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islam

  • Le testament syriaque

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    "C'est le Da Vinci Code en mieux !" m'a assené Erik, mon libraire. Par curiosité, je l'ai donc lu.

    Paul Mesure est journaliste. Au cours d'un reportage à Tombouctou, il trouve un vieux livre en papyrus rédigé dans un alphabet rare, le syriaque. La nouvelle de cette découverte se répand, ainsi que l'information principale qui y est associée : ce livre serait le testament du prophète Mahomet. Or, cela est un blasphème pour les musulmans traditionnalistes, qui considèrent le Coran comme le seul et unique testament du Prophète. Un tas de gens plus ou moins bien intentionnés tombent alors sur le dos de Paul. Mais le commissaire Sarfaty, enquêteur hors pair et orientaliste reconnu, veille au grain...

    Barouk Salamé profite de l'intrigue policière pour exposer sa connaissance encyclopédique de la religion musulmane. Pour qui n'y connait rien, cela est parfois ardu. Pour les autres, c'est franchement intéressant ; moi, j'ai bien aimé (ou comment se faire mousser sans avoir l'air d'y toucher...).

    Concernant la construction du récit, le découpage en chapitres courts rappelle en effet le Da Vinci Code. Le style est en revanche très différent, plus littéraire, sans doute trop pour s'adapter à la brièveté des chapitres. Cela rend donc le découpage du récit un peu artificiel. Mais bon, on pardonne à l'auteur ses maladresses, car le roman permet plusieurs niveaux de lecture : une intrigue policière, une analyse historique et distanciée sur la genèse de l'islam qui risque de faire grincer quelques dents traditionnalistes (braves gens, n'oubliez pas que c'est un ROMAN, c'est à dire une oeuvre de FICTION : pas la peine de s'étriper), un certain humanisme, et une réflexion sociologique sur la place de l'islam dans notre monde actuel.

    Bref, Le testament syriaque est un roman à la fois instructif et divertissant, comme je les aime.


    Rivages Thriller, 2009.

  • Le destin

    Ce film de Youssef Chahine a aujourd'hui 12 ans (il était sorti le 15 octobre 1997). Il avait reçu le grand prix du 50e anniversaire du festival de Cannes.

    Je viens de comprendre pourquoi.

    Jamais je n'ai vu plus intelligent plaidoyer contre le fanatisme.

    Contre tous les fanatismes ; alors que le film parle essentiellement de l'Islam en El-Anddestin Chahine.jpgalus, l'Andalousie de l'Espagne médiévale, il s'ouvre sur une scène de bûcher chrétien : un intellectuel est brûlé pour avoir introduit en France un traité sur Aristote (un penseur païen !) écrit par un penseur musulman (! derechef). Bref, ce qui se faisait de pire pour l'église catholique de l'époque (bien qu'aujourd'hui...).

    Averroès, mathématicien, philosophe, théologien et médecin, était un homme à l'ouverture d'esprit extraordinaire. Le destin raconte, de façon romancée, comment Averroès perd peu à peu la confiance d'Al-Mansour, le calife d'El-Andalus, qui finit par le condamner à l'exil et brûler ses livres. Le philosophe est victime d'un campagne de décridibilisation menée par un adversaire politique qui enrôle les âmes perdues dans un mouvement fanatique religieux.

    Le processus de construction de la pensée fanatique et de déconstruction de la pensée raisonnée est exposé de façon frappante. On comprend comment l'adversaire d'Averroès enrôle ses agents, leur présentant, sous l'apparence d'une pensée élaborée, un dogme d'une extrême sauvagerie et d'une férocité incroyable vis à vis de ce (et ceux) qui dévie(nt) de sa ligne directrice. Parallèlement, on découvre la pensée humaniste d'Averroès, qui par sa profondeur et sa pertinence, démange tel un poil à gratter. C'est bien là le problème : Al-Mansour n'aime pas les détracteurs, et même si ce n'est pas un imbécile, il a trop peur de perdre le contrôle de son pouvoir pour ne pas écouter les sirènes de l'intégrisme.

    Un film édifiant, grave, et pourtant, joyeux et tendre. Un régal pour les yeux et les oreilles (en VO sous-titrée, même si comme moi on ne comprend pas un mot d'arabe), mais aussi une nourriture indispensable à l'âme et à l'esprit.