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SFFF - Page 5

  • Les Gardiens de la Galaxie, Vol. 2, de James Gunn

    les-gardiens-de-la-galaxie-vol-2-photo-affiche-978409-large.jpgAprès avoir sauvé la galaxie dans le premier opus, les bien nommés « Gardiens de la Galaxie » reviennent, quasi identiques. Star-Lord, Gamora, Drax, Rocket, Groot, Yondu... La totale. Ils sont étrangement beaux, déroutants, inattendus et fréquemment navrants.

    Le scénario du film tient en deux lignes : Star-Lord est retrouvé par son papa qui l'emmène sur sa planète, et Star-Lord découvre alors pourquoi il est né.

    On s'attendait, malheureusement, à cette indigence scénaristique. On peut s'en désoler et s'arrêter là dans le visionnage, ou s'en désoler et passer outre pour profiter du film. Passons donc sur ce gimmick des blockbusters hollywoodiens, auquel on ne peut pas grand chose.

    Une débauche de couleurs, de musique funky et de scènes d'action, des personnages improbables à l'humour discutable, j'estampille sans hésitation aucune Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 mon nouveau film SF Pop Corn, tout juste 20 ans après Le Cinquième Élément de Luc Besson. Et ce n'est pas là le moindre de mes coups de tampon (je vous rappelle, peuple de l'Internet, que je suis bibliothécaire : les coups de tampon, ça me connaît !)

    C'est bien simple, et M. Blop en fut témoin : j'ai ri du début à la fin du film. J'ai ri à gorge déployée. J'ai ri tant et plus. Je me suis amusée comme une folle. Et cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri au cinéma. Cela vaut bien une récompense. Les Gardiens de la Galaxie 2 est un film idiot qui se revendique comme tel, et je l'en remercie.

    Toutefois, contrairement au Cinquième élément qui me plaît toujours après moult visionnages («Aziz, Lumière ! » est une blague récurrente dans la famille Blop), je ne suis pas certaine que Les Gardiens de la Galaxie 2 passe l'épreuve du deuxième visionnage haut la main. Je crains en effet que les relations entre les personnages du film ne puissent conserver leur sel. Les blagues sont drôles une fois, mais le seront-elles une deuxième ou une troisième fois ? Seul l'avenir le dira.

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    Il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'une belle bande de fêlés. Vraiment dérangés et improbables. Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. Enfin, j'aime surtout la caractérisation des personnages masculins. Les personnages féminins principaux sont eux, plus convenus : Nebula et Gamora sont soeurs rivales, manipulées par leur "père", et toutes leurs actions et réactions sont logiques et cohérentes avec leur histoire personnelle. Cela les rend prévisibles. C'est dommage, quand on voit le délicieux n'importe quoi affleurant chez Drax, Rocket, Yondu ou Star-Lord. Cela dit, les personnages féminins secondaires, Mantis et Ayesha, sont assez réussis de ce côté là. Faut-il, pour que des personnages féminins principaux soient reconnus, qu'ils soient plus raisonnables que les personnages masculins ? Hélas...

    Bon, et puis il y a Chris Pratt dans le rôle principal. Le type qui est tellement cool qu'il fait des tresses à une stagiaire pendant une interview. Il a aussi de superbes abdos, et une admirable tête d'andouille dans le rôle de Star-Lord. C'est ce qui s'appelle avoir réussi son casting : Chris Pratt joue très bien les crétins candides.

    Mon ultime critique porte sur la tension amoureuse entre Star-Lord et Gamora : c'est inutile et ennuyeux. Franchement, cela n'a rien à faire dans un film pareil. Cela aurait été beaucoup plus drôle s'ils étaient devenus rapidement amants et que leurs engueulades prennent part aux dialogues si savoureux du film.

    La série des films des Gardiens de la Galaxie est à mon sens une des seules superproduction de SF (et de Marvel) depuis 15 ans qui ne se prend réellement pas au sérieux. Personne ne veut vraiment nous faire croire que l'histoire ou que (la plupart) des personnages sont vrais, crédibles ou graves. C'est par-fait ! Ne changeons rien. Vivement le troisième !

     

    Ce billet inaugure ma participation à la huitième saison du Summer Star Wars de M. Lhisbei, porté par Lhisbei et Excel Vador, bénis soient leurs noms dans toutes les galaxies connues et inconnues.

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  • Iron Fist, saison 1

    Iron Fist.jpgIron Fist, série terminée hier soir. Bon. Alors...

    Prenez un joli blanc aux yeux bleus et aux blonds cheveux bouclés. Faites-le débarquer dans la ville du péché (New York) pieds nus, arborant en écharpe de Miss France une candeur de bisounours et des compétences évidentes en Kung Fu. Donnez-lui, ainsi qu'à ses amis, une très grande quantité de problèmes à résoudre en 13 épisodes seulement, et vous obtiendrez Iron Fist : une série pleine de bonnes intentions et de bons acteurs, gâchés tous deux par l'urgence de la production suivante, The Defenders.

    Les personnages sont à peine présentés qu'ils évoluent artificiellement d'étapes improbables en choix impossibles. La série ne laisse pas le temps au spectateur de les comprendre, de les cerner, de les intérioriser. Il en résulte une histoire bondissant d'une révélation à l'autre, qui lasse à force d'être à la fois attendue et trop rapidement dévoilée.

    Les pivots Claire Temple et Jeri Hogarth font bien le job de liaison intersérie, avec le talent que l'on connaît aux actrices, mais rament pour établir leur légitimité dans l'histoire. Elles y arrivent, mais les coups d'aviron du scénario produisent des éclaboussures.

    Les personnages intrinsèques à la série sont plutôt pas mal. Ne connaissant pas les comics à l'origine de l'oeuvre, je n'ai pas de référence à laquelle me rattacher pour crier au scandale et/ou à la trahison. Ward et Joy Meachum, ainsi que leur père Harold (inoubliable Faramir dans le Seigneur des Anneaux) sont bien campés. Colleen Wing est jouée par une actrice très convaincante et charismatique, son personnage est intéressant, je m'y suis attachée. On connaît déjà Madame Gao pour l'avoir vue dans les autres séries, elle est tout à fait à sa place ici. Je n'ai en revanche pas cru une seconde à l'acteur qui joue Bakuto. Trop latin-lover pour croire à son rôle.

    Reste Dany Rand/Iron Fist, joué par Finn Jones. Honnêtement, il a fallu que je lise sa filmographie pour faire le lien avec le Loras Tyrell de la série Game of Thrones. Je ne l'avais pas reconnu, ce qui est plutôt un bon point pour l'acteur vu le gouffre qui sépare ces deux personnages. Je sais que beaucoup n'aiment pas sa prestation, mais je n'ai pour ma part rien à dire là dessus. Il est expressif et charismatique, et son personnage aurait mérité d'être pensé avec plus de nuances et de profondeur. C'est plutôt son physique de jeune premier qui ne colle pas vraiment au personnage. Et encore, le fait qu'il soit fin et délié est un atout, car il est bien plus crédible ainsi que les superhéros bodybuildés qu'on trouve dans d'autres franchises Marvel.

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    On l'accuse aussi de ne pas convaincre dans les scènes de combat. Moi, ce n'est pas son soi-disant manque d'expérience qui m'a gênée mais la qualité très moyenne des chorégraphies et des prises de vue durant ces séquences. De plus, j'ai tendance à croire Finn Jones quand il explique que le timing de tournage était tellement serré qu'il s'est entrainé seulement 3 semaines avant le début du tournage et qu'il devait apprendre en 15mn ses chorégraphies de combat.

    Tout dans cette série respire la précipitation, du scénario au montage. Les scènes de combat ne font malheureusement pas exception. Le générique de début manque totalement d'inspiration : il est d'un ennui mortel. Les dialogues "philosophiques" empruntent aux clichés les plus éculés sur le bouddhisme.

    Voici un sacré gâchis, surtout si on compare cette série aux exceptionnels Daredevil et Jessica Jones. Bref, Iron Fist est bâclée, alors qu'elle avait de sérieux atouts pour être au moins honnête. Mais la raison marchande a prévalu, laissant Iron Fist aux mains de professionnels qui ne sont peut-être pas forcément incompétents, mais qui n'ont pas eu le temps nécessaire pour réaliser une bonne série.

    Je redoute désormais Les Defenders... Hélas.

     

    Iron Fist, série Marvel disponible sur la plateforme Netlix.

     

  • Concours !

    Noël approche, et la barbe blanche me pousse au menton...

    Pour la première fois, je te propose, ami lecteur, un petit concours afin de gagner l'ouvrage suivant :

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    Redshirts, de John Scalzi, aux éditions de l'Atalante

     

    Si tu remplis avec exactitude et/ou bonne humeur le questionnaire ci-dessous, tu pourras gagner un exemplaire flambant neuf de cet excellent roman, empaqueté par mes soins.

     

     

     

     

  • La guerre de Caliban (The Expanse, tome 2), de James S.A. Corey

    science-fiction,space opera,polarOn reprend quelques mêmes, et on continue. Dans ce deuxième tome de The Expanse, James Holden est de retour avec son équipage ultra réduit, constitué de Naomi, Alex et Amos. Holden, traumatisé par son expérience à la fin du tome 1, vit dans une vigilance et un mal-être constant, le rendant plus enclin aux solutions radicales, ce qui ne fait pas l'unanimité au sein de son équipage.

    La situation politique entre la Terre, Mars et la Ceinture est tendue mais stable. Une stabilité très vite mise en péril par une attaque brutale qui détruit une partie de Ganymède : cette lune de Jupiter, dotée d'une magnétosphère, est étroitement surveillée par Mars et la Terre, et sert de refuge pour les femmes ceinturiennes enceintes et de grenier à blé pour toute la Ceinture. Autant dire que l'attaque, que chaque partie impute à l'autre, met le feu aux poudres.

    Prax, botaniste sur Ganymède, Roberta Draper, sergent martienne seule survivante de l'attaque sur Ganymède et Avasarala, sous-secrétaire aux Nations Unies de la Terre, sont les nouveaux protagonistes de ce deuxième opus. On a laissé Miller à la fin du premier tome, et on pouvait légitimement craindre que les nouveaux personnages soient moins intéressants ou moins attachants. Il n'en est rien. Prax est la caution scientifique du récit, le témoin candide et un père désespéré mais infatigable. La recherche qu'il mène pour trouver sa fille permet au fil du récit de se tisser. Le sergent Bobbie Draper est archétypale de ces héroïnes et héros de récits militaires, Torin Kerr, Honor Harrington ou John Geary : travaillée par son sens du devoir et sûre de ses compétences. Elle ne pouvait que m'être sympathique. Les manigances politiciennes d'Avasarala, aux antipodes de la logique de terrain d'un sergent Draper ou de l'équipe de Jimmy Holden, en sont le pendant exact et constituent un contrepoint réussi au reste du récit, dans lequel les changements de focale incessants permettent au lecteur de rassembler peu à peu les pièces du puzzle.

    La narration, toujours fluide, ne me permet pas de différencier les deux auteurs et m'enchante par son apparente facilité. J'ai lu ce roman avec énormément de plaisir, et bien que j'aie mis du temps (la faute à plein d'impondérables, sauf au livre lui-même), j'en ai savouré chaque chapitre. Il faut dire que le personnage d'Avasarala est particulièrement truculent, et les scènes avec la vieille dame acariâtre et rouée sont source d'un petit plaisir proche de la madeleine de Proust...

    Ce roman relève le gant de la suite de série, exercice toujours périlleux, sans sourciller. J'irai même jusqu'à dire qu'il est un peu moins complexe à suivre que le premier, sans devenir simpliste pour autant. Le sense of wonder est toujours présent grâce à la personnalité attachante de James Holden, tandis que le thriller politique devient plus prégnant. La protomolécule gagne en dimension science-fictionnelle ce qu'elle perd en fantastique. Pour le meilleur ou pour le pire ? Je suis incapable de répondre à cette question.

    Je n'aurai donc qu'un seul mot : vivement le tome 3 !

     

    Cette chronique participe pour la cinquième et dernière fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

     

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  • La terre bleue de nos souvenirs (Les enfants de Poséidon, tome 1), d'Alastair Reynolds

     Mon préambule est court : j'adore ce titre. Sa poésie me touche immensément.

    1506-poseidon1_org.jpgRésumé : XXIIe siècle. Alors que le Mécanisme sait absolument tout des actions et des pensées des hommes, Geoffrey Akinya travaille sur l'intelligence des éléphants autour du Kilimandjaro. Sa soeur Sunday mène une carrière artistique sur la Lune, à l'abri du Mécanisme. Avant de mourir, leur grand-mère leur révèle un secret. Le préserver peut s'avérer très dangereux.

     

    Mon avis : Ce livre m'intriguait depuis quelques temps. Et puis, il est entré dans la short list pour le Prix Planète SF 2016. Alors, pour continuer dans la veine Alastair Reynolds, après Janus, je me suis lancée. 

    Le récit suit les péripéties de Geoffrey et Sunday Akinya dans la découverte de l'héritage et de la personnalité de leur énigmatique grand-mère Eunice. Un héritage en forme de jeu de piste, qui les envoie se balader dans tout le système solaire. De quoi les occuper (et nous avec) un bon moment.

    Le futur imaginé par l'auteur est plutôt positif : le bouleversement climatique attendu a eu lieu, entraînant des changements politiques, économiques et sociaux de taille, mais l'humain s'est adapté, a limité autant que possible les dégâts environnementaux, a conquis l'espace immédiat (Lune, Mars...) et le continent africain tient une place désormais prépondérante dans le développement du monde. Ce dernier fait constitue sans aucun doute l'élément le plus attractif du roman à mes yeux : enfin ! Enfin, l'Afrique cesse d'être le continent des laissés-pour-compte.

    Rien que pour ce fait, que je n'ai quasiment jamais croisé dans mes lectures, ce livre vaut le détour ; il permet au lecteur de changer l'image mentale qu'il a du continent africain, au moins le temps du récit. Il en est de cela comme du reste : imaginer, de temps à autres, que le monde pourrait évoluer dans une certaine direction rend l'improbable ou l'impensé possible et envisageable. Et cela n'a pas de prix.

    De nombreuses inventions technologiques, ainsi qu'un transhumanisme très développé, apparaissent tour à tour bénéfiques et terrifiants. Le progrès dans toute son humaine ambiguïté. La technologie qui régit la vie humaine et prévient tout conflit ou flambée de violence, le fameux Mécanisme, est peu explicité mais je l'ai trouvé, pour ma part, assez plausible. En revanche, j'ai bien peur qu'il ne rende la vie humaine d'un ennui mortel...

    La terre bleue de nos souvenirs est un roman long et complexe ; de nombreux lieux, de nombreux personnages, et des relations entre eux qui ne sont pas toujours évidentes à comprendre. Les équipées de plus en plus lointaines s'enchaînent, mais elles manquent d'un souffle épique ou poétique, tel celui que j'avais trouvé dans La danse des étoiles.

    J'ai apprécié ce roman, il est porteur de bonnes idées, mais il m'a manqué un peu la même chose que dans Janus : du liant, une narration qui porte le lecteur (celle-ci est très linéaire, à la limite de l'ennui) et une réelle empathie pour les personnages. Comme La terre bleue de nos souvenirs constitue le premier tome d'un série, j'hésite : soit l'introduction nécessitait d'être très longue et la suite sera plus intéressante, soit elle annonce un prochain texte aussi digeste que le livre des Nombres dans le Pentateuque (ne cliquez pas sur le lien si vous n'en avez rien à carrer de la Bible, mais croyez-moi sur parole, c'est d'un ennui mortel).

    Prions, mes frères et soeurs, pour que ce ne soit pas le cas. ;p

    Cette chronique participe pour la quatrième fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

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  • Janus, d'Alastair Reynolds

    janus.jpgAux dernières Intergalactiques à Lyon, mon ami Biblioman(u), le super héros des livres, m'a fortement conseillé de lire Janus, d'Alastair Reynolds. Il faut dire que j'avais le monsieur sous la main pour une dédicace, alors bon... Autant en profiter. Et puis ce roman a eu le prix Locus.

    Résumé : En 2057, Janus, une lune de Saturne, quitte soudain son orbite. Unique vaisseau alentour, le Rockhopper, propriété d'une compagnie minière qui exploite la glace des comètes du système solaire, est le seul véhicule spatial capable d'intercepter la course du satellite avant que ce dernier ne quitte définitivement le système solaire. En acceptant d'interrompre sa mission de routine pour effectuer une courte exploration de Janus, le capitaine et son équipage s'embarquent dans une aventure qui mettra à rude épreuve leur cohésion. Car, en réalité, Janus n'est pas une lune, mais un artefact extraterrestre qui leur réserve bien des surprises. Bella Lind, capitaine du vaisseau et Svetlana Barseghian, son ingénieure en avionique, sont amies intimes. L'interception du satellite Janus crée une fêlure dans cette amitié, lorsque Barseghian découvre que les données de niveau de carburant ont été falsifiées par la compagnie minière et que Lind refuse de faire demi-tour, condamnant ainsi le Rockhopper et son équipage à un aller sans retour à destination de Janus.

    Mon avis : Voilà un roman littéralement cosmique, qui nous emmène très, très loin dans l'espace. Voilà surtout une oeuvre en huis-clos où l'enfer se révèle être, principalement et naturellement, les autres. Barseghian et Lind sont les pivots fixes de ce récit aux multiples tempi, qui fait la part belle aux ellipses temporelles. Leur amitié ne résiste pas aux tensions engendrées par l'inéluctabilité de leur voyage sans retour, et crée de multiples lignes de faille dans la petite société du Rockopper, des failles qui ne tardent pas à tourner au conflit. Une lutte avec ses revers et ses retournements de situation, qui s'étale sur des décennies.

    C'est une lutte intestine doublée d'une lutte contre l'univers entier. C'est une histoire de survie et de résilience, une histoire de l'humain qui se doit de faire face victorieusement à l'impossible : l'immensité vide et glaciale de l'espace, quasiment sans ressources et surtout sans aucun retour en arrière possible. Survivre pour ne pas que leur humanité s'éteigne. Bref, Janus est un roman plein de promesses...

    Des promesses qui ne sont pas complètement tenues. C'est un bon roman, cela aurait pu être un roman extraordinaire. Il y manque une capacité à émerveiller vraiment le lecteur, ainsi qu'une certaine cohérence, lorsque des éléments cruciaux de la ligne narratrice ne sont pas explicités (comme lorsque les machines de Janus se mettent à tuer les humains, sans qu'on n'apprenne jamais réellement pourquoi). Le prologue reste très longtemps incompréhensible, pour être résolu de façon incomplète aux trois quarts du roman, dans un twist surprenant et trop brutal pour moi.

    Pourtant, les héroïnes devenues antagonistes semblent si réalistes, dans leur courage et dans leurs limites. La sauce prend, mais elle est fragile et cassante : il y manque comme un liant. Oui, il y manque de la maïzéna : cette fécule de maïs légère et pourtant extrêmement efficace qui sait se faire oublier tout en étant indispensable.* Il y manque du Anne McCaffrey, du Lois McMaster Bujold ou tout simplement du Jack Campbell.

    Janus est donc un honnête space opera, que j'ai fini sans problème mais qui n'a pas déclenché d'enthousiasme délirant chez moi. Un peu dommage...

     

    * oui, j'admets, ma métaphore culinaire manque peut-être de poésie. Mais elle est efficace.

     

    Cette chronique participe pour la troisième fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

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  • Le choix du courage (La confédération, tome 1), de Tanya Huff

    Choix du courage - Confederation1.jpgLes OP Bragelonne ont du bon : j'essaie, à moindre coût, des romans qui ne me plairaient pas a priori, histoire d'exercer ma curiosité. Et puis, il arrive aussi que je tombe sur des titres que je suis presque sûre d'aimer. C'était le cas de ce roman.

    Résumé : Les Di'Taykans et les Krais forment avec les Humains le bras armé de la Confédération. Ces trois races belliqueuses  lui permet de faire face aux Autres, son ennemi ultime. Le sergent-chef humain Torin Kerr est une professionnelle endurcie. Sa compagnie est envoyée comme garde d’honneur pour une mission diplomatique sur la planète des Silsviss, ces guerriers reptiliens qui n’ont pas encore rejoint la Confédération. Torin Kerr doit bien chaperonner un peu son nouvel officier, mais dans l'ensemble, cela s’annonce comme une tâche facile. Il y a bien des rumeurs à propos des Autres qui circulent, à propos d'une rébellion secrète sur cette planète hostile. Mais tout semble se dérouler parfaitement.
    Peut-être trop…

    Mon avis : Pour ceux qui suivent (oui, j'en aperçois quelques uns au fond), un space opera militaire, en plein été, est typiquement le genre de roman sur lequel je me jette comme une morte de faim. J'ai donc tenté ce roman, cet univers et cette auteure (autrice est possible aussi) en véritable néophyte. Et, naturellement, je me suis beaucoup amusée !

    Le choix du courage est un roman sans surprise, qui reste modeste dans ses ambitions - ce qui est sage. Il rentre parfaitement dans le cadre du récit militaire de space opera, avec batailles, ennemis, tactique et stratégie, quotidien des soldats, rencontres extra-terrestres, voyages interstellaires, mise en exergue de la solidarité de corps. C'est peu élaboré sur le plan idéologique, comme on pouvait s'en douter. En revanche, j'attends de ce genre de romans de bons personnages, des interactions intéressantes entre eux, un petit supplément d'âme dans un contexte plutôt rigide. Et c'est exactement ce que j'ai eu.

    Toute en concision et en efficacité dans son écriture comme dans les scènes de vie quotidienne d'une compagnie de soldat, Tanya Huff donne un bon tempo au récit, ainsi qu'un réalisme plutôt saisissant dans les relations entre soldats. J'ai appris par la suite que cela ne vient pas de nulle part : Tanya Huff était membre de la Marine canadienne. Le roman est millimétré. Il n'y a pas de gras, malgré ses 384 pages (désolée Xapur !). J'ai particulièrement apprécié le pragmatisme des personnages et du système militaire qui les régit, mis en place afin de faire cohabiter efficacement des races extrêmement différentes.

    Le rôle de pivot du sergent-chef Kerr, entre ses soldats à mener et son officier tout neuf à pouponner, propose un point de vue intéressant, à la fois descendant et ascendant, sur l'environnement social du récit. Son personnage est attachant, mais il n'est pas le seul. L'officier et plusieurs des soldats de la compagnie sont bien campés, portés par quelques dialogues savoureux et des situations cocasses. Une des bonnes idées de l'autrice a été de prêter aux Di'Taykan, dont l'aspect physique se situe entre les elfes des contes et les Na'vi de Pandora dans le film Avatar, une production hormonale irrésistible pour les humains, corollaire d'une sexualité ultra active... Ce qui les oblige à porter en permanence un appareil qui masque leurs odeurs ! Lorsqu'ils le posent ou le perdent lors d'un combat, quelques scènes surréalistes, parfois tragiques, parfois comiques, surgissent alors, pour le plaisir du lecteur.

    Si on comprend une partie du twist final du récit avant la narratrice, il n'en reste pas moins que le suspense est bien mené, dans un récit qui sait doser la contextualisation et l'action.

    J'ai donc passé un bon moment avec ce roman sans ambition ni prétention. Il ne vaut à mon sens ni la Saga Vorkosigan, ni Honor Harrington, mais ce n'est pas ce que j'attendais de lui et je lirai sans doute avec plaisir la suite. Trois tomes de la série ont été traduits en français, tandis que deux autres attendent sagement leur tour dans la langue de Shakespeare.

     

    Cette chronique participe pour la deuxième fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

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