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  • Batman Vs Superman : l'aube de la justice, de Zack Snyder

    superman,batman,dc comics,superhéros,justicier,science-fictionBatman contre Superman est un concept qui m'a dérangée lors de ses premières évocations sur la Toile mondiale. Pour moi, ils ne faisaient tout simplement pas partie du même univers. J'ai donc cherché, lu, et découvert que j'avais tort en termes d'édition et de production, et qu'à l'aune de Marvel, DC Comics tentait de transposer sur écran l'équivalent des Avengers, une Ligue des Justiciers constituée des superhéros de son catalogue. Bien. J'ai donc essayé d'accepter de retrouver ces deux personnages dans le même film. Veni, vidi... Vici ?

    Pour faire court, le film raconte comment Batman se prépare à combattre Superman qu'il trouve trop dangereux après que Metropolis fut transformée en champ de ruines (la fin de Man of Steel, du même réalisateur), et comment il découvre en court de route un avorton un brin dérangé et très chevelu du nom de Lex Luthor.

    Mon avis sur le film est nuancé. Voire, partagé.

    D'abord, il n'y a rien à faire, je trouve que mettre deux personnages aussi différents dans un même film est terriblement casse-gueule, et confine parfois au ridicule.

    Superman n'est pas humain, il a des superpouvoirs, c'est un être de lumière qui tire sa force du soleil, et qui est malheureux parce que son sens moral élevé et son envie de bien faire sont contrebalancés par le fait que ses actions ont des conséquences involontaires et des dommages collatéraux sur l'humanité qu'il protège. Batman, lui, est un justicier abîmé par la vie, d'humeur sombre et de caractère violent, qui souffre dans sa chair des méfaits de l'humanité mais se bat malgré son manque de foi en l'espèce humaine en espérant pouvoir lui faire confiance un jour. Autant dire qu'on a l'impression de réunir un bisounours et un gremlins.

    Évidemment, cela sert le premier propos du film : il est plutôt simple d'opposer deux personnages de nature si différente. La confrontation de leurs univers respectifs est d'ailleurs très bien mise en image, grâce à la scène d'introduction du film qui rejoue la dernière scène de Man of Steel - l'ultime bataille de Superman contre Zorg et sa machine épouvantable - mais cette fois à travers le regard de Batman, vu du sol, à hauteur d'homme, en montrant les innombrables dégâts et les terribles pertes humaines que la bataille a généré. Le plus gros du film est narré du point de vue de Batman, d'ailleurs, ce qui donne une perspective toute différente aux actions de Superman et permet un regard critique tout à fait crédible. Un bon point.

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    En revanche, réussir à faire avaler que dans un deuxième temps ils puissent travailler de conserve pour le bien de l'humanité est beaucoup plus ardu. Et je n'ai pas été convaincue. Bien entendu, ils le font contraints et forcés - surtout Batman, qui y va plus qu'à reculons. Mais le fait est que je ne vois toujours pas ce qu'ils font ensemble.

    Cela posé, passons au reste.

    Henry Cavill, égal à lui-même dans son costume over bodybuildé (non vraiment, les producteurs de cinéma de super-héros, c'est trop. Arrêtez avec ces silhouettes déformées par l'excès de muscle, ça finit par être ridicule), incarne sans une anicroche son Clark Kent/Superman. Il est toujours bien présent, toujours travaillé par sa conscience, toujours amoureux de Lois Lane, bref, il est parfaitement supermanesque. Consensuel, limite ennuyeux, mais on le sait, à force : c'est le personnage qui veut ça. Le regard bleu acier de l'acteur fait merveille, ainsi que son élégante décontraction. Bonne idée de prendre un britannique pour ce rôle.

    Pour ce qui est de ce nouveau Bruce Wayen/Batman, je suis carrément enthousiaste, comme je le disais à mon ami Xapur. Vieillissant, aigri, revanchard, il est parfaitement détestable. Et très bien joué par Ben Affleck, qui lui donne de l'épaisseur, des rides, de la lourdeur et presque de l'embonpoint à force de masse corporelle, de la densité, ainsi qu'une colère mauvaise et une détermination malsaine. Il n'est pas beau, ni jeune, ni lisse. Il est désespérément humain. Ben Affleck fait ainsi brillamment oublier son précédent rôle de héros dans Daredevil.

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    Bon, par contre, il y un personnage auquel je n'ai compris au visionnage : celui de l'inconnue, voleuse et mystérieuse, qui vient finalement filer un coup de main en armure aux deux héros à la fin du film. Il a fallu que j'aille naviguer sur la toile après le film pour savoir qui elle était.  Pour les adeptes de l'univers DC Comics, c'était évident, mais pour moi, cela ressemblait à « Gnééééé ? »... Il s'agit donc de Wonder Woman. Elle reviendra dans la ligue, elle aura son film à elle, bref, elle a fait son caméo introductif. Gal Gadot est pas mal du tout, d'ailleurs, dans ce rôle. Au contraire d'Amy Adams, que je n'aime pas du tout dans le rôle de Loïs Lane, et ce, depuis Man of Steel. Dans l'ensemble, je déplore le rôle toujours très secondaire de ces dames dans les films de superhéros. Cela devrait changer... Je l'espère.

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    Lex Luthor est joué par le sautillant et survolté Jesse Eisenberg, qu'on sous-exploite dans ce film tout en donnant l'impression de lui donner de la place. Une étrange contradiction, à laquelle je n'ai pas d'explication plausible. Le comédien est vraiment bon, il donne une image du méchant tutélaire très éloignée - un vrai clin d'oeil inversé - de la boule à zéro et de la carrure imposante de Kevin Spacey et Gene Hackman, tout en lui conférant une belle présence. Mais c'est comme si son personnage avait été... bâclé.

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    Je n'irai pas plus loin dans l'analyse du film, car le reste est finalement très attendu : un scénario qui tient debout uniquement par la volonté du spectateur consentant (et pour celui qui ne l'est pas, je propose d'aller lire la chronique d'un Odieux Connard, comme d’habitude), et des effets spéciaux qui gâchent quelques scènes à force de prendre toute la place au détriment de l'histoire et du jeu des acteurs. On est loin des séries Daredevil ou Jessica Jones...

    Batman Vs Superman est donc, à mon sens, un film inégal : un scénario étique comme de bien entendu pour un blockbuster, une idée de base peu crédible, une réalisation assez bien faite - particulièrement pour la mise en perspective des deux héros -, des personnages attachants chacun leur manière. C'est un bon divertissement mais ce n'est pas du bon cinéma, malgré le talent des acteurs.

    Espérons que les prochains films de DC Comics soient plus... crédibles.

     

    Batman Vs Superman : l'aube de la justice, de Zack Snyder, avec Gal Gadot, Amy Adams, Jesse Eisenberg, Henry Cavill et Ben Affleck, 2016.

  • Daredevil, la série

    charlie-cox-in-marvel-daredevil.jpgDaredevil est un comic de Marvel, adapté au cinéma il y a treize ans (2003) avec Ben Affleck en justicier. Une adaptation qui avait laissé un goût amer dans la bouche des fans, et pas de goût du tout dans celle des néophytes. Marvel a donc relancé l'adaptation sous la forme d'une série distribuée par Netflix. Deux saisons ont été diffusées à ce jour, avec Charlie Cox dans le rôle titre.

    Et là, on a comme qui dirait changé d'univers. Le format long permet de poser tranquillement un bouquet de personnages, de développer leurs caractères sans raccourcis artificiels et de parfaire le profil des personnages secondaires. D'installer une atmosphère. Et en termes d’atmosphère, on est servi !

    Matt Murdock et son pote Foggy Nelson ouvrent un cabinet d'avocats dans Hell's Kitchen, à New York. Ils n'ont pas un rond, mais un sens aigu de la justice et sont susceptible de se faire payer en apple pie ou en régimes de banane. Hell's Kitchen n'est pas un quartier beau à voir, surtout pas la nuit dans les contre-allées. On y trouve des trafiquants, des délinquants, des drogués et des criminels. Et ce ne sont pas les plus cradingues qui sont les plus dangereux. Mais il y a aussi des gens bien, souvent victimes des premiers.

    Matt Murdock croit en la justice et en la loi, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Il applique donc la loi le jour, en tant qu'avocat, et la justice la nuit, en tant que Daredevil. Il est catholique, croyant, et de ce fait, il refuse de tuer. Bon, par contre, casser des jambes, des bras, des nez, démonter des gueules et réduire en charpie les malandrins ne lui pose aucun problème, pourvu que lesdits malandrins soient toujours vivant à la fin. Matt en ressort avec quantité de bleus, de bosses et de coupures, parfois même des fractures. Les nombreuses scènes de baston entre Daredevil et les truands sont spectaculairement... réalistes. Au plus près de la "vraie vie". Les effets spéciaux (ou ceux de manche, d'ailleurs) sont eux, quasi absents, pour notre plus grand bonheur. Chaque saison nous propose au moins une scène de combat en plan-séquence de plusieurs minutes, de véritables chefs-d'oeuvre en la matière.

    Matt Murdock est aveugle mais pas vraiment, il est gentil mais pas vraiment, il est poilu mais pas vraiment (cette manie des américains de faire disparaître la moquette poitrinale des acteurs par ailleurs très pourvus en pilosité... pff). Charlie Cox, tout en sourire et en douceur lorsqu'on le voit sur ses vidéos ou photos de promotion, peu paraître déplacé dans ce rôle de justicier sombre et torturé. Mais il parvient à donner une dimension intérieure étonnante à son personnage : son Matt Murdock parle bas, présente un profil modeste, il est peu expressif de son corps ou de son visage. Sans pour autant être un robot, car Charlie Cox est un bon acteur. Simplement, on a la nette impression qu'il concentre son personnage à l'extrême, qu'il donne à Matt Murdock une capacité d'attention soutenue à son environnement, s'effaçant en partie pour n'exploser que lors des bastons. Bref, son Daredevil a de l'âme en plus d'avoir un corps.

    Une chose est sûre : une femme hétéro ou un homme homo aura immanquablement envie de lui faire des câlins et des bisous. Tout le temps. Si. Voire plus si affinité, bien évidemment. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien, mais... c'est comme ça.

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    [ Cela a peut-être un rapport avec le fait qu'il n'est vraiment pas dégueu à regarder. ]

    Foggy, joué par Helden Henson (le cameraman muet de Hunger Games), incarne en début de la première saison l'ami fidèle, le compère maladroit mais dévoué. Son personnage évolue beaucoup entre le milieu de la saison 1 et la fin de la saison 2 ; il prend de l'épaisseur, montre de vrais talents, et fait des choix qui sont susceptibles de l'éloigner de Matt Murdock / Daredevil.

    Karen Page, d'abord sauvée par Daredevil, devient l'assistante du cabinet Nelson & Murdock. Son statut évolue lui aussi considérablement durant les deux saisons, passant de celui de jolie victime blonde à celui de battante tout aussi blonde, mais pleine de ressources, qui prend de multiples initiatives personnelles sans demander l'avis de personne - et même, de préférence, en catimini. Bref, Karen Page bénéficie d'une trame narrative intéressante, particulièrement au cours de la saison 2.

    Wilson Fisk et Frank Castle, les méchants des saisons 1 et 2, incarnent des personnages complexes, aux motivations pas forcément discutables, à la fois cruels et désespérés, violents et fragiles. Ils sont véritablement fascinants. Rien que le personnage de Fisk vaut le détour, tant il est implacable et glaçant. Les personnages secondaires, comme celui de Claire Temple, l'infirmière abonnée aux gueules cassées ou James Wesley, le très efficace lieutenant de Fisk, sont particulièrement soignés.

    La justice sociale est au coeur de Daredevil. Les clients de Matt et Foggy sont victimes d'un capitalisme crapuleux et sauvage, qui les exproprie, leur extorque le nécessaire vital et les considère pour quantité négligeable. Le sentiment d'impuissance des petites gens prédomine souvent : face aux puissants, les riches de ce monde, les politiques, mais face aussi aux interventions inhumaines ou surhumaines de l'univers Marvel (Thor, Captain America, les invasions aliens, les pouvoirs inhabituels de Jessica Jones ou Luke Cage...) évoquées indirectement dans la série. Ce sentiment d'impuissance est finalement le moteur du combat de Daredevil, à la fois son frein et son accélérateur, en fonction de son état psychologique et du nombre de tuiles qui lui tombent sur la tête.

    Daredevil est donc une série très recommandable, adaptée à tous ceux qui supportent les scènes de combat violentes. Et un jour, je vous parlerai de Jessica Jones.

     

    Daredevil, série visible sur Netflix. Deux saisons de 13 épisodes chacune produites à ce jour.