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Les hommes protégés, un brûlot anti-féministe ?

Aujourd'hui, je rédige un petit billet qui naît d'une intervention de l'auteure Catherine Dufour, durant la conférence Wonder Woman II, qui a eu lieu le 2 novembre 2014 aux Utopiales. Mon attention a d'ailleurs été attirée sur cette conférence par mon ami Biblioman(u), que je remercie en cette occasion.

Une vidéo d'ActuSF retransmet une partie de cette conférence, pour notre plus grand plaisir :

J'ai donc été surprise par une réflexion de Catherine Dufour, aux alentour de la 12e minute de la vidéo, qui définit le roman Les hommes protégés de Robert Merle, un de mes auteurs favoris, comme un brûlot anti-féministe.
Je ne l'avais jamais considéré comme tel, alors que je me définis comme féministe. J'ai donc réfléchi attentivement à la question. Et j'en ai tiré la conclusion que tout dépend du contexte de lecture du roman.

Dans les années 70, où les mouvements féministes faisaient avancer la cause des femmes (la loi autorisant l'IVG fête ses 40 ans ces jours-ci !) plus que tout ce qui avait été réalisé avant, je comprends, à la lumière de la remarque de Catherine Dufour, que le roman de Robert Merle ait été perçu comme une provocation à la face des féministes. En particulier parce qu'il tourne en dérision, avec une férocité certaine, le pouvoir exercé par des féministes extrémistes.

Mais pour moi qui l'ai lu dans les années 90, qui ai grandi dans une société un (petit) peu plus égalitaire (mais ça s'est dégradé depuis), je n'ai pas retenu cette férocité. Ce que j'en ai retenu, paradoxalement, c'est que le féminisme est une nécessité, et que si les rôles, de force, étaient inversés, cela ne ferait pas de mal aux hommes de comprendre par l'expérience l'objectivation forcée, telle qu'elle est décrite dans le roman - particulièrement dans les scènes de fin, où les hommes deviennent polygames tout en voyant leur valeur sociale dévaluée et réduite à leur capacité de reproduction - et donc, de séduction.

Quelle qu'ait été l'intention de Robert Merle, que je soupçonne d'avoir été un macho débonnaire, mais macho quand même, pour une lectrice ou un lecteur d'aujourd'hui, le message provocateur passe nettement plus inaperçu. Et ce que j'en retiens, moi, est finalement positif pour l'avancée de la cause féministe.

Je conclurai donc ainsi : les intentions des auteurs échappent totalement à leurs lecteurs, surtout plusieurs décennies plus tard, et ce n'est pas toujours un mal ! Bien sûr, les contresens par manque de connaissance contextuelle peuvent provoquer bien des dommages. Mais dans ce cas précis, je crois que nous pouvons nous permettre de jouer la carte de la bienheureuse ignorance, et que l'humanité ne s'en portera pas plus mal.

Qu'en pensez-vous ?

Commentaires

  • Bonjour, le hasard fait bien les choses.
    Je suis arrivée ici, après la lecture du billet de Gromovar sur le dernier loup-garou, donc aucun rapport.
    Je suis ravie de voir cette réaction. En effet j'ai assisté à la même conférence et la remarque de Catherine Duffour m'a également interpellée. Je garde de ma lecture un bon souvenir (lu il y a une dizaine d'année), où j'avais trouvé intéressante l'idée de parquer les hommes.
    J'avoue n’avoir pas du tout pensé à l'époque où le livre avait été écrit, en y ayant réfléchi j'aurais sans doute moins apprécié ma lecture.Un bien, un mal? Je ne sais pas.

  • Nous voila donc moins seules toutes les deux, ce qui est une très bonne chose, au moins pour nous, mais aussi pour toutes celles et ceux qui veulent faire avancer le débat féministe.
    PS : les billets de Gromovar valent toujours le coup !

  • Un féminisme qui a toutes les rouages du racisme et de l'antisémitisme.
    Les féministes seront l'égale de l'homme quand elles arrêteront de se plaindre.

  • Chère Sophie, soit je n'ai rien compris à votre intervention, qui peut être de l'humour au 3e degré, soit c'est un troll. Si vous n'exposez pas vos arguments un peu plus avant, et avec moins de violence, je supprimerai votre commentaire. Ici, on s'exprime librement et on peut évidemment donner une opinion contraire à celle de l'auteur, à condition que ce soit dans les limites de la courtoisie et avec un minimum d'argumentaire.

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