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comédie

  • Kingsman : services secrets, de Matthew Vaughn

    Une fois n'est pas coutume, le film dont je parle aujourd'hui est un film d'espionnage et d'action, et non un film de SFFF. Kingsman de Matthew Vaughn est une sorte de pastiche de James Bond, décalé et très britanniquement déjanté.

    Kingsman 1.jpgL'histoire du film : Harry Hart, dont le nom de code est Galahad, est un agent secret de Kingsman, un service privé d'espionnage. A la mort d'un des membres de l'équipe, chaque agent restant sélectionne un candidat afin remplacer le disparu. Ces candidats suivent un entraînement sélectif qui désignera l'heureux élu. Harry Hart choisit le fils d'un ancien collègue, Eggsy, petite frappe en perdition, pourtant douée de beaucoup de talents. Pendant ce temps, le milliardaire américain Valentine, doté d'un extraordinaire cheveu sur la langue, complote pour sauver la planète selon des méthodes très personnelles et pas du tout humanitaires.

    Le casting de haut vol de Kingsman laissait espérer, avec pourtant de sérieux doutes, un film parodique de bonne facture. Je craignais pour ma part un de ces films d'espionnage pour enfants où l'invraisemblable côtoie la ténuité du scénario, maquillé comme une voiture volée par la grâce de la présence de ténors de l'écran, Colin Firth, Michael Caine et Samuel L. Jackson.

    Le film vu, je suis heureuse de constater que la bonne surprise était au rendez-vous. Colin Firth en impeccable gentilhomme britannique (jusqu'ici, on a l'habitude) et ultra entrainé pour des opérations d'espionnage et de combat rapproché (là, on tombe des nues) : le mélange est plus que réussi. J'ai entendu l'acteur parler de sa préparation à son premier rôle de baston de sa carrière (à 54 ans !). Il disait regretter de ne pas avoir osé franchir le pas avant tant il s'était amusé. Je reconnais que je le rejoins : il est absolument bluffant de classe et d'efficacité durant ses scènes d'actions. Le voir massacrer des gens en costume sur mesure est véritablement réjouissant.

    Samuel L. Jackson a un rôle plus stéréotypé, un cliché des films de James Bond : le richissime et génial méchant qui tente de détruire le monde. Mais Matthew Vaughn a eu l'intelligence d'insérer un décalage humoristique dans sa prestation. Son épouvantable cheveu sur la langue (même en VO, j'ai été choquée par ce défaut de langage), son horreur absolue de la vue du sang et l'affirmation de sa vulgarité toute américaine face à la distinction britannique font de Valentine un méchant tout à fait acceptable.

    Kingsman 3.jpgMais la palme du film revient sans aucun doute à l'exploitation de l'identité profondément britannique du récit. Les aristos et les prolos sont représentés, le plus souvent caricaturés, et pourtant toujours justes. Le film est émaillé de nombreuses scènes qui oscillent allègrement entre le trash et le loufoque, entre la violence et le rire, afin de ne pas nous faire oublier que nous parlons de ces êtres déjantés, émouvants et parfois grotesques que sont les anglais. Alors certes, les clichés sont servis à la truelle. Mais on les avale sans broncher, tant ils sont bien présentés. Je vous conseille en particulier les tenues à carreau des recrues du programme d’entrainement de chez Kingsman : un délice de ridicule assumé.

    C'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes : un réalisateur américain s'emparant du bagage culturel britannique pour mieux le mettre en valeur était un pari risqué, mais un pari réussi. Cette comédie m'a convaincue et je la reverrai avec beaucoup de plaisir.

  • Tout est sous contrôle, de Hugh Laurie

    hugh_laurie-tout_est_sous_controle.jpgDr House écrit. L'éditeur nous l'a assené avec assez de conviction lors de la sortie en France en 2009 du roman de Hugh Laurie, Tout est sous contrôle. Sauf que, et ceux qui l'ont lu l'auront immédiatement remarqué, ce livre a été édité en Angleterre il y a plus de 15 ans, bien avant la création de la série Dr House. L'argument commercial est donc quelque peu faussé, de quoi dégoûter un peu plus les personnes systématiquement allergiques aux vedettes qui se posent en écrivain (j'en connais - des allergiques, pas des vedettes).

    Mais, maismaismais, l'éditeur est Sonatine. Et Sonatine est plutôt bon spécialiste du polar, comptant dans son catalogue Les visages de Jesse Kellerman ou encore l'écrivain anglais à la mode, R.J. Ellory.  Et puis, le personnage de Greg House est terrriblement sexy, même si ça n'a aucun rapport avec le fait de savoir si oui ou non l'acteur sait écrire. Bref, une curiosité plus ou moins bien placée m'a poussée à emprunter Tout est sous contrôle vendredi dernier à la bibliothèque.

    Je l'ai dévoré en 3 jours (parce qu'entre temps, c'était le week-end de Pâques et que je ne pouvais décemment pas ignorer les festivités familiales d'usage). C'est la première fois depuis plusieurs années que je lis un polar jusqu'au bout !

    Bien, donc, pour le pitch : Thomas Lang, un ancien militaire, refuse d'exécuter un gars malgré les 100 000 dollars qu'on lui propose pour ce faire, et tente même, l'inconscient, de le prévenir de la menace. Là commence des ennuis sans fin, une recette assez complexe dans la composition de laquelle entrent les services de police de Sa Majesté, la CIA, un groupe de terroristes et des marchands d'arme. Thomas Lang est un gars qui ne manque pas d'humour, et qui, en bon anglais, arrive à le garder dans des situations improbables. Il a aussi quelques problèmes avec les femmes et un ami policier juif en imper marron qui l'appelle "Monsieur" à tout bout de champ.

    Nous avons donc là de bons ingrédients de départ, quoique sans originalité, pour un roman entre espionnage et polar. Sauf que pour le côté polar, on repassera : c'est beaucoup trop drôle pour être noir. Car en effet, dans ce roman, on se marre. On se surprend à pouffer de rire toutes les trois pages. Le narrateur, Thomas Lang, est parfois véritablement impayable. Il prend un malin plaisir à dérouter ses interlocuteurs et possède une capacité hors du commun à faire des choses parfaitement inattendues. Son sarcasme est un plaisir de chaque instant.

    Il s'agit donc d'un roman très anglais, écrit par un gars qui, à moins d'avoir embauché un nègre, sait écrire, et qui a mis son humour et sa verve  au service d'un scénario d'espionnage assez réussi (n'oublions pas que Hugh Laurie a  fait ses classes avec des gens comme Stephen Fry et Emma Thompson, qu'on ne peut guère accuser d'être du menu fretin).

    Il y a quelques facilités et je trouve le dernier quart beaucoup moins drôle et moins réussi que le début. Le scénario est un chouïa compliqué, et on n'a plus l'habitude de cette approche quelque peu "légère" du terrorisme. Hugh Laurie l'a écrit et publié bien avant les attentats du 11 septembre, il faut le rappeler. Mais l'auteur a aussi l'élégance de ne pas se sentir obligé de tout nous expliquer par le menu, ce que j'apprécie au plus haut point.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, j'ai ri de bon coeur et finalement, je me fiche complètement de savoir ce que l'auteur a fait de sa vie après (et même avant) d'avoir publié ce roman. Je vous invite donc à en faire autant.


    Egalement lu par : Hugin et Munin, Valunivers

    Sonatine, 2009 ; Points, 2010

    Genre : policier, espionnage, comédie