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thriller

  • Où s'imposent les silences, d'Emmanuel Quentin

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    Genre : gymkhana entre les mondes

     

    Résumé : D’où que vous veniez, quelle que soit votre Terre d’origine, êtes-vous sûr de vouloir lire les lignes qui suivent ? De vous entendre résumer une histoire en quelques mots sous prétexte qu’ils vous éclaireraient sur son contenu ? Voulez-vous vraiment savoir ce que recèlent ces pages ? Sachez donc que vous allez partir à la rencontre d’un étudiant confronté à un tableau de la Renaissance pour le moins anachronique, d’un flic enquêtant sur un cadavre improbable, et d’une femme amnésique se réveillant dans un champ désolé. Trois personnes rattrapées par le déséquilibre des mondes. Si votre Loi vous y autorise, ouvrez ce livre, avant que ne s’imposent les silences.

     

    Mon avis : L'auteur m'avait prévenue : « Blop, tu devrais aimer celui-ci plus que le précédent ! ». Et il avait raison. Là où le genre fantastique associé au thriller ne m'attirait guère dans Dormeurs, la science-fiction à suspens d'Où s'imposent les silences me plaît.

     Ce roman au si beau titre et à la couverture splendide (de Pascal Casolari) se lit vite. Trop vite, en fait.

    L'auteur m'avait aussi dit : « tu vas voir, j'ai travaillé le personnage féminin, tu m'en diras des nouvelles ! ». Effectivement, LA femme du récit (oui, parce qu'en fait, il n'y en a guère d'autre... Pourquoi tous les autres personnages principaux sont-ils des hommes ? Hein, Manu, pourquoi ? Je sais, tu vas dire que je ne suis jamais contente...), lorsqu'on comprend ce qu'elle est et d'où elle vient, est un personnage intéressant, résilient et redoutable. Et encore ne fait-on que deviner les traits de sa personnalité en creux : il y a beaucoup plus derrière que ce que l'auteur en dit.

    La flopée de personnages principaux (c'est un vrai roman choral) est réussie, ils sont attachants, mais leur contextualisation est trop brève -  à l'exception de Dimitri - pour les voir véritablement évoluer durant le récit. On a envie d'en savoir plus, parce que le récit de leurs mésaventures est prenant et addictif. En fait, je crois que ce roman m'a frustrée parce qu'il m'a plu. Oui, ma vie de lectrice est compliquée...

    Mais sinon, quid de l'histoire ? Matthias, Alex Jovic et LA femme : trois personnages initiaux pour trois récits distincts se superposent, dans deux univers différents. Puis trois. Puis quatre. La force d'une narration bien menée, c'est de ne pas perdre ses lecteurs dans une construction aussi éclatée. Ici, pas de problème : on rentre dans le livre, on accompagne les personnages, et on n'a pas la moindre envie de les lâcher. Page-turner accompli, voici un roman qui assume sa fonction divertissante tout en distillant quelques problématiques contemporaines.

    L'univers "normal" de Matthias et Alex se déroule sur une terre, qui dans moins de 20 ans, est dévastée par une épidémie. LA femme se retrouve dans un univers immobile, où elle est véritablement engluée. Et puis, il y a les autres, Dimitri en tête, qui proviennent d'une terre alternative victime des menées conquérantes de la « République » de Falmur, qui asservit politiquement et psychologiquement les peuples conquis, afin de faire prévaloir la puissance et l'absolue dictature de la Loi (falmurienne). La Loi a toujours raison, et il est bon de le faire savoir au monde entier. Et mêmes aux autres (mondes), tant qu'à faire.

    Les silences dont il est question dans ce titre poétique sont ceux imposés par la Loi, qui ne tolère pas d'autres langues, pas d'autres voix que la sienne. Bien que le contexte politique ne soit pas suffisamment développé à mon goût, le roman propose des pistes qui tournent autour de la défaite de la démocratie, et du virage réactionnaire et obscurantiste qu'elle prend en période de crise des valeurs. Un rappel utile en ces temps troublés, où les libertés fondamentales se désagrègent peu à peu, et ce, sous notre nez.

    Le portrait d'un violeur est tout aussi impressionnant et pertinent quant à l'intégration inconsciente de la culture du viol par les individus. Une thématique anti-sexiste qui ne pouvait que me plaire.

    Je peux par ailleurs évoquer les différences de tonalité d'écriture qui caractérisent le personnage en scène dans le chapitre, et qui rendent le récit d'autant plus vivant.

    Ces aspects, et bien d'autres encore, sont abordés dans Où s'imposent les silences. Ils témoignent d'une belle largesse de spectre. Tout cela est d'autant pus frustrant que le roman est court. J'en suis à rêver qu'Emmanuel Quentin produise des romans-fleuve à la Brandon Sanderson, imaginez un peu !

     

    Merci donc, Emmanuel, pour ce chouette roman. J'ai beaucoup apprécié ce moment de lecture. Je ne l'ai d'ailleurs pas sitôt terminé qu'il est passé de l'autre côté du lit, sur la table de chevet de M. Blop. Il m'en dira des nouvelles...

     

    édition : Le Peuple de Mü, 2017

  • Seul sur mars, d'Andy Weir

    510H-1bU08L._SX210_.jpgGenre : Matt Damon fait pousser des patates sur Mars avec son caca.

    Résumé : Mark Watney est l'un des premiers humains à poser le pied sur Mars. Il pourrait bien être le premier à y mourir. Lorsqu'une tempête de sable mortelle force ses coéquipiers à évacuer la planète, Mark se retrouve seul et sans ressources, irrémédiablement coupé de toute communication avec la Terre.
    Pourtant Mark n'est pas prêt à baisser les bras. Ingénieux, habile de ses mains et terriblement têtu, il affronte un par un des problèmes en apparence insurmontables. Isolé et aux abois, parviendra-t-il à défier le sort ? Le compte à rebours a déjà commencé...

    Mon avis : ce n'est pas bien de citer Matt Damon en plein milieu d'une chronique sur le livre, vu que ce dernier a été écrit bien avant que le film ne sorte au cinéma. Ce n'est pas bien, donc, mais... je kiffe.

    Mark Watney a 400 jours de ressources devant lui pour survivre sur Mars. Et comme il est increvable en termes d'optimisme et d'ingéniosité - le fameux bon sens américain, celui des Pionniers de la Nation (avec les majuscules), il surmonte tous les obstacles avec une persévérance incroyable. On peut compter sur les doigts d'une demi-main ses moments de découragements. Donc, si je dois émettre une critique sur le récit, c'est celle-ci : il me paraît difficile pour un humain seul de ne pas se laisser aller plus souvent à la dépression au vu des avanies qui lui tombent sur le coin du pif tous les quatre matins.

    Sinon, le roman fait appel à des ingrédients aussi divers que la botanique, la chimie, la biologie, les mathématiques (mais pas trop), l'astrophysique, le pragmatisme et le sens de l'humour. C'est surtout le sens de l'humour, en fait, qui tient le lecteur tout au long des mésaventures de Mark Watney. Je me suis surprise à éclater de rire plusieurs fois durant ma lecture, que j'ai menée tambour battant. Idem pour M. Blop, ce qui est un signe.

    Un bon nombre de problématiques techniques et scientifiques sont abordées, mais aussi certains enjeux politiques et psychologiques : par exemple, le délai imposé aux responsables du programme pour informer les astronautes survivants que leur collègue est vivant sur Mars, ou encore la problématique posée par les anciens programmes spatiaux abandonnés au profit des nouveaux, alors même qu'ils sont encore utiles, voire nécessaires.

    Seul sur Mars est donc sans conteste un planet opera, un space opera, et un thriller technologique. Un pur divertissement, qui respecte admirablement son contrat. Pas de grandes questions existentielles ni philosophiques, certes, mais ce n'est pas pour cela qu'il est écrit. En tout cas, il est possible que je le relise un jour, juste pour le plaisir.

     

    Ce billet constitue ma quatrième participation à la huitième saison du Summer Star Wars de M. Lhisbei, porté par Lhisbei et Excel Vador, bénis soient leurs noms dans toutes les galaxies connues et inconnues.

    science-fiction,space opera,thriller

  • Station solaire, d'Andreas Eschbach

    Station Solaire.jpgRésumé : 2015. La station expérimentale Nippon orbite à quatre cents kilomètres de la Terre. Son rôle : étudier et développer les technologies de captage et de transmission de l’énergie solaire depuis l’espace. Le succès de la mission ouvrira de nouveaux espoirs à un monde qui dévore ses sources d’énergie.
    Alors pourquoi des incidents à bord laissent-ils soupçonner qu’une entreprise de sabotage est à l’œuvre ?
    Pire est la vérité : avec la découverte d’un premier meurtre débute le compte à rebours d’un plan diabolique dont on ne comprendra que trop tard l’objectif.

     

    Le récit se passe en 2015. Un récit d'anticipation, puisque le texte a été publié en 1996 pour la version originale teutonne. Je me suis dit qu'il ne fallait pas rater ça ; c'est mon petit Retour vers le Futur à moi (n'est-ce pas, Lune) !

    C'est aussi un récit spatial, puisqu'il se déroule dans l'espace. Bon, juste au dessus de la terre, mais quand même.

    Anticipation et espace ? J'ai franchi le pas : j'ai décidé unilatéralement, en accord avec moi-même, que ce roman entrerait dans le Summer StarWars épisode III, même s'il faut couper quelques cheveux en quatre dans le sens de la longueur pour considérer qu'il s'agit là d'un véritable space opera.

    Bon, tout le monde l'aura compris, ce roman est avant tout un thriller. Enfin, un frileur, comme ils disent chez l'Atalante. Quelques mystères en début de récit, puis le petit côté « roman à énigme » s'efface rapidement pour faire place à un « roman à suspense » une fois la source du complot identifiée (pour voir quelle est la différence entre les deux, je ne saurais que trop vous recommander la lecture de ce Petit Précis des Genres Littéraires). Espionnage, meurtre, méfiance à huis-clos dans une station spatiale : un classique dans la littérature de genre.

    Le narrateur, Leonard Carr, est le seul occidental à bord de la station Nippon. Son statut dans l'équipe de recherche reflète l'évolution géopolitique et scientifique imaginée par l'auteur : l'Occident a laissé tomber la conquête spatiale et les recherches scientifiques connexes, flambeau repris brillamment par l'Extrême-Orient, le Japon en tête. Leonard n'est donc pas chercheur, mais spécialiste de l'entretien et de la sécurité de la station. Le factotum, quoi. Considéré avec un certain mépris par les autres membres d'équipage, bien que son travail soit absolument indispensable à la survie de tous. Une situation à la fois inconfortable pour lui mais très utile en cas de crise...

    L'intrigue, fort bien ficelée grâce à un scénario intelligent, porte le lecteur sans (s'es)souffler du début à la fin du récit, et sans pour autant bâcler la contextualisation. On voit quel film à suspense pourrait être réalisé à partir de ce roman, tout en appréciant les nuances de l'univers créé à travers les relations qu'entretiennent les spationautes entre eux et avec le reste du monde. De la finesse, de l'efficacité : un duo gagnant pour un roman qui parvient à éviter les poncifs tout en respectant à la lettre les préceptes du genre. La recette est simple sans être simpliste, tout ce que j'aime dans ce type de littérature de divertissement. Je me suis régalée, et je le recommande.

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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    Genre : space opera

    Édition : L'Atalante, collection La dentelle du Cygne, 2000

  • Les dents de l'amour

    dents de l'amour.jpgJe suis tombée par hasard, ou plutôt par la grâce de mon libraire, sur un roman policier follement drôle et franchement réjouissant.

    Bien que sorti récemment en France, son auteur, Christopher Moore, l'avait édité aux Etats-Unis dès 1995. Il est utile de le préciser, parce qu'il y a des vampires dans l'histoire. Le livre ne surfe donc pas du tout sur la vague vampirico-sentimentale née avec la saga de Stephenie Meyer (éditée à partir de 2005). Entendons-nous bien : j'aime beaucoup Fascination, mais les produits dérivés que l'on trouve sur le marché depuis quelques temps m'ont l'air de ne pas valoir un pet de lapin.

    Revenons aux Dents de l'amour : un jeune couillon débarque du fin fond du Midwest à San Francisco. Il découvre tous les jours des fleurs sur son lit, dans une chambre partagée cinq chinois en mal de naturalisation. Manque de bol, il tombe amoureux d'une vampire fraîchement transformée. Un clochard se prenant pour l'empereur de San Francisco a l'air de connaître beaucoup, beaucoup trop de choses. Enfin, les cadavres pleuvent autour de ce jeune homme dans un rayon trop serré pour qu'il s'en sorte indemne...

    Le premier quart de ce roman est tellement drôle que, à potron-minet dans les transports en commun, vous avez l'air d'un fou échappé de l'asile. La suite est toujours réjouissante, mais se concentre plus sur l'enquête qui anime l'intrigue.

    Une suite vient de sortir, sous le titre alléchant D'amour et de sang frais. Je me le réserve pour les soirs de déprime, par temps humide et froid... Et je vous tiendrai au courant.


    Calmann-Lévy, 2008

  • Le testament syriaque

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    "C'est le Da Vinci Code en mieux !" m'a assené Erik, mon libraire. Par curiosité, je l'ai donc lu.

    Paul Mesure est journaliste. Au cours d'un reportage à Tombouctou, il trouve un vieux livre en papyrus rédigé dans un alphabet rare, le syriaque. La nouvelle de cette découverte se répand, ainsi que l'information principale qui y est associée : ce livre serait le testament du prophète Mahomet. Or, cela est un blasphème pour les musulmans traditionnalistes, qui considèrent le Coran comme le seul et unique testament du Prophète. Un tas de gens plus ou moins bien intentionnés tombent alors sur le dos de Paul. Mais le commissaire Sarfaty, enquêteur hors pair et orientaliste reconnu, veille au grain...

    Barouk Salamé profite de l'intrigue policière pour exposer sa connaissance encyclopédique de la religion musulmane. Pour qui n'y connait rien, cela est parfois ardu. Pour les autres, c'est franchement intéressant ; moi, j'ai bien aimé (ou comment se faire mousser sans avoir l'air d'y toucher...).

    Concernant la construction du récit, le découpage en chapitres courts rappelle en effet le Da Vinci Code. Le style est en revanche très différent, plus littéraire, sans doute trop pour s'adapter à la brièveté des chapitres. Cela rend donc le découpage du récit un peu artificiel. Mais bon, on pardonne à l'auteur ses maladresses, car le roman permet plusieurs niveaux de lecture : une intrigue policière, une analyse historique et distanciée sur la genèse de l'islam qui risque de faire grincer quelques dents traditionnalistes (braves gens, n'oubliez pas que c'est un ROMAN, c'est à dire une oeuvre de FICTION : pas la peine de s'étriper), un certain humanisme, et une réflexion sociologique sur la place de l'islam dans notre monde actuel.

    Bref, Le testament syriaque est un roman à la fois instructif et divertissant, comme je les aime.


    Rivages Thriller, 2009.

  • Le serment des limbes

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    Comme à son habitude, Jean-Christophe Grangé nous emmène dans les tréfonds les plus insanes de l’âme humaine, rappelant parfois les obsessions de Stephen King. On aime ou on n’aime pas.

    Dans cette enquête, la psychologie du héros, Mathieu Durey, est particulièrement fouillée : flic aux méthodes brutales, c’est un ancien séminariste dont la foi ardente le mène aux confins de la raison. Sa personnalité complexe attire, et le lecteur le suit passionément (et sans respirer) dans les méandres les plus obscurs de sa quête contre le Mal.

    Un bon Grangé, mais il faut avoir le coeur bien accroché, car, comme à son habitude, il ne nous épargne rien !

     

    Chez Albin Michel, 2007