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fantasy noire

  • Wastburg, de Cédric Ferrand

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    L'histoire : Wastburg est une cité indépendante coincée entre deux bras d'un fleuve, entre deux royaumes qui, au mieux, s'ignorent. Dans un monde où la magie s'est carapatée sans un mot d'excuse, les bourgeois (habitants du bourg, donc) vivent comme ils le peuvent, jonglant avec une corruption galopante, une misère crasse, une tension sociale sur le fil et une totale absence de vision de l'avenir. Le passé magique de la ville pèse de tout son poids, immobilisant la société de Wastburg dans un purgatoire éternel.

    Dans la boue de la cité, le Burmaester est un personnage quasi invisible et récurrent, celui dont tout le monde parle et qu'on ne voit jamais, celui autour duquel gravitent toutes les petites histoires du roman.

    La Garde de la cité constitue le fil rouge du récit. Nous sautons de garde en garde, faisant petit à petit le tour de Wastburg, sous tous ses angles, dans tous ses quartiers. Le tout forme un ensemble de trames secondaires qui tissent la toile de Wastburg, jusqu'à la surprise finale. Mais je ne spoile pas.

    Mon avis : exercice ô combien ingrat ! Critiquer avec franchise et honnêteté le livre d'un type qu'on connaît via son blog, dont on apprécie le travail de blogueur, qui est préfacé par l'auteur d'un de ses plus grands coups de coeur de ces dernières années et édité (sur conseil dudit auteur) par un éditeur dont on aime beaucoup la ligne éditoriale. Ouille.

    L'idée est vraiment originale : un monde construit pour fonctionner avec la magie au quotidien, et qui doit vivre sans. Un monde qui se rétrécit, mais qui lutte pour sa propre survie. Pas de héros ni de quête, ici bas ; c'est la débrouille, l'immoralité et la misère qui prédominent. Et puis, Wastburg propose une superbe vue en coupe d'une cité, avec ses rues et ses arrière-cours, ses gardes et ses blanchons, ses innombrables trafics, la parlure colorée de ses habitants. Un tableau de toute beauté, mais qui est resté, pour moi, un tableau : figé. Sans mouvement, sans émotion, sans dynamique. Je me suis ennuyée. Voilà, c'est dit.

    Je me suis ennuyée, parce que l'histoire n'avance pas, ou tellement lentement qu'on ne sait pas si on va quelque part. Je suis une béotienne, j'ai des "goûts de chiotte", dirait certainement un personnage du roman. J'aime la belle écriture (là, il faut dire que Cédric Ferrand a chiadé sa copie), j'aime les situations originales (ce qui est le cas) mais j'aime aussi quand ça bouge, j'aime le suspens et les cliffhangers, bref, j'aime ce qui constitue bien souvent les blockbusters et les franchises stéréotypées. Puéril, n'est-ce pas ?

    Cela vient peut-être de mon manque d'intérêt pour l'univers des jeux de rôle, où chaque personnage est une histoire et un univers en soi. Cédric Ferrand dit lui-même bien volontiers que son activité de créateur de jeux de rôle a influencé la construction de son récit.

    Alors voilà, je suis fidèle à ma ligne éditoriale : je dis en toute franchise ce que je pense, mais dans ce cas précis, ce n'est pas un exercice très agréable. C'est peut-être pour cette raison que j'ai mis si longtemps à rédiger ce billet (ou comment trouver une excuse débile pour justifier 5 semaines de non publication...).

    Cela posé, je ne peux que vous encourager à vous faire une idée par vous-même. Lisez, car d'autres, bien d'autres, ont aimé.


    Editeur : Les moutons électriques, 2011

    Genre : fantasy crapuleuse

    Lu aussi par Munin, Efelle, Guillaume le Traqueur, Cédric Jeanneret.  Voir également l'interview de l'auteur par Gromovar.