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critique du destin

  • Le destin

    Ce film de Youssef Chahine a aujourd'hui 12 ans (il était sorti le 15 octobre 1997). Il avait reçu le grand prix du 50e anniversaire du festival de Cannes.

    Je viens de comprendre pourquoi.

    Jamais je n'ai vu plus intelligent plaidoyer contre le fanatisme.

    Contre tous les fanatismes ; alors que le film parle essentiellement de l'Islam en El-Anddestin Chahine.jpgalus, l'Andalousie de l'Espagne médiévale, il s'ouvre sur une scène de bûcher chrétien : un intellectuel est brûlé pour avoir introduit en France un traité sur Aristote (un penseur païen !) écrit par un penseur musulman (! derechef). Bref, ce qui se faisait de pire pour l'église catholique de l'époque (bien qu'aujourd'hui...).

    Averroès, mathématicien, philosophe, théologien et médecin, était un homme à l'ouverture d'esprit extraordinaire. Le destin raconte, de façon romancée, comment Averroès perd peu à peu la confiance d'Al-Mansour, le calife d'El-Andalus, qui finit par le condamner à l'exil et brûler ses livres. Le philosophe est victime d'un campagne de décridibilisation menée par un adversaire politique qui enrôle les âmes perdues dans un mouvement fanatique religieux.

    Le processus de construction de la pensée fanatique et de déconstruction de la pensée raisonnée est exposé de façon frappante. On comprend comment l'adversaire d'Averroès enrôle ses agents, leur présentant, sous l'apparence d'une pensée élaborée, un dogme d'une extrême sauvagerie et d'une férocité incroyable vis à vis de ce (et ceux) qui dévie(nt) de sa ligne directrice. Parallèlement, on découvre la pensée humaniste d'Averroès, qui par sa profondeur et sa pertinence, démange tel un poil à gratter. C'est bien là le problème : Al-Mansour n'aime pas les détracteurs, et même si ce n'est pas un imbécile, il a trop peur de perdre le contrôle de son pouvoir pour ne pas écouter les sirènes de l'intégrisme.

    Un film édifiant, grave, et pourtant, joyeux et tendre. Un régal pour les yeux et les oreilles (en VO sous-titrée, même si comme moi on ne comprend pas un mot d'arabe), mais aussi une nourriture indispensable à l'âme et à l'esprit.