Résumé : La jeune Faon Prébleu quitte la ferme pour trouver du travail dans la ville de Forgeverre. Sur la route, elle croise un groupe de Marcheurs du Lac, d'énigmatiques soldats sorciers qui luttent contre les êtres malfaisants. Ces Marcheurs pratiqueraient la magie noire, le cannibalisme et ne possèderaient que leurs vêtements et leurs armes, de mystérieux couteaux faits en os humains. Quand Faon est enlevée par l'un des êtres malfaisants que traque la patrouille de Dag Hickory, celui-ci vole à son secours. Un accident étrange se produit, qui lie alors leurs destins.
NB : je mets ci-contre la couverture de l'édition anglo-saxonne, parce que je n'aime vraiment pas celles de l'édition française.
Mon avis : Le couteau du partage est une série de fantasy en 4 volumes de l'autrice de la Saga Vorkosigan (chroniquée par mes soins ici, là, et même là), constitué d'Ensorcellement, Héritage, Passage et Horizon.
Étant devenue une inconditionnelle de Miles Vorkosigan, j'ai voulu voir ce que Lois McMaster Bujold faisait quand elle n'écrivait pas de la science-fiction. Je sais que sa série de fantasy la plus connue est le Cycle de Chalion, multiprimé (Hugo, Nebula et Locus, excusez du peu !). Je le lirai certainement dans quelques temps. Le couteau du partage est moins connu, mais bon... Il faisait partie d'une OP Bragelonne.
Les aventures de Faon Prébleu et Dag Hickory Ailes Rouges nous entrainent dans un monde plutôt rural, où la population est divisée en deux catégories : les Marcheurs du Lac, dotés d'une certaine magie, et les autres. Ces autres qu'on appellerait « moldus » dans Harry Potter, et que les Marcheurs du Lac nomment « fermiers », qu'ils soient paysans ou citadins. Deux populations qui ne se mélangent pas, ne se parlent que très peu et, qui, logiquement, se méfient beaucoup les unes des autres.
Lorsque Faon Prébleu se fait enlever par des hommes de vase, elle entre sans le savoir - ni le vouloir - dans l'univers étranger des Marcheurs du Lac. En effet, ceux-ci ont dédié leurs vies, depuis des générations, à l'éradication de ce qu'ils appellent les êtres malfaisants, que les fermiers nomment spectres. Une mission liée à leurs pouvoirs magiques. Or, les hommes de vases sont des ersatz d'humains fabriqués par les spectres pour les servir. Dag Hickory accompli donc sa mission en profitant de l'enlèvement de la jeune paysanne pour repérer la tanière de l'être malfaisant et le tuer. Sauf que, fait exceptionnel, c'est Faon qui tue le spectre, avec le couteau du partage de Dag. Dag et Faon se retrouvent donc liés de façon tout à fait inhabituelle par la mort de l'être malfaisant, et doivent composer l'un avec l'autre. Et plus si affinité, naturellement.
Les couteaux du partage sont à l'origine de toutes les légendes terrifiantes qui entourent les Marcheurs du Lacs chez les fermiers. Ils sont en effet fabriqués en os humain et emprisonnent dans leur essence la mort d'un autre humain. Mal comprises et parcellaires, ces informations entretiennent la réputation de cannibalisme des Marcheurs. Faon se retrouve donc en première ligne pour apprendre, à la source, ce qu'il en est exactement, et met ainsi un pied dans la culture et les traditions peu tolérantes des Marcheurs du Lac. Pour Dag, c'est l'occasion de comprendre ce qui se passe dans la tête des fermiers, et de reconnaître que leur méfiance a de solides racines.
Les 4 tomes de la série développent donc la rencontre de ces deux mondes, qui apprennent, à travers le couple, à s'apprivoiser et à reconnaître leur complémentarité dans leurs différences. Une longue quête d'harmonie, pas toujours couronnée de succès, comme dans la vraie vie. En cela, les romans sont teintés d'un réalisme assez surprenant dans une oeuvre de fantasy, mais qui l'est moins quand on sait qui les a écrit. Le récit ne joue pas la carte sensationnelle, le rythme est posé et progressif. De la fantasy pépère, un brin. Mais de la fantasy qui donne envie de savoir la suite, parce que son propos est intelligent.
Dans Le Couteau du partage, j'ai retrouvé une partie de ce qui me séduit chez Lois McMaster Bujold : des personnages complexes, réalistes et attachants, qui évoluent et qui cherchent à créer du lien, quelles que soient les difficultés rencontrées. Et puis, toujours chez elle, un discours sous-jacent prégnant, sans originalité peut-être (comment s'entendre quand on est différent ?), mais qui, s'il était inutile, n'apparaitrait plus depuis longtemps dans les oeuvres de fiction.
Le couteau du partage, c'est donc une fantasy posée et travaillée sous des dehors faciles. Un peu comme du Mozart : c'est évident à écouter/lire, mais diablement difficile à réaliser soi-même. Un vrai plaisir de lecture, où on n'a pas l'impression de perdre son temps même si on est obligé de le prendre. L'oeuvre, que je pressens assez mineure dans le corpus de Lois McMaster Bujold, me donne donc diablement envie de découvrir le Cycle de Chalion.
Genre : fantasy tranquille
Commentaires
J'avais dans l'idée de tester un jour les livres fantasy de cette autrice dont j'ai adoré la saga Vorkosigan, et ta chronique me conforte dans l'idée que je peux passer un bon moment (même si je savais déjà que c'était forcement moins bon xD).
Bonne découverte de Chalion donc =)
Merci, et bonne découverte à toi aussi !
Je me rends compte que je ne me suis jamais intéressé à cette auteur. Tu me donnes envie d'y regarder de plus près tiens. ^^
Je recommande particulièrement la Saga Vorkosigan, mais cette petite série de fantasy est tout à fait lisible. Fais-toi plaisir !
Je plussoie Baroona ^^
Ton article réveille en moi une envie de lire de la fantasy en plus, c'est pas banal !
Comme pour Baroona, et surtout connaissant tes goûts habituels : je te recommande de lire d'abord la Saga Vorkosigan. Inégale au vu de l'importance du corpus (20 romans et nouvelles traduits en français), mais diablement maligne et addictive.
Lois McMaster Bujold est une grande auteur de SF et de fantasy, injustement méconnue...C'est comme La Fontaine, ça semble évident et simple, mais c'est extrêmement travaillé...
Et puis un vrai plaisir de lecture !
La Fontaine, Mozart... Où nous arrêterons-nous ? ;)
Peut-être sommes-nous un brin trop enthousiastes, mais j'insiste, comme toi, sur le plaisir ressenti à la lecture de cette autrice. Il n'est pas si courant de se sentir aussi proche des personnages qu'elle invente et met en scène.