LA femme se retrouve dans un univers immobile, où elle est véritablement engluée. Et puis, il y a les autres, Dimitri en tête, qui proviennent d'une terre alternative victime des menées conquérantes de la « République » de Falmur, qui asservit politiquement et psychologiquement les peuples conquis, afin de faire prévaloir la puissance et l'absolue dictature de la Loi (falmurienne). La Loi a toujours raison, et il est bon de le faire savoir au monde entier. Et mêmes aux autres (mondes), tant qu'à faire.

    Les silences dont il est question dans ce titre poétique sont ceux imposés par la Loi, qui ne tolère pas d'autres langues, pas d'autres voix que la sienne. Bien que le contexte politique ne soit pas suffisamment développé à mon goût, le roman propose des pistes qui tournent autour de la défaite de la démocratie, et du virage réactionnaire et obscurantiste qu'elle prend en période de crise des valeurs. Un rappel utile en ces temps troublés, où les libertés fondamentales se désagrègent peu à peu, et ce, sous notre nez.

    Le portrait d'un violeur est tout aussi impressionnant et pertinent quant à l'intégration inconsciente de la culture du viol par les individus. Une thématique anti-sexiste qui ne pouvait que me plaire.

    Je peux par ailleurs évoquer les différences de tonalité d'écriture qui caractérisent le personnage en scène dans le chapitre, et qui rendent le récit d'autant plus vivant.

    Ces aspects, et bien d'autres encore, sont abordés dans Où s'imposent les silences. Ils témoignent d'une belle largesse de spectre. Tout cela est d'autant pus frustrant que le roman est court. J'en suis à rêver qu'Emmanuel Quentin produise des romans-fleuve à la Brandon Sanderson, imaginez un peu !

     

    Merci donc, Emmanuel, pour ce chouette roman. J'ai beaucoup apprécié ce moment de lecture. Je ne l'ai d'ailleurs pas sitôt terminé qu'il est passé de l'autre côté du lit, sur la table de chevet de M. Blop. Il m'en dira des nouvelles...

     

    édition : Le Peuple de Mü, 2017