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Planète SF - Page 13

  • Les enfants de Damia, d'Anne McCaffrey

    enfants Damia.JPGLes enfants de Damia fait partie du cycle des Doués ; il en est, je crois, le cinquième tome. C'est le seul livre de ce cycle que j'ai lu. En revanche, je connais bien du même auteur la Ballade de Pern, dont j'aime tout particulièrement le roman initial, Le vol du dragon. Anne McCaffrey a été la première femme à obtenir un prix Hugo pour une oeuvre de fiction, et rien que pour cela, elle mérite toute l'attention des lecteurs.

    Les enfants de Damia raconte comment grandissent les huit enfants d'Afra et Damia Raven-Lyon, dans un contexte particulier : ils sont Doués, et ont pour amis des extra-terrestres.

    Les 'Dinis se sont alliés aux humains pour combattre le même ennemi, les Ruches. Les 'Dinis sont peu connus de la majorité des humains, souvent crains car incompris. L'expérience menée chez Afra et Raven, apparier chacun de leurs enfants à un couple de jeunes 'Dinis, représente une étape cruciale dans l'évolution des relations entre les deux espèces, qui communiquent principalement par les rêves.

    Par ailleurs, les enfants Raven-Lyon sont dotés comme leurs parents d'un don télépathique et télékinésique unique, qui se développe avec l'âge, d'où leur surnom de Doués. Nous suivons donc successivement quatre de ces enfants, Laria, Thien, Rojer et Zara, dans leur accession aux responsabilités d'un adulte Doué et apparié à des 'Dinis, un double handicap ou un double avantage, suivant les situations dans lesquels ils se trouvent. Laria part vivre chez les 'Dinis, Thien est envoyé dans un vaisseau spatial qui poursuit les traces d'une Ruche, Rojer le retrouve plus tard sur les ruines de la Ruche et Zara suit son très fort instinct empathique pour tenter d'établir un dialogue avec une reine de la Ruche en détresse.

    Ce roman est loin d'être un chef-d'oeuvre : des répétitions (qui rendent bien service au lecteur néophyte dans le cycle de Doués, certes), trop peu de détails pour donner une réelle profondeur à l'univers et aux personnages ainsi que des facilités narratives émoussent rapidement l'intérêt du lecteur et ne laissent plus grand chose une fois le livre refermé.

    Mais il contient aussi cette manière unique à Anne McCaffrey de marier la science-fiction pure avec le merveilleux, un humanisme chaleureux qui transparaît à chaque page, dans chaque vaisseau spatial, chaque alien décrit, chaque opération de téléportation menée par un Doué. On a l'impression d'être chez soi, alors qu'on en est si loin. Peu d'auteurs de SF savent réussir ce savant mélange.

    Alors, oui, le roman est médiocre. Mais il donne au lecteur une part de rêve qui n'a pas de prix.


    Ce roman a été lu dans le cadre du challenge Anne McCaffrey lancé par Guillaume le Traqueur, en hommage à cette auteure attachante récemment disparue (elle est décédée en novembre 2011 à l'âge de 85 ans).

    challenge_mccaffrey.jpg

  • Avengers, de Joss Whedon

    avengers.jpgJe vais rarement au cinéma, et quand j'y vais, c'est pour me détendre le neurone. Car je n'en ai qu'un, oui. Je suis donc allée voir Avengers, en 2D et en VO.

    Avengers réunit tous les héros Marvel, dont mon chouchou, Tony Stark, alias Iron Man. On y trouve aussi quelques personnages hauts en couleurs, tels que le géant vert, Hulk, la veuve noire, le soldat à étoiles blanches sur fond bleu et rayures rouges et blanches (Captain America, c'est ça !) et un type qui se balade en cape rouge, collants moulant, cheveux blonds et marteau noir (c'est ridicule, mais c'est comme ça).

    Le prétexte pour les réunir était facile à trouver : une menace extraterrestre mondiale (enfin, bon, new yorkaise, surtout) qui nécessite quelques talents particuliers, vu que Loki le méchant est un peu un Dieu, frangin de Thor, déjà Dieu lui-même. Des gens pas très fréquentables.

    Un borgne mal embouché (Samuel L. Jackson) pour les réunir tous et dans les ténèbres les lier, par force ou persuasion ou les deux, et le tour est joué. Bon, l'esprit d'équipe n'est pas tout à fait leur point fort, à ces héros. Et une équipe qui gagne, c'est avant tout une équipe qui joue ensemble. D'où quelques légers problèmes de raccord pendant leur quête...

    L'humour est une réussite dans ce film. J'ai souvent rigolé de bon coeur durant la projection (je crois même que toute la salle m'a entendu... Il faudrait demander confirmation à M. Blop). Les dialogues sont sympathiques et les vannes déjà cultes. Si vous le voyez, vous comprendrez pourquoi tout le monde dans la blogosphère précise que Loki est le frère adoptif de Thor. Cela vaut son pesant de cacahuètes.

    La réunion de ces monstrueux égos de super héros était le point sensible du scénario, plutôt bien réussi. Leurs personnalités respectives font des étincelles grosses comme des comètes, bien rendues dans cette scène de dispute générale sur le vaisseau de SHIELD autour du bâton magique de Gandalf Loki.

    Les acteurs sont dans l'ensemble plutôt corrects. Certains ne se forcent pas beaucoup, tel Samuel L. Jackson, ou l'acteur qui joue Thor (Chris quelque chose), dont les prestations relèvent de l'alimentaire. D'autres tirent véritablement leur épingle du jeu : j'ai particulièrement aimé le comédien qui joue Hulk, tout en retenue, quasi effacé, ainsi que Scarlett Johansson, qui nous fait une véritable numéro d'actrice durant ses scènes d'interrogatoire (où l'interrogé n'est pas forcément qui l'on croit). Loki a un petit quelque chose de pas net dans le regard qui est farpaitement émoustillant. Bien entendu, la palme du cabotinage revient à Robert Downey Jr, à qui le rôle de Tony Stark va décidément comme un gant.

    Mais, il y a des gros "mais".

    N'est pas Odieux Connard qui veut, car ce type a une mémoire d'éléphant, un talent d'écriture indéniable, une logique à toute épreuve et du temps pour rédiger ses chroniques. Je vais donc me contenter de pointer quelques incohérences qui m'ont gâché le film :

    • notre ami le Dr Banner se transforme une première fois en Hulk et poursuit cette pauvre Veuve Noire (pourtant bien rousse) parce qu'il est en colère. Elle tente, en vain, de lui faire entendre raison et se fait rudement bousculer par le grand monsieur vert. Il faut l'éjecter du vaisseau pour qu'il fiche la paix à tout le monde et recouvre ses esprits. Soit.
    • Mais alors, pourquoi à sa seconde transformation, sait-il raison garder, massacrer uniquement les méchants et venir au secours des gentils ? Soit je n'ai rien compris (c'est toujours possible, je n'ai pas la prétention d'avoir un cerveau en parfait état de marche) soit les scénaristes ont merdé.
    • Pourquoi Loki se fait-il attraper aussi vite par nos amis les héros, pourquoi se fait-il parfois marave par son frérot ou autre super héros, et d'autres fois les coups passent à travers lui comme un couteau dans du beurre absent ?
    • Comment Oeil de Faucon, puis le professeur Selvig ensuite, parviennent-ils à se soustraire à l'influence de Loki ? Pourquoi à ces moments-là, et par quel miracle, étant donné que la méthode d'envoûtement était plutôt intrusive ?

    The-Avengers.jpgIl y a peut-être de ma part une méconnaissance des autres films, voire de l'univers général de Marvel. Je n'ai pas vu Thor, ni Captain America. M'enfin quand même, cela n'ôte pas la sensation de baclage du scénario.

    La scène finale de bataille dans New York était trop longue. Bien faite, hein, sympa, drôle, mais franchement interminable.

    Et enfin, mais ce n'est pas de la faute des producteurs du film, le son était beaucoup trop fort. J'ai passé une partie de mon temps les doigts dans les oreilles, position dans laquelle j'entendais tout aussi bien les dialogues... mais absolument inconfortable.

    J'en conclus donc que si le film est meilleur qu'un énième  blockbuster sans saveur, il souffre de faiblesses qui m'ont sauté aux yeux et gâché ce qui, pour le reste, était très réussi.

    Dommage, car j'étais quasi conquise avant d'entrer dans la salle obscure : je suis bon public, j'aime la SF et j'adule Robert Downey Jr dans son rôle de connard ultra doué, égocentrique, richissime et suffisant. Il fallait donc une bonne dose de ratés pour me faire descendre de mon petit nuage.

     Vu aussi par : Lhisbei, Calenwenn, Les Murmures, et Odieux Connard, donc.

  • En avril, je ne perds pas le fil

    Le mois d'avril ayant été maussade, que faire, sinon lire ? Alors Vango, Honor, Darby et la-fille-loup-garou-dont-je-ne-me-souviens-pas-le-nom ont été mes compagnons de route.


    En mission, de David Weber (Honor Harrington livre 12)

    en mission tome 2.jpgEn mission est le dernier opus sorti, en deux tomes comme toujours, des aventures de ma copine Honor Harrington, officier de renom dans deux flottes interstellaires. Honor est donc désormais mariée, mère de Raoul (le cri qui dessaoûle), et Premier Lord de la Spatiale. Elle est chargée de négocier la paix avec la République du Havre, tandis que, dans l'ombre, s'ourdit un machiavélique complot contre l'Empire Stellaire. Sinon ce ne serait pas drôle.

    Je garde un sentiment mitigé de la lecture cet opus : je trouve que Weber commence à se "tolkieniser". Je m'explique : je reproche à Tolkien d'avoir moins su raconter une histoire qu'inventer un monde (aïe, non, pas taper !). Et bien, David Weber commence à prendre ce pli : son univers se déploie avec force détails, mais son fil conducteur se réduit progressivement à peau de chagrin. Les scènes mettant en avant l'intimité d'Honor Harrington se font de plus en plus rares ; elles sont noyées dans la logorrhée géopolitique et diplomatique qui forme non plus le contexte, mais le coeur du récit. Bref, j'aime beaucoup Honor, mais je commence à m'impatienter. Je ne suis pas certaine d'acheter le tome suivant, c'est dire !


    Un prince sans royaume de Timothée de Fombelle (Vango, tome 2)

    vango 2.gifPour qui ignore qui est Timothée de Fombelle, qu'il aille se fouetter en place publique avec des orties fraîchement coupées avant de lire la phrase suivante. TdF (c'est plus court comme cela...) est en effet l'auteur du mirifique Tobie Lolness, un roman en deux tomes édité chez Gallimard jeunesse, qui s'adresse entre autres... à la jeunesse. "Entre autres", car tout adulte normalement constitué ne pourra qu'apprécier à sa juste valeur la finesse, la poésie et l'intelligence de l'oeuvre.

    J'ai chroniqué ici le premier des deux tomes de Vango. J'ai désormais terminé le second volet, qui clôt (pléonasme !) le diptyque. Voici le résumé de l'éditeur : "À la fin des années trente, suspendu au sommet des gratte-ciel de New York, Vango affronte ses ennemis avec le moine Zefiro, et retrouve la piste de celui qui a détruit sa famille. Sa quête le fait passer tout près de la belle Ethel, l’amour de sa vie, lors de la chute du dernier grand dirigeable qui manque le blesser à jamais. Il croit alors se retirer du monde pour toujours. Mais déjà la guerre envahit l’Europe et le remet sur les routes."

    On suit désormais Vango plutôt dans sa vie d'adulte, louvoyant entre la fuite et la lutte contre son ennemi invisible. Vango est à la fois attachant et fuyant, un personnage dont les méandres psychologiques ne sont pas si faciles à saisir. Il a une candeur et une propension au silence que j'aime énormément. La fin de l'histoire n'était pas très difficile à deviner (cela reste un roman pour la jeunesse) mais Dieu que j'apprécie que l'auteur ne prenne pas ses lecteurs pour des idiots. Il y a des scènes qui mettent en scène une petite fille russe, dont on ne sait à quoi elles se rattachent, quasiment jusqu'à la fin. Bref, Vango, bien que moins poétique que Tobie Lolness, est une oeuvre selon mon coeur. Et j'en remercie Timothée de Fombelle.


    L'affaire Pélican, de John Grisham

    affaire pélican.jpgDe John Grisham, prolifique auteur américain de politique-fiction, je n'avais rien lu. Mais j'avais vu plusieurs adaptations cinématographiques de ses romans, dont L'affaire Pélican. Je connaissais donc déjà l'histoire de la jeune Darby Shaw. Pour autant, le plaisir de lecture fut bien présent.

    Suite à l'assassinat d'un juge de la cour suprême, Darby Shaw, étudiante en droit de l'université de Louisiane, rédige un petit mémoire qu'elle montre à son prof, qui le montre à un gars du FBI, qui le montre à son patron, et qui atterrit à la Maison Blanche, au milieu des autres pistes suivies pour retrouver le commanditaire du meurtre. Malheureusement, ce petit mémoire de rien du tout avance des thèses pas si extravagantes, et il cite nommément le locataire de la Maison Blanche...

    Grisham raconte bien. Il a un don pour être proche de ses personnages tout en sachant les placer dans un contexte plus large, où le cynisme des milieux politico-financiers met en perspective les drames personnels des protagonistes. Un bon thriller, qui pointe quelques thématiques pas encore très à la mode à l'époque (1992), comme la protection des écosystèmes fragiles.


    La-fille-loup-garou-dont-je-ne-me-souviens-pas-le-nom

    pleine lune.jpgBon, vérifications faites, il s'agit de Pleine lune, premier opus d'une série intitulée Riley Jenson et commise par l'auteur australienne Keri Arthur. De la bit-lit dans toute sa... splendeur ? Il y a du sexe entre loups-garou, du sexe hétéro et homo, du sexe avec des vampires, pas de sexe avec des humains - mais on en entend beaucoup parler, du sexe provoqué par la fièvre lunaire et du sexe issu des sentiments... Bref, il y a du sexe.

    Heureusement, il y a une petite enquête policière qui accroche, et qui fait qu'on arrive à ne pas se lasser des scènes de sexe avant la fin du roman. Je l'ai lu rapidement, je n'ai pas décroché... et à part quelques fantasmes impliquant des menottes et des vampires, il n'en reste rien.

    J'ai beaucoup plus rigolé avec Fascination de Stephenie Meyer. Voilà, c'est dit. Préfèrerais-je la bit-lit puritaine à la bit-lit libertine ? Allez savoir... Moi, je sais juste que je ne lirai pas la suite de Riley Jenson.


  • Burndive, de Karin Lowachee

    Burndive.jpgCe roman est le deuxième de Karin Lowachee ; il appartient à un tryptique qui comprend Warchild, Burndive et Cagebird (à paraître). J'ai déjà lu Warchild, j'en ai pensé (et dit) beaucoup de bien. A tel point que j'ai par la suite comparé La stratégie Ender d'Orson Scott Card à Warchild (alors, que béotienne que je suis, j'eus dû faire l'inverse, puisque Ender est antérieur à Warchild).

    J'attendais non sans une certaine appréhension la lecture de ce deuxième volet. D'abord parce que je n'aime pas la jaquette, que je trouve inutilement horrifique (bien que de très belle qualité et fidèle à la description des aliens par l'auteur), alors que celle de Warchild était certes évocatrice de violence, mais pas d'épouvante.

    Et puis, ce roman allait-il me toucher autant que son prédécesseur ? De prime abord, la réponse s'impose à moi : non. Non, parce que le narrateur, Ryan, est un adolescent pourri-gâté, un gosse de riche égocentrique et veule. Un personnage pour lequel je n'ai, d'emblée, aucune empathie. Ses états d'âme de jeune adulte immature m'impatientent prodigieusement. Or, ceux-ci constituent l'essentiel du récit.

    Ceci posé, Burndive n'en reste pas moins un ouvrage intéressant. Il suit la ligne du premier volume en développant le point de vue d'un enfant pris dans une guerre. Un point de vue très différent de celui de Warchild, puisque Ryan est un jeune homme en fin d'adolescence ayant grandi dans un milieu protégé et privilégié, au contraire de Jos, jeune enfant enlevé par les pirates puis les aliens.

    La mère de Ryan et son père sont séparés, géographiquement - elle vivant sur une station et lui sur son vaisseau de guerre. En réalité, tout chez eux a divergé :  leurs opinions politiques, leurs rapports aux médias, leurs sentiments. La mère de Ryan a une liaison avec Sidney, le Marine attaché à la sécurité de Ryan et son père, Cairo Azarcon, se consacre exclusivement à son vaisseau, son équipage et les pourparlers de paix dans lesquels il s'est engagé au nom du ConcentraTerre - sans son assentiment.

    Ryan a vécu quelques années sur Terre pour ses études, jusqu'à ce qu'un attentat dirigé contre son grand-père, dirigeant de l'Etat-Major du Concentra-Terre, le traumatise. De retour chez sa mère sur la station Austro, il se drogue, perdu dans un auto-apitoiement égoïste et désespéré. Un attentat contre lui fait réagir son père, qui revient en urgence le prendre secrètement à bord de son vaisseau afin de le protéger. Bien qu'accompagné par Sidney, qui est son plus proche ami et ce qui se rapproche le plus d'un père pour lui, Ryan se sent seul et abandonné, manipulé comme un pion.

    Tous ces évènements se produisent sous les projecteurs des médias, répercutés à l'envie sur le réseau d'information Envoy. L'Envoy est la seule référence de Ryan, qui tend à n'avoir confiance qu'en lui. Pourtant habitué, dans son éducation dorée, à manipuler les médias, il ne réalise que lorsque qu'il commence à connaître la vie sur le vaisseau de son père que le réseau manipule l'opinion publique et que la réalité est bien différente de celle qu'il imaginait.

    Sa prise de conscience arrive tardivement - bien trop à mon goût. La cage psychologique dans laquelle Ryan s'est enfermé est crédible, mais on s'étonne tout de même de son manque de maturité. L'écriture de Karin Lowachee est simple et directe, mais manque peut-être un peu de profondeur pour rendre fidèlement la noirceur des personnages et des situations, que le lecteur ne fait qu'effleurer à travers le regard de Ryan.

    Tout à la fois orienté sur l'enfance en guerre et sur la manipulation des medias, cet ouvrage mérite le détour, même s'il est moins attachant que le premier opus. J'attends avec curiosité la sortie du troisième roman. Il faut dire que j'apprécie l'univers politique et sociologique créé par Karin Lowachee, doté d'un point de vue original sur une reprise impeccable des codes classiques du space opera.

    PS : à noter, beaucoup moins de coquilles dans ce deuxième volume que dans le premier. Dieu merci !


    Le Belial, 2011

    Genre : space opera, guerre

    Lu aussi par : Efelle


  • Au tréfonds du ciel, de Vernor Vinge

    vernor vinge,qeng ho,space operaRésumé emprunté à l'éditeur (il faut dire qu'il est très bien fichu) : Au sein de la société galactique, les civilisations humaines naissent, prospèrent et meurent, s'autodétruisant par voie de guerres, d'épuisement écologique ou d'excès de réglementation. Le seul repère, au fil des millénaires, est le Qeng Ho, une corporation de marchands en information qui parcourent l'espace et vendent aux civilisations renaissantes des informations indispensables. En échange, les courtiers du Qeng Ho reçoivent l'appui technique dont leurs vaisseaux ont besoin.

    Au début du roman, une flotte Qeng Ho fait route vers une des étoiles les plus mystérieuses de la galaxie, baptisée Marche-arrêt parce que, suivant un cycle régulier, elle s'éteint pour deux cent quinze ans et se rallume pour trente-cinq ans. Autour de cette étoile, une seule planète, Arachna, sur laquelle une espèce arachnoïde intelligente a réussi à s'adapter à un interminable hiver. Les Qeng Ho espèrent commercer avec eux lorsque, profitant du prochain éveil de l'étoile, ils auront développé leur technologie.

    À l'approche de Marche-Arrêt, la flotte Qeng Ho est devancée par celle d'une civilisation Émergente. Les Émergents proposent d'abord aux Qeng Ho un partage équitable des efforts et des résultats. Mais après un assaut meurtrier, ils prennent le contrôle de la flotte Qeng Ho. La société Émergente est fondée sur l'esclavage. Pathologiquement obsédés par le pouvoir, les Emergents disposent d'une technologie, dérivée d'une maladie neurologique, qui leur permet de transformer leurs victimes en esclaves psychiques. Leur but ultime est de forcer la civilisation arachnéenne à travailler pour eux.

    Sur Arachna, une guerre fait rage. Sherkaner, un génie arachnéen, imagine et participe à une opération qui devrait mettre un terme au conflit lors de l'extinction de l'étoile Marche-Arrêt. Mais la trêve ne sera que provisoire et les deux puissances qui se disputent Arachna, la monarchie libérale d'Accord, avec Sherkaner, et la théocratie réactionnaire de Kindred, s'affronteront dès le réveil de l'étoile.

    On a ainsi deux théâtres de conflit : sur Arachna, l'opposition entre le camp bienveillant de Sherkaner et celui, opposé au progrès, de Kindred ; et dans l'espace, la résistance secrète des Qeng Ho à la dictature des Émergents...


    vernor vinge,qeng ho,space opera

    Mon avis : pour qui a lu Un feu sur l'abîme, du même auteur, quelques éléments de ce roman seront familiers, tels que le Qeng Ho et le personnage de Pham Nuwen. Pour les autres, point n'est besoin de le connaître, car Au tréfonds du ciel se suffit à lui-même. Ce qui est appréciable.

    Le principal écueil de ce deuxième roman de Vernor Vinge est qu'il souffre d'hypergraphie. La guerre entre les deux civilisations araignées et celle, plus couvée, entre les Emergents et le Qeng Ho, reste en statut quo pendant de longues, voire très longues périodes (deux cents ans pour les araignées !). L'histoire et les personnages se retrouvent donc englués durant des centaines de pages dans une absence remarquable d'évènement. Bref, c'est long (hi ! hi !).

    Ce temps superfétatoire est mis à profit par l'auteur pour développer la psychologie des personnages, humains comme araignées, et pour nous faire connaître en profondeur les sociétés tout droit sorties de son imagination. Une imagination débordante, mais étonnamment crédible. La civilisation arachnéenne est bien pensée, jusque dans les moindres détails physiques, langagiers et psychologiques. Une société qui dispose de seulement trente cinq années pour renaître et progresser, et qui doit s'arrêter en plein élan pour plus de deux cents ans, est forcément porteuse de particularités difficilement concevables. Mais Vernor Vinge n'a visiblement aucun problème à concevoir ces particularités. On retrouve ici le don de l'invention qui a fait les beaux jours d'Un feu sur l'abîme et attiré les pluies de récompenses sur ses oeuvres.

    Idem pour la société Emergente, qui, grâce à son "sida mental", prend le contrôle d'une flotte Qeng Ho pourtant plus évoluée sans coup férir. L'idée est farfelue et ébouriffante. Cet esclavage psychique est un coup de génie de l'auteur, qui introduit ainsi une véritable égalité entre la civilisation plusieurs fois millénaire du Qeng Ho et celle des Emergents, qu'on pourrait, du point de vue Qeng Ho, taxer sans hésitation de bouseux...

    Si je devais comparer Au tréfonds du ciel à Un feu sur l'abîme, je dirais que le premier est moins bien construit que le deuxième, beaucoup moins rythmé. Les phases de veille, voire d'attentisme, pour les espèces arachnoïdes comme humaines sont vraiment trop longues. On s'y ennuie. En revanche, les idées de génie de Vernor Vinge que j'avais tant appréciées dans Un feu sur l'abîme (voir le détail dans mon billet) se renouvellent dans Au tréfonds du ciel. Elles sont moins flagrantes, mais bien présentes, et pour cela j'ai énormément apprécié cette lecture.

    Un roman que je recommande donc, pourvu qu'on ait un peu de patience.


    Editeur : Robert Laffont, Collection Ailleurs & Demain

    Lu aussi par : Gromovar

  • Eveil, Veille, de Robert J. Sawyer

    eveil.gifJe viens de découvrir l'auteur Robert J. Sawyer par ses deux romans Eveil et Veille. Je les ai lus d'affilée, je ferai donc ici un billet global.

    Eveil raconte l'histoire croisée d'une adolescente aveugle, d'un chimpanzé qui maîtrise la langue des signes, d'un blogueur chinois contestataire et d'une conscience qui s'éveille à l'intérieur du Web.

    Le fil narratif se concentre autour de l'adolescente. Caitlin est surdouée en mathématique. Elle tient un blog, comme toute ado de son âge, et peut surfer sur le Web grâce à une assistance logicielle. Son père ayant une promotion, elle vient d'intégrer un lycée normal au Canada, alors qu'elle était scolarisée auparavant dans un établissement pour malvoyants. Caitlin apprend d'un scientifique japonais, le Dr Kuroda, que sa cécité pourrait être corrigée grâce à un appareillage qui recode les données transmises de son oeil à son cerveau. Cet appareil, qu'elle rebaptise bientôt OeilPod, peut être mis à jour et certaines données transmises au centre de recherche japonais grâce à une connexion Wifi au Web. L'opération au Japon, expérimentale, est une réussite... Sauf que Caitlin ne voit, de prime abord, que des lignes et des cercles de couleur reliés entre eux : elle "voit" le Web...

    Le singe, Chobo, est en danger, car son zoo d'origine souhaite le récupérer auprès du centre de recherche de Californie qui l'accueille, au mieux pour le castrer, au pire pour le supprimer. Chobo est en effet un hybride, né d'une mère bonobo et d'un père chimpanzé. Mais le centre de recherche ne souhaite pas s'en séparer, ne serait-ce que parce que Chobo est très doué en langue des signes. Il parvient même à discuter via une webcam avec un autre singe "parlant" situé sur la côté Est.

    Sinanthrope est un contestataire au régime chinois, blogueur et hacker. Il se rend compte que, suite à une épidémie de grippe extrêmement contagieuse, et pour éviter que toute information gênante ne circule dans le monde, le gouvernement chinois a coupé les tuyaux du Web : plus aucune connexion n'est possible en dehors de la Chine.

    Et alors que Sinanthrope tente de passer les pare-feus installés par les autorités, une conscience émerge du Web scindé en deux parties. La coupure a provoqué cette émergence : quelque chose à disparu, cela signifie donc que "quelque chose" existe...

    Si vous ne voulez pas de spoiler, arrêtez-vous là.

     

    veille.gif

    Dans Veille, Sinanthrope a disparu du récit, mais Caitlin et Chobo sont toujours là, accompagnés désormais du bien nommé (en termes de pertinence, mais pas d'originalité) Webmind.

    Webmind apprend grâce à Caitlin et ses proches à décrypter le contenu de... lui-même (!), lire les textes évidemment, mais aussi à écouter et regarder les fichiers audio et vidéo. Une fois faite le tour de la question, il considère que l'humanité se porterait mieux si elle était plus heureuse. Il décide donc de faire le bien de l'Humanité. Si. Et donc, d'intervenir dans le mesure de ses moyens dans la vie des gens, de façon à faire monter le niveau de bonheur du genre humain. Voire celui des chimpanzés.

    Caitlin apprivoise le monde depuis qu'elle a recouvré la vue, en commençant par ses parents. Elle apprend à mieux connaître son autiste de père, aimant, génial et totalement à côté de la plaque. Caitlin découvre aussi l'importance des apparences, elle pour qui ce mot ne signifiait jusqu'alors rien de plus qu'un concept ésotérique. Et puis, comme toute ado de 16 ans, Caitlin s'intéresse au sexe opposé, voire au sexe tout court.

    Malheureusement pour Caitlin et Webmind, les services secrets américains découvrent l'existence de Webmind et décident, en toute logique, de le supprimer. Quand on ne connaît pas quelque chose, on le supprime. On faisait comme ça au Moyen-Age, alors pourquoi changer, n'est-ce pas ?

    En réponse aux attaques américaines, Webmind et Caitlin décident de conserve de révéler au grand jour l'existence de Webmind, via quelques outils bien pratiques : la suppression de tous les spams, et un message explicatif envoyé à toutes les boites de messagerie existantes...

     

    La lecture de ces deux romans s'est révélée agréable, très rapide... et parfois décevante. L'écriture et la construction du récit sont fluides et classiques. Les personnages peuvent être attachants, particulièrement le père de Caitlin, dont le syndrome d'Asperger permet de mettre en scène des situations délicieusement absurdes, mais ils souffrent dans leur majorité d'un traitement psychologique un peu succinct. Et puis, quelques idées sont définitivement trop naïves pour être crédibles... Une conscience informatique qui veut sauver le monde, sans pour autant tomber dans les écueils évoqués par les grands classiques de la SF (type 1984 d'Orwell) ? La ficelle est grossière.

    En revanche, Eveil et Veille fourmillent d'informations sur le fonctionnement du Web, ce que j'ai beaucoup apprécié. La fiction est si bien mêlée à la réalité que j'ai vraiment cru que le moteur de recherche Jagster existait. Mais non. J'ai en outre particulièrement savouré les passages qui développent la découverte visuelle du monde par Caitlin, où toutes les expressions entendues auparavant font peu à peu sens pour elle, et où elle apprend à déchiffrer les signes de communication non verbale. Il y a là quelques très jolies scènes.

    J'attends donc de lire le troisième opus, Merveille, sans passion mais avec une vraie curiosité.

     

    Robert Laffont, Ailleurs & Demain, 2009 et 2010.

    Genre : anticipation

    Lu aussi par : Brize, Lhisbei

  • La morsure de la passion, de Michele Hauf

    Mon Dieu, Pourquoi ? Pourquoi ai-je accepté un pari aussi stupide ? Par goût de l'aventure, peut-être. Par manque de goût, plus certainement.

    la-morsure-de-la-passion-52656.jpg Lhisbei avait lancé un défi à quelques amis blogueurs : lire un Harlequin teinté de fantastique, en téléchargement gratuit sur le site de l'éditeur. Histoire de rigoler un peu, quoi.

    Pauvre de moi, j'ai accepté. Je crois même avoir été l'une des premières à sauter sur l'occasion. Le fait que les autres copains de Planète SF se désistent aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais bon, je trouvais ça plutôt drôle, sur le coup.

    Donc, La morsure de la passion, de Michèle Hauf. Et bien, au bout d'un mois et 75 pages, j'ai lâchement laissé tomber. Telle une chaussette usagée, mon fichier PDF est resté en souffrance sur le bureau de mon ordinateur, me rappelant mon abandon à chaque allumage.

    J'avais pourtant le temps : la lecture commune était prévue pour le 31 décembre dernier, et j'avais commencé "l'oeuvre" en septembre.

    Oui mais non. Il y a des limites, visiblement, à ce que je peux encaisser. Je suppose que je n'ai vraiment plus assez de loisir pour supporter de perdre mon temps sur des imbécillités pareilles.

    Un exemple, le seul que je donnerai :

    Il en allait toujours ainsi avec le diable : il apparaissait aux créatures sous la forme de leur plus grande tentation. Un homme voyait en lui une femme sublime, une femme un homme irrésistible.

    Les dernières fois qu’il lui était apparu, il avait pris l’apparence de l’acteur Johnny Depp. Il avait un visage d’ange ténébreux, les cheveux aux épaules et un sourire si séduisant qu’elle avait failli en oublier les préservatifs.

    Voilà. Ca se passe de commentaires. Ou plutôt, c'est tellement navrant que j'en reste sans voix.

    Comme quoi, c'était mieux quand j'étais étudiante : là, je me serais marré ! Et la lecture commune aurait été pour moi un moyen de rire avec les autres. Mais voilà, avec le temps qui passe (fortement corrélé, on ne sait pourquoi, à des occupations professionnelles et surtout personnelles de plus en plus chronophages), je me transforme en Troll... Et j'en suis la première marrie. Je présente mes plus plates excuses, une deuxième fois, à Lhisbei, pour mon désistement honteux.

    D'autres, beaucoup plus courageux et dignes de confiance que moi, ont réussi cet exploit. Je vous invite donc à aller voir les billets de Lhisbei, Cédric Jeanneret, Gromovar (dont le sarcasme m'a particulièrement ravi), Val, Angua et Calenwenn.... sur cette... chose.



    Collection Nocturnes, Editions Harlequin, 2011.