J'ai vu une critique de ce titre chez BiblioMan(u), le super héros des livres, et mon néanmoins estimé collègue. Bon, elle était convaincante, cette critique, alors j'ai lu le roman.
Barry Donovan et Werner Von Lewinsky, respectivement policier dépressif et aristocrate esseulé, entretiennent des relations d'amitité via le Web, par des forums d'abord, puis par le biais des mails ou de la conversation instantanée.
Leurs conversations, qui portent d'abord sur des sujets culturels, glissent peu à peu vers la confidence. Barry se sent démuni dans son travail, voire inutile. Werner s'ennuie ferme dans sa tour d'ivoire. Il décide donc d'aider Barry dans le cadre de ses enquêtes, mettant ses ressources inhabituelles au service du policier.
Car, roulement de tambour, Werner est un vampire. Oui : avec un nom pareil, on aurait pu s'en douter. Voilà donc le point d'achoppement de l'histoire, qui nous divise, Biblioman(u) et moi. Je trouve l'idée de départ excellente : sortir le vampire de son rôle de séducteur, le lier à une vie humaine par d'autres biais que celui du prédateur, une histoire d'amitié, d'hommes, sur un fond de « vrai » polar... Oui, une bien bonne idée pour nous sortir de l'ornière habituelle.
Sauf que... La sauce ne prend pas. En tout cas, pas suffisamment pour pouvoir ignorer les grumeaux qui nous restent sous les yeux. Les noms des personnages, rien que ça : ils sont des stéréotypes à eux seuls. On se croirait dans un film de série B. La dépression du policier consciencieux, le rôle exagérément mystérieux de Werner, ses incessantes précautions pour ses déplacements et l'utilisation de ses capacités surnaturelles, son maniérisme surrané en matière de style, de langage... Tout cela est bien trop appuyé pour être crédible.
Peut-être ne s'agit-il que d'un problème de lunettes. Peut-être sortais-je de trop de lectures plus ou moins abouties incluant des vampires pour apprécier la vraie différence de ce récit (oserais-je avouer que je l'ai lu il y a déjà... 3 mois ! D'où l'utilité pour toi, chez internaute, d'aller me botter les fesses dans ma Pile à Bloguer).
L'histoire semble terriblement maladroite, et pourtant pleine de promesses. Une suite peut être envisagée, au vu de la fin du roman, mais je m'interroge : l'auteur pourra-t-il gagner en maturité, gommer les ficelles tellements blanches qu'elles en sont fluorescentes ?
Je n'ai pour l'instant rien lu d'autre de David S. Khara, je ne peux donc pas comparer avec son style habituel. J'espère que, si suite il y a, elle saura développer à son plein potentiel les pépites qui parsèment ce roman et que nous pourrons nous attacher définitivement à Barry et Werner.
Genre : polar, fantastique
Editeurs : Rivière Blanche d'abord, puis Michel Lafon, 2011
PS : Ami internaute/lecteur/blogueur, tu peux remercier BoF, un fidèle de ce blog et néanmoins excellent ami IRL, de m'avoir secoué les puces pour rédiger cette chronique.