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Le Déchronologue, de Stéphane Beauverger

Déroutant. Surprenant. Turbulent. Dérangeant.

Le Déchronologue, de Stéphane Beauverger, est tout cela à la fois.

 

Rédigé dans un langage travaillé, qui reprend les élégantes tournures du 17e siècle juxtaposées à de véritables morceaux de bravoure en argot de la flibuste, le roman déroule au petit bonheur la vie et les réflexions d'Henri Villon, capitaine de vaisseau dans les Caraïbes. "Au petit bonheur", parce que le récit se découpe en chapitres distribué en dépit du sens commun, ne respectant en rien la chronologie des faits. Naturellement, au vu du titre, on se dit qu'il y a baleine sous gravier. Et on fait bien.

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Henri Villon, apprend-on vite, préside aux destinées du Toujours Debout - à moins que ce ne soit le Chronos. Ou encore le Déchronologue. Bref, il est capitaine de navire, libre marchand, pirate, flibustier à ses heures. De chapitre en chapitre, il nous raconte sa vie de marin expérimenté et de français  huguenot dans une zone largement dominée par les espagnols, indécrottables papistes et définitivement impérialistes.

Les Caraïbes du 17e siècle prennent littéralement vie sous nos yeux, avec son climat étouffant, ses rixes de taverne, ses comptoirs plus ou moins légaux disséminés dans une multitude d'îles, et son tafia, qui coule à flots quasi ininterrompus dans le gosier des marins - et  dans celui du capitaine Villon en particulier. Mais ce monde est bouleversé par des incohérences temporelles qui le rendent parfois illisible, incompréhensible. Les fans de Johnny Depp en capitaine Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes (un rôle absolument sur mesure pour lui, soit dit en passant) risquent de ne pas y retrouver leurs petits.

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Le récit étant totalement déconstruit, il est assez difficile d'en raconter la trame sans en révéler les parties clés. Disons que Henri Villon, lorsqu'il est aux commandes du Déchronologue, détient une force de frappe inédite, faite de minutes et de secondes. Et que, grâce à celle-ci, il contient des flottes venues d'un autre temps. Pourquoi, comment, pour qui ? Ces réponses sont distillées tout au long d'une histoire qui semble n'avoir ni queue ni tête. Et pourtant, à la fin, on comprend. Et on n'a qu'une envie, c'est de le relire dans l'ordre. Mais quel ordre ? Car finalement, la trame du temps n'a plus aucun sens.

Le Déchronologue n'est peut-être pas suffisamment prenant pour être lu par un très grand nombre, étant donné son originalité, mais il s'agit là d'une vraie curiosité dans l'univers littéraire.


A lire aussi chez : Efelle

Ed. La Volte , 2009

Genre : uchronie, science-fiction, aventure

Commentaires

  • C'est pas la première fois que j'en entends du bien, il commence à me faire sacrément de l'oeil ce bouquin!

  • J'espère qu'il te plaira. Mais attention, il est déroutant. Il faut avoir l'esprit disponible. Bon courage !!

  • Un de mes favoris pour 2010, c'est un roman que j'ai beaucoup aimé pour sa déconstruction et son jeu de tons dans les phrasés de forbans! ;-)

  • Les dialogues sont très bons, je partage ton enthousiasme sur ce point. La déconstruction m'a quand même déstabilisée ; je le conseille à ceux qui ont l'esprit très disponible, sinon on peut décrocher rapidement.

  • Là dessus je suis d'accord avec toi. J'en connais à qui la déconstruction ne l'a pas fait. Si on sait à quoi s'attendre, alors on n'a pas de mauvaise surprise.

  • Le côté "pas suffisamment prenant", pressenti au travers des critiques déjà lues, m'en a tenue éloignée.

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