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  • Hunger games, de Suzanne Collins

    Je parle ici de la trilogie complète des livres, lue entre décembre 2012 et septembre 2013 (pour cause de sur-réservation des ouvrages à la bibliothèque).

    Cette chronique est rédigée à la demande de Vert, blogueuse SFFF prolixe et néanmoins estimée collègue.

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    Résumé des trois tomes (attention, spoiler) : dans une Amérique post-apocalyptique, nommée Panem, les États-Unis ont disparu pour faire place à un régime autoritaire détenu par le Capitole. Celui-ci soumet depuis presque 75 ans 12 districts, en les tenant par la terreur. Chaque année, il prélève dans chacun d'eux un couple d'enfants de 12 à 18 ans pour les faire s'affronter à mort dans une arène médiatisée. Le vainqueur est celui qui survit.

    Dans le District Douze, l'un des plus pauvres, Katniss prend la place de la petite soeur le jour du tirage au sort. Résignée à mourir, ses compétences en tir à l'arc et son instinct de conservation lui permettent pourtant de survivre, et même de défier le Capitole en sauvant par la même occasion Peeta, son équipier du District Douze.

    Le Capitole annonce alors que l'année suivante, pour le 75e anniversaire des Hunger Games, ce sont les anciens vainqueurs de chaque district qui devront concourir. Peeta et Katniss retournent donc dans l'arène après une année éprouvante de représentation médiatique. Malgré les fortes pressions exercées sur leurs proches, ils survivent et s'échappent de l'arène, mettant prématurément fin aux jeux.

    Commence alors un jeu de chat et de souris entre le Capitole et la résistance, incarnée par le Treizième District, supposé détruit mais pourtant bien vivant. Celui-ci n'hésite pas à utiliser Katniss comme le Capitole l'a fait précédemment, la présentant comme le symbole de la révolte contre l'oppression. Katniss endosse ce rôle sans joie, mais en espérant que l'avenir des districts pourra s'améliorer. La guerre déclarée fait de nombreux dégâts, et Katniss paie comme d'autres le prix de cet affrontement.

    Mon avis : Hunger Games est à mon sens une bonne anticipation post-apocalyptique pour adolescents. Pourquoi ? Parce qu'elle ne tombe pas dans l'angélisme. D'abord parce que l'héroïne, Katniss, ne l'est jamais que contre son gré. Elle est utilisée, manipulée, et elle en est toujours consciente. Elle ne l'accepte qu'en échange de sa survie et celle de ses proches. Ensuite, parce que la fin de l'histoire n'est pas une happy end. Certes l'héroïne ne meurt pas, mais on ne peut pas dire que sa fin soit heureuse. Elle est résignée, meurtrie, et traumatisée à vie. 

    Cette constante demi-teinte est ce qui m'a le plus séduite dans la trilogie ; Suzanne Collins ne prend pas ses jeunes lecteurs pour des imbéciles heureux, et j'en suis ravie.

    Il y a ensuite cette thématique forte inspirée de Battle Royale, ces jeux du cirque pour enfants, ainsi que la manipulation de l'image par les médias, et une certaine réflexion sur la citoyenneté et les devoirs qu'elle implique. Hunger games permet une approche ludique qui introduit de solides notions de civisme et de responsabilité individuelle. C'est également un vrai page-turner, addictif au possible.

    Toutefois, il n'en reste pas moins que Hunger Games a bien des défauts : il se lit très vite, l'action prenant souvent le pas sur la construction, les raccourcis narratifs sont trop évidents. Cela rend l'oeuvre attractive pour les lecteurs peu aguerris, mais se fait au détriment d'une certaine profondeur contextuelle. Pendant les épreuves, le scénario élimine les concurrents un peu trop aisément (même si toujours avec beaucoup d'imagination quant aux moyens !).

    Les personnages principaux sont trop exceptionnels pour être crédibles (Katniss et son ami Gale sont des personnages en dehors des normes de leur société). Je remarque néanmoins que ce n'est pas le cas de Peeta, dont le profil est beaucoup plus réaliste ; c'est un personnage en retrait, parfois inconsistant et pourtant indispensable, et même, précieux.

    Hunger games est loin d'être un chef-d'oeuvre, mais il est porteur de sens pour les ados d'aujourd'hui. Il est en prise avec son temps, avec la mentalité et les pratiques des jeunes (que j'ai l'air vieille en disant cela !!). C'est une lecture facile que j'ai apprécié à sa juste valeur, et que je recommande beaucoup dans mon métier, non seulement aux ados, mais aussi à leurs parents.

    Enfin, bien j'aime beaucoup Jennifer Lawrence, la jeune comédienne qui tient le rôle de Katniss dans le film éponyme,  et que j'ai accroché au film, je recommande vivement la lecture des livres, plus éclairante sur les motivations de son héroïne.

    Pocket, 2009-2011

    Lu aussi par : Vert, Lorhkan, Xapur

  • Gravity, d'Alfonso Cuaron

    Gravity 1.jpgCertains sont des spécialistes d'Alfonso Cuaron. Moi, non. J'ai vu Les fils de l'homme au cinéma, qui m'a scotché sur mon siège pendant toute la projection, et bien entendu Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, dont j'ai apprécié le côté sombre et esthétique, mais de toute façon le livre était aussi mon préféré de la série. De bonnes expériences antérieures, donc.

    Cela dit, je partais avec un peu de crainte pour aller voir Gravity : la 3D ne m'a jamais convaincue jusqu'ici, les critiques un peu trop dithyrambiques sur le film suscitaient ma méfiance - voire me donnaient presque envie d'aller voir ce que pouvait en dire Odieux Connard, le maître en matière de démontage de soi-disant chef-d'oeuvre. Bref, j'y allais poussée par la curiosité, et tirée par la méfiance.

    L'histoire tient sur une feuille de papier à cigarette, tellement courte que je dois spoiler. Attention, donc, pour ceux qui n'auraient pas deviné la fin dès la bande annonce : une équipe américaine d'astronautes en pleine sortie dans l'espace se retrouve prise au piège d'une tempête de débris. Deux d'entre eux s'en sortent, seuls, sans assistance, sans navette, et sans contact avec Houston. L'un est expérimenté (Kowalski, joué par Clooney), l'autre pas (Stone, joué par Bullock). Kowalski aide Stone dans la première épreuve, rejoindre l'ISS en scaphandre. La narration suit ensuite Stone dans ses aventures autour de la terre pour survivre à l'enfer du vide spatial et réussir, d'une manière ou d'une autre, à rentrer saine et sauve sur terre. Elle passe de scaphandre en soyouz, de soyouz en shenzhou, de shenzhou dans l'eau. Grosso modo.

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    Non, le scénario n'est pas bon. Il se veut simple, il est bien souvent plein de trous. Stone survit à un peu trop de tempêtes de débris dans l'espace. Tout le monde meurt autour d'elle, qu'ils soient dans une navette ou dans un scaphandre, et elle reste indemne ? Pas crédible. Le dernier rebondissement du scénario, une fois qu'elle amerrit et manque se noyer, est largement de trop. Bref, du scénario de film catastrophe classique.

    Mais j'ai aimé ce film. D'abord et avant tout parce qu'il touche ce que je cherche dans mes lectures : cet au-delà, cette capacité d'aller plus loin, ce désir irrépressible de quitter le berceau terrien pour aller explorer l'univers. Pourtant, Gravity n'est pas un film de science-fiction. Mais il en a tous les attraits. Il nous parle de l'homme dans l'univers, de sa minuscule et pourtant essentielle place dans le ballet infini des galaxies. Il nous rappelle que nous sommes fait pour aller nous confronter au vide stellaire.

    Gravity 3.jpgIl dépasse surtout ce repli sur soi que notre société connait depuis trente ans, en dirigeant à nouveau le regard du grand public vers cette "projection vertigineuse des possibles"* que représentent les étoiles.

    Et puis, je l'ai aimé pour d'autres raisons :

    - les images sont d'une beauté stupéfiante, et laissent des traces sidérantes dans la rétine pendant des heures. C'est un véritable exploit cinématographique et une expérience personnelle magique.

    - La 3D est utilisée avec pertinence, particulièrement dans les scènes de tempête de débris. Contrairement à d'autres films  en 3D, je ne suis pas sortie de là avec la migraine.

     - La scène de désespoir de Stone dans le Soyouz, où elle rêve une discussion avec Kowalski alors qu'elle est au bord du suicide, est d'une grande poésie. Le silence y est magnifique, comme à chaque fois qu'il apparaît dans le film. On ne le dit pas assez : l'espace est un monde de silence, et c'est la première fois que je vois un film qui lui rende un hommage aussi juste.

    Allez voir Gravity sur grand écran. Ce serait un crime de le regarder sur un écran de télévision ou d'ordinateur. Ce film est un film de cinéma, qui mérite qu'on se déplace et qu'on paie le prix fort.

     

    Vu aussi par : Lhisbei, Lorhkan

     

    *j'ai emprunté cette jolie expression à ma blogopote Lhisbei.