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  • Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski

    Cet auteur presque inconnu au nom imprononçable, et que les amateurs de musique classique confondront peut-être (à tort, l'un a une barbe, l'autre pas - entre autres différence fondamentale), avec le contre-ténor Philippe Jaroussky, m'a fait l'effet d'une révélation.

    Tout du moins, son roman Gagner la guerre. Je n'avais encore jamais lu un roman de l'imaginaire dont la forme flatte ainsi mon égo de lectrice. gagner la guerre.jpgEt pourtant, j'aime les oeuvres de Pierre Bordage et René Barjavel pour la qualité de leur écriture. Mais là... J'ai relu plusieurs fois les premiers paragraphes du livre, en me frottant les yeux, pour être sûre que je ne rêvais pas.

    Dans un style qui mélange allègrement la distinction de la langue classique et un argot des plus imagés, Jean-Philippe Jaworski nous narre les aventures de Benvenuto Gesufal, employé de son Altesse le Podestat Leonide Ducatore. Don Benvenuto est un personnage plutôt haïssable, auquel nul ne peut se fier, pas même le lecteur (!). Embarqué par son patron dans une guerre de la République de Ciudalia contre un ennemi séculaire, il y donne la pleine mesure de ses nombreux et discutables talents : assassinat, espionnage, traîtrise... On en passe et des meilleures.

    La grande originalité de ce roman tient au fait que, bien qu'indéniablement membre du très grand club des oeuvres de fantasy, il n'en a quasiment aucune caractéristique. On y évoque bien de temps à autre la magie, mais elle reste un élément mystérieux et peu abordé. Le reste du temps, on assiste à une reprise des plus réussies de l'histoire de Venise, avec ses batailles navales, ses luttes politiques intestines et, planant derrière tout le récit, l'ombre de Machiavel. Et puis, il y a cette magnifique langue qui porte l'histoire de bout en bout : riche, électique, aussi élégante que surprenante.

    Sept cents pages et un kilogramme de papier plus tard, on en ressort lessivé, mais heureux. Et on n'a qu'une envie : recommencer, tant on a pris plaisir à lire.


    Les Moutons Electriques, 2009.

    Genre : fantasy, aventures maritimes

  • Vango, de Timothée de Fombelle

    Je l'attendais, l'oeil humide, la truffe aux aguets : le deuxième roman de Timothée de Fombelle. J'avais tant aimé Tobie Lolness que, bien qu'impatiente, j'avais terriblement peur d'être déçue.

    Un dimanche de 1934, devant Notre-Dame-de-Paris, quarante séminaristes s'apprêtant à recevoir l'ordination méditent, couchés sur le parvis. Alors que l'évêque s'approche pour initier la cérémonie, la police surgit. L'un des postulants se lève alors et s'enfuit par les toits de Notre-Dame, manquant de se faire tuer par un tireur embusqué.vango.JPG

    Ainsi commence la cavale de Vango Romano, un jeune homme poursuivi par un passé nébuleux -  et des assassins qui ne le sont pas moins. Le lecteur le suit dans toute l'europe, l'accompagnant dans les flashbacks qui éclairent son enfance. Vango est à la recherche de son identité, et comme lui, nous la découvrons au fur et à mesure que se déploie l'intrigue. L'histoire n'est pas finie, car le roman devrait être édité, comme Tobie Lolness, sous forme de dilogie.

    Vango tient toutes ses promesses : on retrouve le style aérien, souvent humoristique, de l'auteur, au service d'une histoire bien construite. Les protagonistes ont des personnalités originales et attachantes, et sont parfois de véritables personnages historiques. Un grand plaisir de lecture pour un roman qui se lit trop vite...

  • Les derniers hommes, de Pierre Bordage

    derniers hommes.jpgC'est sur le conseil d'un lecteur que j'ai commencé ce roman de Pierre Bordage (voir d'autres billets le concernant ici et ). Voilà un vrai bon roman d'anticipation apocalyptique - meilleur à mon sens que l'un des derniers du même auteur, Le feu de Dieu, que je n'ai pas réussi à finir...

    L'histoire de Solman, l'infirme aux dons prémonitoires, est empreinte de désespoir. Orphelin de père et de mère, difforme de naissance, il est élevé par les anciens de son clan nomade, les Aquariotes. Alors qu'il atteint l'âge d'homme, les peuplades ayant survécu à la troisième guerre mondiale sont confrontés à une menace invisible et dévastatrice. Porté par des visions, Solman tente de sauver ce qui peut l'être. Les crises successives révèlent au grand jour des secrets peu reluisants du clan. Solman cherche à élucider son histoire personnelle tout en affrontant la menace inommée qui atteint ses semblables.

    Avant tout, ce que j'ai apprécié dans cet ouvrage, c'est la qualité d'écriture de Pierre Bordage. Il soigne ses descriptions, ses dialogues, avec un amour de la langue évident. Le monde apocalyptique dans lequel évolue Solman, ayant à peine survécu à une troisième guerre mondiale, nous rappelle à quel point nous sommes capables de nuisance.

    Pierre Bordage livre là un roman qui, s'il développe un thème classique, nous marque par son intensité. Je le recommande.

     

    Plusieurs éditions : J'ai Lu, Le livre de poche, Au diable Vauvert

    Genre : anticipation, apocalypse