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Imaginaire - Page 16

  • Fin août, je sacqueboute

    Du vieux françois, sacquer = tirer et bouter = pousser.

    Outre le fait que la sacqueboute est l'ancêtre du trombone à coulisse, un très joli instrument dont le son est plutôt harmonieux (j'ai regardé La boîte à musique de Jean-François Zygel y a pas longtemps), il porte en soi la substantifique moëlle de ce billet.

    D'un côté, je sacque, je tire à moi dans l'acception originelle, en faisant un petit récapitulatif de LA question intelligente de l'été à laquelle je vous avais demandé de répondre.

    De l'autre je boute, comme d'autres les anglois hors de France, les lectures estivales qui ne méritent pas un billet pour elles toutes seules mais que mon honnêteté intellectuelle, méfiante envers les critiques systématiquement dithyrambiques, me pousse à évoquer en ces pages.


    Sacque

    C'était un vrai pari : lancer une question sérieuse un 15 août à la blogosphère SF, il fallait oser. Et comme je n'ai guère plus de deux neurones... j'ai osé.

    Et bien, ça marche. Enfin, àpeuprè : certains ont jeté l'éponge (je ne ferai pas de délation, les coupables se reconnaîtront eux-mêmes) et d'autres conservent un silence radio absolu, sans doute perdus sur les flancs des montagnes en compagnie des dahus ou dans les profondeurs de la mer, en compagnie des poissons et des pneus (oui, il y a des pneus dans la mer).

    La période n'est pas propice, je peux l'admettre. La prochaine fois que je pose - non, que je relaie - une question intelligente, j'essaierai d'être plus pertinente sur le calendrier. Quoique, le 15 août a son charme...

    Voici la question de Sylvie Denis, pour mémoire (voir l'article ici) :

    "Pour quelle raison bizarre et irrationnelle des êtres humains adultes, responsables et occidentaux, pourvus pour la plupart de conjoints et de progéniture, de métiers, de positions sociales même, enfin bref, des gens comme vous et moi, lisent-ils des histoires d'empires galactiques, de batailles spatiales, d'aventuriers stellaires et autres fariboles situées dans des futurs aussi lointains qu'improbables ?"

    Une question qui, dans le fond comme dans la forme, m'a réjoui au delà de toute expression. C'est bien pour ça que je l'ai relayée.

    Anudar, Gromovar, Val, Lhisbei (et M. Lhisbei !), Alias, Cédric Ferrand et Thom ont répondu en long, en large, pas mal en travers, avec humour, avec sérieux, avec inspiration ou bien sans (en tout cas, c'est ce qu'ils disent). Guillaume le Traqueur a participé également avec une réponse (très) brève mais pertinente dans les commentaires du post d'origine.

    Ils ont répondu, et je les en remercie !!

     

    Boute

    sentiment interdit.jpgUn sentiment interdit, de Nora Roberts, chez Harlequin. Le voilà, cet Harlequin dont j'ai parlé et dont je ne me souvenais plus. J'ai fouiné dans les rayons de la bibliothèque pour retrouver l'objet du délit - enfin, surtout son titre, d'une originalité sans pareille. On dirait du Damasio (Aïe, non! Pas taper !!!). Bon, donc, une fille reprend le ranch de son grand-père, mais c'est pas un métier de femme, d'élever des vaches, c'est bien connu ; le fils du voisin (ennemi intime dudit grand-père) que tout le monde prend pour une lopette parce qu'il a fait des études à la ville (!) revient, décide de se taper la fille, qui veut pas, m'enfin qui en fait veut bien, et tout est bien qui finit bien, dans la bouse de vache et le crottin de cheval. Je ne pensais pas lire pire dans ma vie, mais ma lecture d'un autre Harlequin (sournoisement encouragée par Lhisbei dans le cadre d'un défi débile), me fait comprendre qu'en fait, Nora Roberts, c'est de la littérature, en comparaison de la daube que je lis. Bref. Passons.


    stabat mater.gifStabat Mater, de Tiziano Scarpa, chez Christian Bourgois : Dieu que j'ai été déçue ! Il s'annonçait comme un roman historique évoquant le séjour de Vivaldi à Venise, et je me retrouve à ramer dans un orphelinat pour jeunes filles, où on ne voit jamais - ou presque - Vivaldi, et dans lequel on assiste aux monologues intérieurs d'une gamine asociale et dépressive qui s'adresse à une mère qui l'a abandonné à la naissance. Je me suis emmerdée du début à la fin. Au suivant.


    chirurgien ambulant.jpgLe chirurgien ambulant, de Wolf Serno, chez J'ai lu. Bon, là, ça vaut peut-être pas un très long discours, mais il s'agit d'un assez bon roman historique sur l'Espagne du 16e siècle, dans lequel on suit un jeune chirurgien dans ses périples et ses déboires (particulièrement avec l'Inquisition, la partie la plus intéressante du roman, ainsi que les détails des soins apportés aux malades). C'est trop démonstratif pour être réellement bon, mais ça se lit bien.

     

     

     

    Très bientôt une nouvelle contribution au Summer StarWars V. See U !

  • La horde du contrevent, d'Alain Damasio

    Horde contrevent.jpgCa y est ! Avec 7 ans de retard sur la sortie du phénomène, je viens enfin de l'enquiller, titillée par les opinions parfois divergentes et souvent tranchées que j'ai pu lire ici et là.

    L'histoire : Ils sont 23 hommes et femmes, qui, leur vie durant, remontent la trace du vent, d'Est en Ouest. Ils ont été enfantés, éduqués, choisis pour former la 34e Horde du Contrevent, celle qui doit faire mieux que les 33 précédentes et parvenir à l'Extrême-Amont. Ils marchent contre le vent, sur cette unique bande de terre vivable de la planète, en formation de goutte ou de diamant, sous les ordres de leur Traceur, le neuvième Golgoth. Le roman raconte leur vie de contreurs, leur doutes, leur talents, et la poésie de leur combat quotidien. Reconnaissables à un idéogramme en début de paragraphe, chacun des contreurs est narrateur à tour de rôle, et leurs multiples témoignages constituent le récit.

    Mon avis : roulement de tambour... Dans quelle catégorie me rangé-je ? Les pour, les contre, les bien au contraire ?

    Les pour. Car j'aime le Contre.

    J'aime assez ne pas être d'accord avec la majorité, histoire de pimenter de temps à autres le quotidien. Or, j'ai aimé cet ouvrage, et en cela je rejoins (au moins partiellement) la cohorte des lecteurs qui ont crié au génie.

    Oui, il y a un véritable génie de l'écriture dans ce roman, une inventivité, une création pure, absolument bluffantes. Tout, des personnages à la planète, de la narration aux dialogues en passant par les notations spécifiques, tout vient du vent, va au vent, est formé en fonction du vent.

    J'ai appris (Allociné, Passion cinéma) qu'un studio a l'intention d'adapter le roman en un film d'animation 3D (jusque là, ça va) entièrement tourné... en langue anglaise. Là, ça ne va plus. Car s'il y a bien une chose extraordinaire dans cette oeuvre, c'est la langue. Comment retraduire en anglais toutes les inventions, toute la créativité d'Alain Damasio en la matière ? Cela me fait un peu penser, dans la richesse et la diversité de la langue, à celle de Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski. En plus inventif encore, pour servir le propos si particulier du roman ; car il faut retranscrire le vent à l'écrit, un exercice des plus difficiles.

    Mais, comme dans L'élégance du hérisson, de Muriel Barbery, il y a aussi un petit côté "m'as-tu-vu", un soupçon de suffisance, qui sont un peu agaçants. L'auteur, pris dans son tour de force virtuose, finit parfois par se regarder écrire. A l'instar de la série Honor Harrington, peut-être faut-il accepter d'adhérer à un postulat avant de songer à apprécier le contenu de l'oeuvre.

    Si je l'ai accepté pour La Horde du contrevent, c'est parce que la thématique, la sémantique, la passion du vent m'ont immédiatement accroché. J'avais envie, terriblement envie, d'entrer dans ce vent, de le sentir, de le vivre, de me battre contre lui. Je faisais corps avec les contreurs sous Furvent. Le personnage principal du roman est le vent sous toutes ses formes, dans toutes ses acceptions, le vent pourvoyeur de nourriture, de vie, d'intelligence et de mort. La Horde du contrevent, Folio SF

    De plus, la forme chorale et polyphonique du récit m'a plue ; elle donne un poids, une profondeur, au propos.Tous les personnages ne sont pas égaux en narration, certains prennent la parole plus que d'autres ; certains sont sympathiques, d'autres moins, tel Golgoth. Déstabilisant, surtout au début où on n'a pas le temps de repérer les personnages, c'est ce choeur qui donne sa dynamique au récit : en passant d'un individu, d'un point de vue et d'un ton à l'autre, on avance dans l'histoire de façon heurtée, inégale et inattendue. Un vrai régal.

    Bien que j'aie deviné la fin dès le début (rien de bien sorcier, convenons-en), le voyage fut passionnant.

    Une lecture que je recommande chaudement, autant que Gagner la guerre de Jaworski. C'est dire.

     

    Lu aussi par : Tigger Lilly, Val, Guillaume, Efelle, Lhisbei, Lael, Lorhkan

    La Volte, 2004 ; Gallimard Folio SF, 2007

     

     

    Summer StarWars Episode V


  • Très bonne question

    La question

    Sylvie Denis a dit (dans l'article de Génération Science-Fiction à lire ici) :

    "Pour quelle raison bizarre et irrationnelle des êtres humains adultes, responsables et occidentaux, pourvus pour la plupart de conjoints et de progéniture, de métiers, de positions sociales même, enfin bref, des gens comme vous et moi, lisent-ils des histoires d'empires galactiques, de batailles spatiales, d'aventuriers stellaires et autres fariboles situées dans des futurs aussi lointains qu'improbables ?"

    space 1.jpgUne question pertinente.

    Une question à laquelle je vous invite à répondre. Oui, vous, Guillaume, Ferocias, Arutha, Gromovar, Efelle, Lhisbei, Spocky, BiblioMan(u), Val, Anudar... Bref, tous les toqués de Planète SF.

     Une question d'autant plus pertinente que je constate que le Summer StarWars Episode V, évoqué çà et dans ces pages, rencontre cette année un succès très important chez les blogueurs SF. Ce défi concerne le space opera et le planet opera, des genres particulièrement honnis de ceux qui ne supportent pas la SF.

    Voici, pour information, la réponse donnée par Sylvie Denis (dans le même article) :

    "Le space opera, c'est ni plus ni moins un moyen comme un autre de se faire citoyen de la galaxie, et dans la mesure où c'est le seul qui soit à notre portée de citoyen de ce siècle, je ne vois vraiment pas pourquoi s'en priver."

     

    Ma réponse

    Cette question là, je me la suis posée souvent. Bon sang, mais pourquoi aimé-je autant la SF (en général) et le space opera (en particulier) ?

    Pas de piste du côté des monomaniaques des jeux de rôle (n'en déplaise à Hugin et Munin...). Je n'ai jamais joué à un jeu de rôle de ma vie.

    Voici la réponse que j'ai donnée il y a quelques temps à Gromovar dans son interview du lundi, réponse faite sans trop y réfléchir :

    "[J'y trouve]... de quoi m'éclater totalement le citron (celui qui fait Blop Blop, rappelez-vous) en toute légalité. Même pas besoin de beuh ou de rails de coke... Le panard, quoi.
    Et aussi un moyen de réfléchir aux enjeux sociaux et politiques de notre civilisation qui permet de conserver une distance « indolore » et ludique avec le sujet de la réflexion."

    space 4.jpgUne réponse qui mérite développement. En effet, depuis StarWars (la novelisation lue lorsque j'étais ado), j'ai découvert que l'imagination n'avait aucune limite, et que la science, en particulier, n'en constituait pas une. Au contraire, elle était un tremplin pour débrider l'inspiration des auteurs. Ce qui, au passage, m'a un peu réconcilié avec les sciences, parce que j'étais tellement quiche en maths que j'ai failli laisser tomber le reste (physique, chimie, bio) dès la première. Mais je digresse.

    Mon esprit cartésien et pragmatique me porte vers la SF, plus encore que vers la fantasy ou le fantastique (bien que mes lectures m'y amènent également), car la cohérence d'un univers est pour moi tout aussi importante que l'histoire racontée. Avoir de l'imagination, c'est bien. Lui donner une véritable cohérence, rendre un univers crédible, c'est mieux. L'exercice est extrêmement contraignant, et j'ai souvenir d'un écrivain connu expliquant sur un plateau de télévision qu'il ne pourrait jamais écrire de la SF, parce que c'était, à son sens, beaucoup trop difficile pour lui. Dommage, je ne me souviens pas qui est cet écrivain, car il est le seul du mainstream littéraire que j'aie jamais entendu tenir ce type de discours à propos de la science-fiction.

    Au fur et à mesure de mes découvertes littéraires, en particulier Dune lorsque j'étais en fac, j'ai également compris que la SF pouvait me donner une lecture du monde au moins aussi pertinente que mes études d'histoire (spécialités : renaissance française et histoire des religions, si ça intéresse quelqu'un). Pourvu, bien entendu, que les auteurs fussent bien renseignés, quitte à plagier quelques sources sûres.

    Car, sous des dehors calibrés, la SF permet de donner - et de recevoir - quelques leçons socio-économiques, politiques et scientifiques étonnantes. Notre actualité se transforme en histoire (comme quoi, il y a un lien, finalement), et l'on découvre la portée de certains évènements passés inaperçus par ailleurs.

    Jules Verne savait comme personne à son époque utiliser les découvertes scientifiques pour produire des anticipations étonnantes. Je pense en particulier au mélange à base de potasse que les explorateurs utilisent pour absorder le CO2 et rendre respirable l'atmosphère dans le boulet de canon envoyé sur la lune dans De la terre à la lune et Autour de la lune.

    SGU, DestinyDe son côté, et plus récemment, Makoto Yukimura, avec son manga Planètes, exploitait avec beaucoup d'à propos les données sur la pollution orbitale, révélées par de multiples incidents depuis la fin des années 70.

    Je citerai aussi Danielle Martinigol et son roman pour ados Les abîmes d'Autremer, qui a fait récemment l'objet d'une petite discussion entre Anudar et moi. Ce roman exploite de façon très réussie, trouvé-je, le débat sur la déontologie des médias et leurs méthodes d'investigation. Un sujet à la mode, souvent évoqué, presque un marronnier. Danielle Martinigol le transpose dans un space opera adapté au jeune public avec un sens de l'à-propos intéressant.

    Pierre Bordage, dans Les guerriers du silence, développe les thèmes spirituels qui lui sont chers, sur le bouddhisme et les influences judéo-chrétiennes, proposant sa propre lecture du monde et son combat contre toutes les formes de despotisme religieux.

    Enfin, ceux qui me connaissent bien le savent, je ne pourrai pas passer sous silence la franchise Honor Harrington, de David Weber, qui extrapole les particularités de sociétés "socialistes" (la République du Havre) et libérales (le Royaume de Manticore) pour raconter un univers de pur space opera, avec des batailles spatiales, certes, mais aussi des luttes d'influences politiques et économiques, ainsi que des développements idéologiques et religieux de grande ampleur.

    Ces exemples, une goutte d'eau dans un océan (il ne tient qu'à vous d'en proposer d'autres), illustrent mon propos : la SF est philosophique, éthique, politique. La SF est divertissante, oui, dans la plupart des cas. C'est d'ailleurs bien pour cela que j'en lis autant. Mais elle n'est pas (souvent) gratuite, vaine ou futile.

    C'est pourquoi, en guise de conclusion, je me cite à nouveau* :

    "[La SF est pour moi] un moyen de réfléchir aux enjeux sociaux et politiques de notre civilisation qui permet de conserver une distance « indolore » et ludique avec le sujet de la réflexion."

    Pitch Black

    * On n'est jamais si bien servi que par soi même. ^^

  • Soeur Ynolde de Pierre Bordage (La fraternité du panca, tome 2)

    soeur-ynolde.jpgJe me rends compte, en commençant à rédiger ce billet, que j'ai oublié d'en écrire un pour le premier tome du pentateuque de Pierre Bordage, Frère Ewen, lu il y a quelques semaines. Après réflexion, tant pis. Je ne concours pas pour éditer le plus grand nombre de billets au défi Summer StarWars de Lhisbei, car j'aurai alors un bon mois et au moins 20 billets de retard sur mes collègues Anudar, Guillaume ou Ferocias (Leurs capacités de lecture et de rédaction soient Louées).

    Je résume donc le premier opus : Frère Ewen est père de famille. Alors que sa femme accouche de son deuxième enfant et qu'il va chercher une sage-femme, il reçoit un appel de la fraternité du Panca, dont il est membre. La Fraternité lui demande de partir immédiatement, seul, pour un voyage sans retour, afin de constituer le premier maillon d'une chaîne quinte qui permettra de sauver l'humanité de la destruction. Ewen part donc, le coeur brisé, abandonnant sa femme, sa fille et son fils à venir pour un périple dont il ne sait rien, si ce n'est qu'au bout du voyage, il trouvera le deuxième frère à qui donner son implant vital et qui constituera le deuxième maillon de la chaîne. Son voyage entre les étoiles est extrêmement long, le temps d'une vie, et c'est à un âge canonique qu'il arrive à destination, pour découvrir que les techniques de voyage ont évolué entre temps pour devenir beaucoup plus rapides et que le frère du Panca à qui il doit donner son implant est en réalité une soeur... sa fille, Ynolde.

    Soeur Ynolde, le deuxième opus de la série de Pierre Bordage, commence donc au moment où Ynolde a reçu l'implant de son père et doit partir dans le lointain système de Tau du Kolpter. Là bas, elle devra y trouver le troisième frère, à qui elle donnera son implant et celui d'Ewen. Elle a beaucoup de mal à partir, car des assassins la suivent à la trace. Son parcours jursqu'au système de Tau, bien que beaucoup plus rapide que celui de son père, est semé d'embûches.

    soeur_ynolde_fraternite_panca.jpgPendant ce temps, sur la planète Jnandir, une confrérie formant des assassins, les Thanaüm, envoient leurs apprentis dans tout l'univers connu pour arrêter soeur Ynolde. Le jeune Silf est envoyé à Tau du Kolpter. Selon les instructions qu'il a reçues, cela évitera une guerre qui détruirait l'humanité. Ahem. Il y a donc un problème : tout le monde est persuadé de travailler pour la bonne cause.

    Ynolde souffre et doute, car la mémoire de son père, présente en elle à travers l'implant, trouble sa sérénité et sa capacité à réfléchir rationnellement. Elle a peur, aussi, peur de ne pas être à la hauteur de la tâche, de mourir trop jeune, de ne pas être prête, lorsqu'elle donnera son implant au troisième frère. Silf, lui, se révèle peu à peu à lui-même et prend confiance en ses capacités d'assassin. Au fur et à mesure du récit, la tension monte, car la rencontre entre les deux personnages promet d'être explosive.

    Je dois avouer en tout honnêteté que j'ai deviné la fin de l'histoire au tout début du roman, à la page 42 très exactement, dans la deuxième moitié de la page (allez-y, regardez, vous trouverez la phrase qui m'a mis la puce à l'oreille). Mais cela ne m'a pas le moins du monde gâché la lecture. Au contraire, j'y ai pris du plaisir. J'aime toujours autant le talent de conteur de Pierre Bordage. La fraternité du Panca me rappelle Les guerriers du silence, en plus posé, moins touffu. Plus serein. On se laisse porter, comme un enfant qui écoute l'histoire du soir avant de s'endormir.

    Les suites, Frère Kalkin et Soeur Onden, sont sorties, et le dernier opus est prévu pour la fin de l'année 2011. Je les lirai, et j'espère avoir le temps de les chroniquer.

    SummerStarWarsV.jpgLu aussi par : BiblioMan(u)

    L'Atalante, 2008

    Genre : space opera, science-fiction

  • Coûte que coûte (Honor Harrington, livre 11) de David Weber

    jpg_coute_que_coute_1.jpgCa y est, comme promis, je suis arrivée au bout. Les éditions françaises de la série Honor Harrington s'arrêtent - pour l'instant - à ce onzième livre. Son univers est pourtant vivace (voir la série L'univers d'honor Harrington, toujours chez L'Atalante), mais le livre 11 clôt momentanément le chapitre personnel de ma copine Honor.

    Petite rétrospective : j'ai découvert Honor en 2007, alors que je suivais une formation et qu'une de mes collègues, assistante de conservation dans un musée gallo-romain, m'a mis d'autorité le premier livre dans les mains. Si je précise le métier de la demoiselle, c'est qu'on n'imagine pas forcément qu'une spécialiste d'histoire et d'archéologie antique puisse aimer le space opera militariste. Comme quoi, il ne faut vraiment pas se fier aux apparences.

    Dans cet opus, Honor Harrington commande la Huitième Force du royaume stellaire. Elle a pour mission de démontrer à la République du Havre que le royaume n'est pas encore mort et a les capacités d'attaquer. Bien que ce soit en partie du bluff, Honor parvient à battre régulièrement - mais pas toujours - les havriens. De son côté, la présidente de la république du Havre tente de conserver une ligne politique la plus honnête et décente possible, et cela l'amène à soupçonner l'intervention d'un tiers dans le conflit qui l'oppose au Royaume de Manticore. Afin de tirer l'affaire au clair, elle invite la Reine Elizabeth à la rencontrer en terrain neutre. Mais le tiers en question (un affreux consortium esclavagiste) décide de lui mettre des bâtons dans les roues. Je ne spoilerai pas, mais ce onzième livre offre bien des rebondissements en matière politique et militaire. La fin est un peu rapide, ai-décidé, mais vu que le reste a duré mille pages, il faut bien s'arrêter un jour.

    Sur le plan de l'histoire personnelle d'Honor, là aussi, ça bouge (enfin !). Elle devient tellement copine avec la reine Elizabeth qu'elle peut se permettre de fustiger sa Royale Majesté quand celle-ci se fout inopinément en rogne. On est loin de l'officier entier, timide et méfiant envers toute politique de Mission Basilic !

    Par ailleurs, Honor parvient à concrétiser sa relation amoureuse avec Hamish Alexander, comte de Havre-Blanc... Grâce à la bénédiction de sa femme ! Une grandeur d'âme pareille, ça ne se voit que dans l'univers d'Honor Harrington. On n'y croit pas une seconde, mais on est content pour Hamish et elle. C'était pas trop tôt. Quatre livres que ça durait, cette histoire.

    jpg_coute_que_coute_2.jpgBon, là où Weber pousse un peu, c'est que notre amie Honor, plus de 50 berges au compteur, une vie dirigée par une autodiscipline personnelle hors du commun, se retrouve dans la mouise comme une débutante : en cloque. Si. Et vu que l'auteur est américain, l'avortement, ça ne se fait pas bien. Alors elle met son embryon en développement in vitro. C'est tellement plus humain, n'est-ce pas. Je crois que le pompon, c'est la "naissance" de Raoul, le cri qui dessaoûle. Mais ne spoilons pas plus avant, je vous laisse découvrir la chose.

    Une nouveauté sympathique de ce roman est l'intervention régulière des chats sylvestres dans les conversations humaines grâce à la langue des signes. Cela leur confère une aura politique et sociale des plus intéressantes. De plus, leurs réflexions sont parfois franchement cocasses.

    Voilà. Alors, que dire ce dernier opus ? Qu'il suit la ligne directrice de la série : beaucoup de discours de stratégie politique, économique et militaire, des combats spatiaux bien pensés, une excellente cohérence technique, bref, un background plus qu'impeccable. Sur le plan de la psychologie des personnages, on finit par sourire des affres éthiques de nos héros. Ils sont toujours irréprochables, et ce sont les évènement extérieurs, surtout les méchants, qui les poussent dans leurs retranchements. Cela finit par être pesant, d'avoir de tels modèles. Le paradoxe de la série, à mon sens, réside dans la dichotomie entre le simplisme de la moralité des héros et la complexité toute en nuance (voire le cynisme) de l'analyse de la situation politique dans laquelle ils se trouvent.

    Il faut dire que Honor Harrington, c'est du premier degré, depuis toujours. Pas de distance ironique, pas de pirouette humoristique. A la décharge de l'auteur, c'est cela qui nous aide à y croire dur comme fer, comme lors de cette belle scène familiale où les Harrington assistent en direct à la mort de leur fifille, dans le livre 8.

    Honor Harrington a les défauts de ses qualités. Alors, on adhère, et on endure, ou bien on passe son chemin. Mon choix est fait depuis longtemps.

     

    SummerStarWarsV.jpg


    L'Atalante, 2009.

    Genre : space opera militariste, science-fiction.

  • Opération KillLAL en cours

    Contrairement à ce qu'on pourrait penser au vu de la vacuité intersidérale de mes chroniques durant le mois de juin (voir ici), non, je n'ai pas disparu dans un trou noir pour ne jamais en revenir, et surtout, je n'ai pas arrêté de lire.

    le-trou-noir-stellaire-et-moi2.jpg

    C'est juste que coté chroniques, je suis restée au zéro absolu.

    Adoncques, j'ai lu :

    • Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazzetti
    • Le secret de Ji de Pierre Grimbert,
    • L'alliance des hérétiques de David Weber
    • Coûte que coûte (Honor Harrington, dernière) de David Weber itou
    • La pierre et le sabre d'Eiji Yoshikawa
    • Les anonymes de R. J. Ellory.

    Les deux David Weber feront l'objet d'une chronique, d'autant plus motivée que j'ai un engagement à tenir envers Lhisbei et son Summer StarWars Episode V.

    Pour les autres, on peut faire vite :

    1. On m'avait dit grand bien de Katarina Mazzetti, suédoise comme son nom ne l'indique pas, et plus particulièrement du Mec de la tombe d'à côté. Voilà, je l'ai lu...Bof. C'est sympa, mais ça ne casse pas des briques. Le récit est sensible et intelligent, comme annoncé, mais l'histoire ne m'a pas touchée.
    2. Le secret de Ji de Pierre Grimbert avait été mis en coup de coeur par une collègue de la médiathèque (n'en déplaise à Sylvère Mercier). Donc, j'ai foncé. Bon, ben, en fait... Ca se lit bien, hein, mais pas de quoi fouetter un chat. Ni de quoi faire une chronique ;  j'ai l'impression d'avoir lu cette histoire trop souvent en fantasy.
    3. La pierre et le sabre, d'Eiji Yoshikawa, m'a apporté une information cruciale : je crois bien que je déteste la littérature japonaise. A moins que ce ne soit sa traduction (ce qui n'est pas à exclure). Cette façon lapidaire de raconter les évènements, en exagérant les traits de caractères des personnages sans jamais expliquer leurs motivations... Je l'accepte sans difficulté dans les mangas, mais je ne le supporte pas dans la littérature. J'ai dû tenir 6 ou 7 chapitres avant qu'il ne me tombe des mains.
    4. Les anonymes d'Ellory fut sacrifié sur l'autel de ma course après le temps. J'ai beaucoup aimé le début, mais je n'avais pas le temps, ni la patience, de continuer à suivre l'enquêteur dans ses circonvolutions personnelles et professionnelles. Avec un peu plus de disponibilité de ma part, ce roman policier aurait fait un excellent candidat pour un billet de blog, car j'en ai aimé l'écriture et l'univers.

    Bon, sur ce, je vous laisse et je me prépare, car j'ai des défis (ici et , en plus de celui de Lhisbei) qui m'attendent et une PAL non négligeable sur ma table de nuit.

    A bientôt !

  • L'âge de diamant, de Neal Stephenson

    rivages0063-1996.jpg

    L'âge de diamant, de Neal Stephenson, est sous titré Manuel illustré d'éducation pour Jeunes Filles. Le sous-titre est incongru, la couverture pas forcément en phase avec le titre. Longtemps je l'ai contemplé sur l'étagère de la bibliothèque, ne sachant pas trop que faire d'un tel "machin".

    L'âge de diamant raconte un monde : une petite fille miséreuse, une actrice étonnante, un ingénieur face à ses contradictions, un savant mandarin à la moralité inattendue... Dans un futur non défini, les états-nation ont disparu au profit des phyles, des enclaves socio-économiques plus ou moins prospères, dont la philosophie de vie est totalement différente suivant leur nature. L'histoire commence avec l'ingénieur John Hackworth, un homme probe et intègre qui développe des nanotechnologies pour une grande société. Il appartient au phyle Victorien, inspiré de l'ère victorienne anglaise, de ses valeurs de travail et de moralité (d'où l'aspect steampunk assez développé du roman). Afin de donner les meilleures chances sociales à sa fille, il viole tous ses principes en récupérant une copie d'un ouvrage interactif unique, normalement destiné à une seule jeune fille de la très haute société. Ce faisant, il s'attire un nombre d'ennuis important et de nature parfois incompréhensible. Surtout, le Manuel lui est volé. Une petite fille thète (sans appartenance à un phyle), Nell, entre en possession dudit ouvrage, ce qui se révèle être la chance de sa vie. Nombre d'histoires parallèles se développent autour de John Hackworth et de Nell, sans lien commun apparent, et convergent lentement.

    Ce livre est trop compliqué pour moi. Je n'ai pas compris ce qu'était exactement la nanotechonologie selon Neal Stephenson, je n'ai pas compris non plus toutes les ramifications sociales et politiques nées de cette révolution technologique, et je n'ai pas compris la fin. Je n'ai pas compris grand chose, finalement. Et pourtant, j'ai aimé l'histoire, je me suis attachée aux personnages, j'ai immensément apprécié la finesse de leurs personnalités.

    Voilà donc un étrange roman ; je l'ai trouvé difficile à aborder tout en étant attirant. Je n'ai jamais pu lire plus de trois chapitres par soir, et pourtant l'histoire me tenait. Je retire donc de cette lecture un sentiment complexe, mais qui reste positif.Cela me fait immanquablement penser à l'autre roman de Neal Stephenson que j'ai lu, Cryptonomicon : complexe, difficile à suivre, mais très, très intéressant.

    En termes de littérature de science-fiction, ce roman est original et inventif. Il est le premier de ma connaissance à traiter aussi profondément les modifications politiques, économiques et sociales que peuvent induire le développement des nanotechnologies, alors qu'il y a 15 ans, elles étaient inconnues du grand public. En cela, c'est à mon sens un grand roman du genre.

    Lu aussi par : ? je n'ai pas trouvé, une nouvelle fois. Soit je suis aveugle, soit j'ai des lectures bizarres...

    Cette chronique s'insère dans le défi Steampunk.

    steampunk.png

     

    Rivages, 1996 ; Livre de poche, 1998.

    Prix Hugo et prix Locus 1996 (viens-je de découvrir !)