Jusqu'à maintenant, je me suis peu exprimée sur ces sujets pourtant très d'actualité chez les internautes : les DRM, le piratage, l'offre des livres numériques. Parce que d'autres, plus informés que moi, le font bien mieux. Mais aujourd'hui, j'ai changé d'avis.
Les DRM, pour les néophytes, sont des verrous de protection électroniques apportés à des fichiers numériques, allant du CD musical aux fichiers textes en passant par les DVD et les jeux vidéo. Ils devraient permettre de protéger le fichier contre les copies pirates. Je dis "devraient", car en réalité, il n'y a visiblement rien de plus simple que de les déverrouiller, si l'on en croit cet article (les commentaires sont aussi éclairants que le billet). Je n'ai pas encore testé.
Les éditeurs font le choix d'appliquer ou non des DRM sur leurs ouvrages. Gallimard, par exemple, que j'apprécie pour ses grands choix éditoriaux (souvenez-vous combien j'ai aimé Du domaine des Murmures, de Carole Martinez) se met sur la défensive et devient agressive dès qu'il s'agit d'édition numérique. Des DRM un peu partout, des éditions numériques de mauvaise qualité, des menaces sur le distributeur de la nouvelle traduction Du vieil homme et la mer d'Hemingway par François Bon en format numérique, j'en passe et pas des meilleures. Je suis déçue de leur politique ultra protectionniste.
Une récente chronique de Lhisbei, une blogueuse dont vous entendez souvent parler chez moi (entre autres parce qu'en fille de goût, elle aime la bière et le vin), aborde le sujet des DRM appliqués aux livres numériques dans sa Grande question du lundi. Et ma foi, son expérience interpelle le petit monde des internautes. Je vous invite donc à lire l'intégralité de son billet, ainsi que les commentaires.
Si vous n'en avez pas le courage, en voici la substantifique moëlle (une phrase !) :
"Pour pouvoir utiliser un fichier que j'avais légalement acheté, j'ai dû utiliser une méthode de pirate..."
Voilà. Cela a le mérite d'être limpide.
Lhisbei explique qu'ayant légalement acheté un texte pour sa liseuse, elle n'a jamais réussi à débloquer le verrouillage. Après y avoir passé beaucoup (trop) de temps, elle a opté pour une approche de "pirate" : elle a cracké le code. En trois clics de souris, c'était réglé, et elle a pu lire son fichier.
Ailleurs, j'ai pu trouver une démonstration sous forme de comic-strip d'un internaute qui décide de se procurer légalement la saison 1 de Game of Thrones... Je vous laisse découvrir la chute (allergiques à l'anglais s'abstenir - mais on n'est pas obligé d'être bilingue non plus !). C'est édifiant !
Il existe de nombreux articles sur le sujet, en allant grapiller sur des sites tels que OWNI, Numerama, Actualitté, mais aussi sur tous les grands sites d'information généralistes. Je me suis contentée de ces deux exemples, qui sont simples et parlants. Simplistes, me reprochera-t-on ? Peut-être. Démagogiques ? Certainement pas.
Les DRM sont un non sens. Le marché des livres numériques pourrait être en pleine expansion en France depuis bien plus longtemps si les grands éditeurs n'avaient pas été si frileux. La copie pirate existera toujours, ne rêvons pas. Il faut simplement se "résoudre" à proposer une offre légale aussi variée et d'aussi bonne qualité que l'offre piratée. C'est à ce prix que cette dernière reculera.
La lecture numérique m'intéresse, elle intéresse mon entourage privé et professionnel, mais je ne m'y suis pas encore vraiment mise parce l'offre est encore, malgré les efforts de bien des maisons d'édition, trop partielle et bien trop verrouillée.
Réveillez-vous, éditeurs, l'avenir est ici. =>
Commentaires
Très bon article qui résume bien l'impasse actuelle.
Personnellement je préfère le papier, mais je me suis quand même renseigné sur le numérique. Et quand j'ai vu le cirque que c'était, entre les formats epub/pdf/kindle et autres, et l'histoire des DRM, sans parler du fait que les livres sont souvent quasiment au même prix, j'ai abandonné l'idée d'acheter une liseuse.
Merci Xapur. Ta réaction est sensée, et c'est celle de beaucoup de gens : ça a l'air trop compliqué, c'est aussi cher que le papier chez certains éditeurs, bref, ça fait fuir le monde. Pourtant, il y a un début de marché, des liseuses intéressantes, des éditeurs et des libraires engagés et intelligents. Mais pour connaître cela, il faut se pencher sérieusement sur la question, accepter d'y passer du temps et de l'énergie, être un peu geek sur les bords - ou connaître des gens qui le sont. Bref, c'est parfaitement décourageant pour tout citoyen normalement constitué. Malheureusement.
J'aime beaucoup le strip ! c'est exactement ce qui pend au nez des éditeurs qui font de la résistance. la résistance est vaine : le "progrès" finit toujours par "vaincre". Et puis l'être humain privilégiera toujours la facilité. si l'offre légale est trop complexe et trop chère, le piratage se développera.
en virant les DRM j'ai contrefait un produit ... je n'irai pas jusqu'à le diffuser sur le web tout de même mais je relaierai toujours les trucs et astuces qui font sauter les verrous numériques
La contrefaçon, c'est le mal. :D
Non, mais sans rire, je suis d'accord : si les éditeurs continuent de cette façon, ils vont droit dans le mur, et tout le monde en pâtira ; nous, lecteurs, autant qu'eux.
C'est pareil pour les DVD, ce sont ceux qui achètent légalement leurs DVD qui se tapent à chaque lecture les 10 min de "Pirater c'est voler" etc...
Ils devraient peut-être réfléchir autrement à leur protection...
Je suis d'accord, Plodie. Je n'avais pas pensé à cette pub sur les DVD, qui est d'autant plus idiote que sur un DVD bien piraté, elle n'apparait pas... On marche sur la tête !