Synopsis : Une jeune ballerine, dont la carrière est brisée nette après une chute, est recrutée contre sa volonté par les services secrets russes. Entraînée à utiliser ses charmes et son corps comme des armes, elle découvre l’ampleur de son nouveau pouvoir et devient rapidement l’un de leurs meilleurs agents. Sa première cible est un agent infiltré de la CIA en Russie. Entre manipulation et séduction, un jeu dangereux s’installe entre eux.
Mon avis : je suis allée voir ce film pour le combo « film d'espionnage + Jennifer Lawrence + Matthias Schoenaerts » (+ pas de gnomes à la maison, condition sine qua non pour ce genre de sortie). Autant dire que j'y allais en spectatrice conquise d'avance. Mais j'ai quand même fait marcher mon cerveau.
Dominika Egorova est donc danseuse au Bolchoï. Si l'actrice Jennifer Lawrence n'a pas du tout le physique d'une danseuse, je le dis haut et fort : je voudrais que toutes les danseuses lui ressemblent. Elle, au moins, a l'air de manger à sa faim tous les jours. Mais passons.
Son partenaire a une amoureuse dans le ballet, qui veut la place de Dominika. Le partenaire provoque donc en plein spectacle un accident qui brise la jambe de la ballerine. Si la jeune femme se remet plus vite que prévu sur pied, elle n'en reste pas moins incapable de remonter à nouveau sur scène ni dans des ballerines. Exit la danse, donc.
Problème: le Bolchoï payait l'appartement où Dominika vit avec sa mère, et les soins pour cette dernière, atteinte d'une maladie incapacitante. De plus, apprenant que son accident n'en était pas un, elle s'en va casser littéralement la gueule à son ancien partenaire et à sa copine ; avec les béquilles, c'est mieux pour taper fort. Dominika se retrouve alors dans une situation plus précaire encore.
C'est alors que tonton Ivan Igorov sort de sa boîte, soit le SVR (ex-KGB) et propose un "coup de main" à Dominika, en la recrutant pour une petite mission, durant laquelle elle doit échanger un téléphone d'un homme surveillé par le SVR contre une copie. La mission tourne mal : Dominika fait sortir les gardes du corps de l'homme, se fait violer par lui, et un assassin du SVR profite de l'éloignement des gorilles pour égorger le type alors qu'il est toujours sur elle (et en elle, oui. C'est gore) : on peut dire que la mission tourne à l'acide chlorhydrique plutôt qu'au vinaigre. Seule témoin du meurtre, elle devrait être abattue par le SVR. Mais tonton Ivan, directeur-adjoint du SVR, et donc plutôt influent, a une autre idée : pourquoi ne pas l’entraîner pour être un moineau rouge (red sparrow en anglais), ces espions spécialistes de la séduction et la récolte d'information ? Bref, des prostitués patriotes et surentraînés ?
Voici donc Dominika qui part se faire former par Charlotte Rampling (Matrone) dans une école de jeune gens, pas vraiment la fleur au fusil. Elle apprend à crocheter des serrures, à faire l'amour de toutes les manières possibles (vidéos porno à l'appui), à cerner le profil psychologique de ses cibles (en commençant par ses camarades de "promotion"). Pas vraiment obéissante, Dominika se révèle être en revanche une élève très douée. Tonton Ivan (Matthias Schoenaerts, qui ressemble dans ce film à Vladimir Poutine) est content, alors il l'envoie en mission auprès d'un agent de la CIA pour débusquer une taupe vraisemblablement cachée au SVR.
Commencent alors moult péripéties pour Dominika, qui voyage entre la Russie, la Tchéquie, l'Autriche et la Grande-Bretagne pour prendre et garder contact avec l'agent Nate Nash de la CIA (Joel Edgerton) et lui faire cracher le nom de la taupe russe. Je n'irai pas divulgâcher plus outre, mais sachez que cela ne se passe pas toujours très bien pour la jeune femme pourtant intelligente et décidée, qu'il y a de violentes scènes de torture et de meurtre, durant lesquelles j'ai souvent fermé les yeux et que les manipulations, menaces et retournements de situation sont nombreux et fort bien troussés. Tellement bien fichus, d'ailleurs, qu'à la fin du film, M. Blop m'a dit : « heu, j'ai pas tout compris, là ».
Le film a plusieurs défauts : d'abord, il met en scène une Russie sortie du communisme depuis 30 ans mais dont le patriotisme des protagonistes fleure bon la glorieuse période de propagande soviétique. C'est quand même fort capillotracté de nous servir les moineaux rouges dans le contexte actuel... Surtout avec une matrone glaciale et manipulatrice à l'ancienne mode - Charlotte Rampling, excellente au demeurant. On n'y croit donc pas vraiment, alors on va chercher sa provende ailleurs.
Ensuite, la cicatrice à la jambe de Jennifer Lawrence apparaît et disparaît à l'envie, ce qui ne fait pas très sérieux. Et comme on la voit très souvent très déshabillée (et même pas habillée du tout, en fait), ça finit par être gênant. Je parle de la fluctuation de la cicatrice. ;)
Matthias Schoenaerts est également un peu trop jeune pour être l'oncle de Jennifer Lawrence. 12 ans d'écart, c'est possible mais pas très courant. Il a surtout l'air beaucoup trop jeune pour un directeur-adjoint du SVR. A son crédit, il joue vraiment très bien, et dégage un véritable magnétisme.
Joel Edgerton, qui joue l'agent américain, souffre du sex-appeal de Jennifer Lawrence et Matthias Schoenaerts : il paraît fade. Pourtant, il porte bien son personnage, qu'il rend assez réaliste. C'est juste qu'il ne fait pas le poids en termes de charisme.
Jeremy Irons en fait le moins possible, ce qui est bien dommage, vu ce qu'il peut faire.
Et puis Jennifer Lawrence a une frange. Oui. Le buzz/clash du moment : sa coiffure dans Red Sparrow. On peut dire qu'à part ça, je n'ai que des compliments à faire sur sa prestation. Je l'aime particulièrement dans les scènes d'action, où son physique athlétique la sert, même si les confrontations dialoguées mettent en valeur son regard de glace. C'est la grande star du moment, l'actrice la mieux payée au monde, mais je considère qu'elle ne l'a pas volé : c'est une bonne comédienne, encore plus magnétique que Matthias Schoenaerts. Et au vu les scènes qu'elle a dû se farcir, on ne peut que saluer son talent et sa volonté.
Red Sparrow propose un jeu de manipulation très réussi, sommes toutes assez ludique pour le spectateur friand de film d'espionnage, servi par de très bons acteurs. Dominika Egorova est un personnage intéressant : maltraitée et manipulée par les hommes et la Sainte Mère Russie, elle fait preuve d'une grande force et d'un sens aigu et implacable de la rétribution. C'est sans doute ce que j'ai trouvé de plus jouissif dans ce film pourtant imparfait : la vengeance est un plat qui se mange froid. Et on a envie de se remettre à table.
Genre : espionnage, thriller
L'histoire du film : Harry Hart, dont le nom de code est Galahad, est un agent secret de Kingsman, un service privé d'espionnage. A la mort d'un des membres de l'équipe, chaque agent restant sélectionne un candidat afin remplacer le disparu. Ces candidats suivent un entraînement sélectif qui désignera l'heureux élu. Harry Hart choisit le fils d'un ancien collègue, Eggsy, petite frappe en perdition, pourtant douée de beaucoup de talents. Pendant ce temps, le milliardaire américain Valentine, doté d'un extraordinaire cheveu sur la langue, complote pour sauver la planète selon des méthodes très personnelles et pas du tout humanitaires.
Mais la palme du film revient sans aucun doute à l'exploitation de l'identité profondément britannique du récit. Les aristos et les prolos sont représentés, le plus souvent caricaturés, et pourtant toujours justes. Le film est émaillé de nombreuses scènes qui oscillent allègrement entre le trash et le loufoque, entre la violence et le rire, afin de ne pas nous faire oublier que nous parlons de ces êtres déjantés, émouvants et parfois grotesques que sont les anglais. Alors certes, les clichés sont servis à la truelle. Mais on les avale sans broncher, tant ils sont bien présentés. Je vous conseille en particulier les tenues à carreau des recrues du programme d’entrainement de chez Kingsman : un délice de ridicule assumé.
Dr House écrit. L'éditeur nous l'a assené avec assez de conviction lors de la sortie en France en 2009 du roman de Hugh Laurie, Tout est sous contrôle. Sauf que, et ceux qui l'ont lu l'auront immédiatement remarqué, ce livre a été édité en Angleterre il y a plus de 15 ans, bien avant la création de la série Dr House. L'argument commercial est donc quelque peu faussé, de quoi dégoûter un peu plus les personnes systématiquement allergiques aux vedettes qui se posent en écrivain (j'en connais - des allergiques, pas des vedettes).

