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condition féminine

  • La servante écarlate, de Margaret Atwood

    Margaret-Atwood-La-Servante-ecarlate.gifLa servante écarlate est un roman de Margaret Atwood, auteur canadienne éclectique (roman classique, roman d'anticipation, poésie... Elle sait tout faire).

    L'histoire : Dans un futur indéterminé, la République de Gilead est une dictature installée sur le territoire des anciens Etats-Unis d'Amérique. Defred est servante écarlate - reproductrice, "utérus sur pattes", dit-elle - chez le Commandant. Defred n'est pas son vrai nom, c'est le nom par lequel on la désigne tant qu'elle est de service chez ce Commandant. Via son journal, dont chaque mot est pesé, nous découvrons la société dans laquelle elle évolue, un récit entrecoupé des souvenirs de Defred lorsqu'elle avait un amant et un enfant, lorsqu'elle travaillait et qu'elle était libre de faire ce que bon lui semblait. Aujourd'hui, les femmes fertiles sont devenues extrêmement rares et les trois quarts des enfants conçus ne sont pas viables, sans doute à cause d'une pollution chimique de l'air, du sol ou de l'eau. Et puis, il y a une guerre. Indéterminée, lointaine, mais une guerre présente dans l'esprit de tous, qu'on ne laisse personne oublier.

    La République de Gilead a choisi la voie étroite pour protéger sa population : elle l'a asservi, faisant plier hommes et femmes sous le joug de dogmes religieux d'une extrême sévérité au service du pouvoir politique. Tout cela, nous le devinons à travers les voiles blancs de Defred, son regard baissé, son quotidien fantômatique et l'infinie liste de tabous dont est constituée sa vie. Les gens autour d'elle n'ont pas de nom, seulement des fonctions : Commandants, Epouses, Marthas (chargées des tâches ménagères), Anges (soldats), Yeux (police politique)... Avec Defred, on assiste à une naissance, un procès et une exécution, mais surtout au quotidien de ces femmes privées de liberté, d'information et de dignité et, indirectement, de ces hommes tout autant victimes de ce système répressif basé sur la délation. Chaque mot, mais aussi chaque geste, est surveillé et contrôlé. Defred n'a même pas le choix de mourir...

    Mon avis : j'ai été destabilisée par le ton très intimiste de ce roman, qui relève paradoxalement (même si ce n'est pas paradoxal pour tout le monde) de la dystopie et de l'anticipation sociale féministe. C'est un journal intime, un monologue intérieur monotone et répétitif, centré sur les infimes détails du quotidien sans saveur de la narratrice, quasi dépourvu d'action. Tout ce qui, a priori, me fait prendre mes jambes à mon cou en matière de littérature. Et j'avoue que c'est ce que j'aurais volontiers fait s'il n'y avait eu ce contexte si particulier. L'étouffement quotidien dans un régime de terreur, le traitement malheureusement déjà d'actualité de la stérilité due à la pollution sont quelques uns des éléments qui m'ont menée jusqu'au bout du roman.

    Si je n'ai pas été transportée d'enthousiasme par le récit, celui-ci m'a pourtant laissé une impression profonde et durable. Comme une amertume trop pertinente pour être ignorée, mais aussi trop forte pour être appréciée... (Comprenne qui voudra).


    éditions : ROBERT LAFFONT ou J’AI LU
    Genre : anticipation, dystopie

    CITRIQ