Synopsis : Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…
Mon avis : Black Panther est un film dans lequel deux personnages blancs, interprétés par les excellents comédiens britanniques Martin Freeman et Andy Serkis, jouent les faire-valoir. Tous les autres personnages sont noirs, et occupent le devant de la scène. Avec talent, et souvent avec charisme. Cette évidence passée, qui a rendu célèbre ce film dans le monde entier, nous pouvons nous attaquer à la qualité intrinsèque du film.
D'abord, il y a plus de dialogues que de baston : pour un Marvel, c'est une bonne nouvelle. La baston, c'est sympa, mais on apprécie qu'elle n'occupe pas tout le temps de cerveau disponible.
Ensuite, c'est un film au premier degré. Mine de rien, après Thor Ragnarok et Les gardiens de la galaxie (vol. 1 et 2), c'est un changement. Il est particulièrement appréciable dans le contexte de cette histoire qui veut nous y faire croire - et y réussi sommes toutes pas trop mal. Justement, le fait d'avoir mis le paquet sur les dialogues plutôt que sur le nombre et la longueur des scènes de baston permet de faciliter la suspension d'incrédulité et rapprocher le spectateur des personnages.
Surtout, il n'y a pas seulement des noirs dans ce film, il y a surtout des noirs qui jouent des rôles d'africains. Ce fait est d'une importance fondamentale. La représentation de l'Afrique et des africains en position dominante n'était pas rare dans le cinéma occidental : elle était inexistante. Jusqu'à Black Panther. J'y suis particulièrement sensible, et ce film fait précisément ce qui peut marquer les esprits : associer les africains avec les concepts de richesse, de développement, d'influence, de technologies de pointe... et de stabilité politique légitime. Des africains en boubou et tenues bariolées, appartenant à des tribus, qui dansent et exubèrent (oui, je sais, néologisme) tel que les occidentaux se les représentent - à tort ou à raison. Mais des africains puissants, heureux, progressistes et conquérants, qui ont des tas de choses à dire et à enseigner à leurs homologues des pays occidentaux. En cela, Black panther un vrai bol d'air frais. En cela, il me fait un peu penser au roman La terre bleue de nos souvenirs d'Alastair Reynolds.
Le Wakanda est trop beau pour faire vrai, les images de synthèse le constituant sont trop... parfaites, mais il fait envie. J'y émigrerai très volontiers, toute blanche et occidentale que je suis. Le Wakanda est égalitaire malgré son système monarchique, et les femmes occupent des postes de pouvoir, dont ceux de la garde royale. Ces guerrières au crâne rasé sont les plus belles femmes que j'aie vu depuis longtemps ; altières, elles s'imposent avec une autorité naturelle : elles inspirent l'envie et le respect. Elles resteront longtemps gravées dans ma mémoire.
Bien entendu, ce film a des défauts. Le plus flagrant étant la faiblesse du scénario : on connait l'issue de l’histoire avant même d'aller en salle ; il suffit d'avoir vu la bande-annonce pour la deviner. Il fallait bien que la patte hollywoodienne se fasse sentir... Mais, mais, mais : la némésis de T'Challa, Killmonger, est un personnage très réussi. C'est un méchant compliqué, que l'on comprend, et qu'on ne peut pas détester, puisqu'il oblige le Wakanda et son roi à faire face à leurs propres démons. Un vrai bon méchant.
Toutes les questions essentielles de l'histoire africaine sont évoquées, des colonisations à l'esclavage. Le positionnement suprématiste des nations occidentales obligent le Wakanda à se cacher et, de ce fait, à refuser aux peuples qui l'entoure l'aide qu'il pourrait leur apporter. Peu manichéen, le film fait la part belle aux zones grises, parfois aux zones d'ombre, et même aux zones de non-dit - ou du moins, de non-explicité. Ce qui, pour un film de ce calibre (on parle quand même du MCU - le Marvel Cinematic universe), relève de l'exploit !
Africanisme flamboyant (donc, pas franchement nuancé, mais on s'en contente), acteurs crédibles et charismatiques, histoire porteuse d'espoir : le retentissant succès international de Black Panther est une bonne nouvelle. Un succès mérité, un film que je reverrai avec beaucoup de plaisir.