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Imaginaire - Page 14

  • Eveil, Veille, de Robert J. Sawyer

    eveil.gifJe viens de découvrir l'auteur Robert J. Sawyer par ses deux romans Eveil et Veille. Je les ai lus d'affilée, je ferai donc ici un billet global.

    Eveil raconte l'histoire croisée d'une adolescente aveugle, d'un chimpanzé qui maîtrise la langue des signes, d'un blogueur chinois contestataire et d'une conscience qui s'éveille à l'intérieur du Web.

    Le fil narratif se concentre autour de l'adolescente. Caitlin est surdouée en mathématique. Elle tient un blog, comme toute ado de son âge, et peut surfer sur le Web grâce à une assistance logicielle. Son père ayant une promotion, elle vient d'intégrer un lycée normal au Canada, alors qu'elle était scolarisée auparavant dans un établissement pour malvoyants. Caitlin apprend d'un scientifique japonais, le Dr Kuroda, que sa cécité pourrait être corrigée grâce à un appareillage qui recode les données transmises de son oeil à son cerveau. Cet appareil, qu'elle rebaptise bientôt OeilPod, peut être mis à jour et certaines données transmises au centre de recherche japonais grâce à une connexion Wifi au Web. L'opération au Japon, expérimentale, est une réussite... Sauf que Caitlin ne voit, de prime abord, que des lignes et des cercles de couleur reliés entre eux : elle "voit" le Web...

    Le singe, Chobo, est en danger, car son zoo d'origine souhaite le récupérer auprès du centre de recherche de Californie qui l'accueille, au mieux pour le castrer, au pire pour le supprimer. Chobo est en effet un hybride, né d'une mère bonobo et d'un père chimpanzé. Mais le centre de recherche ne souhaite pas s'en séparer, ne serait-ce que parce que Chobo est très doué en langue des signes. Il parvient même à discuter via une webcam avec un autre singe "parlant" situé sur la côté Est.

    Sinanthrope est un contestataire au régime chinois, blogueur et hacker. Il se rend compte que, suite à une épidémie de grippe extrêmement contagieuse, et pour éviter que toute information gênante ne circule dans le monde, le gouvernement chinois a coupé les tuyaux du Web : plus aucune connexion n'est possible en dehors de la Chine.

    Et alors que Sinanthrope tente de passer les pare-feus installés par les autorités, une conscience émerge du Web scindé en deux parties. La coupure a provoqué cette émergence : quelque chose à disparu, cela signifie donc que "quelque chose" existe...

    Si vous ne voulez pas de spoiler, arrêtez-vous là.

     

    veille.gif

    Dans Veille, Sinanthrope a disparu du récit, mais Caitlin et Chobo sont toujours là, accompagnés désormais du bien nommé (en termes de pertinence, mais pas d'originalité) Webmind.

    Webmind apprend grâce à Caitlin et ses proches à décrypter le contenu de... lui-même (!), lire les textes évidemment, mais aussi à écouter et regarder les fichiers audio et vidéo. Une fois faite le tour de la question, il considère que l'humanité se porterait mieux si elle était plus heureuse. Il décide donc de faire le bien de l'Humanité. Si. Et donc, d'intervenir dans le mesure de ses moyens dans la vie des gens, de façon à faire monter le niveau de bonheur du genre humain. Voire celui des chimpanzés.

    Caitlin apprivoise le monde depuis qu'elle a recouvré la vue, en commençant par ses parents. Elle apprend à mieux connaître son autiste de père, aimant, génial et totalement à côté de la plaque. Caitlin découvre aussi l'importance des apparences, elle pour qui ce mot ne signifiait jusqu'alors rien de plus qu'un concept ésotérique. Et puis, comme toute ado de 16 ans, Caitlin s'intéresse au sexe opposé, voire au sexe tout court.

    Malheureusement pour Caitlin et Webmind, les services secrets américains découvrent l'existence de Webmind et décident, en toute logique, de le supprimer. Quand on ne connaît pas quelque chose, on le supprime. On faisait comme ça au Moyen-Age, alors pourquoi changer, n'est-ce pas ?

    En réponse aux attaques américaines, Webmind et Caitlin décident de conserve de révéler au grand jour l'existence de Webmind, via quelques outils bien pratiques : la suppression de tous les spams, et un message explicatif envoyé à toutes les boites de messagerie existantes...

     

    La lecture de ces deux romans s'est révélée agréable, très rapide... et parfois décevante. L'écriture et la construction du récit sont fluides et classiques. Les personnages peuvent être attachants, particulièrement le père de Caitlin, dont le syndrome d'Asperger permet de mettre en scène des situations délicieusement absurdes, mais ils souffrent dans leur majorité d'un traitement psychologique un peu succinct. Et puis, quelques idées sont définitivement trop naïves pour être crédibles... Une conscience informatique qui veut sauver le monde, sans pour autant tomber dans les écueils évoqués par les grands classiques de la SF (type 1984 d'Orwell) ? La ficelle est grossière.

    En revanche, Eveil et Veille fourmillent d'informations sur le fonctionnement du Web, ce que j'ai beaucoup apprécié. La fiction est si bien mêlée à la réalité que j'ai vraiment cru que le moteur de recherche Jagster existait. Mais non. J'ai en outre particulièrement savouré les passages qui développent la découverte visuelle du monde par Caitlin, où toutes les expressions entendues auparavant font peu à peu sens pour elle, et où elle apprend à déchiffrer les signes de communication non verbale. Il y a là quelques très jolies scènes.

    J'attends donc de lire le troisième opus, Merveille, sans passion mais avec une vraie curiosité.

     

    Robert Laffont, Ailleurs & Demain, 2009 et 2010.

    Genre : anticipation

    Lu aussi par : Brize, Lhisbei

  • La morsure de la passion, de Michele Hauf

    Mon Dieu, Pourquoi ? Pourquoi ai-je accepté un pari aussi stupide ? Par goût de l'aventure, peut-être. Par manque de goût, plus certainement.

    la-morsure-de-la-passion-52656.jpg Lhisbei avait lancé un défi à quelques amis blogueurs : lire un Harlequin teinté de fantastique, en téléchargement gratuit sur le site de l'éditeur. Histoire de rigoler un peu, quoi.

    Pauvre de moi, j'ai accepté. Je crois même avoir été l'une des premières à sauter sur l'occasion. Le fait que les autres copains de Planète SF se désistent aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais bon, je trouvais ça plutôt drôle, sur le coup.

    Donc, La morsure de la passion, de Michèle Hauf. Et bien, au bout d'un mois et 75 pages, j'ai lâchement laissé tomber. Telle une chaussette usagée, mon fichier PDF est resté en souffrance sur le bureau de mon ordinateur, me rappelant mon abandon à chaque allumage.

    J'avais pourtant le temps : la lecture commune était prévue pour le 31 décembre dernier, et j'avais commencé "l'oeuvre" en septembre.

    Oui mais non. Il y a des limites, visiblement, à ce que je peux encaisser. Je suppose que je n'ai vraiment plus assez de loisir pour supporter de perdre mon temps sur des imbécillités pareilles.

    Un exemple, le seul que je donnerai :

    Il en allait toujours ainsi avec le diable : il apparaissait aux créatures sous la forme de leur plus grande tentation. Un homme voyait en lui une femme sublime, une femme un homme irrésistible.

    Les dernières fois qu’il lui était apparu, il avait pris l’apparence de l’acteur Johnny Depp. Il avait un visage d’ange ténébreux, les cheveux aux épaules et un sourire si séduisant qu’elle avait failli en oublier les préservatifs.

    Voilà. Ca se passe de commentaires. Ou plutôt, c'est tellement navrant que j'en reste sans voix.

    Comme quoi, c'était mieux quand j'étais étudiante : là, je me serais marré ! Et la lecture commune aurait été pour moi un moyen de rire avec les autres. Mais voilà, avec le temps qui passe (fortement corrélé, on ne sait pourquoi, à des occupations professionnelles et surtout personnelles de plus en plus chronophages), je me transforme en Troll... Et j'en suis la première marrie. Je présente mes plus plates excuses, une deuxième fois, à Lhisbei, pour mon désistement honteux.

    D'autres, beaucoup plus courageux et dignes de confiance que moi, ont réussi cet exploit. Je vous invite donc à aller voir les billets de Lhisbei, Cédric Jeanneret, Gromovar (dont le sarcasme m'a particulièrement ravi), Val, Angua et Calenwenn.... sur cette... chose.



    Collection Nocturnes, Editions Harlequin, 2011.

  • Jaworski en triple

    jean-philippe-jaworski.jpgD'autres blogueurs font d'excellentes revues de blog, tous les mois ou presque, avec talent et abnégation. Ce n'est pas mon cas.

    Mais je ne pouvais pas ne pas relayer cette information : Jean-Philippe Jaworski, auteur de Janua Vera et de Gagner la guerre (qui est, je le rappelle, un de mes romans préférés), publiera non pas un, mais trois nouveaux romans aux Moutons électriques.

    La nouvelle a été annoncée en janvier dans le blog de l'éditeur, en deux articles : l'un sur la publication elle-même, l'autre sur la raison du découpage en trois tomes.

    Je ne peux donc que me réjouir d'une si bonne nouvelle et la partager avec vous. 2013 me tarde !

  • Chroniques martiennes, de Ray Bradbury

    Avant propos : j'ai l'édition la plus ancienne de l'oeuvre, traduite en 1955 par Henri Robillot (édition américaine : 1950). Une nouvelle traduction a été faite en 1997 par Jacques Chambon, où les dates des titres ont été modifiées (reportées de 31 ans) et deux nouvelles ajoutées.

    chroniques martiennes.jpgL'histoire : en 26 nouvelles (ou 28, suivant l'édition), Ray Bradbury raconte l'histoire de la colonisation de Mars par les Terriens de janvier 1999 à octobre 2026. Les premières tentatives se soldent par des échecs retentissants, car les habitants de Mars, d'abord incrédules, se servent ensuite de leur don de télépathie pour éliminer les envahisseurs un par un, les enfermant dans des illusions mortelles.

    Puis les martiens disparaissent progressivement sous le poids de leur civilisation millénaire décadente, leur incapacité à faire face à une telle invasion et... la varicelle.

    Après une phase aventureuse, pionniers en tête, les humains prennent possession de la planète et la transforment en petit paradis des années 50 made in US : pavillons bien tenus, propreté, paix et prospérité.

    Reste que la colonisation de mars ouvre des perspectives inattendues sur terre, ce qui donne une très belle scène de révolte et d'exode des afro-américains maltraités par les red neck du sud des Etats-unis dans la nouvelle Juin 2003 : à travers les airs.

    Alors que la colonisation bat son plein, une guerre se déclare sur Terre. Lorsque celle-ci prend les plus graves proportions, les humains partent de Mars pour aller retrouver leur proches sur Terre. Quelques irréductibles ou distraits restent en arrière, sur une planète à l'abandon.

    La civilisation terrienne elle-même est détruite par les ravages d'une guerre nucléaire. Une destruction évoquée avec force dans la nouvelle Août 2026 : il viendra des pluies douces. Certains tentent de trouver refuge sur une Mars désertée, cette dernière histoire clôturant le cycle des 26 nouvelles.

    Mon avis : j'avais lu ce livre il y a des années, mais j'avoue que j'en gardais un souvenir très flou. Cette petite lecture commune m'a donc rafraîchi la mémoire... et m'a laissée assez ébahie : je n'avais donc rien vu, rien compris à l'époque de ma première lecture ?

    Ces nouvelles, écrites entre 1945 et 1950, sont l'exact reflet du début de la guerre froide entre les Etats-unis et l'URSS, avec la peur du nucléaire, mais aussi la bien-pensance, la suffisance et l'étroitesse d'esprit de la société WASP américaine... Et j'en passe. Ray Bradbury écrit là une critique tranchante de sa civilisation, sous couvert de nouvelles parfois très courtes (une demi-page), souvent poétiques, parfois farfelues, mais aussi empreintes de cynisme. Certains thèmes, comme la censure de la littérature fantastique dans le fabuleux Usher II, seront plus développés plus tard de façon plus radicale encore dans Fahrenheit 451. Le colonialisme y est développé dans ses pires aspects, dénonçant cette propension américaine (occidentale ?) à transformer les terres inconnues en petit chez-soi bien confortable et familier, détruisant toute trace de civilisation plus ancienne sous le rouleau compresseur de ses propres structures.

    Ils apportèrent cinq mille mètres cubes de pin d'Oregon pour construire la dixième cité et vingt six mille mètres de sapin de Californie et ils assemblèrent une coquette petite ville au bord des canaux de pierre. Le dimanche soir, on pouvait voir les vitraux rouges, bleus et verts des églises s'illuminer et entendre des voix chanter les hymnes numérotés.

    Chantons maintenant le 79. Chantons maintenant le 94.

    [...]

    Il semblait, à bien des égards, qu'un énorme tremblement de terre eût descellé toutes les fondations d'une ville d'Iowa, puis, qu'en une seconde, un typhon fabuleux eût transporté la ville entière jusqu'à Mars pour l'y déposer sans une secousse...

    (Février 2003 : Intérim)

    Je garde de cette lecture un sentiment d'admiration : ces histoires sont des bijoux. De tous petits bijoux, qui valent leur pesant d'or au mot, à la virgule près. Mais un terrible sentiment d'amertume m'a poursuivi de la première à la dernière nouvelle. Il y a comme un chagrin, une sorte d'écoeurement, dans ce que Ray Bradbury écrit. Comme s'il n'avait aucune foi en l'homme et en sa capacité de rédemption. Cela a ralenti mon rythme de lecture, ma capacité d'absorption de cette amertume étant limitée à quelques pages par jour.

    Mais, Chroniques martiennes est à mon sens (comme à celui de bien d'autres) une oeuvre majeure et indémodable, inclassable. A découvrir.


    Ce livre a été lu dans le cadre d'une lecture commune lancée par Guillaume le Traqueur, avec la participation de Lorhkan et de Julien le Naufragé.


    Denoël, collection Présence du futur, édition 1955, impression 1978.

    Genre : science-fiction, anticipation

  • Wastburg, de Cédric Ferrand

    wastburg.jpg

    L'histoire : Wastburg est une cité indépendante coincée entre deux bras d'un fleuve, entre deux royaumes qui, au mieux, s'ignorent. Dans un monde où la magie s'est carapatée sans un mot d'excuse, les bourgeois (habitants du bourg, donc) vivent comme ils le peuvent, jonglant avec une corruption galopante, une misère crasse, une tension sociale sur le fil et une totale absence de vision de l'avenir. Le passé magique de la ville pèse de tout son poids, immobilisant la société de Wastburg dans un purgatoire éternel.

    Dans la boue de la cité, le Burmaester est un personnage quasi invisible et récurrent, celui dont tout le monde parle et qu'on ne voit jamais, celui autour duquel gravitent toutes les petites histoires du roman.

    La Garde de la cité constitue le fil rouge du récit. Nous sautons de garde en garde, faisant petit à petit le tour de Wastburg, sous tous ses angles, dans tous ses quartiers. Le tout forme un ensemble de trames secondaires qui tissent la toile de Wastburg, jusqu'à la surprise finale. Mais je ne spoile pas.

    Mon avis : exercice ô combien ingrat ! Critiquer avec franchise et honnêteté le livre d'un type qu'on connaît via son blog, dont on apprécie le travail de blogueur, qui est préfacé par l'auteur d'un de ses plus grands coups de coeur de ces dernières années et édité (sur conseil dudit auteur) par un éditeur dont on aime beaucoup la ligne éditoriale. Ouille.

    L'idée est vraiment originale : un monde construit pour fonctionner avec la magie au quotidien, et qui doit vivre sans. Un monde qui se rétrécit, mais qui lutte pour sa propre survie. Pas de héros ni de quête, ici bas ; c'est la débrouille, l'immoralité et la misère qui prédominent. Et puis, Wastburg propose une superbe vue en coupe d'une cité, avec ses rues et ses arrière-cours, ses gardes et ses blanchons, ses innombrables trafics, la parlure colorée de ses habitants. Un tableau de toute beauté, mais qui est resté, pour moi, un tableau : figé. Sans mouvement, sans émotion, sans dynamique. Je me suis ennuyée. Voilà, c'est dit.

    Je me suis ennuyée, parce que l'histoire n'avance pas, ou tellement lentement qu'on ne sait pas si on va quelque part. Je suis une béotienne, j'ai des "goûts de chiotte", dirait certainement un personnage du roman. J'aime la belle écriture (là, il faut dire que Cédric Ferrand a chiadé sa copie), j'aime les situations originales (ce qui est le cas) mais j'aime aussi quand ça bouge, j'aime le suspens et les cliffhangers, bref, j'aime ce qui constitue bien souvent les blockbusters et les franchises stéréotypées. Puéril, n'est-ce pas ?

    Cela vient peut-être de mon manque d'intérêt pour l'univers des jeux de rôle, où chaque personnage est une histoire et un univers en soi. Cédric Ferrand dit lui-même bien volontiers que son activité de créateur de jeux de rôle a influencé la construction de son récit.

    Alors voilà, je suis fidèle à ma ligne éditoriale : je dis en toute franchise ce que je pense, mais dans ce cas précis, ce n'est pas un exercice très agréable. C'est peut-être pour cette raison que j'ai mis si longtemps à rédiger ce billet (ou comment trouver une excuse débile pour justifier 5 semaines de non publication...).

    Cela posé, je ne peux que vous encourager à vous faire une idée par vous-même. Lisez, car d'autres, bien d'autres, ont aimé.


    Editeur : Les moutons électriques, 2011

    Genre : fantasy crapuleuse

    Lu aussi par Munin, Efelle, Guillaume le Traqueur, Cédric Jeanneret.  Voir également l'interview de l'auteur par Gromovar.

  • Julian, de Robert Charles Wilson

     Julian.gifL'histoire : Adam est le meilleur ami de Julian. Adam est pauvre et de basse caste ; Julian est le neveu du Président. Adam est candide en ce qui concerne la vie, la religion, l'histoire, la politique et la société. Julian est cultivé, informé et doté d'un solide sens critique. Adam s'est mis en tête de raconter l'histoire de Julian. Adam et Julian vivent dans les années 2170, bien longtemps après que notre civilisation décadente ait disparu, faute de combustible. Plus de pétrole. En revanche, il y a toujours des Etats-Unis, affaiblis par une guerre en cours contre les européens. Il y a surtout l'Église du Dominion, une supra-église qui chapeaute divers cultes, leur reconnait ou non le droit d'exister et protège la population des réminiscences diaboliques de l'ère précédente en imposant son imprimatur à toutes les oeuvres éditées.

    Adam et Julian désertent le village natal d'Adam, dans lequel Julian était en villégiature, pour échapper à la conscription - et à la volonté du Président de faire tuer son neveu dans une campagne militaire, histoire que cela ne paraisse pas trop délibéré. Pas de chance, les compères se font enrôler de force quelques temps plus tard. Adam et Julian parcourent alors ensemble leur pays, livrent bataille, perdent, gagnent, l'un se marie pendant que l'autre devient président.. Oups, j'ai spoilé.

    Mon avis : L'idée de départ est bonne. Une société américaine post pétrole est un sujet de roman passionnant. Las, il m'a fallu deux mois et demi pour lire ce roman ! Et sur ces 10 semaines, rien moins que 7 pour en lire la première moitié. Car la candeur d'Adam frise la crétinerie. Toute plausible (et intrinsèquement critique) qu'elle soit, j'ai trouvé cette posture intellectuelle parfaitement ennuyeuse à la lecture. Je comprends que l'auteur ait voulu nous faire découvrir sa société post-apocalyptique par le petit bout de la lorgnette, un personnage qui soit un pur produit de la propagande et de la censure ambiante. Mais son seul point de vue ampute le roman d'une dynamique qui aurait été bienvenue au milieu de ce récit lénifiant, parfois pontifiant.

    Comme le narrateur Adam se déflore un peu avec le temps - d'un point de vue politique et philosophique, s'entend - il devient moins pénible de le lire dans la deuxième moitié du roman. En revanche, on ne s'attache jamais aux personnages principaux, ce qui finit par être inconfortable dans un long roman de presque 600 pages. Il y a bien des références et des clins d'oeil à Dickens et autres grands auteurs classiques américains, mais finalement, peu me chaut.

    Je ne suis allée au bout de ce récit que pour deux raisons : Guillaume me l'a conseillé (j'écoute toujours les conseils de Guillaume), et c'est l'un des rares livres que j'ai acheté pour moi-même cette année. En dehors des livres de David Weber, c'est en fait le seul. Je regrette de l'avoir acheté (j'aurais préféré l'emprunter !).

    Espérons que ma prochaine expérience avec Robert Charles Wilson soit meilleure - cela dit, j'avais essayé Spin il y a un certain temps, que j'avais abandonné au bout de quelques pages...


    Edition : Denoël, 2011

    Genre : anticipation


  • La servante écarlate, de Margaret Atwood

    Margaret-Atwood-La-Servante-ecarlate.gifLa servante écarlate est un roman de Margaret Atwood, auteur canadienne éclectique (roman classique, roman d'anticipation, poésie... Elle sait tout faire).

    L'histoire : Dans un futur indéterminé, la République de Gilead est une dictature installée sur le territoire des anciens Etats-Unis d'Amérique. Defred est servante écarlate - reproductrice, "utérus sur pattes", dit-elle - chez le Commandant. Defred n'est pas son vrai nom, c'est le nom par lequel on la désigne tant qu'elle est de service chez ce Commandant. Via son journal, dont chaque mot est pesé, nous découvrons la société dans laquelle elle évolue, un récit entrecoupé des souvenirs de Defred lorsqu'elle avait un amant et un enfant, lorsqu'elle travaillait et qu'elle était libre de faire ce que bon lui semblait. Aujourd'hui, les femmes fertiles sont devenues extrêmement rares et les trois quarts des enfants conçus ne sont pas viables, sans doute à cause d'une pollution chimique de l'air, du sol ou de l'eau. Et puis, il y a une guerre. Indéterminée, lointaine, mais une guerre présente dans l'esprit de tous, qu'on ne laisse personne oublier.

    La République de Gilead a choisi la voie étroite pour protéger sa population : elle l'a asservi, faisant plier hommes et femmes sous le joug de dogmes religieux d'une extrême sévérité au service du pouvoir politique. Tout cela, nous le devinons à travers les voiles blancs de Defred, son regard baissé, son quotidien fantômatique et l'infinie liste de tabous dont est constituée sa vie. Les gens autour d'elle n'ont pas de nom, seulement des fonctions : Commandants, Epouses, Marthas (chargées des tâches ménagères), Anges (soldats), Yeux (police politique)... Avec Defred, on assiste à une naissance, un procès et une exécution, mais surtout au quotidien de ces femmes privées de liberté, d'information et de dignité et, indirectement, de ces hommes tout autant victimes de ce système répressif basé sur la délation. Chaque mot, mais aussi chaque geste, est surveillé et contrôlé. Defred n'a même pas le choix de mourir...

    Mon avis : j'ai été destabilisée par le ton très intimiste de ce roman, qui relève paradoxalement (même si ce n'est pas paradoxal pour tout le monde) de la dystopie et de l'anticipation sociale féministe. C'est un journal intime, un monologue intérieur monotone et répétitif, centré sur les infimes détails du quotidien sans saveur de la narratrice, quasi dépourvu d'action. Tout ce qui, a priori, me fait prendre mes jambes à mon cou en matière de littérature. Et j'avoue que c'est ce que j'aurais volontiers fait s'il n'y avait eu ce contexte si particulier. L'étouffement quotidien dans un régime de terreur, le traitement malheureusement déjà d'actualité de la stérilité due à la pollution sont quelques uns des éléments qui m'ont menée jusqu'au bout du roman.

    Si je n'ai pas été transportée d'enthousiasme par le récit, celui-ci m'a pourtant laissé une impression profonde et durable. Comme une amertume trop pertinente pour être ignorée, mais aussi trop forte pour être appréciée... (Comprenne qui voudra).


    éditions : ROBERT LAFFONT ou J’AI LU
    Genre : anticipation, dystopie

    CITRIQ