Il y a eu Nouvelles du pays des camés [1] et Nouvelles du pays des camés [2]. C'était il y a longtemps, certes. Mais l'hiver fut long et difficile, et j'ai regardé beaucoup de série. Alors donc, aujourd'hui, voici le troisième épisode relatant mon addiction aux séries télé.
Jessica Jones saison 2
Dans cette saison, Jessica Jones, toujours aussi dépressive, doit retourner le couteau dans la plaie et se pencher sur les circonstances de son sauvetage après l'accident qui a tué sa famille. Elle doit tenter de retrouver les responsables de la société IGH, qui l'ont transformée en super héroïne contre son gré, alors même qu'elle souffre d'amnésie pour cet événement.
Un élément des plus marquants de la saison est la très impressionnante partition de Jeri Hogarth, manipulatrice et manipulée, puissante et fragile. Personnage secondaire présente dans toutes les séries Marvel, elle prend ici une épaisseur et une dimension tragique.
Cette seconde saison de Jessica Jones expose une magnifique relation mère-fille, une interprétation brillante de la problématique familiale : le lien filial est simple, mais il n'est pas facile. Il est évident, mais il est ardu à assumer. La scène du dénouement du dernier épisode, dans la grande roue, est d'une beauté indicible.
J'ai beaucoup apprécié cette deuxième saison, autant que la première. La musique, la photo, la réalisation lente, l'atmosphère... Tout me plaît. Jessica Jones devient décidément une de mes séries de référence.
Sense8 saison 2
C'est une honte, c'est un scandale : Sense8 n'a pas été renouvelé pour une troisième saison. La bronca des fans furieux n'a poussé le producteur qu'à la réalisation d'un épisode final de deux heures, diffusé le 8 juin 2018. C'est évidemment mieux que rien, mais on se croirait revenu 15 ans en arrière, quand Firefly avait été annulé.
Mais parlons de la deuxième saison de Sense8. Mmmm... En fait, il est très difficile de parler de Sense8. Cette série se regarde, s'écoute, se ressent, mais elle se raconte mal. Chacun des huit personnages évolue, et avec lui les sept autres, à travers leur connexion télépathique et empathique. J'apprécie particulièrement l'exploration des zones grises de chaque personnage, animé de sentiments humains, pas toujours nobles, qui s'expriment par des pleurs, de la souffrance, de la violence, mais aussi de l'émerveillement, de l'amour, un l'élan vers l'autre.
Cette série prend aux tripes et ne nous lâche pas, pourvu que la suspension d'incrédulité fonctionne. Elle compte des défauts, comme des maladresses scénaristiques un peu lourdingues, un rythme inégal, mais reste une oeuvre à vivre, bien plus qu'à consommer. Un must.
Star trek Discovery saison 1
Je ne suis pas une trekkie historique. J'ai donc abordé cette nouvelle série Star trek avec candeur et sans a priori.
Après un début un peu poussif pour l'exposition du contexte, les aventures du lieutenant Michael Burnham (Sonequa Martin-Green) se suivent avec intérêt. Son personnage est complexe d'emblée : officier animé de bonnes intentions, elle veut se racheter pour une faute qui déclenche une guerre entre son peuple et les Klingons et provoque la mort de son mentor, Philippa Georgiou (Michelle Yeoh) mais elle finit par être jugé, à raison, pour trahison et condamnée à la prison. Tout cela dans les deux premiers épisodes... Burnham est ensuite récupérée par le capitaine Gabriel Lorca (Jason Isaacs) pour l'aider dans une mission de recherche scientifique ultra secrète menée sur le vaisseau Discovery. Lorca est déterminé, intrigant, pas franchement sympathique mais tout à fait fascinant.
Les personnages secondaires sont soignés, tels Saru, l'officier en second qui retrouve avec beaucoup de déplaisir Burnham sur le Discovery, Tilly l'enseigne pleine d'optimisme, le très pénible mais brillant mycologue Paul Stamets et Ash Tyler le rescapé. Je mettrai un très moyen 9/20 au jeu peu crédible de Shazad Latif, qui incarne plutôt mal Ash Tyler. Les autres comédiens sont très bons et servent bien l'histoire.
J'ai adoré Michael Burnham, et j'ai carrrément tripé sur le capitaine Lorca. Jamais je n'avais pensé que Jason Isaacs pouvait être sexy... Bon acteur, oui. Mais fantasmé ? J'en ai été la première surprise.
Cette première saison de Discovery propose des retournements de situation surprenants et lance plutôt bien la saison deux à venir. A découvrir.
The Crown saisons 1 et 2
La seule série "blanche" de cette sélection. The Crown retrace les premières années de règne de la reine Elizabeth 2, depuis son mariage controversé avec le Prince Philip jusqu'à la crise du canal de Suez en 1956 en passant par le grand Smog de Londres en 1952. La série propose une visite de l'intérieur de Buckingham, en joignant habilement les faits historiques avérés et les développements fictionnels de la vie privée de la reine d'Angleterre. Une gageure quand on sait à quel point la famille royale est mutique sur sa vie privée.
Claire Foy dans le rôle titre est une révélation, extrêmement bien servie par la qualité de la reconstitution et de la réalisation. J'aurai hâte de la revoir dans d'autres rôles. Elle est accompagnée d'excellents acteurs tels que Victoria Hamilton, Vanessa Kirky ou encore Alex Jennings dans le rôle de inénarrable ex-roi Edouard VIII.
La vie de la reine d'Angleterre vue de l'intérieur : c'est ainsi que la série propose une vision du rôle de la monarchie dans le fonctionnement du Royaume-Uni, rôle millimétré dicté par de longs siècles d'histoire. The Crown permet de saisir pourquoi les changements et les modernisations sont extrêmement lents et difficiles à mener dans ce milieu si particulier, et, sans être laudatif, le fardeau de la fonction royale.
Bref, The Crown est une excellente série historique, qui a la particularité de parler de personnes toujours vivantes, et qui m'a permis de mieux comprendre certaines dynamiques politiques au Royaume-Uni.
Altered Carbon, saison 1
Takeshi Kovacs, un ancien soldat d'élite, est réveillé 250 ans après sa mort par Laurens Bancroft, l'homme le plus riche du monde, alors âgé de plus de 300 ans. Pour gagner sa liberté, Kovacs doit résoudre le meurtre de son employeur, quand tous les indices semblent pointer un suicide. Découvrant ce nouveau monde où la mort n'est plus qu'une formalité, il rencontre Kristin Ortega, une policière qui s'intéresse à lui et une IA facétieuse dirigeant un hôtel. Il finit par accepter d'enquêter sur le meurtre.
Adapté du roman de Richard Morgan, Altered Carbon (Carbone modifié) est une série d'anticipation sombre et intéressante, qui propose des personnages complexes, traînant littéralement derrière eux une longue histoire semée de morts. Les acteurs sont excellents, Joël Kinnaman et Will Yun Lee en tête. Mais une photo épouvantable et une réalisation poussive gâchent énormément le résultat.
Mon bilan est donc mitigé pour cette série qui a su tirer partie du roman pour en faire un scénario intéressant et embaucher de bons acteurs, mais qui souffre d'un gros problème de réalisation.
Lost in Space (2018)
En 2046, John et Maureen Robinson et leurs trois enfants, Judy, Penny et Will, embarquent à bord du Résolution, tout comme d'autres familles à destination d'Alpha du Centaure, pour devenir colons. Mais un incident durant leur voyage les contraint à atterrir sur une planète inconnue. Les bien nommés Robinsons vont devoir faire de nouvelles alliances et travailler ensemble pour survivre dans un environnement hostile, à des années lumières de leur destination prévue.
Série familiale, Lost in Space propose un récit d'aventure de l'espace (du vrai space opera, coucou le Summer Star Wars !) en prenant pour point de départ la plus ou moins fonctionnelle famille Robinson, où la mère, Maureen, tient la barre avec vigueur et sans-froid. J'ai beaucoup apprécié la richesse des personnages, les Robinson eux-mêmes comme les autres rescapés. Des gentils, des méchants, des entre-deux, des gens qui changent : malgré une distribution forcément réduite par le scénario lui-même, la variété est là.
Molly Parker en ingénieure et mère de famille et Toby Stephens en père qui cherche sa place (je l'avais beaucoup aimé dans Meurs un autre jour, ça se confirme dans ce rôle très différent) sont excellents ; les enfants aussi : Will attire l'affection des téléspectateurs comme le miel les mouches, servi par un très bon jeune comédien de 13 ans, Maxwell Jenkins. La réalisation tient le rythme, dans de beaux décors naturels. Les Jupiter, navettes spatiales familiales normalement arrimées au Résolution, sont graphiquement bien rendues et deviennent très naturellement notre seconde maison.
Bref, je me suis sentie chez moi chez les Robinson. En 10 heures de visionnage sur cette première saison, j'ai pris mon pied. J'attends la deuxième !
Rendez-vous bientôt (hin hin hin, la bonne blague) pour un prochain épisode de Nouvelles du pays des camés !