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Impromptu - Page 10

  • Les oniriques, chapitre 2

    Pour la deuxième fois, Les Oniriques avaient lieu à Meyzieu, organisées par la médiathèque majolane et une flopée d'associations, du 6 au 8 mars. Le major Tom Ratsworth menait la danse en tant que mascotte officielle.

    J'y étais en 2013, je devais y être en 2015.

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  • L'école des assassins, de Thomas Day et Ugo Bellagamba

    Court roman - ou novella - de 150 pages, L'école des assassins est ma première incursion dans l'oeuvre d'Ugo Bellagamba - j'avais déjà lu du Thomas Day, même si je n'en ai pas forcément fait état ici.

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  • Les âmes envolées, de Nicolas Le Breton

    steampunk,science-fiction,uchronie,belle époqueLes âmes envolées est le premier roman de l'imaginaire de Nicolas Le Breton. Ayant commis auparavant quelques romans historiques et policiers dans le Lyon du Moyen-Âge, Nicolas Le Breton n'est pas un novice en matière d'écriture. Il a même rédigé un essai sur les grands criminels lyonnais.

    Lyon, lyonnais... Autant d'indices, qui, tels des petits cailloux, auront frappé l'esprit observateur de mon auguste lectorat. Un soupçon de chauvinisme régionaliste ne poindrait-il pas à l'horizon de ce blog ? Ne sautons pas trop vite aux conclusions, et allons plutôt voir de quoi il retourne.

    Les âmes envolées est un roman uchronique steampunk dans lequel on peut même croiser des zombies. Dit comme cela, on dirait un joyeux fourre-tout. Mais voyons plutôt le quatrième de couverture :

    « L’automobile n’a jamais été inventée. On parcourt le monde en ballons, dirigeables et autres aérostats. En cette année 1912 monsieur Louis Lépine, préfet de Seine et père du célèbre concours, s’embarque dans une drôle d’affaire. Des morts qui s’animent et enlèvent de belles dames et de savants messieurs (ou l’inverse). Des moteurs étranges qui soufflent le feu et le froid. Des automates fous et des mécaniques hantées. Une conspiration qui éclaire sinistrement les enjeux secrets de la Première Guerre mondiale.

    Dans une course de Paris aux Indes, de l’Himalaya aux champs de bataille d’Ypres, un roman échevelé, qui swingue comme les premières notes d’un jazz endiablé, qui gigue comme le pont du dirigeable dans la tempête, qui siffle de vapeur sous pression et chauffe comme une section de cuivres bien lubrifiée.

    Ah, l’ivresse des altitudes ! Il y a de quoi en perdre son chapeau. »

     

     

    Je dois t'avouer quelque chose, ami lecteur : j'ai commencé ce livre pour des raisons qui, dans l'esprit de certains, pourrait manquer de noblesse, parce que de gratuité d'intention. Je l'ai lu parce que je reçois l'auteur dans ma médiathèque bientôt. Pas pour parler de ce livre là, mais bon, quand on est un bon bibliothécaire, on bosse la biblio de ses invités.

    Ben tu sais quoi ? Je ne regrette tellement pas ma lecture que je crois que je vais même avoir du mal à parler (et d'ailleurs à commencer de lire...) le livre pour lequel je le fais venir.

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    Louis Lépine, sémillant et bondissant retraité, héros de notre roman.

     

    Comme le disait ma blogopote Lhisbei sur quelque réseau social, « je soupçonne l'auteur d'être un authentique romantique ». Oui, Les âmes envolées porte un romantisme effréné, empli de vent, de hauteur d'âme, de vision et de vue (depuis un dirigeable, c'est plus aisé), un romantisme universel aussi, car toutes les amours y ont droit de cité. Roman romantique, roman romanesque dans la plus noble tradition initiée par Alexandre Dumas père, roman d'aventures, roman de science-fiction et roman uchronique : un heureux mélange, porté par une langue élégante, variée, précise comme un scalpel, mais aussi délicate et inspirante - j'ai parfois dû avoir recours à mon dictionnaire...

    La connaissance encyclopédique de l'auteur sur la société de la Belle époque et de la première guerre mondiale est un délice dans le cadre de son uchronie. Tout est tellement précis que le transfert de la réalité des moteurs de voiture à la fiction des dirigeables est parfaitement naturel. Le fait que le récit soit porté essentiellement par le préfet Lépine est un coup de maître, puisque son invention du concours éponyme (bien réel celui-ci) autorise le héros à sortir de son chapeau - souvent littéralement - toutes sortes d'inventions steampunk loufoques et terriblement séduisantes, sifflantes et vibrionnantes. Le roman donne vie à une constellation de machineries à vapeur, de modèles de dirigeables, d'armes inconnues de la plus belle eau steampunk.

    J'ai apprécié les références au mythe le plus célèbre du début du XXe siècle, Shangri-La, un lieu imaginaire décrit dans Les horizons perdus de James Hilton. Mais, tu me connais, ami lecteur, j'ai aussi grandement salué le personnage de la baronne Léontine de Laroche, pilote émérite et téméraire, que ni les corsets ni les convenances n'arrêtent jamais. Les personnages secondaires sont nombreux, souvent issus de l'Histoire, apportant ainsi un piment indéniable à ce récit rocambolesque assumé : la bande à Bonnot, le président Clémenceau, Alexis Carrel et Edmond Locard, tous deux éminents scientifiques lyonnais du début du siècle dernier.

    Bref, une lecture qui m'a emplie de joie et de plaisir, que je recommande à tout amoureux d'aventures et de beau langage.

     

    Visitez le blog de Nicolas Le Breton et découvrez sa passion (très steampunk) pour le musée Testut-Latarjet.

     

    Genre : uchronie, steampunk, science-fiction, policier

    Edition : Les moutons électriques, 2014

     

  • Charlie Hebdo

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    Jeudi, j'ai vécu un moment intense.

    Je suis bibliothécaire dans un établissement public ; nous étions appelés à nous rassembler à la mairie de ma ville employeur pour écouter un court discours et observer une minute de silence en hommage aux 12 hommes et femmes assassinés hier par des... Je ne sais même pas comment les appeler, tiens.

    Bref, je me rends sur place, où je croise de nombreux collègues de la ville. Et puis, à ma surprise, je vois aussi un papa et ses deux enfants, des gens que je connais comme lecteurs de la médiathèque. Je comprends alors que les habitants de la commune ont également  été prévenus de ce rassemblement.

    Quelques minutes plus tard, je tombe sur la nounou de Mini-Blop qui a décidé d'emmener toute la tribu à cet évènement : son mari, ses propres enfants, et le mien. Surprise, étonnement, joie... Mon enfant s'accroche à moi et ne me lâche plus. Il est très jeune, c'est impressionnant et un peu incompréhensible pour lui non seulement de se retrouver là, mais aussi de m'y retrouver.

    Pendant le discours du Maire, grave et émouvant, puis pendant la minute de silence, mon petit m'avait enlacé de ses bras, posant sa tête contre mon ventre, et plusieurs fois et pendant longtemps, la relevant pour me regarder avec tout l'amour du monde dans ses grands yeux bleus. Sans un mot.

    Ben... J'ai bien cru que je pleurais devant tout le monde.

    Pas pour le discours, pas pour les morts de Charlie Hebdo. Pour ce regard.

    Parce que l'amour dans les yeux d'un enfant, c'est ce qui nous encourage à aller de l'avant, à ne pas se laisser manipuler par la peur, par la terreur et par les cons.

    C'est la raison pour laquelle on se bat tous les jours, entre autres dans mon métier, pour qu'il grandisse dans un pays vraiment libre, où chacun peut exprimer ses idées, ses opinions (même stupides), son sens de l'humour - forcément toujours discutable du point de vue de l'autre - avec la bénédiction de l'état, et même, sa protection en cas d'attaque violente. Un pays où l'altérité est reconnue, acceptée et valorisée.

    Je regrette profondément que justice n'ait pas été faite. Car, non, l'exécution des tueurs présumés de Charlie Hebdo ne constitue pas une justice. La justice, ce serait un procès, public et équitable, où la loi démocratique s'exprime dans toute sa force, qui démontre que les crimes contre la liberté d'expression ne demeurent pas impunis dans notre pays.

    J'ai bien entendu de la peine pour tous ces morts. J'ai grandi avec Cabu qui dessinait dans RécréA2, j'ai un ami policier à qui je n'aimerais pas qu'il arrive le même sort qu'à Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro, j'appréciais le travail de Bernard Maris...

    Mais vous savez quoi ? J'ai encore plus de peine pour mes concitoyens français musulmans, et pour le prophète Mahomet, de qui ces connards dégénérés ont osé se réclamer.

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    Ah, oui, au fait : bonne année.

  • Outlander, de Ronald D. Moore

    Bon, j'ai beau essayer de me retenir, je n'y arrive pas. Je vais donc céder à mon instinct le plus vil et vous parler d'une série télévisée tirée d'un de mes livres cultes.

    Ce livre culte, c'est Le Chardon et le Tartan, de Diana Gabaldon. Développé ensuite en une série de 10 tomes, le premier roman se suffit pourtant largement à lui-même, je l'ai déjà dit quelque part par ici. Également intitulé Le cercle de Pierre dans d'autres éditions, son titre d'origine, en anglais dans le texte, est Outlander.

    Titre repris tel quel par la série de la chaîne américaine Starz, qui la produit, et son réalisateur Ronald D. Moore, tout de même créateur de Battlestar Galactica. Excusez du peu.

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                                               Le livre                                                          La série TV

    Le choix a été fait de recruter des inconnus pour les rôles principaux, mais des inconnus qui collent aux personnages du roman : Caitriona Balfe dans le rôle de Claire Beauchamp, Sam Heughan dans celui de Jamie (McTavish) Fraser et Tobias Menzies dans les rôles de Frank et Jonathan Randall. Ce dernier est tout de même plus connu, puisqu'il a joué entre autres dans les séries Rome et Game Of Thrones, ainsi que dans Casino Royale, le James Bond qui a révélé Daniel Craig.

     

    Pour ceux qui auraient la flemme d'aller voir ma courte chronique sur le roman, je vous fais ici le résumé (déjà plus fourni) des premiers épisodes de la série, au demeurant - et pour l'instant - fort fidèle à l’œuvre écrite :

    Claire Randall, née Beauchamp, est une infirmière anglaise mariée à Frank Randall, professeur d'histoire. A la fin de la seconde guerre mondiale, ils se retrouvent en écosse pour une seconde lune de miel, afin de fêter leurs retrouvailles après des années de séparation dues à la guerre. Tandis que Frank mène des recherches sur un de ses ancêtres ayant officié dans la région d'Inverness au 18e siècle, Claire se promène, nez au vent, observant les personnages locaux. Elle surprend quelques "sorcières" écossaises modernes lors d'une cérémonie païenne dans un cercle de pierre. Curieuse, elle y revient deux fois. Lors de sa troisième visite au cercle, elle est intriguée par un bruissement provenant de la plus grande pierre. En y posant ses mains, elle se retrouve projetée... En bas de la colline, dans les bois, où elle est agressée par le sosie de Frank costumé en dragon anglais de l'ancien temps, et sauvée de ses griffes par un highlander en kilt. Alors qu'elle est emmenée de force par un groupe d'écossais des plus rustres, elle commence à réaliser qu'elle a effectué un saut dans le temps, et que l'homme qu'elle a pris pour Frank était sans doute son ancêtre. Retenue prisonnière par le clan écossais des McKenzies, Claire cherche à retourner au cercle de pierre pour retrouver sa vie et son mari, mais doit patienter et apprendre à connaître son nouvel environnement pour parvenir à ses fins. Ses compagnons sont plus ou moins désagréables et menaçants, mais elle trouve quelques figures amicales au château de Leoch : Gillian, la malicieuse femme du procureur, Mme FitzGibbons, la gouvernante autoritaire mais généreuse du château et le jeune et plutôt civilisé Jamie McTavish, qu'elle a soigné d'une blessure par balle.

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    Tobias Menzies est impeccable dans son double rôle.

    SPOILER à partir d'ici
    Soupçonnée par les dirigeants du clan McKenzie d'être une espionne anglaise dans un contexte de tension permanente entre l'Angleterre et l’Écosse, Claire parvient pourtant à se rendre utile en tant que guérisseuse et part faire une tournée de levée d'impôt avec le frère du chef de clan, Dougal McKenzie. Ses pas croisent à nouveau ceux de Jonathan Randall, l'ancêtre de son mari Frank, qui la soupçonne lui aussi d'être une espionne, mais au service des écossais. Les méthodes de Randall étant beaucoup plus cruelles que celles des McKenzies, Claire risque la Question (avec la majuscule). Afin de lui éviter cela, et enfin convaincu de son innocence, Dougal McKenzie lui propose la seule solution possible : la transformer en citoyenne écossaise, afin de rendre son interrogatoire par les forces anglaises impossible sans preuves. Et pour cela, elle doit se marier... avec Jamie McTavish, dont la tête est mise à prix par les anglais, et qui s'appelle en réalité Jamie Fraser. Claire ne saute pas vraiment de joie, même si Jamie est sans aucun doute le moins pire des écossais qu'elle ait rencontré. Et le mariage, pour être validé, doit être consommé... Un scénario de cauchemar pour cette anglaise moderne qui n'aspire qu'à retrouver son époque et son époux.

     

    La série télévisée fait le choix de la voix off narratrice, qui expose les pensées de l'héroïne. Certains trouveront le procédé pesant. Pour moi qui ait lu (et relu) le roman, c'est une bonne chose pour la compréhension de ses motivations. Le tempo est lent, autant le savoir et être prévenu. Pas de cliffhanger toutes les trois minutes, mais une narration parfois contemplative, qui se met au rythme du pas humain ou équin, bref, le rythme de l'époque. On peut s'endormir. Ou pas. Moi, je savoure.

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    Catriona Balfe incarne une Claire Beauchamp forte et émouvante, mais sa silhouette longiligne de mannequin du XXIe siècle paraît déplacée dans l'univers de la série.

     

    La mise en scène soigne la lumière, les décors et les costumes, proposant une version acceptable de l'authenticité des Highlands au 18e siècle. Certains personnages sont un peu trop propres pour être crédibles, les dents un peu trop blanches et alignées, mais dans l'ensemble, on peut dire que l'effort porte ses fruits : on s'y croirait. Il y pleut plus souvent qu'à son tour, il n'y fait vraiment pas chaud, mais les bois et les vallons sont splendides.

    L'un des charmes incomparables de cette série tient aussi, tout simplement, à l'incompréhensible mais adorable accent écossais des protagonistes. Tous les acteurs qui jouent des rôles d'écossais le sont réellement, et parlent fréquemment en gaélique. Je vous invite d'ailleurs à aller voir les mini-vidéos produites par la Starz pour initier les téléspectateurs au gaélique. Je ne connaissais pas l'accent écossais, et je m'amuse comme une folle à essayer de comprendre ce qu'ils racontent, avec leurs "r" roulés et leur ignorance des subtilités de la diphtongue. Voir des grands types costauds, barbus, chevelus, menaçants et rustauds parler ainsi est vraiment très drôle.

    Comme dans le roman, le langage moderne de Claire fait office de pavé dans la mare dans l'anglais du 18e siècle. Son sens de la répartie, son féminisme et ses nombreux jurons choquent ses interlocuteurs, créant de belles scènes à haut potentiel humoristique. Essayez donc de sortir « Jesus H. Roosevelt Christ » à des anglo-saxons de l'époque...

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    Sam Heughan, un nom à retenir. Et comme dirait Lune, "je retiens sa belle petite gueule, déjà".

    A mon sens, l'un des aspects les plus captivants de la série est qu'elle met en lumière un élément du roman à côté duquel j'étais un peu passée : la virginité de Jamie McTavish Fraser. Mon propos peut paraître putassier, mais en réalité, il est sérieux. En effet, Jamie Fraser a beau être un beau mec - il est grand, costaud, roux, en kilt, bref, c'est une quasi caricature - il est aussi puceau. Les rôles traditionnels dans un couple hétérosexuels sont alors inversés. Sa découverte de la sexualité est mise en scène de façon aussi authentique que possible, avec ses questionnements, ses craintes, son assurance feinte, son désir malhabile et pataud, sa jubilation face à la nouveauté de l'acte, sa surprise aussi, ainsi que sa passivité attentive dans la découverte de pratiques sexuelles inconnues de lui.

    Bref, un tas de registres habituellement réservés aux jeunes demoiselles, tant dans la littérature que le cinéma. Et c'est véritablement plaisant que de visionner ces scènes (non, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !), tout simplement parce qu'elles ouvrent le champ des possibles pour tous les spectateurs. Oui, un homme peut ne pas savoir faire, être passif et naïf, et une femme peut être expérimentée et prendre l'initiative. C'est la réalité, et je crois qu'il est bon de le montrer plus souvent, histoire de déconstruire les clichés de genre dans la tête des spectateurs. (Oui, Claire Beauchamp est mon idole).

     

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    Aurais-je oublié de préciser que Sam Heughan est sexy en diable ?

     

    Bref, vous l'aurez compris, je recommande vivement cette série, et plus encore le roman dont elle est tirée. J'ai lu quelque part que le roman en VO était de bien meilleure facture littéraire que la traduction française, je ne saurais donc que conseiller aux anglophiles de préférer l'original.

     

    Alors que j'avais déjà commencé à rédiger cette chronique, mon amie blogueuse Lune a lancé le challenge Retour Vers le Futur ! Qui tombe pile poil, donc, pour accueillir l'histoire de Claire Beauchamp/Randall/Fraser (rayez la mention inutile) en son sein.

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  • Les hommes protégés, un brûlot anti-féministe ?

    Aujourd'hui, je rédige un petit billet qui naît d'une intervention de l'auteure Catherine Dufour, durant la conférence Wonder Woman II, qui a eu lieu le 2 novembre 2014 aux Utopiales. Mon attention a d'ailleurs été attirée sur cette conférence par mon ami Biblioman(u), que je remercie en cette occasion.

    Une vidéo d'ActuSF retransmet une partie de cette conférence, pour notre plus grand plaisir :

    J'ai donc été surprise par une réflexion de Catherine Dufour, aux alentour de la 12e minute de la vidéo, qui définit le roman Les hommes protégés de Robert Merle, un de mes auteurs favoris, comme un brûlot anti-féministe.
    Je ne l'avais jamais considéré comme tel, alors que je me définis comme féministe. J'ai donc réfléchi attentivement à la question. Et j'en ai tiré la conclusion que tout dépend du contexte de lecture du roman.

    Dans les années 70, où les mouvements féministes faisaient avancer la cause des femmes (la loi autorisant l'IVG fête ses 40 ans ces jours-ci !) plus que tout ce qui avait été réalisé avant, je comprends, à la lumière de la remarque de Catherine Dufour, que le roman de Robert Merle ait été perçu comme une provocation à la face des féministes. En particulier parce qu'il tourne en dérision, avec une férocité certaine, le pouvoir exercé par des féministes extrémistes.

    Mais pour moi qui l'ai lu dans les années 90, qui ai grandi dans une société un (petit) peu plus égalitaire (mais ça s'est dégradé depuis), je n'ai pas retenu cette férocité. Ce que j'en ai retenu, paradoxalement, c'est que le féminisme est une nécessité, et que si les rôles, de force, étaient inversés, cela ne ferait pas de mal aux hommes de comprendre par l'expérience l'objectivation forcée, telle qu'elle est décrite dans le roman - particulièrement dans les scènes de fin, où les hommes deviennent polygames tout en voyant leur valeur sociale dévaluée et réduite à leur capacité de reproduction - et donc, de séduction.

    Quelle qu'ait été l'intention de Robert Merle, que je soupçonne d'avoir été un macho débonnaire, mais macho quand même, pour une lectrice ou un lecteur d'aujourd'hui, le message provocateur passe nettement plus inaperçu. Et ce que j'en retiens, moi, est finalement positif pour l'avancée de la cause féministe.

    Je conclurai donc ainsi : les intentions des auteurs échappent totalement à leurs lecteurs, surtout plusieurs décennies plus tard, et ce n'est pas toujours un mal ! Bien sûr, les contresens par manque de connaissance contextuelle peuvent provoquer bien des dommages. Mais dans ce cas précis, je crois que nous pouvons nous permettre de jouer la carte de la bienheureuse ignorance, et que l'humanité ne s'en portera pas plus mal.

    Qu'en pensez-vous ?

  • Le casse du continuum, de Léo Henry

    Le casse du continuum, cosmique fric-frac de Léo Henry est un inédit millésime 2014 de Folio SF. Un thriller de space opera court, conseillé par une libraire et qui entre, ô bonheur, dans le SWW de M. Lhisbei. Plein de bonnes raisons de l'avoir lu cet été, donc.le_Casse_du_continuum.jpg

    Quatrième de couverture : Ils sont sept. Les meilleurs dans leur domaine respectif : maniement d’explosifs, charisme, assassinat, braquage, séduction… Ils n'ont, a priori, rien en commun mais vont devoir mettre de côté leurs rivalités et s’associer pour une mission secrète insolite. En cas de succès, ils pourraient devenir les sauveurs de l’humanité tout entière. En cas d’échec : la mort ou pire encore. L’enjeu? Réussir le casse du continuum.

    Roman court et efficace, Le casse du continuum possède beaucoup de qualités : de l'action, une multiplicité de points de vue, des personnages de monte-en-l'air passionnants, souvent attachants. Avec beaucoup de filles qui envoient du pâté. On voyage, on saute, on castagne, on flingue, on dézingue, on vole, on casse et on se casse. Le tout servi par une écriture visuelle convaincante. Bref, le propos est sympathique. Orienté adeptes de la baston intergalactique tout de même - ce qui est loin de me déplaire.

    Mais ce roman est un peu plus que sympathique : il est intéressant. Léo Henry peaufine son texte, ses personnages et sa narration. Il y a de l'étrange, de l'inattendu, dans ce roman. Le rythme est heurté, par fois lent, parfois rapide. La narration peut être linéaire comme cursive, suivant le narrateur. Les inventions science-fictives, telles que le Noun, sont travaillées et réfléchies.

    Je n'ai pas accroché au final, partiellement incompréhensible pour moi, trop cérébral sans doute. Pas assez de temps pour poser les personnages et leurs motivations, peut-être ?

    Je ne pense pas relire ce roman, mais je le conseillerai à d'autres. Surtout ceux que les jeux de l'esprit, du récit et des allégories de la SF divertissent. Sommes toutes, un livre que je ne regrette pas d'avoir lu.

     

     Genres : science-fiction, space opera

     Gallimard Folio SF, 2014

     Lu aussi par  : Efelle, Mes imaginaires

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