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Impromptu - Page 18

  • En avril, je ne perds pas le fil

    Le mois d'avril ayant été maussade, que faire, sinon lire ? Alors Vango, Honor, Darby et la-fille-loup-garou-dont-je-ne-me-souviens-pas-le-nom ont été mes compagnons de route.


    En mission, de David Weber (Honor Harrington livre 12)

    en mission tome 2.jpgEn mission est le dernier opus sorti, en deux tomes comme toujours, des aventures de ma copine Honor Harrington, officier de renom dans deux flottes interstellaires. Honor est donc désormais mariée, mère de Raoul (le cri qui dessaoûle), et Premier Lord de la Spatiale. Elle est chargée de négocier la paix avec la République du Havre, tandis que, dans l'ombre, s'ourdit un machiavélique complot contre l'Empire Stellaire. Sinon ce ne serait pas drôle.

    Je garde un sentiment mitigé de la lecture cet opus : je trouve que Weber commence à se "tolkieniser". Je m'explique : je reproche à Tolkien d'avoir moins su raconter une histoire qu'inventer un monde (aïe, non, pas taper !). Et bien, David Weber commence à prendre ce pli : son univers se déploie avec force détails, mais son fil conducteur se réduit progressivement à peau de chagrin. Les scènes mettant en avant l'intimité d'Honor Harrington se font de plus en plus rares ; elles sont noyées dans la logorrhée géopolitique et diplomatique qui forme non plus le contexte, mais le coeur du récit. Bref, j'aime beaucoup Honor, mais je commence à m'impatienter. Je ne suis pas certaine d'acheter le tome suivant, c'est dire !


    Un prince sans royaume de Timothée de Fombelle (Vango, tome 2)

    vango 2.gifPour qui ignore qui est Timothée de Fombelle, qu'il aille se fouetter en place publique avec des orties fraîchement coupées avant de lire la phrase suivante. TdF (c'est plus court comme cela...) est en effet l'auteur du mirifique Tobie Lolness, un roman en deux tomes édité chez Gallimard jeunesse, qui s'adresse entre autres... à la jeunesse. "Entre autres", car tout adulte normalement constitué ne pourra qu'apprécier à sa juste valeur la finesse, la poésie et l'intelligence de l'oeuvre.

    J'ai chroniqué ici le premier des deux tomes de Vango. J'ai désormais terminé le second volet, qui clôt (pléonasme !) le diptyque. Voici le résumé de l'éditeur : "À la fin des années trente, suspendu au sommet des gratte-ciel de New York, Vango affronte ses ennemis avec le moine Zefiro, et retrouve la piste de celui qui a détruit sa famille. Sa quête le fait passer tout près de la belle Ethel, l’amour de sa vie, lors de la chute du dernier grand dirigeable qui manque le blesser à jamais. Il croit alors se retirer du monde pour toujours. Mais déjà la guerre envahit l’Europe et le remet sur les routes."

    On suit désormais Vango plutôt dans sa vie d'adulte, louvoyant entre la fuite et la lutte contre son ennemi invisible. Vango est à la fois attachant et fuyant, un personnage dont les méandres psychologiques ne sont pas si faciles à saisir. Il a une candeur et une propension au silence que j'aime énormément. La fin de l'histoire n'était pas très difficile à deviner (cela reste un roman pour la jeunesse) mais Dieu que j'apprécie que l'auteur ne prenne pas ses lecteurs pour des idiots. Il y a des scènes qui mettent en scène une petite fille russe, dont on ne sait à quoi elles se rattachent, quasiment jusqu'à la fin. Bref, Vango, bien que moins poétique que Tobie Lolness, est une oeuvre selon mon coeur. Et j'en remercie Timothée de Fombelle.


    L'affaire Pélican, de John Grisham

    affaire pélican.jpgDe John Grisham, prolifique auteur américain de politique-fiction, je n'avais rien lu. Mais j'avais vu plusieurs adaptations cinématographiques de ses romans, dont L'affaire Pélican. Je connaissais donc déjà l'histoire de la jeune Darby Shaw. Pour autant, le plaisir de lecture fut bien présent.

    Suite à l'assassinat d'un juge de la cour suprême, Darby Shaw, étudiante en droit de l'université de Louisiane, rédige un petit mémoire qu'elle montre à son prof, qui le montre à un gars du FBI, qui le montre à son patron, et qui atterrit à la Maison Blanche, au milieu des autres pistes suivies pour retrouver le commanditaire du meurtre. Malheureusement, ce petit mémoire de rien du tout avance des thèses pas si extravagantes, et il cite nommément le locataire de la Maison Blanche...

    Grisham raconte bien. Il a un don pour être proche de ses personnages tout en sachant les placer dans un contexte plus large, où le cynisme des milieux politico-financiers met en perspective les drames personnels des protagonistes. Un bon thriller, qui pointe quelques thématiques pas encore très à la mode à l'époque (1992), comme la protection des écosystèmes fragiles.


    La-fille-loup-garou-dont-je-ne-me-souviens-pas-le-nom

    pleine lune.jpgBon, vérifications faites, il s'agit de Pleine lune, premier opus d'une série intitulée Riley Jenson et commise par l'auteur australienne Keri Arthur. De la bit-lit dans toute sa... splendeur ? Il y a du sexe entre loups-garou, du sexe hétéro et homo, du sexe avec des vampires, pas de sexe avec des humains - mais on en entend beaucoup parler, du sexe provoqué par la fièvre lunaire et du sexe issu des sentiments... Bref, il y a du sexe.

    Heureusement, il y a une petite enquête policière qui accroche, et qui fait qu'on arrive à ne pas se lasser des scènes de sexe avant la fin du roman. Je l'ai lu rapidement, je n'ai pas décroché... et à part quelques fantasmes impliquant des menottes et des vampires, il n'en reste rien.

    J'ai beaucoup plus rigolé avec Fascination de Stephenie Meyer. Voilà, c'est dit. Préfèrerais-je la bit-lit puritaine à la bit-lit libertine ? Allez savoir... Moi, je sais juste que je ne lirai pas la suite de Riley Jenson.


  • Burndive, de Karin Lowachee

    Burndive.jpgCe roman est le deuxième de Karin Lowachee ; il appartient à un tryptique qui comprend Warchild, Burndive et Cagebird (à paraître). J'ai déjà lu Warchild, j'en ai pensé (et dit) beaucoup de bien. A tel point que j'ai par la suite comparé La stratégie Ender d'Orson Scott Card à Warchild (alors, que béotienne que je suis, j'eus dû faire l'inverse, puisque Ender est antérieur à Warchild).

    J'attendais non sans une certaine appréhension la lecture de ce deuxième volet. D'abord parce que je n'aime pas la jaquette, que je trouve inutilement horrifique (bien que de très belle qualité et fidèle à la description des aliens par l'auteur), alors que celle de Warchild était certes évocatrice de violence, mais pas d'épouvante.

    Et puis, ce roman allait-il me toucher autant que son prédécesseur ? De prime abord, la réponse s'impose à moi : non. Non, parce que le narrateur, Ryan, est un adolescent pourri-gâté, un gosse de riche égocentrique et veule. Un personnage pour lequel je n'ai, d'emblée, aucune empathie. Ses états d'âme de jeune adulte immature m'impatientent prodigieusement. Or, ceux-ci constituent l'essentiel du récit.

    Ceci posé, Burndive n'en reste pas moins un ouvrage intéressant. Il suit la ligne du premier volume en développant le point de vue d'un enfant pris dans une guerre. Un point de vue très différent de celui de Warchild, puisque Ryan est un jeune homme en fin d'adolescence ayant grandi dans un milieu protégé et privilégié, au contraire de Jos, jeune enfant enlevé par les pirates puis les aliens.

    La mère de Ryan et son père sont séparés, géographiquement - elle vivant sur une station et lui sur son vaisseau de guerre. En réalité, tout chez eux a divergé :  leurs opinions politiques, leurs rapports aux médias, leurs sentiments. La mère de Ryan a une liaison avec Sidney, le Marine attaché à la sécurité de Ryan et son père, Cairo Azarcon, se consacre exclusivement à son vaisseau, son équipage et les pourparlers de paix dans lesquels il s'est engagé au nom du ConcentraTerre - sans son assentiment.

    Ryan a vécu quelques années sur Terre pour ses études, jusqu'à ce qu'un attentat dirigé contre son grand-père, dirigeant de l'Etat-Major du Concentra-Terre, le traumatise. De retour chez sa mère sur la station Austro, il se drogue, perdu dans un auto-apitoiement égoïste et désespéré. Un attentat contre lui fait réagir son père, qui revient en urgence le prendre secrètement à bord de son vaisseau afin de le protéger. Bien qu'accompagné par Sidney, qui est son plus proche ami et ce qui se rapproche le plus d'un père pour lui, Ryan se sent seul et abandonné, manipulé comme un pion.

    Tous ces évènements se produisent sous les projecteurs des médias, répercutés à l'envie sur le réseau d'information Envoy. L'Envoy est la seule référence de Ryan, qui tend à n'avoir confiance qu'en lui. Pourtant habitué, dans son éducation dorée, à manipuler les médias, il ne réalise que lorsque qu'il commence à connaître la vie sur le vaisseau de son père que le réseau manipule l'opinion publique et que la réalité est bien différente de celle qu'il imaginait.

    Sa prise de conscience arrive tardivement - bien trop à mon goût. La cage psychologique dans laquelle Ryan s'est enfermé est crédible, mais on s'étonne tout de même de son manque de maturité. L'écriture de Karin Lowachee est simple et directe, mais manque peut-être un peu de profondeur pour rendre fidèlement la noirceur des personnages et des situations, que le lecteur ne fait qu'effleurer à travers le regard de Ryan.

    Tout à la fois orienté sur l'enfance en guerre et sur la manipulation des medias, cet ouvrage mérite le détour, même s'il est moins attachant que le premier opus. J'attends avec curiosité la sortie du troisième roman. Il faut dire que j'apprécie l'univers politique et sociologique créé par Karin Lowachee, doté d'un point de vue original sur une reprise impeccable des codes classiques du space opera.

    PS : à noter, beaucoup moins de coquilles dans ce deuxième volume que dans le premier. Dieu merci !


    Le Belial, 2011

    Genre : space opera, guerre

    Lu aussi par : Efelle


  • Au tréfonds du ciel, de Vernor Vinge

    vernor vinge,qeng ho,space operaRésumé emprunté à l'éditeur (il faut dire qu'il est très bien fichu) : Au sein de la société galactique, les civilisations humaines naissent, prospèrent et meurent, s'autodétruisant par voie de guerres, d'épuisement écologique ou d'excès de réglementation. Le seul repère, au fil des millénaires, est le Qeng Ho, une corporation de marchands en information qui parcourent l'espace et vendent aux civilisations renaissantes des informations indispensables. En échange, les courtiers du Qeng Ho reçoivent l'appui technique dont leurs vaisseaux ont besoin.

    Au début du roman, une flotte Qeng Ho fait route vers une des étoiles les plus mystérieuses de la galaxie, baptisée Marche-arrêt parce que, suivant un cycle régulier, elle s'éteint pour deux cent quinze ans et se rallume pour trente-cinq ans. Autour de cette étoile, une seule planète, Arachna, sur laquelle une espèce arachnoïde intelligente a réussi à s'adapter à un interminable hiver. Les Qeng Ho espèrent commercer avec eux lorsque, profitant du prochain éveil de l'étoile, ils auront développé leur technologie.

    À l'approche de Marche-Arrêt, la flotte Qeng Ho est devancée par celle d'une civilisation Émergente. Les Émergents proposent d'abord aux Qeng Ho un partage équitable des efforts et des résultats. Mais après un assaut meurtrier, ils prennent le contrôle de la flotte Qeng Ho. La société Émergente est fondée sur l'esclavage. Pathologiquement obsédés par le pouvoir, les Emergents disposent d'une technologie, dérivée d'une maladie neurologique, qui leur permet de transformer leurs victimes en esclaves psychiques. Leur but ultime est de forcer la civilisation arachnéenne à travailler pour eux.

    Sur Arachna, une guerre fait rage. Sherkaner, un génie arachnéen, imagine et participe à une opération qui devrait mettre un terme au conflit lors de l'extinction de l'étoile Marche-Arrêt. Mais la trêve ne sera que provisoire et les deux puissances qui se disputent Arachna, la monarchie libérale d'Accord, avec Sherkaner, et la théocratie réactionnaire de Kindred, s'affronteront dès le réveil de l'étoile.

    On a ainsi deux théâtres de conflit : sur Arachna, l'opposition entre le camp bienveillant de Sherkaner et celui, opposé au progrès, de Kindred ; et dans l'espace, la résistance secrète des Qeng Ho à la dictature des Émergents...


    vernor vinge,qeng ho,space opera

    Mon avis : pour qui a lu Un feu sur l'abîme, du même auteur, quelques éléments de ce roman seront familiers, tels que le Qeng Ho et le personnage de Pham Nuwen. Pour les autres, point n'est besoin de le connaître, car Au tréfonds du ciel se suffit à lui-même. Ce qui est appréciable.

    Le principal écueil de ce deuxième roman de Vernor Vinge est qu'il souffre d'hypergraphie. La guerre entre les deux civilisations araignées et celle, plus couvée, entre les Emergents et le Qeng Ho, reste en statut quo pendant de longues, voire très longues périodes (deux cents ans pour les araignées !). L'histoire et les personnages se retrouvent donc englués durant des centaines de pages dans une absence remarquable d'évènement. Bref, c'est long (hi ! hi !).

    Ce temps superfétatoire est mis à profit par l'auteur pour développer la psychologie des personnages, humains comme araignées, et pour nous faire connaître en profondeur les sociétés tout droit sorties de son imagination. Une imagination débordante, mais étonnamment crédible. La civilisation arachnéenne est bien pensée, jusque dans les moindres détails physiques, langagiers et psychologiques. Une société qui dispose de seulement trente cinq années pour renaître et progresser, et qui doit s'arrêter en plein élan pour plus de deux cents ans, est forcément porteuse de particularités difficilement concevables. Mais Vernor Vinge n'a visiblement aucun problème à concevoir ces particularités. On retrouve ici le don de l'invention qui a fait les beaux jours d'Un feu sur l'abîme et attiré les pluies de récompenses sur ses oeuvres.

    Idem pour la société Emergente, qui, grâce à son "sida mental", prend le contrôle d'une flotte Qeng Ho pourtant plus évoluée sans coup férir. L'idée est farfelue et ébouriffante. Cet esclavage psychique est un coup de génie de l'auteur, qui introduit ainsi une véritable égalité entre la civilisation plusieurs fois millénaire du Qeng Ho et celle des Emergents, qu'on pourrait, du point de vue Qeng Ho, taxer sans hésitation de bouseux...

    Si je devais comparer Au tréfonds du ciel à Un feu sur l'abîme, je dirais que le premier est moins bien construit que le deuxième, beaucoup moins rythmé. Les phases de veille, voire d'attentisme, pour les espèces arachnoïdes comme humaines sont vraiment trop longues. On s'y ennuie. En revanche, les idées de génie de Vernor Vinge que j'avais tant appréciées dans Un feu sur l'abîme (voir le détail dans mon billet) se renouvellent dans Au tréfonds du ciel. Elles sont moins flagrantes, mais bien présentes, et pour cela j'ai énormément apprécié cette lecture.

    Un roman que je recommande donc, pourvu qu'on ait un peu de patience.


    Editeur : Robert Laffont, Collection Ailleurs & Demain

    Lu aussi par : Gromovar

  • Eveil, Veille, de Robert J. Sawyer

    eveil.gifJe viens de découvrir l'auteur Robert J. Sawyer par ses deux romans Eveil et Veille. Je les ai lus d'affilée, je ferai donc ici un billet global.

    Eveil raconte l'histoire croisée d'une adolescente aveugle, d'un chimpanzé qui maîtrise la langue des signes, d'un blogueur chinois contestataire et d'une conscience qui s'éveille à l'intérieur du Web.

    Le fil narratif se concentre autour de l'adolescente. Caitlin est surdouée en mathématique. Elle tient un blog, comme toute ado de son âge, et peut surfer sur le Web grâce à une assistance logicielle. Son père ayant une promotion, elle vient d'intégrer un lycée normal au Canada, alors qu'elle était scolarisée auparavant dans un établissement pour malvoyants. Caitlin apprend d'un scientifique japonais, le Dr Kuroda, que sa cécité pourrait être corrigée grâce à un appareillage qui recode les données transmises de son oeil à son cerveau. Cet appareil, qu'elle rebaptise bientôt OeilPod, peut être mis à jour et certaines données transmises au centre de recherche japonais grâce à une connexion Wifi au Web. L'opération au Japon, expérimentale, est une réussite... Sauf que Caitlin ne voit, de prime abord, que des lignes et des cercles de couleur reliés entre eux : elle "voit" le Web...

    Le singe, Chobo, est en danger, car son zoo d'origine souhaite le récupérer auprès du centre de recherche de Californie qui l'accueille, au mieux pour le castrer, au pire pour le supprimer. Chobo est en effet un hybride, né d'une mère bonobo et d'un père chimpanzé. Mais le centre de recherche ne souhaite pas s'en séparer, ne serait-ce que parce que Chobo est très doué en langue des signes. Il parvient même à discuter via une webcam avec un autre singe "parlant" situé sur la côté Est.

    Sinanthrope est un contestataire au régime chinois, blogueur et hacker. Il se rend compte que, suite à une épidémie de grippe extrêmement contagieuse, et pour éviter que toute information gênante ne circule dans le monde, le gouvernement chinois a coupé les tuyaux du Web : plus aucune connexion n'est possible en dehors de la Chine.

    Et alors que Sinanthrope tente de passer les pare-feus installés par les autorités, une conscience émerge du Web scindé en deux parties. La coupure a provoqué cette émergence : quelque chose à disparu, cela signifie donc que "quelque chose" existe...

    Si vous ne voulez pas de spoiler, arrêtez-vous là.

     

    veille.gif

    Dans Veille, Sinanthrope a disparu du récit, mais Caitlin et Chobo sont toujours là, accompagnés désormais du bien nommé (en termes de pertinence, mais pas d'originalité) Webmind.

    Webmind apprend grâce à Caitlin et ses proches à décrypter le contenu de... lui-même (!), lire les textes évidemment, mais aussi à écouter et regarder les fichiers audio et vidéo. Une fois faite le tour de la question, il considère que l'humanité se porterait mieux si elle était plus heureuse. Il décide donc de faire le bien de l'Humanité. Si. Et donc, d'intervenir dans le mesure de ses moyens dans la vie des gens, de façon à faire monter le niveau de bonheur du genre humain. Voire celui des chimpanzés.

    Caitlin apprivoise le monde depuis qu'elle a recouvré la vue, en commençant par ses parents. Elle apprend à mieux connaître son autiste de père, aimant, génial et totalement à côté de la plaque. Caitlin découvre aussi l'importance des apparences, elle pour qui ce mot ne signifiait jusqu'alors rien de plus qu'un concept ésotérique. Et puis, comme toute ado de 16 ans, Caitlin s'intéresse au sexe opposé, voire au sexe tout court.

    Malheureusement pour Caitlin et Webmind, les services secrets américains découvrent l'existence de Webmind et décident, en toute logique, de le supprimer. Quand on ne connaît pas quelque chose, on le supprime. On faisait comme ça au Moyen-Age, alors pourquoi changer, n'est-ce pas ?

    En réponse aux attaques américaines, Webmind et Caitlin décident de conserve de révéler au grand jour l'existence de Webmind, via quelques outils bien pratiques : la suppression de tous les spams, et un message explicatif envoyé à toutes les boites de messagerie existantes...

     

    La lecture de ces deux romans s'est révélée agréable, très rapide... et parfois décevante. L'écriture et la construction du récit sont fluides et classiques. Les personnages peuvent être attachants, particulièrement le père de Caitlin, dont le syndrome d'Asperger permet de mettre en scène des situations délicieusement absurdes, mais ils souffrent dans leur majorité d'un traitement psychologique un peu succinct. Et puis, quelques idées sont définitivement trop naïves pour être crédibles... Une conscience informatique qui veut sauver le monde, sans pour autant tomber dans les écueils évoqués par les grands classiques de la SF (type 1984 d'Orwell) ? La ficelle est grossière.

    En revanche, Eveil et Veille fourmillent d'informations sur le fonctionnement du Web, ce que j'ai beaucoup apprécié. La fiction est si bien mêlée à la réalité que j'ai vraiment cru que le moteur de recherche Jagster existait. Mais non. J'ai en outre particulièrement savouré les passages qui développent la découverte visuelle du monde par Caitlin, où toutes les expressions entendues auparavant font peu à peu sens pour elle, et où elle apprend à déchiffrer les signes de communication non verbale. Il y a là quelques très jolies scènes.

    J'attends donc de lire le troisième opus, Merveille, sans passion mais avec une vraie curiosité.

     

    Robert Laffont, Ailleurs & Demain, 2009 et 2010.

    Genre : anticipation

    Lu aussi par : Brize, Lhisbei

  • La morsure de la passion, de Michele Hauf

    Mon Dieu, Pourquoi ? Pourquoi ai-je accepté un pari aussi stupide ? Par goût de l'aventure, peut-être. Par manque de goût, plus certainement.

    la-morsure-de-la-passion-52656.jpg Lhisbei avait lancé un défi à quelques amis blogueurs : lire un Harlequin teinté de fantastique, en téléchargement gratuit sur le site de l'éditeur. Histoire de rigoler un peu, quoi.

    Pauvre de moi, j'ai accepté. Je crois même avoir été l'une des premières à sauter sur l'occasion. Le fait que les autres copains de Planète SF se désistent aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais bon, je trouvais ça plutôt drôle, sur le coup.

    Donc, La morsure de la passion, de Michèle Hauf. Et bien, au bout d'un mois et 75 pages, j'ai lâchement laissé tomber. Telle une chaussette usagée, mon fichier PDF est resté en souffrance sur le bureau de mon ordinateur, me rappelant mon abandon à chaque allumage.

    J'avais pourtant le temps : la lecture commune était prévue pour le 31 décembre dernier, et j'avais commencé "l'oeuvre" en septembre.

    Oui mais non. Il y a des limites, visiblement, à ce que je peux encaisser. Je suppose que je n'ai vraiment plus assez de loisir pour supporter de perdre mon temps sur des imbécillités pareilles.

    Un exemple, le seul que je donnerai :

    Il en allait toujours ainsi avec le diable : il apparaissait aux créatures sous la forme de leur plus grande tentation. Un homme voyait en lui une femme sublime, une femme un homme irrésistible.

    Les dernières fois qu’il lui était apparu, il avait pris l’apparence de l’acteur Johnny Depp. Il avait un visage d’ange ténébreux, les cheveux aux épaules et un sourire si séduisant qu’elle avait failli en oublier les préservatifs.

    Voilà. Ca se passe de commentaires. Ou plutôt, c'est tellement navrant que j'en reste sans voix.

    Comme quoi, c'était mieux quand j'étais étudiante : là, je me serais marré ! Et la lecture commune aurait été pour moi un moyen de rire avec les autres. Mais voilà, avec le temps qui passe (fortement corrélé, on ne sait pourquoi, à des occupations professionnelles et surtout personnelles de plus en plus chronophages), je me transforme en Troll... Et j'en suis la première marrie. Je présente mes plus plates excuses, une deuxième fois, à Lhisbei, pour mon désistement honteux.

    D'autres, beaucoup plus courageux et dignes de confiance que moi, ont réussi cet exploit. Je vous invite donc à aller voir les billets de Lhisbei, Cédric Jeanneret, Gromovar (dont le sarcasme m'a particulièrement ravi), Val, Angua et Calenwenn.... sur cette... chose.



    Collection Nocturnes, Editions Harlequin, 2011.

  • Des DRM, du piratage et autres joyeusetés

    Jusqu'à maintenant, je me suis peu exprimée sur ces sujets pourtant très d'actualité chez les internautes : les DRM, le piratage, l'offre des livres numériques. Parce que d'autres, plus informés que moi, le font bien mieux. Mais aujourd'hui, j'ai changé d'avis.

    drm,piratage,téléchargement légal,téléchargement illégal,livres numériquesLes DRM, pour les néophytes, sont des verrous de protection électroniques apportés à des fichiers numériques, allant du CD musical aux fichiers textes en passant par les DVD et les jeux vidéo. Ils devraient permettre de protéger le fichier contre les copies pirates. Je dis "devraient", car en réalité, il n'y a visiblement rien de plus simple que de les déverrouiller, si l'on en croit cet article (les commentaires sont aussi éclairants que le billet). Je n'ai pas encore testé.

    Les éditeurs font le choix d'appliquer ou non des DRM sur leurs ouvrages. Gallimard, par exemple, que j'apprécie pour ses grands choix éditoriaux (souvenez-vous combien j'ai aimé Du domaine des Murmures, de Carole Martinez) se met sur la défensive et devient agressive dès qu'il s'agit d'édition numérique. Des DRM un peu partout, des éditions numériques de mauvaise qualité, des menaces sur le distributeur de la nouvelle traduction Du vieil homme et la mer d'Hemingway par François Bon en format numérique, j'en passe et pas des meilleures. Je suis déçue de leur politique ultra protectionniste.

    Une récente chronique de Lhisbei, une blogueuse dont vous entendez souvent parler chez moi (entre autres parce qu'en fille de goût, elle aime la bière et le vin), aborde le sujet des DRM appliqués aux livres numériques dans sa Grande question du lundi. Et ma foi, son expérience interpelle le petit monde des internautes. Je vous invite donc à lire l'intégralité de son billet, ainsi que les commentaires.

    Si vous n'en avez pas le courage, en voici la substantifique moëlle (une phrase !) :

    "Pour pouvoir utiliser un fichier que j'avais légalement acheté, j'ai dû utiliser une méthode de pirate..."

    Voilà. Cela a le mérite d'être limpide.

    Lhisbei explique qu'ayant légalement acheté un texte pour sa liseuse, elle n'a jamais réussi à  débloquer le verrouillage. Après y avoir passé beaucoup (trop) de temps, elle a opté pour une approche de "pirate" : elle a cracké le code. En trois clics de souris, c'était réglé, et elle a pu lire son fichier.

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    Ailleurs, j'ai pu trouver une démonstration sous forme de comic-strip d'un internaute qui décide de se procurer légalement la saison 1 de Game of Thrones... Je vous laisse découvrir la chute (allergiques à l'anglais s'abstenir - mais on n'est pas obligé d'être bilingue non plus !). C'est édifiant !

    Il existe de nombreux articles sur le sujet, en allant grapiller sur des sites tels que OWNI, Numerama, Actualitté, mais aussi sur tous les grands sites d'information généralistes. Je me suis contentée de ces deux exemples, qui sont simples et parlants. Simplistes, me reprochera-t-on ? Peut-être. Démagogiques ? Certainement pas.

    Les DRM sont un non sens. Le marché des livres numériques pourrait être en pleine expansion en France depuis bien plus longtemps si les grands éditeurs n'avaient pas été si frileux. La copie pirate existera toujours, ne rêvons pas. Il faut simplement se "résoudre" à proposer une offre légale aussi variée et d'aussi bonne qualité que l'offre piratée. C'est à ce prix que cette dernière reculera.

    drm,piratage,téléchargement légal,téléchargement illégal,livres numériquesLa lecture numérique m'intéresse, elle intéresse mon entourage privé et professionnel, mais je ne m'y suis pas encore vraiment mise parce l'offre est encore, malgré les efforts de bien des maisons d'édition, trop partielle et bien trop verrouillée.


    Réveillez-vous, éditeurs, l'avenir est ici.  =>

     


  • Jaworski en triple

    jean-philippe-jaworski.jpgD'autres blogueurs font d'excellentes revues de blog, tous les mois ou presque, avec talent et abnégation. Ce n'est pas mon cas.

    Mais je ne pouvais pas ne pas relayer cette information : Jean-Philippe Jaworski, auteur de Janua Vera et de Gagner la guerre (qui est, je le rappelle, un de mes romans préférés), publiera non pas un, mais trois nouveaux romans aux Moutons électriques.

    La nouvelle a été annoncée en janvier dans le blog de l'éditeur, en deux articles : l'un sur la publication elle-même, l'autre sur la raison du découpage en trois tomes.

    Je ne peux donc que me réjouir d'une si bonne nouvelle et la partager avec vous. 2013 me tarde !