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  • Les enfants de Damia, d'Anne McCaffrey

    enfants Damia.JPGLes enfants de Damia fait partie du cycle des Doués ; il en est, je crois, le cinquième tome. C'est le seul livre de ce cycle que j'ai lu. En revanche, je connais bien du même auteur la Ballade de Pern, dont j'aime tout particulièrement le roman initial, Le vol du dragon. Anne McCaffrey a été la première femme à obtenir un prix Hugo pour une oeuvre de fiction, et rien que pour cela, elle mérite toute l'attention des lecteurs.

    Les enfants de Damia raconte comment grandissent les huit enfants d'Afra et Damia Raven-Lyon, dans un contexte particulier : ils sont Doués, et ont pour amis des extra-terrestres.

    Les 'Dinis se sont alliés aux humains pour combattre le même ennemi, les Ruches. Les 'Dinis sont peu connus de la majorité des humains, souvent crains car incompris. L'expérience menée chez Afra et Raven, apparier chacun de leurs enfants à un couple de jeunes 'Dinis, représente une étape cruciale dans l'évolution des relations entre les deux espèces, qui communiquent principalement par les rêves.

    Par ailleurs, les enfants Raven-Lyon sont dotés comme leurs parents d'un don télépathique et télékinésique unique, qui se développe avec l'âge, d'où leur surnom de Doués. Nous suivons donc successivement quatre de ces enfants, Laria, Thien, Rojer et Zara, dans leur accession aux responsabilités d'un adulte Doué et apparié à des 'Dinis, un double handicap ou un double avantage, suivant les situations dans lesquels ils se trouvent. Laria part vivre chez les 'Dinis, Thien est envoyé dans un vaisseau spatial qui poursuit les traces d'une Ruche, Rojer le retrouve plus tard sur les ruines de la Ruche et Zara suit son très fort instinct empathique pour tenter d'établir un dialogue avec une reine de la Ruche en détresse.

    Ce roman est loin d'être un chef-d'oeuvre : des répétitions (qui rendent bien service au lecteur néophyte dans le cycle de Doués, certes), trop peu de détails pour donner une réelle profondeur à l'univers et aux personnages ainsi que des facilités narratives émoussent rapidement l'intérêt du lecteur et ne laissent plus grand chose une fois le livre refermé.

    Mais il contient aussi cette manière unique à Anne McCaffrey de marier la science-fiction pure avec le merveilleux, un humanisme chaleureux qui transparaît à chaque page, dans chaque vaisseau spatial, chaque alien décrit, chaque opération de téléportation menée par un Doué. On a l'impression d'être chez soi, alors qu'on en est si loin. Peu d'auteurs de SF savent réussir ce savant mélange.

    Alors, oui, le roman est médiocre. Mais il donne au lecteur une part de rêve qui n'a pas de prix.


    Ce roman a été lu dans le cadre du challenge Anne McCaffrey lancé par Guillaume le Traqueur, en hommage à cette auteure attachante récemment disparue (elle est décédée en novembre 2011 à l'âge de 85 ans).

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  • Le vol du dragon (La ballade de Pern)

    vol du dragon.jpgSi vous aimez voler, si vous aimez les animaux de compagnie (!), et si vous aimez les sagas épiques, arrêtez-vous ici.

    Dans Le vol du dragon, on trouve des dragons bien sûr, mais aussi une énigme posée aux hommes par les archives et les ballades ancestrales de la planète Pern.

    Le chevalier-dragon F’lar part en quête d’une femme exceptionnelle, qui pourra l’aider à résoudre les mystères du passé et à lutter contre les dangers à venir. Il découvre une servante au caractère bien trempé, Lessa, qui n’est pas tout à fait ce qu’elle semble être.

    L’ouvrage d’Anne McCaffrey est un concentré du meilleur de la fantasy : un monde attachant et crédible, des personnages forts, un enjeu vital, une narration bien menée. Foncez, c’est excellent !

     

    Pocket, 2005

    Genre : fantasy, heroïc fantasy, science-fiction

  • LA PAB s'agrandit...

    Pendant que je lis, je ne blogue pas. Et donc, personne ne sait ce que je lis. Donc si ma Pile à Lire diminue, ma Pile à Bloguer, elle, prend des proportions gargantuesques.

    En conséquence, je vous présente ici un petit tour d'horizon de mes lectures des derniers mois :

    Durant l'été dernier, j'ai relu :

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    Le vol du dragon, d'Anne McCaffrey pour la sixième fois. J'aime toujours l'histoire et je reste émerveillée devant la capacité de feu Anne McCaffrey d'emmener son lecteur avec elle en peu de mots, même si à chaque relecture je peste contre les trop nombreuses coquilles de ma vieille édition.

    harry potter.jpg

    Les sept tomes d'Harry Potter en version française. C'est mieux en anglais, mais je ne pouvais pas faire mieux, en raison d'un impondérable de 3,5kg à gérer nuit et jour. C'était très plaisant à re-re-lire. J'attends avec impatience que Mini-Blop puisse s'y coller.

     

    A partir du novembre, j'ai recommencé à lire pour de vrai :

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    La ménagerie de papier de Ken Liu. J'ai adoré. J'ai même partiellement converti ma mère à la SF grâce à ce livre. Je suis enchantée d'avoir découvert cet auteur, et tout le mérite en revient à Lune, qui m'a fait la surprise de me l'envoyer avec tout un tas de petites choses à l'occasion de l'arrivée de l'impondérable.

    courageux.jpg Vaillant.jpg Acharné.jpg Victorieux.jpg

    Les quatre derniers tomes de la série La flotte perdue de Jack Campbell (Courageux, Vaillant, Acharné, Victorieux): j'avais lu et chroniqué le premier et le deuxième tome pour le dernier Summer StarWars de Lhisbei et M. Lhisbei. J'ai donc enchaîné les quatre tomes sans pouvoir m'arrêter. Il m'arrive souvent de comparer mon goût pour le space opera militaire à une drogue. En voilà une nouvelle preuve !

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    Point Zéro d'Antoine Tracqui, que j'ai autant aimé que La ménagerie de papier, dans un genre toutefois entièrement différent. Sacré premier roman, très abouti, dans un genre aux codes pourtant très exigeants (le techno-thriller). J'attends avec impatience de pouvoir lire la suite, Mausolée.

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    La voie des Oracles : Thya, d'Estelle Faye : ma première incursion dans l'univers de l'auteure, un roman jeune adulte réussi mais sans doute trop... jeune pour moi (dit la fille qui a relu tout Harry Potter il y a quelques mois). En revanche je suis très heureuse qu'elle ait investi la fin de l'Empire Romain comme cadre historique, ce qui est plutôt rare et vraiment intéressant. Et la couverture est à tomber par terre.

     

  • Janus, d'Alastair Reynolds

    janus.jpgAux dernières Intergalactiques à Lyon, mon ami Biblioman(u), le super héros des livres, m'a fortement conseillé de lire Janus, d'Alastair Reynolds. Il faut dire que j'avais le monsieur sous la main pour une dédicace, alors bon... Autant en profiter. Et puis ce roman a eu le prix Locus.

    Résumé : En 2057, Janus, une lune de Saturne, quitte soudain son orbite. Unique vaisseau alentour, le Rockhopper, propriété d'une compagnie minière qui exploite la glace des comètes du système solaire, est le seul véhicule spatial capable d'intercepter la course du satellite avant que ce dernier ne quitte définitivement le système solaire. En acceptant d'interrompre sa mission de routine pour effectuer une courte exploration de Janus, le capitaine et son équipage s'embarquent dans une aventure qui mettra à rude épreuve leur cohésion. Car, en réalité, Janus n'est pas une lune, mais un artefact extraterrestre qui leur réserve bien des surprises. Bella Lind, capitaine du vaisseau et Svetlana Barseghian, son ingénieure en avionique, sont amies intimes. L'interception du satellite Janus crée une fêlure dans cette amitié, lorsque Barseghian découvre que les données de niveau de carburant ont été falsifiées par la compagnie minière et que Lind refuse de faire demi-tour, condamnant ainsi le Rockhopper et son équipage à un aller sans retour à destination de Janus.

    Mon avis : Voilà un roman littéralement cosmique, qui nous emmène très, très loin dans l'espace. Voilà surtout une oeuvre en huis-clos où l'enfer se révèle être, principalement et naturellement, les autres. Barseghian et Lind sont les pivots fixes de ce récit aux multiples tempi, qui fait la part belle aux ellipses temporelles. Leur amitié ne résiste pas aux tensions engendrées par l'inéluctabilité de leur voyage sans retour, et crée de multiples lignes de faille dans la petite société du Rockopper, des failles qui ne tardent pas à tourner au conflit. Une lutte avec ses revers et ses retournements de situation, qui s'étale sur des décennies.

    C'est une lutte intestine doublée d'une lutte contre l'univers entier. C'est une histoire de survie et de résilience, une histoire de l'humain qui se doit de faire face victorieusement à l'impossible : l'immensité vide et glaciale de l'espace, quasiment sans ressources et surtout sans aucun retour en arrière possible. Survivre pour ne pas que leur humanité s'éteigne. Bref, Janus est un roman plein de promesses...

    Des promesses qui ne sont pas complètement tenues. C'est un bon roman, cela aurait pu être un roman extraordinaire. Il y manque une capacité à émerveiller vraiment le lecteur, ainsi qu'une certaine cohérence, lorsque des éléments cruciaux de la ligne narratrice ne sont pas explicités (comme lorsque les machines de Janus se mettent à tuer les humains, sans qu'on n'apprenne jamais réellement pourquoi). Le prologue reste très longtemps incompréhensible, pour être résolu de façon incomplète aux trois quarts du roman, dans un twist surprenant et trop brutal pour moi.

    Pourtant, les héroïnes devenues antagonistes semblent si réalistes, dans leur courage et dans leurs limites. La sauce prend, mais elle est fragile et cassante : il y manque comme un liant. Oui, il y manque de la maïzéna : cette fécule de maïs légère et pourtant extrêmement efficace qui sait se faire oublier tout en étant indispensable.* Il y manque du Anne McCaffrey, du Lois McMaster Bujold ou tout simplement du Jack Campbell.

    Janus est donc un honnête space opera, que j'ai fini sans problème mais qui n'a pas déclenché d'enthousiasme délirant chez moi. Un peu dommage...

     

    * oui, j'admets, ma métaphore culinaire manque peut-être de poésie. Mais elle est efficace.

     

    Cette chronique participe pour la troisième fois au septième épisode du Summer Star Wars de M. Lhisbei, béni soit son nom, ainsi que ceux de Lhisbei et Excel Vador.

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  • La Saga Vorkosigan, de Lois McMaster Bujold

    Je viens de terminer le 5e volume de l'intégrale de la Saga Vorkosigan de Lois McMaster Bujold. L'été dernier, durant le Summer Star Wars de Lhisbei, je vous avais parlé du premier roman du volume 1 de l'intégrale, Chute libre. Ce billet, en revanche, détaille tous les romans de l'intégrale.

    Avant de commencer, un rappel : cinq des titres de cette saga ont reçu les plus prestigieux prix littéraires de SF (Locus, Nebula et Hugo). Un record inégalé pour une même série.

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    L'attrait principal de la Saga Vorkosigan réside dans son héros éponyme, Miles Vorkosigan. Avorton lourdement handicapé par un squelette friable, une taille largement en dessous la norme (1m48), et victime des violents préjugés de la société dans laquelle il naît, Miles débute mal dans la vie. Tellement mal que certains de ses proches veulent sa mort, au regard de son apparente monstruosité.

    Mais Miles, outre ses géniteurs hors du commun (que l'on apprend à connaître dans les premiers romans, L'honneur de Cordelia et Barrayar), est doté d'un cerveau agile. Tellement agile qu'il confine au génie. Accro à l'adrénaline, il n'a peur de rien, et surtout pas de se blesser - ou de mourir. Alors, il ose tout, de préférence les audaces les plus improbables eu égard à sa condition physique.

    A 17 ans, Miles tente l'entrée à l'école militaire de Barrayar, son monde. Il échoue, bien évidemment, aux épreuves physiques. Il prend alors l'air, au sens figuré et littéral. Il part sur le monde sa mère, Beta. Une fois là-bas, il se rend maître, par un coup de poker inopiné, d'une flotte de mercenaires spatiaux. Il en devient l'amiral sous une fausse identité. Et il met cette force au service de Barrayar et de son empereur et néanmoins frère de lait, Gregor Vorbarra.

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    A partir de ce coup d'éclat, Miles commence une vie de schizophrène, passant de l'identité de Miles Vorkosigan, simple Lieutenant de la Sécurité Impériale, fils mutant et pistonné des aristocrates les plus en vue de la planète, à celle de l'amiral Miles Naismith, chef suprême des mercenaires Dendarii, casse-cou audacieux et génial, son double ultra secret.

    Une vie de danger, de folie, une vie à la fois excitante et frustrante, où ses plus grands exploits doivent être passés sous silence à chaque retour sur Barrayar, pour des raisons de sécurité. Barrayar sur laquelle il continue donc à être un monstre de foire, considéré si ce n'est avec mépris, au moins avec dégoût.

    Je suis ravie par la qualité globale de cet univers littéraire. Celui-ci est inévitablement inégal, en raison de la quinzaine de romans et nouvelles qui le constituent. Mais l'ensemble forme une Oeuvre, avec la majuscule.

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    La très grande force de La saga Vorkosigan réside sans aucun doute dans la multiplicité des angles d'attaque du récit. Lois McMaster Bujold ne cède sur rien : ni la richesse et la profondeur psychologique des personnages, ni l'action, ni la vivacité des dialogues. Tout y est, en quantité et en qualité.

    En lisant ces romans, je suis scotchée par l'action, je pouffe de rire à chaque réplique de Miles ou de ses acolytes (je vous recommande particulièrement les dialogues de Miles avec son cousin Ivan Vorpatril...) et je suis émue, parfois aux larmes, devant la fragilité et la souffrance des personnages.

    On pourra dire qu'il y manque quelques détails : une anticipation crédible de la diaspora humaine dans les étoiles, ou encore une base scientifique cohérente, développée et solide pour les voyages spatiaux. Mais nous ne sommes ici ni dans Dune, ni dans Honor Harrington, encore moins dans la hard-science façon Kim Stanley Robinson. Nous sommes dans le space opera le plus divertissant, mais qui, pourtant, développe une thématique singulière.

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    Car s'il est une particularité dans l'univers créé par l'auteur, c'est la place importante accordée au handicap. Plusieurs des principaux protagonistes, Miles en premier, souffrent de handicaps physiques ou psychologiques sévères. Résultats d'agressions, de mauvais traitements, ou simplement de malchance, ces handicaps sont constitutifs de leur personnalité.

    Leur souffrance provoque dans certains cas des séquelles psychiques et physiques sérieuses, avec lesquelles les protagonistes doivent vivre : comportements déviants, tendances suicidaires, personnalités multiples. Leurs motivations et leurs actions sont partiellement basées sur ces souffrances. Ils en paient trop souvent le prix fort. Et c'est à mon sens ce qui élève la Saga Vorkosigan au delà du simple divertissement.

    Une fois de plus, la preuve est faite pour moi que la SF est un moyen de réfléchir à une thématique réelle, quotidienne, et parfois douloureuse, à travers le prisme ludique et "indolore" de la distance fictionnelle. Divertissant, oui. Gratuit, non.

    La saga de Miles est donc en passe de devenir, à l'instar du Vol du dragon d'Anne McCaffrey, un de mes « livres-doudou ». De ceux que je lis quand rien ne va plus, que mon moral est en berne et que je n'ai pas envie de lire. Autant te dire, cher ami lecteur, que je t'encourage à mettre ton nez dedans...

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    Voici la distribution des romans et nouvelles dans les intégrales. Les titres entre crochets sont les premières traductions françaises, modifiées lors de l'édition en intégrale (plus fidèles aux titres originaux).

    Intégrale 1 :

    Intégrale 2 :

    Intégrale 3 :

    Intégrale 4 :

    Intégrale 5 :

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    Ce billet s'inscrit - avec retard - dans le cadre du challenge SFFF au féminin, lancé par Tigger Lilly, du Dragon Galactique. [Edit du 14 avril 2014].

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  • La reine des neiges, de Joan D. Vinge

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    J'ai été récemment prise d'un besoin pressant : celui de tenter de combler, au moins partiellement, l'énorme trou dans ma culture SF classique. Pour ce faire, j'ai très bêtement cherché la liste de tous les Prix Hugo depuis le commencement de l'histoire de ce prix.

    Et je suis tombée sur ce roman, La reine des neiges, Prix Hugo et Locus 1981, dont je n'avais jamais entendu parlé mais qui m'a intriguée : l'autrice porte le même nom de famille qu'un certain Vernor Vinge, auteur bien connu et lauréat lui aussi de plusieurs Prix Hugo (Au tréfonds du ciel, Un feu sur l'abîme), et... son titre évoque une certaine chanson à martyriser les tympans pour n'importe quel parent depuis 2013 !

    La reine des neiges s'inscrit par la suite dans une série, intitulée Le cycle de Tiamat, dont il constitue le premier tome.

    Joan D. Vinge a effectivement épousé Vernor Vinge, dont elle a ensuite divorcé. Peu connue en France, elle a relativement peu écrit mais ses oeuvres bénéficient d'une bonne critique ; elle a été 2 fois lauréate du prix Hugo, et nommée à plusieurs reprises.

     


    Résumé : la-reine-des-neiges.png

    La planète Tiamat est la plus primitive des mondes à portée spatiale de l'Hégémonie. Vivant au rythme d'interminables saisons hivernales et estivales, elle a tout oublié de la technologie de vol hyperspatial de ses ancêtres, et les seuls voyages possibles se font en utilisant les remous quantiques provoqués par un proche trou noir, dernier passage avec les autres colonies de l'Hégémonie. Après cent cinquante ans de règne, Arienrhod, la Reine de l'Hiver, ne veut pas quitter le pouvoir. Et pourtant voici que vient le temps de l'Été, celui des Étésiens, où une Reine de l’Été doit prendre sa place. Cela pousse Arienrhod à recourir à des clonages, des êtres en lesquels elle pourrait se réincarner éternellement. Une tâche redoutable qui échoit à Moon, une jeune Étésienne pour qui jusque là n'ont existé que les joies de la mer et l'amour de son cousin Sparks...

     


    Mon avis :

    Je suis entrée dans ce récit en toute candeur, n'ayant jamais rien lu ni vu sur ce roman. Et j'ai immédiatement été charmée par la narration fluide et les personnages attachants de Moon et Sparks. Puis la lecture aidant, l'univers de Moon prend de l'ampleur et la lectrice que je suis a été plus charmée encore par l'ambition de l'autrice, qui du planet opera passe allègrement au space opera, nous entrainant loin de Tiamat pour entrer au coeur de l'Hégémonie qui la dirige.


    C'est ainsi que l'univers se déploie, progressivement, permettant au lecteur d'appréhender sans heurt la complexité de la société, de l'histoire et de la politique de la planète Tiamat, puis de comprendre sa place si spéciale au sein de l'Hégémonie, qui veille sur elle, non pas tant comme une mère sur son enfant, mais comme un vieil homme jaloux sur ses privilèges.


    Reine des neiges avec texte.pngLa reine Arienrhod est une femme politique avisée, très expérimentée, dont l'apparente  jeunesse éternelle camoufle un esprit vorace et affûté. Toute son énergie est tournée vers la préservation de son pouvoir à l'arrivée de l'été, selon des moyens détestables et cruels. En premier lieu, Arienrhod tient le rôle cathartique du mal à combattre, face à la très solaire Moon. Mais, comme dans toutes les bonnes histoires, et c'est là une très bonne histoire, Arienrhod agit mal en étant motivée par d'excellentes raisons. Des raisons que Moon et Sparks, chacun de leur côté, sont amenés à découvrir et à comprendre.


    Moon, de son côté, devient Sybille, une sorte de voyante liée aux croyances religieuses très profondes de Tiamat. Et Moon apprend bientôt que les Sybilles sont beaucoup plus qu'elle ne paraissent être, camouflant une antique technologie derrière un voile mystique. La loi chère à Arthur C. Clarke, "toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie", revient donc, sous une nouvelle forme. Et ce faisant, Moon découvre, par d'autres voies que la Reine de l'Hiver, les raisons profondes et inavouables pour lesquelles l'Hégémonie tient tant à laisser Tiamat dans son état primitif.

     


    Joan D. Vinge entremêle donc plutôt habilement les thèmes classiques du space opera et de la fantasy, à l'instar d'une Anne McCaffrey avec La Ballade de Pern, donnant ainsi vie à un roman complet, divertissant, qui ne manque ni de souffle, ni d'ambition. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je vous recommande chaudement de découvrir ou redécouvrir ce texte de plus de 40 ans, qui n'a pas vieilli. Comme moi.

     

    Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie. Que la Force soit avec eux... et vous.

     

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  • Journal d'un AssaSynth, de Martha Wells (tomes 1 à 5)

    space opera,science-fictionL'oeuvre : Pour ce premier (et peut-être dernier !) billet de l'année 2022, je me suis dit que tant qu'à parler de space opera, autant ne pas y aller de main morte. J'ai donc décidé de vous parler d'une série commencée en décembre dernier, et terminée aujourd'hui, devenue célèbre grâce à son succès critique : Journal d’un AssaSynth, de Martha Wells (titre original : The Murderbot Diaries).

    La série est composée de 5 novellas et 1 roman, tous édités à la Dentelle du Cygne chez L'Atalante (ma collection que j'aime d'amour "pour toujours et à jamais, jusqu'à preuve du contraire", comme dirait Nicolas Martin - mais je m'égare).

    1- Défaillances systèmes (2019) : prix Hugo, Locus, Nebula et Alex 2018

    2- Schémas artificiels (2019) : prix Hugo et Locus 2019

    3- Cheval de Troie (2019)

    4 -Stratégie de sortie (2019)space opera,science-fiction

    5- Effet de réseau (2020) : Prix Nebula 2020, Prix Hugo et Locus 2021

    6- Télémétrie fugitive (2021), que je n'ai pas encore lu

    En outre, le prix Hugo de la meilleure série littéraire 2021 lui a été décerné dernièrement.

    On peut donc dire que la qualité avait de bonnes chances d'être au rendez-vous.

     

    L'histoire : Une équipe de scientifique, PréservationAux, est en mission d'exploration sur une planète quasi inconnue. Elle est accompagnée d'une SecUnit, un cyborg chargé de sa sécurité. Ce dernier, le narrateur, a pour particularité de s'être auto-baptisé en secret "AssaSynth" - plus poétique encore que la version originale "murderbot" (bravo à la traductrice Mathilde Montier !). Il a aussi piraté en loucedé son module superviseur, qui permet normalement aux humains, et surtout à la compagnie qui le met à disposition des clients, de le contrôler. Ce piratage est potentiellement létal pour les humains, mais il se trouve que dans le cas de notre SecUnit, ledit potentiel reste sagement inexprimé.

    space opera,science-fictionEn effet, lors d'une mission précédente, des clients dont il ("iel", pour être précise) était chargé sont morts, et ce souvenir atroce le pousse à faire de son mieux pour protéger cette équipe scientifique, menée par le Dr Mensah. Le récit dévoile plus tard les raisons précises qui ont mené AssaSynth à désactiver son module de supervision pour devenir autonome. Et celles-ci sont effectivement sacrément bonnes, et naissent d'un véritable traumatisme, pour pousser un cyborg à pirater son propre système.

    Tout en suivant pas à pas la mission de protection d'AssaSynth face à des scientifiques jamais assez prudents à son goût, sur une planète plus hostile qu'il n'y paraît, le lecteur explore avec le cyborg les aléas de la découverte de la liberté de décision, de pensée et de conscience, ainsi que ses progrès - ou pas - en matière de rapports avec les êtres humains, le Dr Mensah en tête.

    Les tomes suivants développent les relations d'AssaSynth avec les scientifiques de Préservation, ainsi que ses déboires divers et variés pour se trouver une place au sein d'une société qui ne veut certainement pas d'une SecUnit séditieuse, toute bien intentionnée soit-elle. Car AssaSynth observe l'humanité par le prisme de ce que celle-ci pense des cyborgs, et il ne se fait aucune illusion sur ce qu'il peut attendre d'elle.

    Le cyborg trouve alors systématiquement refuge, de manière aussi drôlatique que pathétique, et toujours compulsive, dans la consommation effrénée de séries télévisées de science-fiction, toutes aussi irréalistes les unes que les autres, et dans lesquelles les SecUnits tiennent régulièrement, voire systématiquement, le rôle de tueurs effroyables et incontrôlables...

     

    Mon avis : Comme toujours dans les oeuvres que j'apprécie le plus, celle-ci propose un récit d'aventure en surface, et une réflexion philosophique sur l'existence et la conscience, dans le fond.

    space opera,science-fictionDès ma lecture de la première novella, et ceux qui me suivent sur les réseaux s'en souviennent peut-être, j'ai partagé quelques lignes qui m'ont fait glousser, voire pouffer :

    C'était pire que ce que je croyais. [...] Ils étaient arrivés à la conclusion qu'il ne fallait pas "me mettre la pression". Ils étaient tous tellement gentils que ça en devenait abominable.

    Car en effet, AssaSynth fait preuve d'une ironie dévastatrice dans son récit, ironie qui lui permet de gérer tant bien que mal les conflits inévitables entre sa part de machine factuelle et analytique, et les vagues émotionnelles très humaines, issues de sa partie organique, qui viennent le parasiter bien trop souvent à son goût.

    La gestion de ses émotions constitue l'un des points centraux de l'évolution d'AssaSynth tout au long de la série, et le lecteur peut mesurer ses progrès en la matière - ou pas ! - à la fréquence à laquelle il se réfugie dans ses épisodes préférés de série télé, qu'il visionne et revisionne, tel une Blop qui relit son livre doudou chaque année (Le Vol du Dragon d'Anne McCaffrey, pour les curieux).

    space opera,science-fictionL'autrice émaille donc le récit de réflexions et commentaires personnels d'AssaSynth, souvent très drôles, toujours sarcastiques et, au moins en surface, légèrement humanophobes. Car il est bien évident que ce cyborg nourrit des sentiments aussi profonds que niés pour ses compagnons humains, sentiments qu'il s'évertue à qualifier de toutes les façons possibles, sauf bien entendu celles qui entrent dans le champ sémantique de l'émotion.

    Ces pas de côté au beau milieu de scènes d'action offrent une respiration décalée, souvent inattendue, et l'ensemble propose des novellas dont le rythme rapide n’essouffle pas le lecteur, en y injectant de la profondeur de champ.

    Le roman est, lui, un peu moins bien équilibré. Néanmoins, le contexte ayant été très convenablement posé dans les 4 novellas précédentes, on se laisse porter par les aventures d'AssaSynth et de ses associés humains.

    Le plus intéressant étant d'ailleurs dans ce 5e opus, l'exploration de la relation entre AssaSynth et le vaisseau-bot Périhélion, rencontré dès la fin du premier tome. Les deux entités nouent un lien complexe, indéfinissable, et très hautement divertissant pour le lecteur, qu'AssaSynth refuse catégoriquement de qualifier d'amitié, puisque ce concept est humain et donc, non applicable dans le champ des relations robot-cyborg. Or ce lien évolue énormément durant le 5e tome, et l'exploration de leurs identités respectives constitue l'un des coeurs du récit.

    Tout dans cette oeuvre tourne autour des questions de l'identité, de la conscience et de la relation à l'autre, quand rien dans le monde n'est prêt à admettre qu'il y a là une conscience, une identité et une altérité à reconnaître. Journal d'un AssaSynth est donc une série qui allie le divertissement de surface au sens profond, tout ce que j'aime dans la littérature en général, et dans le space opera en particulier.

     

    Une fois de plus, grâces soient rendues à Lhisbei et M. Lhisbei pour le Summer Star Wars, seul et unique challenge de l'univers capable de sortir ce blog et son autrice de leur léthargie.

    Que la Force soit avec vous.

    space opera,science-fiction