Aujourd'hui, j'ai décidé d'interpeller mes collègues blogueurs (Gromovar excepté. Gromovar, si tu lis ces lignes, fuis aussi vite que tu pourras. Je vais ENCORE parler de bit-lit) à propos de Twilight. Si.
Je l'ai dit ailleurs, le ridicule ne tue pas, je me plonge dans la mare aux canards, quitte à en sortir couverte de boue.
J'ai lu il y a quelques jours une savoureuse chronique de Vert à propos de l'adaptation ciné de la deuxième partie du 4e et dernier roman de la série. Ce qui nous faisait donc un 5e film. Si vous n'avez pas suivi, c'est pas grave. Et dans les commentaires, j'ai relevé une intervention qui disait grosso modo :
« je ne songe même plus à lire [la série] pour me faire une idée, je continuerai en dire du mal sans l'avoir lue. »
Je me souviens d'une petite remarque que j'avais faite jadis lors de mon interview chez Gromovar (oh, le pauvre, il va se rouler par terre la bave aux lèvres s'il se rend compte que j'associe une fois encore son nom à la bit-lit...). :
« j'encourage régulièrement les personnes saturées par les produits dérivés à lire les livres [dont ils sont issus]. »
Vous me voyez venir avec mes gros sabots : la série de Stephenie Meyer serait géniale et l'adaptation cinématographique catastrophique ? Ben non. Du moins pas exactement. C'est juste que l'oeuvre de Meyer souffre du « syndrome Harry Potter » : tout le monde en a tellement entendu parler que tout le monde ne veut justement plus en entendre parler. Sans même être allé jeter un coup d'oeil sur le texte à la source du tapage. Et dans le cas d'Harry Potter, on est assez nombreux à dire que c'est une erreur.
Pour parler des films, ils sont ce qu'ils sont : le produit d'une industrie cinématographique qui cible en l'occurrence une jeunesse américaine à tendance puritaine. C'est un film romantique calibré, lissé, sans aspérité, bref, il remplit son contrat. Je rejoins absolument Vert dans son sentiment ; selon mon goût personnel, c'est absolument fadasse et désespérément nunuche.
Et les livres, alors ? Et bien, je confirme à nouveau ce que j'ai dit chez Gromovar (là, il est en train de faire une crise cardiaque) : j'ai accroché à l'histoire. Elle m'a divertie. Ce n'était pas de la grande littérature, certes, mais en 2006, la bit lit n'était pas connue, et c'était drôle et nouveau ; bref, un texte tout à fait passable. Fascination, le premier tome était un page turner efficace ; l'humour noir de l'héroïne, son regard distant voire cynique sur elle-même, qui ne transparaissent jamais dans les films, étaient plutôt réjouissants et assez accrocheurs. Les autres tomes étaient médiocres et lents, sauf le dernier qui reprenait du poil de la bête au niveau du rythme de narration, bien que les évènements racontés fussent parfois invraisemblables.
Alors me voilà, avec mes vrais sabots : Twilight vous gonfle ? Faites une pause de plusieurs mois, maintenant que le phénomène est derrière nous, puis tentez juste la lecture du premier tome. Essayez de faire abstraction du fait que vous savez tout de l'histoire parce que tout le monde vous en a rebattu les oreilles. Ne l'achetez pas, non, pas même en poche. Allez l'emprunter dans votre bibliothèque de quartier. Il vous fera deux à trois soirées peinardes, à rigoler et passer un bon moment. Je le conseille particulièrement au mois de novembre, quand on fatigue et qu'on a le moral dans les chaussettes.
On me rétorquera que c'est une perte de temps ; il y a tant de bons, voire très bons livres à lire, pourquoi s'embêter à lire des textes passables ? Comme je le dis, c'est de la littérature pour les jours sans. Les jours où on ne veut pas faire d'effort. Les jours où notre cerveau ne tourne qu'à 50%. Nous avons tous des jours comme ça, et ces jours-là, on est incapable de lire Enig Marcheur, par exemple (NB : j'en suis à 90 pages de la fin, je tiens le bon bout !!).
Alors ne boudons pas notre plaisir et lisons de temps en temps des textes passables mais divertissants ! C'est là, il me semble, l'acception première de la littérature populaire.