L'histoire : Ender est le Troisième. Le troisième enfant d'une famille, dans une société où la norme absolue est de deux enfants. Or, le pays a désespérément besoin de génies afin de l'aider à combattre les Doryphores, une intelligence extra-terrestre qui tente d'anéantir l'humanité. Le frère et la soeur d'Ender correspondaient presque - mais pas tout à fait - à ce que l'armée cherchait, alors la naissance d'Ender a été autorisée de manière exceptionnelle, dans l'espoir de tomber sur l'oiseau rare.
Ender révèle très tôt un talent hors du commun pour la tactique et la stratégie, mais il a surtout un instinct de conservation incroyable - presque effroyable, car son sens moral disparaît lorsqu'il est en danger. Il est paradoxalement doté d'une très grande sensibilité. En tant que Troisième, il est en soit une exception sociale et ses relations orageuses, voire dangereuses, avec son grand frère exacerbent son sentiment de fragilité.
Ender est donc enrôlé dans l'école militaire, sous l'égide d'un formateur qui le manipule afin de lui faire révéler tout son potentiel. Pour ce faire, il le coupe des autres enfants, joue sur ses sentiments et contrôle les informations qu'il reçoit. Ender sait qu'il est manipulé, il a une conscience aigüe de ce qu'on fait de lui. Mais jusqu'à quel point le sait-il vraiment ?
Mon avis : La stratégie Ender est la démonstration qu'un enfant est malléable à merci. Même - et d'autant plus - s'il est intelligent. Le récit est raconté du point de vue de plusieurs personnages, Ender, sa soeur Valentine et son formateur. On ne sait donc que ce que chacun croit savoir sur les autres, ce qui rend toute bribe d'information aussi précieuse que de l'eau. Comme Ender, on chemine à vue, tentant de garder un semblant de maîtrise sur le destin. Cette indigence d'information est parfois agaçante pour le lecteur. Mais la fin est tellement forte qu'on ne le regrette pas (je rappelle que je ne spoile pas).
Dans La stratégie Ender, il y a quelque chose de Karin Lowachee et son Warchild. Bien sûr, les puristes sauteront au plafond : La stratégie Ender est antérieure, et de loin, au roman de Karin Lowachee. Oui, certes. Sauf que j'ai lu Warchild avant Ender. Et que cette thématique de l'innocence bafouée est, dans les deux romans, d'une pertinence cruelle et sans illusion.
Un beau roman, dérangeant et intelligent.
Egalement chroniqué par : Lhisbei, Arutha, Spocky, El Jc
La stratégie Ender est le premier tome d'une série, Le cycle Ender, que j'espère bien lire en entier.
J'ai Lu, 2001
Genre : science-fiction, space opera