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Impromptu - Page 7

  • Le choix du courage (La confédération, tome 1), de Tanya Huff

    Choix du courage - Confederation1.jpgLes OP Bragelonne ont du bon : j'essaie, à moindre coût, des romans qui ne me plairaient pas a priori, histoire d'exercer ma curiosité. Et puis, il arrive aussi que je tombe sur des titres que je suis presque sûre d'aimer. C'était le cas de ce roman.

    Résumé : Les Di'Taykans et les Krais forment avec les Humains le bras armé de la Confédération. Ces trois races belliqueuses  lui permet de faire face aux Autres, son ennemi ultime. Le sergent-chef humain Torin Kerr est une professionnelle endurcie. Sa compagnie est envoyée comme garde d’honneur pour une mission diplomatique sur la planète des Silsviss, ces guerriers reptiliens qui n’ont pas encore rejoint la Confédération. Torin Kerr doit bien chaperonner un peu son nouvel officier, mais dans l'ensemble, cela s’annonce comme une tâche facile. Il y a bien des rumeurs à propos des Autres qui circulent, à propos d'une rébellion secrète sur cette planète hostile. Mais tout semble se dérouler parfaitement.
    Peut-être trop…

    Mon avis : Pour ceux qui suivent (oui, j'en aperçois quelques uns au fond), un space opera militaire, en plein été, est typiquement le genre de roman sur lequel je me jette comme une morte de faim. J'ai donc tenté ce roman, cet univers et cette auteure (autrice est possible aussi) en véritable néophyte. Et, naturellement, je me suis beaucoup amusée !

    Le choix du courage est un roman sans surprise, qui reste modeste dans ses ambitions - ce qui est sage. Il rentre parfaitement dans le cadre du récit militaire de space opera, avec batailles, ennemis, tactique et stratégie, quotidien des soldats, rencontres extra-terrestres, voyages interstellaires, mise en exergue de la solidarité de corps. C'est peu élaboré sur le plan idéologique, comme on pouvait s'en douter. En revanche, j'attends de ce genre de romans de bons personnages, des interactions intéressantes entre eux, un petit supplément d'âme dans un contexte plutôt rigide. Et c'est exactement ce que j'ai eu.

    Toute en concision et en efficacité dans son écriture comme dans les scènes de vie quotidienne d'une compagnie de soldat, Tanya Huff donne un bon tempo au récit, ainsi qu'un réalisme plutôt saisissant dans les relations entre soldats. J'ai appris par la suite que cela ne vient pas de nulle part : Tanya Huff était membre de la Marine canadienne. Le roman est millimétré. Il n'y a pas de gras, malgré ses 384 pages (désolée Xapur !). J'ai particulièrement apprécié le pragmatisme des personnages et du système militaire qui les régit, mis en place afin de faire cohabiter efficacement des races extrêmement différentes.

    Le rôle de pivot du sergent-chef Kerr, entre ses soldats à mener et son officier tout neuf à pouponner, propose un point de vue intéressant, à la fois descendant et ascendant, sur l'environnement social du récit. Son personnage est attachant, mais il n'est pas le seul. L'officier et plusieurs des soldats de la compagnie sont bien campés, portés par quelques dialogues savoureux et des situations cocasses. Une des bonnes idées de l'autrice a été de prêter aux Di'Taykan, dont l'aspect physique se situe entre les elfes des contes et les Na'vi de Pandora dans le film Avatar, une production hormonale irrésistible pour les humains, corollaire d'une sexualité ultra active... Ce qui les oblige à porter en permanence un appareil qui masque leurs odeurs ! Lorsqu'ils le posent ou le perdent lors d'un combat, quelques scènes surréalistes, parfois tragiques, parfois comiques, surgissent alors, pour le plaisir du lecteur.

    Si on comprend une partie du twist final du récit avant la narratrice, il n'en reste pas moins que le suspense est bien mené, dans un récit qui sait doser la contextualisation et l'action.

    J'ai donc passé un bon moment avec ce roman sans ambition ni prétention. Il ne vaut à mon sens ni la Saga Vorkosigan, ni Honor Harrington, mais ce n'est pas ce que j'attendais de lui et je lirai sans doute avec plaisir la suite. Trois tomes de la série ont été traduits en français, tandis que deux autres attendent sagement leur tour dans la langue de Shakespeare.

     

    Cette chronique participe pour la deuxième fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

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  • La danse des étoiles, de Jeanne et Spider Robinson

    danse des étoiles.jpgL'histoire : Shara Drummond, une jeune danseuse talentueuse, se voit refuser l'accès au monde de la danse professionnelle à cause de sa corpulence. Elle saisit alors l'opportunité de bénéficier d'une salle de danse dans une station spatiale et en profite pour créer un ballet en apesanteur. Charles Armstead, son opérateur vidéo et ami, raconte sa détermination et son génie, mais aussi comment sa passion a sauvé l'humanité.

    La danse des étoiles a été initialement édité entre 1977, et reçut les prix Hugo, Nebula et Locus (excusez du peu). En 2015, ActuSF a la bonne idée de le rééditer, trente six ans après sa première édition française chez Calmann-Lévy en 1979. La belle couverture est signée Jamie Olivier.

    Mon avis : C'est la première fois que je lis un roman de science-fiction, de space opera plus exactement (vous savez, ceux qui parlent de vaisseaux, de combinaisons spatiales, de techniques de propulsion dans le vide, et de physique de l'apesanteur), qui donne un rôle plein et entier à l'art et à la création à travers la danse. Les récits de space opera, particulièrement à cette période de l'histoire de la littérature de science-fiction, sont écrits quasi exclusivement par des hommes. Leur culture les amenait - et les amène toujours, en majorité -  à disserter de préférence sur les sciences, les techniques et les jeux de pouvoir, plutôt que sur l'art. Ici, l'écriture mixte à quatre mains donne naissance à une oeuvre hybride, qui mêle harmonieusement les thématiques classiques du space opera et certains passages inspirés, voire flamboyants, sur la danse et sur la création artistique en général.

    La danse des étoiles est un récit en trois parties. Disons-le : le roman est bon sur la première et la troisième partie. Il est mou sur la deuxième. Pas de quoi fouetter un chat : comme dans un concerto, la phase médiane est plus lente. Mais la première partie peut sans difficulté constituer une novella à elle seule, tant elle est riche et bien construite, et le lecteur risquera de se laisser décourager par le mouvement suivant, nettement moins enlevé.

    Ce à quoi je dis : non ! Cher lecteur, lis ce livre jusqu'au bout. Jusqu'à la fin de la troisième partie. D'abord parce que la magnifique scène de danse en apesanteur autour de la Terre, à la fin du premier mouvement, trouve son alter ego dans le troisième, dans un paysage plus grandiose encore. Ces scènes sont d'une beauté à couper le souffle, évocatrices de la grandeur de l'univers et de la petitesse de l'humain. Elles sont porteuses d'une très grande puissance et d'une incroyable capacité à nous toucher. J'ai été saisie, alors même que je n'ai aucun goût pour la danse. C'est dire si c'est réussi !

    Ce roman propose une réflexion humaniste et philosophique à travers l'art qui mérite notre attention. Pourtant, la dimension millénariste, un peu trop attendue, aurait pu gâcher notre plaisir. Mais non. La danse des étoiles est pour moi une oeuvre intelligente et sensible, touchante et inspirante.

     

    Cette chronique participe pour la première fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

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  • Jessica Jones, de Melissa Rosenberg

    jessicajones.jpgJessica Jones est une série dont la première saison a été diffusée sur Netflix à l'automne 2015. Elle est adaptée d'un comics né au début des années 2000 et s'inscrit dans le programme de domination du monde culturel établi par la société Marvel (il faut avouer que ça marche plutôt bien, leur business).

    Le sujet : Jessica Jones est détective privé dans Hell's Kitchen, essentiellement pour de sordides affaires d'adultère.

    Jessica Jones est râblée autant qu’un moustique à la diète (copyright Aldebert).

    Jessica Jones boit comme un trou, du mauvais whisky de préférence.

    Jessica Jones est fauchée en permanence et ressemble à une épave à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

    Jessica Jones est tout sauf sexy, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une vie sexuelle.

    Jessica Jones est dépressive, tendance suicidaire. Gros traumatisme en amont.

    Ah, oui, Jessica Jones est dotée d'une force phénoménale et d'une résistance hors normes. A tel point qu'elle peut presque voler.

    Mon avis : J'ai aimé Daredevil, vous le savez puisque vous avez lu ma chronique (ou pas). Eh, bien, apprenez donc que j'ai a-do-ré Jessica Jones. Pourtant, Dieu sait que les débuts sont carrément flippants. Et que je n'aime pas ce qui fait peur. Mais voilà, Jessica Jones a des tonnes d'atouts dans sa manche.

    C'est un thriller psychologique extraordinairement réaliste, alors même qu'il fait régulièrement référence à des superpouvoirs. Un mélange pas tout à fait évident, vous le reconnaîtrez. L'atmosphère noire et les non-dits post-traumatiques forment une trame étouffante, où la dépression suinte par toutes les portes mal fermées. Je dis la dépression, mais en réalité, il s'agit plutôt de culpabilité. Jessica Jones respire en permanence dans un nuage de culpabilité. Plus que tout, c'est cela qui nous émeut dans ce personnage. C'est irrespirable par certains moments, mais addictif. L'héroine vit sans trop savoir pourquoi, et ne s'en sent pas vraiment le droit. Le récit nous amène progressivement à comprendre pourquoi elle en est arrivée là, sans jamais s'attarder sur le comment. J'ai apprécié cela : la trame n'est pas trop démonstrative, elle laisse la place à l'imagination, à l'ellipse : le téléspectateur remplit lui-même les trous du récit.

    Quand on parle de thriller psychologique, on parle normalement d'un récit qui vous file des frissons rien qu'avec l'idée qu'on se fait de quelque chose. Jessica Jones, c'est une série au début de laquelle on passe notre temps à avoir peur de quelque chose, mais on ne sait pas de quoi. Ou de qui. Et quand on finit par l'apprendre, on a toujours les chocottes. Autant dire que le contrat est honoré !

    Jessica Jones, en tant que série, propose des personnages féminins extrêmement intéressants et puissants. Jessica elle-même bien entendu, mais aussi son amie Trish Walker, et l'impitoyable avocate Jeri Hogarth. Sans parler du rôle couteau suisse de Claire Temple, qui officie également dans Daredevil. Des femmes qui n'ont besoin de personne pour les protéger, se battent contre l'adversité et trouvent même la force, parfois, d'aider leurs proches malgré les tombereaux de merde qui leur tombe sur le coin du nez. Enfin, sauf Jeri Hogarth, hein, parce que jouer les bons samaritains n'est pas vraiment dans ses cordes.

    Si Jeri Hogarth et de temps à autre Trish Walker se montrent sous un jour très sophistiqué (maquillage, coupe de cheveux, tenue vestimentaire, ongles et j'en passe), ce n'est jamais le cas de Jessica Jones ni de Claire Temple, qui se contentent d'être. Cernes, vêtements négligés et pratiques, pas de brushing à l'horizon. Un autre bon point pour la série : j'aime quand on arrête de prendre systématiquement les femmes pour des jolies choses décoratives.

    Bien entendu, les messieurs ne sont pas en reste, avec entre autres l'impénétrable (dans tous les sens du terme) et trèèès sexy Luke Cage, le diabolique Killgrave - qui nous file d'épouvantables cauchemars (sacré David Tennant...) et l'attachant Malcom, le voisin junkie de Jessica. Tous les personnages, femmes et hommes à égalité, souffrent de faiblesses qu'ils doivent combattrent, et face auxquelles ils échouent régulièrement, parfois lamentablement. Je ne peux que saluer une telle équité.

    Et puis, Jessica Jones propose aussi, comme dans d'autres séries US récentes que je regarde, une vraie diversité : il y a non seulement des femmes réellement représentatives en qualité et en quantité, mais aussi des blacks en nombre superfétatoire s'il ne s'agissait que de remplir les quotas, des latinos, des homosexuel(le)s... Et ce joyeux petit monde se mélange et interagit sans vraiment de tabou. Utopique sans doute, mais n'empêche que voir cela permet au téléspectateur lambda, le fameux redneck américain, celui qui ne se nourrit que de séries TV et du 20h de FoxNews, de voir quelque chose de différent de son quotidien et des discours qu'il entend ailleurs. Je n'ai pas dit Trump.

    Une série à découvrir absolument.

  • Batman Vs Superman : l'aube de la justice, de Zack Snyder

    superman,batman,dc comics,superhéros,justicier,science-fictionBatman contre Superman est un concept qui m'a dérangée lors de ses premières évocations sur la Toile mondiale. Pour moi, ils ne faisaient tout simplement pas partie du même univers. J'ai donc cherché, lu, et découvert que j'avais tort en termes d'édition et de production, et qu'à l'aune de Marvel, DC Comics tentait de transposer sur écran l'équivalent des Avengers, une Ligue des Justiciers constituée des superhéros de son catalogue. Bien. J'ai donc essayé d'accepter de retrouver ces deux personnages dans le même film. Veni, vidi... Vici ?

    Pour faire court, le film raconte comment Batman se prépare à combattre Superman qu'il trouve trop dangereux après que Metropolis fut transformée en champ de ruines (la fin de Man of Steel, du même réalisateur), et comment il découvre en court de route un avorton un brin dérangé et très chevelu du nom de Lex Luthor.

    Mon avis sur le film est nuancé. Voire, partagé.

    D'abord, il n'y a rien à faire, je trouve que mettre deux personnages aussi différents dans un même film est terriblement casse-gueule, et confine parfois au ridicule.

    Superman n'est pas humain, il a des superpouvoirs, c'est un être de lumière qui tire sa force du soleil, et qui est malheureux parce que son sens moral élevé et son envie de bien faire sont contrebalancés par le fait que ses actions ont des conséquences involontaires et des dommages collatéraux sur l'humanité qu'il protège. Batman, lui, est un justicier abîmé par la vie, d'humeur sombre et de caractère violent, qui souffre dans sa chair des méfaits de l'humanité mais se bat malgré son manque de foi en l'espèce humaine en espérant pouvoir lui faire confiance un jour. Autant dire qu'on a l'impression de réunir un bisounours et un gremlins.

    Évidemment, cela sert le premier propos du film : il est plutôt simple d'opposer deux personnages de nature si différente. La confrontation de leurs univers respectifs est d'ailleurs très bien mise en image, grâce à la scène d'introduction du film qui rejoue la dernière scène de Man of Steel - l'ultime bataille de Superman contre Zorg et sa machine épouvantable - mais cette fois à travers le regard de Batman, vu du sol, à hauteur d'homme, en montrant les innombrables dégâts et les terribles pertes humaines que la bataille a généré. Le plus gros du film est narré du point de vue de Batman, d'ailleurs, ce qui donne une perspective toute différente aux actions de Superman et permet un regard critique tout à fait crédible. Un bon point.

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    En revanche, réussir à faire avaler que dans un deuxième temps ils puissent travailler de conserve pour le bien de l'humanité est beaucoup plus ardu. Et je n'ai pas été convaincue. Bien entendu, ils le font contraints et forcés - surtout Batman, qui y va plus qu'à reculons. Mais le fait est que je ne vois toujours pas ce qu'ils font ensemble.

    Cela posé, passons au reste.

    Henry Cavill, égal à lui-même dans son costume over bodybuildé (non vraiment, les producteurs de cinéma de super-héros, c'est trop. Arrêtez avec ces silhouettes déformées par l'excès de muscle, ça finit par être ridicule), incarne sans une anicroche son Clark Kent/Superman. Il est toujours bien présent, toujours travaillé par sa conscience, toujours amoureux de Lois Lane, bref, il est parfaitement supermanesque. Consensuel, limite ennuyeux, mais on le sait, à force : c'est le personnage qui veut ça. Le regard bleu acier de l'acteur fait merveille, ainsi que son élégante décontraction. Bonne idée de prendre un britannique pour ce rôle.

    Pour ce qui est de ce nouveau Bruce Wayen/Batman, je suis carrément enthousiaste, comme je le disais à mon ami Xapur. Vieillissant, aigri, revanchard, il est parfaitement détestable. Et très bien joué par Ben Affleck, qui lui donne de l'épaisseur, des rides, de la lourdeur et presque de l'embonpoint à force de masse corporelle, de la densité, ainsi qu'une colère mauvaise et une détermination malsaine. Il n'est pas beau, ni jeune, ni lisse. Il est désespérément humain. Ben Affleck fait ainsi brillamment oublier son précédent rôle de héros dans Daredevil.

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    Bon, par contre, il y un personnage auquel je n'ai compris au visionnage : celui de l'inconnue, voleuse et mystérieuse, qui vient finalement filer un coup de main en armure aux deux héros à la fin du film. Il a fallu que j'aille naviguer sur la toile après le film pour savoir qui elle était.  Pour les adeptes de l'univers DC Comics, c'était évident, mais pour moi, cela ressemblait à « Gnééééé ? »... Il s'agit donc de Wonder Woman. Elle reviendra dans la ligue, elle aura son film à elle, bref, elle a fait son caméo introductif. Gal Gadot est pas mal du tout, d'ailleurs, dans ce rôle. Au contraire d'Amy Adams, que je n'aime pas du tout dans le rôle de Loïs Lane, et ce, depuis Man of Steel. Dans l'ensemble, je déplore le rôle toujours très secondaire de ces dames dans les films de superhéros. Cela devrait changer... Je l'espère.

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    Lex Luthor est joué par le sautillant et survolté Jesse Eisenberg, qu'on sous-exploite dans ce film tout en donnant l'impression de lui donner de la place. Une étrange contradiction, à laquelle je n'ai pas d'explication plausible. Le comédien est vraiment bon, il donne une image du méchant tutélaire très éloignée - un vrai clin d'oeil inversé - de la boule à zéro et de la carrure imposante de Kevin Spacey et Gene Hackman, tout en lui conférant une belle présence. Mais c'est comme si son personnage avait été... bâclé.

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    Je n'irai pas plus loin dans l'analyse du film, car le reste est finalement très attendu : un scénario qui tient debout uniquement par la volonté du spectateur consentant (et pour celui qui ne l'est pas, je propose d'aller lire la chronique d'un Odieux Connard, comme d’habitude), et des effets spéciaux qui gâchent quelques scènes à force de prendre toute la place au détriment de l'histoire et du jeu des acteurs. On est loin des séries Daredevil ou Jessica Jones...

    Batman Vs Superman est donc, à mon sens, un film inégal : un scénario étique comme de bien entendu pour un blockbuster, une idée de base peu crédible, une réalisation assez bien faite - particulièrement pour la mise en perspective des deux héros -, des personnages attachants chacun leur manière. C'est un bon divertissement mais ce n'est pas du bon cinéma, malgré le talent des acteurs.

    Espérons que les prochains films de DC Comics soient plus... crédibles.

     

    Batman Vs Superman : l'aube de la justice, de Zack Snyder, avec Gal Gadot, Amy Adams, Jesse Eisenberg, Henry Cavill et Ben Affleck, 2016.

  • Daredevil, la série

    charlie-cox-in-marvel-daredevil.jpgDaredevil est un comic de Marvel, adapté au cinéma il y a treize ans (2003) avec Ben Affleck en justicier. Une adaptation qui avait laissé un goût amer dans la bouche des fans, et pas de goût du tout dans celle des néophytes. Marvel a donc relancé l'adaptation sous la forme d'une série distribuée par Netflix. Deux saisons ont été diffusées à ce jour, avec Charlie Cox dans le rôle titre.

    Et là, on a comme qui dirait changé d'univers. Le format long permet de poser tranquillement un bouquet de personnages, de développer leurs caractères sans raccourcis artificiels et de parfaire le profil des personnages secondaires. D'installer une atmosphère. Et en termes d’atmosphère, on est servi !

    Matt Murdock et son pote Foggy Nelson ouvrent un cabinet d'avocats dans Hell's Kitchen, à New York. Ils n'ont pas un rond, mais un sens aigu de la justice et sont susceptible de se faire payer en apple pie ou en régimes de banane. Hell's Kitchen n'est pas un quartier beau à voir, surtout pas la nuit dans les contre-allées. On y trouve des trafiquants, des délinquants, des drogués et des criminels. Et ce ne sont pas les plus cradingues qui sont les plus dangereux. Mais il y a aussi des gens bien, souvent victimes des premiers.

    Matt Murdock croit en la justice et en la loi, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Il applique donc la loi le jour, en tant qu'avocat, et la justice la nuit, en tant que Daredevil. Il est catholique, croyant, et de ce fait, il refuse de tuer. Bon, par contre, casser des jambes, des bras, des nez, démonter des gueules et réduire en charpie les malandrins ne lui pose aucun problème, pourvu que lesdits malandrins soient toujours vivant à la fin. Matt en ressort avec quantité de bleus, de bosses et de coupures, parfois même des fractures. Les nombreuses scènes de baston entre Daredevil et les truands sont spectaculairement... réalistes. Au plus près de la "vraie vie". Les effets spéciaux (ou ceux de manche, d'ailleurs) sont eux, quasi absents, pour notre plus grand bonheur. Chaque saison nous propose au moins une scène de combat en plan-séquence de plusieurs minutes, de véritables chefs-d'oeuvre en la matière.

    Matt Murdock est aveugle mais pas vraiment, il est gentil mais pas vraiment, il est poilu mais pas vraiment (cette manie des américains de faire disparaître la moquette poitrinale des acteurs par ailleurs très pourvus en pilosité... pff). Charlie Cox, tout en sourire et en douceur lorsqu'on le voit sur ses vidéos ou photos de promotion, peu paraître déplacé dans ce rôle de justicier sombre et torturé. Mais il parvient à donner une dimension intérieure étonnante à son personnage : son Matt Murdock parle bas, présente un profil modeste, il est peu expressif de son corps ou de son visage. Sans pour autant être un robot, car Charlie Cox est un bon acteur. Simplement, on a la nette impression qu'il concentre son personnage à l'extrême, qu'il donne à Matt Murdock une capacité d'attention soutenue à son environnement, s'effaçant en partie pour n'exploser que lors des bastons. Bref, son Daredevil a de l'âme en plus d'avoir un corps.

    Une chose est sûre : une femme hétéro ou un homme homo aura immanquablement envie de lui faire des câlins et des bisous. Tout le temps. Si. Voire plus si affinité, bien évidemment. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien, mais... c'est comme ça.

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    [ Cela a peut-être un rapport avec le fait qu'il n'est vraiment pas dégueu à regarder. ]

    Foggy, joué par Helden Henson (le cameraman muet de Hunger Games), incarne en début de la première saison l'ami fidèle, le compère maladroit mais dévoué. Son personnage évolue beaucoup entre le milieu de la saison 1 et la fin de la saison 2 ; il prend de l'épaisseur, montre de vrais talents, et fait des choix qui sont susceptibles de l'éloigner de Matt Murdock / Daredevil.

    Karen Page, d'abord sauvée par Daredevil, devient l'assistante du cabinet Nelson & Murdock. Son statut évolue lui aussi considérablement durant les deux saisons, passant de celui de jolie victime blonde à celui de battante tout aussi blonde, mais pleine de ressources, qui prend de multiples initiatives personnelles sans demander l'avis de personne - et même, de préférence, en catimini. Bref, Karen Page bénéficie d'une trame narrative intéressante, particulièrement au cours de la saison 2.

    Wilson Fisk et Frank Castle, les méchants des saisons 1 et 2, incarnent des personnages complexes, aux motivations pas forcément discutables, à la fois cruels et désespérés, violents et fragiles. Ils sont véritablement fascinants. Rien que le personnage de Fisk vaut le détour, tant il est implacable et glaçant. Les personnages secondaires, comme celui de Claire Temple, l'infirmière abonnée aux gueules cassées ou James Wesley, le très efficace lieutenant de Fisk, sont particulièrement soignés.

    La justice sociale est au coeur de Daredevil. Les clients de Matt et Foggy sont victimes d'un capitalisme crapuleux et sauvage, qui les exproprie, leur extorque le nécessaire vital et les considère pour quantité négligeable. Le sentiment d'impuissance des petites gens prédomine souvent : face aux puissants, les riches de ce monde, les politiques, mais face aussi aux interventions inhumaines ou surhumaines de l'univers Marvel (Thor, Captain America, les invasions aliens, les pouvoirs inhabituels de Jessica Jones ou Luke Cage...) évoquées indirectement dans la série. Ce sentiment d'impuissance est finalement le moteur du combat de Daredevil, à la fois son frein et son accélérateur, en fonction de son état psychologique et du nombre de tuiles qui lui tombent sur la tête.

    Daredevil est donc une série très recommandable, adaptée à tous ceux qui supportent les scènes de combat violentes. Et un jour, je vous parlerai de Jessica Jones.

     

    Daredevil, série visible sur Netflix. Deux saisons de 13 épisodes chacune produites à ce jour.

  • LA PAB s'agrandit...

    Pendant que je lis, je ne blogue pas. Et donc, personne ne sait ce que je lis. Donc si ma Pile à Lire diminue, ma Pile à Bloguer, elle, prend des proportions gargantuesques.

    En conséquence, je vous présente ici un petit tour d'horizon de mes lectures des derniers mois :

    Durant l'été dernier, j'ai relu :

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    Le vol du dragon, d'Anne McCaffrey pour la sixième fois. J'aime toujours l'histoire et je reste émerveillée devant la capacité de feu Anne McCaffrey d'emmener son lecteur avec elle en peu de mots, même si à chaque relecture je peste contre les trop nombreuses coquilles de ma vieille édition.

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    Les sept tomes d'Harry Potter en version française. C'est mieux en anglais, mais je ne pouvais pas faire mieux, en raison d'un impondérable de 3,5kg à gérer nuit et jour. C'était très plaisant à re-re-lire. J'attends avec impatience que Mini-Blop puisse s'y coller.

     

    A partir du novembre, j'ai recommencé à lire pour de vrai :

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    La ménagerie de papier de Ken Liu. J'ai adoré. J'ai même partiellement converti ma mère à la SF grâce à ce livre. Je suis enchantée d'avoir découvert cet auteur, et tout le mérite en revient à Lune, qui m'a fait la surprise de me l'envoyer avec tout un tas de petites choses à l'occasion de l'arrivée de l'impondérable.

    courageux.jpg Vaillant.jpg Acharné.jpg Victorieux.jpg

    Les quatre derniers tomes de la série La flotte perdue de Jack Campbell (Courageux, Vaillant, Acharné, Victorieux): j'avais lu et chroniqué le premier et le deuxième tome pour le dernier Summer StarWars de Lhisbei et M. Lhisbei. J'ai donc enchaîné les quatre tomes sans pouvoir m'arrêter. Il m'arrive souvent de comparer mon goût pour le space opera militaire à une drogue. En voilà une nouvelle preuve !

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    Point Zéro d'Antoine Tracqui, que j'ai autant aimé que La ménagerie de papier, dans un genre toutefois entièrement différent. Sacré premier roman, très abouti, dans un genre aux codes pourtant très exigeants (le techno-thriller). J'attends avec impatience de pouvoir lire la suite, Mausolée.

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    La voie des Oracles : Thya, d'Estelle Faye : ma première incursion dans l'univers de l'auteure, un roman jeune adulte réussi mais sans doute trop... jeune pour moi (dit la fille qui a relu tout Harry Potter il y a quelques mois). En revanche je suis très heureuse qu'elle ait investi la fin de l'Empire Romain comme cadre historique, ce qui est plutôt rare et vraiment intéressant. Et la couverture est à tomber par terre.

     

  • Sense8, de Lana Wachowski, Lilly Wachowski et J. Michael Straczynski

    carte.jpgL'histoire : partout dans le monde, des hommes et des femmes prennent conscience qu'ils voient, entendent et ressentent des choses qu'ils ne devraient pas voir, entendre ou ressentir. Et ces personnes comprennent progressivement qu'elles ne sont pas folles, mais qu'elles sont connectées à d'autres personnes, de parfaits inconnus, qui vivent à des milliers de kilomètres de chez eux. Une coréenne, une indienne, une islandaise, un allemand, un kenyan, un mexicain et deux américains vivent chacun dans leur pays mais vivent et sentent ce qui se passe chez les huit autres. Ce sont des sensitifs.

    Mon avis : J'ai mis du temps à regarder cette série de Netflix. Pour les 12 épisodes, il m'a fallu presque deux mois. Pourquoi ? Pour la raison que vous retrouvez partout sur le net dans les articles critiquant Sense8 : le début est très lent. Extrêmement lent. Et en plus, il est quasi incompréhensible. Mais on s'accroche car on sent comme une promesse. On prie très fort pour ne pas être une nouvelle fois déçu par les Wacho... Et la promesse est tenue !

    D'abord, la mise en scène : certains personnages prennent "possession" du corps d'un autre pour un court instant, en général dans un moment de crise, ce qui nécessite un jeu de caméra diablement malin. Il parvient à escamoter un acteur au profit de l'autre de façon totalement invisible pour le spectateur. C'est très bien fait et carrément jouissif pour celui qui regarde.

    Ensuite, la nuance. La subtilité. La complexité. La valeur du non-dit. Toutes ces choses que l'on trouve habituellement très difficilement dans les productions à destination du public américain sont ici déployées avec intelligence et avec une grande sensibilité. Les personnages partagent leurs émotions avec leurs alter ego, et ce partage est un pur moment de magie, chaque fois qu'il se produit.

    Rien n'est ce qu'il paraît au premier abord, et chacun des huit sensitifs possède une personnalité profonde, complexe, parfois contradictoire. Bref, ils sont humains, au lieu d'être des outils au service d'un scénario. Ils ne sont pas démonstratifs, ils se contentent d'être. Leurs émotions sont aussi visibles que leurs actes ; les liens qu'ils tissent entre eux et avec leurs proches prennent une intensité parfois sidérante. Vous avez vu ou verrez sur le web des évocations de la scène de sexe, qui est l'une des illustrations de cette sidération que l'on ressent parfois dans Sense8.

    sense8.png

    Enfin, l'altérité est bien évidemment au coeur du propos de Sense8 : l'autre est différent, il est de culture, de sexe, de langue, de genre, de sexualité différente de la mienne, mais pendant quelques secondes, il est moi - et je suis lui. Cette coexistence littérale induit une expérience intime de l'autre, de sa façon d'être, de penser, de se comporter, de bouger. Elle amène le personnage, et de là, celui qui le regarde (moi, la spectatrice) à accepter ce qu'il voit. Il n'y a pas de latitude, de recul suffisant pour laisser à l'analyse, ni, a fortiori, au préjugé, le temps de s'installer. On se prend l'autre en pleine face. On fait avec. Et on en conclut qu'on y survit sans vraiment de mal. C'est une des meilleures leçons que j'aie jamais reçue sur l'acceptation de l'autre.

    Sense8 a révélé une chose : c'est que les Wacho sont fait pour le format série, et non pour le format cinéma (un article d'Allociné évoque la question). Ils ont tellement de choses à raconter que leurs films finissent toujours par être à la limite du ridicule, ou mauvais, ou alors, s'ils sont assez bons, ils font un four. Matrix est l'exception qui confirme cette malheureuse règle.

     

    Sense8 est mon gros coup de coeur en série télé pour l'année 2015. Je vous la recommande, avec un conseil en prime : soyez patient, ne cherchez pas à comprendre. Vous ne l'apprécierez que mieux.

    Le feu vert a été donné aux soeurs Wachowski (oui, cette fois, les deux ont changé de sexe) et J. Michael Straczynski pour une deuxième saison. Espérons qu'elle me procure autant de plaisir que la première...