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Impromptu - Page 8

  • Star Wars, le retour de la force, de J.J. Abrams

    science-fiction,starwars,space operaJe craignais le pire. Comme beaucoup de fans de la trilogie d'origine.

    Adoncques, J.J. Abrams s'est collé à l'exercice éminemment casse-gueule de réaliser la suite d'une trilogie de films cultissimes, alors même qu'il avait déjà réalisé deux films tirés de l'univers d'une série télé cultissime. Ce type n'a peur de rien. Je plaignais le pauvre bougre avant d'avoir vu le film, et je savais que quel que serait le résultat (de mon point de vue), il serait de toute façon critiqué et décrié - il l'avait déjà été pour Star Trek.

    Alors, je suis allée voir Star Wars samedi, en me disant que quoi qu'il arrive, ce ne serait jamais pire que l'épisode I. Et que si Disney n'avait pas trop lésiné sur le budget, les effets spéciaux seraient sympas à regarder.

    Veni, vidi, vici, comme disait Jules. J'avais raison. Non seulement cet opus de StarWars est bien meilleur que le très dispensable Star Wars : la menace fantôme, mais il est également, de mon point de vue, aussi bon que l'épisode IV, Star Wars : un nouvel espoir. L'attrait de la nouveauté en moins, naturellement, mais le talent de mise en scène de J.J. Abrams en plus.

    Spoilons, mes bons - comme le dit Un Odieux Connard -, car dès l'introduction, le voile du mystère est levé. L'absence de Luke Skywalker sur l'affiche du film est immédiatement expliquée, avec ce célèbre bandeau de texte introductif défilant sur fond d'étoiles : Luke est manquant. Il a disparu. Sa soeur le cherche. Les méchants aussi. Tout part d'un petit droïde, BB-8, qui reçoit de son maître des plans qui aideraient la Résistance (le mouvement qui combat les méchants du Premier Ordre) à retrouver Luke. Et le petit droïde se perd dans une planète de sable, croise le chemin d'une jeune ingénue au grand coeur qui l'aide à échapper aux méchants.

    Cela vous rappelle quelque chose ?

    Le récit est tout simplement calqué sur celui de l'épisode IV (le film d'origine), avec grosso modo les mêmes rebondissements narratifs. On pourrait se dire : c'est idiot, on nous prend pour des imbéciles. Mais non. C'est même cela qui créé l'empathie immédiate du public avec le film - même si ledit public est conscient de cette manipulation. Nous ne sommes pas venus voir une création, mais bien la suite d'une histoire dans un univers archiconnu. On attendait de ce film qu'il soit fidèle à l'univers, qu'il soit réussi, pas qu'il soit original. C'est exactement ce qu'il est. J.J. Abrams, avec un sens maniaque des détails et une grande intelligence, a rempli brillamment son contrat.

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    J'ai un petit faible pour la cheffe des StormTroopers. Sans doute parce que Gwendoline Christie se cache derrière le masque.

    Tout d'abord, Star Wars : le réveil de la Force est un film chaleureux, dans lequel on se sent comme chez soi. Les effets spéciaux se font discrets, les personnages forment l'essentiel de l'histoire, ils nous touchent en plein coeur. Aux premières secondes du film, un sentiment de bonheur enfantin surgit, et ne nous lâche plus. Nous sommes submergés par la bonne humeur et le rire (le coup du "vieux tas de ferraille" emprunté par Rey et Finn est très drôle). Les protagonistes, aussi étranges puissent-ils paraître comme Maz Kanata (qui n'est pas sans rappeler Yoda), nous sont immédiatement proches et familiers. La mise en scène est plus importante que les effets spéciaux, cela se sent et je l'ai apprécié à sa juste valeur.

    Ensuite, cet opus porte une vision que j'aimerais voir plus souvent dans les blockbusters américains : les jeunes (Daisy Ridley et John Boyega, 23 ans tous les deux) et les vieux (73 ans pour Harrison Ford, 59 ans pour Carrie Ficher) se partagent harmonieusement l'affiche pour faire avancer l'histoire. La plupart du temps, si c'est un film de jeunes, les vieux ont un second rôle, et inversement. Dans Le réveil de la Force, le pari intergénérationnel est gagné : ils ont tous un premier rôle.

    Enfin, ce film confie l'équivalent du rôle de Luke Skywalker dans Un nouvel espoir à une jeune femme. Il introduit ainsi une parité visible (Leia - Rey / Solo - Finn) dans une saga épique. Rey est un personnage farouchement indépendant, doté de talents multiples : l'agilité, le combat rapproché, l'expertise technique, l'esprit de décision, un certain talent pour le leadership, la confiance en soi. Des qualités trop souvent associées aux personnages masculins. La silhouette mince et l'allure décidée de Daisy Ridley font merveille dans ce rôle.

    Bref, Le réveil de la Force est un film inclusif à plus d'un titre.

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    Oh, bien sûr, le scénario souffre de faiblesses certaines, d'ellipses grandes comme des trous noirs - ou alors d'ineptie narrative -, la psychologie des personnages est parfois peaufinée à la machette plutôt qu'à la ponceuse et le méchant, Kylo Ren, est aussi impressionnant qu'une méduse échouée. Bref, toutes ces choses qui empêchent un film d'être classé comme chef-d'oeuvre. D'ailleurs, si vous tenez à connaître tous les défauts du scénario, je vous recommande la (comme toujours) très bonne chronique d'un Odieux Connard.

    Mais pour moi, le plaisir a prévalu. Je retournerai peut-être même voir ce film au cinéma, rien que pour retrouver l'ambiance et la chaleur. La maison, quoi.

  • Killjoys, de Michelle Lovretta

    Killjoys 1.jpgKilljoys est une série de la chaine canadienne Space, diffusée aussi sur SyFy, mettant en scène des chasseurs de prime dans le Quad, un système planétaire lointain. Ces mercenaires intergalactiques risquent leurs vies pour capturer leurs cibles et tentent de rester impartiaux tandis qu'une guerre des classes est sur le point de débuter.

    Comme dans Dark Matter, Killjoys met en scène des mercenaires. Comme dans Dark Matter, ils vivent dans un vaisseau spatial et voyagent entre les planètes. Et comme dans Dark Matter, c'est une fille badass qui dirige le groupe. Cela fait beaucoup de points communs (sans compter l’esthétique bleue et noire encore plus omniprésente ici...).

    Dutch et John sont chasseurs de prime. Ils sont amis et travaillent ensemble depuis longtemps. Le frère de John, D'avin, ancien soldat, débarque et prend le troisième pied de tabouret dans l'équipe. Dutch sait se battre et porter des talons aiguilles en même temps. John et D'avin sont sexys et costauds. Dutch a une incroyable frange et une noire chevelure luxuriante, des lèvres pulpeuses et un maquillage sombre autour de ses yeux clairs. John et D'avin sont toujours sexys et costauds. Bon, le premier est aussi un excellent technicien, le deuxième un excellent combattant.

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    Le Quad est un système solaire de 4 planètes, dont 3 sont réellement habitées. Nos amis les mercenaires passent de l'une à l'autre en trois coups de cuillère à pot, quasi plusieurs fois par jour (ça, ça fait con). Leurs écosystèmes sont d'une simplicité enfantine (la ville sale, le monde agricole et la planète des riches). Le vaisseau spatial est habité par une IA, Lucy, qui a comme qui dirait un faible pour John. Bref, les platitudes et les clichés ont tout l'air de s'enfiler comme des perles au début de cette saison de 10 épisodes.

    Et puis, et puis, une fois passée cette désillusion, on découvre une assez intéressante observation de la lutte des classes. Mais les systèmes politiques et économiques sont plutôt bien pensés et les groupes sociaux sont si distants les uns des autres qu'on dirait pratiquement des castes. De plus, l'interpénétration des intérêts politiques à l'échelle du Quad se révèlent progressivement, complexes et paradoxaux, autorisant une espérance d'ambition pour Killjoys, renouvelée pour une deuxième saison (rôôô, ben comme Dark Matter, dis donc !).

    Une série qui commence comme une purge et révèle quelques promesses alléchantes en fin de saison. A essayer, donc, si on a du temps devant soi.

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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  • Dark Matter, de Joseph Mallozzi et Paul Mullie

    science-fiction,space opera,série tv,vaisseau spatialLa série Dark Matter, diffusée sur SyFy USA et SyFy France à quelques jours d'intervalle, met en scène six membres de l'équipage d'un vaisseau spatial abandonné qui se réveillent après un sommeil forcé, sans aucun souvenir ni de leur identité ni de leur présence à bord. Ils doivent alors s'associer et travailler ensemble pour survivre et faire face aux menaces environnantes, aux vengeances, trahisons et secrets cachés. 13 épisodes de 42 minutes forment la première saison, que j'ai donc eu l'occasion de voir en entier. Cette série est adaptée d'un comic éponyme que je ne connais pas.

    Les protagonistes décident de se nommer par le chiffre de leur ordre de réveil dans le vaisseau, même après avoir découvert (assez vite) leur vraie identité, car leur amnésie les coupe de leur ancienne vie. Les 13 épisodes nous proposent de découvrir la dynamique changeante qui mène cet équipage. Bien que Deux s'impose rapidement comme le leader, les relations entre les membres de l'équipe sont fluctuantes, versatiles et fragiles, en raison de leur amnésie.

    Bien entendu, nous sommes chez SyFy, où le public cible est supposé n'accepter qu'une certaine dose de subtilité au delà de laquelle la chaîne risquerait de le perdre. Les clichés ne nous sont donc pas épargnés : l'asiatique fort en arts martiaux, l'ado paumée mais surdouée, le mercenaire violent et bas du front, le noir pas trop méchant sinon ça fait raciste... Bref. De plus, comme on est en plein space opera, de la SF, de la vraie (demandez aux sad puppies...) et non dans une série fantastique, il ne faut pas trop de filles : trois - dont une dans le rôle plutôt hermaphrodite d'un androïd - pour quatre mecs testostéronés. Ça pourrait être pire, soyons honnête. Et puis, le rôle de leader est dévolu à l'une des femmes (Melissa O'Neil, parfaite dans son rôle), qui en a toutes les caractéristiques : elle sait se battre, elle fait ce qu'elle veut de sa vie sexuelle sans que les hommes ne se permettent de la commenter et elle commande et décide sans plus d'état d'âme qu'un homme dans le même rôle. Tiens, d'ailleurs cela me fait penser que cette série passe sans problème le test de Bechdel.

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    Mon goût pour les vaisseaux spatiaux et les voyages interstellaires m'a attiré comme une mouche sur cette série. Bien que les effets spéciaux soient basiques, je n'ai pas été déçue par l'ambiance. Nous passons presque tout notre temps dans le Raza, le vaisseau de l'équipage amnésique, et en découvrons les secrets au fur et à mesure que les protagonistes l'explorent pour retrouver la mémoire. L'esthétique visuelle ne déroge guère aux règles du genre, dans les tons froids du bleu et du noir.

    Bien que je suis allée au bout de la série, j'ai été relativement déçue par les ficelles grosses comme des câbles de navire utilisées dans les scenarii de chaque épisode. Les rebondissements sont attendus et la fin de la saison (que je ne spoilerai pas) paraît complètement tirée par les cheveux. Cela dit, la série est renouvelée pour une deuxième saison, il ne faut donc pas désespérer. Il faut dire que l’amnésie de l'équipage introduit une forme d'imprédictibilité dans leurs relations qui rattrape, au moins partiellement, les défauts suscités.

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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  • Station solaire, d'Andreas Eschbach

    Station Solaire.jpgRésumé : 2015. La station expérimentale Nippon orbite à quatre cents kilomètres de la Terre. Son rôle : étudier et développer les technologies de captage et de transmission de l’énergie solaire depuis l’espace. Le succès de la mission ouvrira de nouveaux espoirs à un monde qui dévore ses sources d’énergie.
    Alors pourquoi des incidents à bord laissent-ils soupçonner qu’une entreprise de sabotage est à l’œuvre ?
    Pire est la vérité : avec la découverte d’un premier meurtre débute le compte à rebours d’un plan diabolique dont on ne comprendra que trop tard l’objectif.

     

    Le récit se passe en 2015. Un récit d'anticipation, puisque le texte a été publié en 1996 pour la version originale teutonne. Je me suis dit qu'il ne fallait pas rater ça ; c'est mon petit Retour vers le Futur à moi (n'est-ce pas, Lune) !

    C'est aussi un récit spatial, puisqu'il se déroule dans l'espace. Bon, juste au dessus de la terre, mais quand même.

    Anticipation et espace ? J'ai franchi le pas : j'ai décidé unilatéralement, en accord avec moi-même, que ce roman entrerait dans le Summer StarWars épisode III, même s'il faut couper quelques cheveux en quatre dans le sens de la longueur pour considérer qu'il s'agit là d'un véritable space opera.

    Bon, tout le monde l'aura compris, ce roman est avant tout un thriller. Enfin, un frileur, comme ils disent chez l'Atalante. Quelques mystères en début de récit, puis le petit côté « roman à énigme » s'efface rapidement pour faire place à un « roman à suspense » une fois la source du complot identifiée (pour voir quelle est la différence entre les deux, je ne saurais que trop vous recommander la lecture de ce Petit Précis des Genres Littéraires). Espionnage, meurtre, méfiance à huis-clos dans une station spatiale : un classique dans la littérature de genre.

    Le narrateur, Leonard Carr, est le seul occidental à bord de la station Nippon. Son statut dans l'équipe de recherche reflète l'évolution géopolitique et scientifique imaginée par l'auteur : l'Occident a laissé tomber la conquête spatiale et les recherches scientifiques connexes, flambeau repris brillamment par l'Extrême-Orient, le Japon en tête. Leonard n'est donc pas chercheur, mais spécialiste de l'entretien et de la sécurité de la station. Le factotum, quoi. Considéré avec un certain mépris par les autres membres d'équipage, bien que son travail soit absolument indispensable à la survie de tous. Une situation à la fois inconfortable pour lui mais très utile en cas de crise...

    L'intrigue, fort bien ficelée grâce à un scénario intelligent, porte le lecteur sans (s'es)souffler du début à la fin du récit, et sans pour autant bâcler la contextualisation. On voit quel film à suspense pourrait être réalisé à partir de ce roman, tout en appréciant les nuances de l'univers créé à travers les relations qu'entretiennent les spationautes entre eux et avec le reste du monde. De la finesse, de l'efficacité : un duo gagnant pour un roman qui parvient à éviter les poncifs tout en respectant à la lettre les préceptes du genre. La recette est simple sans être simpliste, tout ce que j'aime dans ce type de littérature de divertissement. Je me suis régalée, et je le recommande.

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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    Genre : space opera

    Édition : L'Atalante, collection La dentelle du Cygne, 2000

  • Etoiles mourantes, d'Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach

    Etoiles-mourantes.jpgAux Oniriques du cru 2015, j'ai été pilotée par M. Lhisbei pour mon achat du festival. Il aime le space opera, moi aussi. Je le lui en ai demandé un bon, il m'a conseillé Etoiles mourantes, des comparses Yal Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach.

    Je l'ai donc acheté dans son édition de luxe chez Mnémos et l'ai fait dédicacer par ses auteurs. Jean-Claude Dunyach insistait dans sa dédicace sur le budget illimité des effets spéciaux (et en effet...), tandis qu'Ayerdhal m'indiquait dans la sienne que le voyage m'était « offert par deux stars finissantes (on admirera la référence au titre de l'oeuvre) qui n'en finissent pas de commettre des inepties ».

    J'ai aimé leur complicité, assis l'un à côté de l'autre au stand de signature, et j'espérais la retrouver dans le roman. Voyons donc ce qu'il en fut.

    Résumé : Quand les animauxvilles ont surgi dans le système solaire pour héberger les humains, ils leur ont aussi permis le voyage instantané. Alors l'humanité s'est scindée en quatre rameaux : autant de cultures, autant de modes de vie, autant de systèmes politiques. Les Connectés, les Organiques, les Mécanistes, et les Originels se méprisent faute de pouvoir se faire la guerre. Aujourd'hui l'heure des retrouvailles a sonné : les animauxvilles convoient des représentants de chaque rameau pour assister à l'explosion d'une supernova...

     

    Ma première impression de lecture fut d'avoir été incapable de distinguer qui avait écrit quoi dans ce roman. Les quatre mains furent invisibles à mes yeux et c'est tant mieux. La deuxième impression est qu'il a dû falloir un sacré bout de temps pour construire ces cinq univers : ceux de chaque rameau humain, et celui des animauxvilles. C'est un roman riche, très riche, qui propose des potentialités d'univers très approfondies. Chaque rameau humain pourrait être exploité des tomes durant, sans parler des animauxvilles. Il est donc d'autant plus intéressant d'avoir contracté ces potentialités en un seul et même volume - même si je sais que Jean-Claude Dunyach avait par ailleurs écrit Étoiles mortes dans le même univers, quelques années auparavant.

    Les quatre rameaux humains sont absolument passionnants, à la fois attachants et repoussants. J'ai une préférence pour les Connectés, sans doute parce qu'ils parlent plus à mon quotidien de blogueuse accro aux réseaux sociaux, mais il faut bien admettre que tous sont absolument fascinants. Leurs retrouvailles organisées, contraintes et forcées par les animauxvilles, sont l'aboutissement d'un chemin étrange et tortueux, où ce sont les éléments les moins emblématiques, voire les plus rebelles, de chaque rameau qui partent assister, volontairement ou non, à l'explosion de la supernova.

    Je pourrais écrire bien des lignes pour décrire chaque rameau humain ainsi que les animauxvilles, mais un roman de cette amplitude et de cette finesse mérite qu'on lui laisse un peu d'intimité, et qu'on dise ceci de lui : si vous êtes curieux, allez voir qui sont ces personnages et ces univers. Vous en ressortirez ému, stupéfait ou intrigué, et vous louerez le ciel (ou tout être suprême qui vous convient) que la France compte de tels auteurs de science-fiction. Ils sont de ceux qui ne prennent pas leurs lecteurs pour des imbéciles, et on ne peut que les en remercier.

    S'il faut des bémols, en voici : je n'aime pas la couverture de Gilles Francescano sur cette édition de Mnémos - alors qu'elle fait la quasi unanimité chez mes condisciples. Je la trouve... pâlichonne. Je comprends qu'elle reprend la chair des animauxvilles, mais je la trouve étrangement inconsistante par rapport au contenu. Dommage.

    Il y a, à la fin (attention, spoiler), un petit aspect de la série TV Game of thrones : « Valar Morghulis ». Oui, non, parce qu'il y en a quand même pas mal qui meurent... Or, j'étais très attachée au personnage de Nadiane, la Connectée. Too bad.

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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    Genre : space opera

    Édition : Mnémos, 2014

  • Téméraire (La flotte perdue, tome 2) de Jack Campbell

    Et voilà. Deux jours après avoir fini Indomptable, le premier tome de la série La flotte perdue, je terminai le deuxième tome. Heureusement que mon stock s'arrêtait ici concernant cette série, sinon gageons que j'aurais tout lu en trois coups de cuillères à pot...

    Flotte perdue - Téméraire.jpgNous retrouvons dans ce deuxième opus le capitaine John Geary - revenu d'entre les morts - qui continue de tenter de faire rentrer la flotte au bercail, alors qu'elle se trouve en plein territoire ennemi. Suivant son plan initial, il emprunte un chemin tortueux et inattendu, afin que les forces des Mondes Syndiqués ne puissent piéger ses vaisseaux. Une méthode efficiente mais peu populaire auprès de ses hommes, en raison de sa lenteur et de sa prudence.

    En passant par le système de Sutrah, la flotte découvre des prisonniers de guerre de l'Alliance et lance une opération pour les libérer. Ce faisant, John Geary fait la connaissance avec le capitaine Francesco Falco, une légende militaire et civile en captivité depuis vingt ans. Adulé par beaucoup, Falco incarne l'esprit de vaillance et de combativité qui prévaut depuis de nombreuses décennies dans la flotte de l'Alliance. Au détriment de la profondeur de vue... Autant dire que les méthodes de Geary et de Falco tendent à diverger, voire à s'opposer.

    La trop fraîche assise de Geary sur la flotte est donc d'ores et déjà compromise par un autre héros revenu de nulle part, qui a l'avantage d'une popularité provenant autant de son charisme personnel que de ses tactiques de combat. Une épine dans le flanc de Geary, qui malheureusement se révèle trop vite empoisonnée...

     

    Une nouvelle fois en moins de 400 pages, Jack Campbell développe une ligne d'action et de développement de personnages efficace et sans bavures. Un poil trop efficace, sans doute. Mais rien ne m'a empêché d'aller au bout, et sans souffler un instant, qui plus est. C'est donc bien que la recette fonctionne.

    Le développement des personnages et de leurs interactions perd en revanche en qualité. Des automatismes qui paraissent trop vite indétrônables s'installent dans les rapports entre Geary et certains de ses officiers (Duellos et Desjani en particulier) pour qu'on ne voit pas poindre l'ennui. La relation nouvelle et particulière qu'entretient Geary avec la coprésidente Rione sonne faux et ne m'a pas convaincue. Geary a beau continuer à se poser des questions sur sa légitimité, cela interpelle moins le lecteur que dans le premier tome. Le personnage le plus intéressant développé dans cet opus se révèle être le capitaine Falco lui-même : complexe, contradictoire, égocentrique et pourtant dévoué à l'Alliance, c'est un électron libre qui génère sa propre dynamique. Dommage, dans un certain sens, qu'il soit évincé de la narration pendant la moitié du roman.

    Mon impression, née de la lecture du premier tome, se confirme : nous avons affaire ici à une série développée sur un moyen terme, dont chaque épisode est relativement court et dont la portée reste assez faible. La profondeur de l'univers général semble limitée, bien que des ouvertures se profilent à l'horizon de la simple opposition entre Alliance et Syndic. Je lirai les suites -  la série compte six tomes - mais je sais d'avance que cette série ne m'apportera pas grand-chose d'autre que le divertissement, comparée par exemple à... oui, vous avez deviné, Honor Harrington, mais aussi à la Saga Vorkosigan.

    A recommander donc aux amateurs de space opera militaire, qui comme moi aiment les scènes de bataille et la stratégie, sans beaucoup d'espoir de voir d'autres personnes s'y intéresser...

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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    Genre : space opera

    Édition : L'Atalante, 2008, collection La dentelle du Cygne

  • Indomptable (La flotte perdue, tome 1) de Jack Campbell

    Je cherchais, depuis quelques temps déjà, de quoi alimenter ma soif de space opera, de préférence militaire au vu de mes goûts plus que douteux en matière de lecture de détente. Honor Harrington s'essouffle, et de toute façon, David Weber ne peut écrire, ni L'Atalante traduire, aussi rapidement que ma vitesse de lecture l'exige.

    space opera,science-fiction,vaisseau spatialPromptement conseillée par, entre autres, M. Lhisbei, je me fis donc offrir pour noël le premier tome de la série La flotte perdue de Jack Campbell, intitulé Indomptable.

    Indomptable est le nom du vaisseau spatial de la flotte de l'Alliance (et non de l'Axe, on notera la référence plus que limpide) sur lequel a échoué John Geary, officier de l'Alliance récupéré dans une capsule de survie après cent années de dérive - et de sommeil. Toujours pas revenu d'être en vie, et choqué par la perte de son époque (en 100 ans, tout son univers connu a disparu), John Geary souffre d'autant plus de décalage qu'il découvre être devenu, bien malgré lui, une légende de la flotte sous le nom de Black Jack Geary.

    Il se retrouve en pleine déroute : la flotte de l'Alliance, battue par son ennemi séculaire le Syndic, veut éviter la destruction et son commandant va, avec son état major, discuter des termes de sa reddition avec les vainqueurs. Avant de partir pour cette rencontre, il confie honorifiquement sa charge à John Geary. Bien lui en prend : il se fait massacrer comme du bétail par le Syndic, laissant à un John Geary dérouté une flotte sur le point de se faire détruire.

    Geary parvient à faire évader sa flotte d'une façon inattendue, car trop ancienne pour ses désormais contemporains, mais ne peut rentrer en droite ligne au sein de l'Alliance. Et alors que la flotte s'échappe par les chemins de traverse, il découvre à quel point elle a changé, et combien son image de héros sans peur et sans reproche lui apporte au moins autant d'ennuis que de notoriété.

    Fragilisé physiquement pas son siècle de sommeil forcé et psychologiquement par le fait de se réveiller dans une époque totalement différente, John Geary lutte avant tout contre lui-même pour parvenir à rester à flot face à des compatriotes qu'il ne comprend pas et qu'il doit pourtant cornaquer - le plus souvent contre leur volonté. Son image légendaire de combattant agressif et désespéré dessert le sauvetage de l'ensemble de la flotte. Il découvre que ses nouveaux contemporains sont téméraires, suicidaires bien souvent, qu'ils n'ont aucune culture militaire et qu'ils sont sans pitié ni humanité pour leurs adversaires. Le résultat d'un siècle d'une guerre ininterrompue et sans espoir de vaincre, alors que lui-même a connu le monde en paix.

    Il passe alors le plus clair de son temps à tenter de convaincre ses compatriotes que la stratégie est plus importante que la bravoure, que l'organisation et le respect des ordres sont plus efficaces que les initiatives personnelles et que traiter l'adversaire humainement n'est pas un signe de faiblesse. Bref, Geary est le parangon des vertus cardinales de l'armée. Ce en quoi il rejoint, à mon sens, Honor Harrington : l'honneur avant tout.

     

    Ce côté simpliste de l'état d'esprit militaire reste toujours pour moi une source d'amusement, mais dans le cas de La flotte perdue, il sert admirablement bien le récit. Car les valeurs surannées de Geary font mouche dans un monde qui a perdu de vue les siennes et ne sait plus pourquoi il se bat.

    Ma découverte de l'univers de la flotte perdue se révèle donc dans l'ensemble plutôt positive. Geary est suffisamment fragile pour être crédible, les officiers supérieurs sont autant des femmes que des hommes (j'apprécie toujours cette équité !), et les scènes de batailles sont assez travaillées, en particulier les décalages temporels et les perceptions relativistes dus à la distance entre les vaisseaux en mouvement et à leurs accélérations respectives.

    Puisque les aventures de John Geary ne peuvent échapper, en ces lieux, à la comparaison avec Honor Harrington, je préciserai que les descriptions techniques et géopolitiques sont beaucoup plus simplistes et moins détaillées que chez ma copine Honor. Mais je ne vois pas bien qui pourrait rivaliser avec David Weber en la matière... Le premier tome de La flotte Perdue est bien plus court qu'un tome des aventures d'Honor, l'action est plus découpée. On sent nettement l'aspect sériel de l'oeuvre, tel un feuilleton télévisé américain divisé en épisodes de 40 minutes - alors qu'Honor Harrington sera plus comparable aux épisodes de 90 minutes de la série britannique Sherlock.

    Bref, La flotte perdue m'a tout l'air d'être une oeuvre plus facile à aborder, plus rapide à lire mais aussi plus facilement oubliable car moins ambitieuse qu'Honor Harrington. Comme je peux me tromper en faisant cette assertion, je vais de ce pas aller lire le deuxième tome de la série, intitulé Téméraire. Et je vous en donne bientôt des nouvelles.

     

    Cette chronique s'inscrit dans le cadre du Summer StarWars de M. Lhisbei, béni soit son nom, celui de Lhisbei, ainsi qu'Excel Vador, leur fidèle assistant.

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    Genre : space opera

    Édition : L'Atalante, 2008, collection La dentelle du Cygne.