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Chien du heaume, de Justine Niogret

Alors que Justine Niogret vient d'éditer son deuxième roman, Mordre le bouclier, j'ai terminé Chien du heaume, son premier roman, la semaine dernière. Je suis, comme d'habitude, hors du temps éditorial.

Chien du Heaume.jpgL'histoire de Chien du heaume est assez simple à raconter, si on veut faire simple. Et très compliquée, si on veut la décortiquer. Je ferai la version simple, car j'ai pitié de vous. Chien du heaume est une femme à la recherche de son identité. Chien du heaume, c'est le nom qu'on lui donne, qu'elle donne à son tour à qui le lui demande, mais elle ignore son vrai nom, celui de son père. On est au haut Moyen-Âge et Chien du Heaume est mercenaire. Elle se bat pour vivre, pour se nourrir et être logée, elle se bat comme on expire, avec la hache de son père si belle et si tranchante, dont personne ne sait d'où elle vient. Chien du heaume est petite, laide, forte et acharnée. Elle a une quête, mais pas d'espoir. Elle a des amis, mais pas de réconfort. Son univers est sombre et hivernal. Même en été.

Voilà. Vu comme ça, on se demande bien pourquoi on lirait ce livre. Ce qui m'a finalement décidé, même s'il a bonne réputation et des prix prestigieux (le Prix Imaginales et le Grand Prix de l'Imaginaire 2010), c'est sa brièveté. Il fait à peine plus de 200 pages, et j'ai très peu de temps pour lire. Pourtant, j'ai mis du temps à le finir. A le savourer, devrais-je dire. Presque deux semaines. L'écriture est belle, élégante, volontairement suranée, délicate par bien des aspects, alors qu'elle parle de sang, de violence, de froid et de désespoir. Un véritable plaisir, que l'on fait durer.

Et puis, il ne s'y passe pas tant de choses que ça, dans cette histoire. Ce n'est pas un page-turner à la Dan Brown. On prend son temps, et c'est bien - sans doute parce qu'on sait que ce ne sera pas interminable. D'autant plus que c'est sombre, très sombre. La neige, le froid, les pierres noires d'un chateau fort caché au fin fond d'une forêt, la rugosité des hommes d'armes et la cruauté perverse des dames, la langueur de la brume, la violence inouïe à peine contenue sous un vernis social sont le quotidien de l'héroïne. Elle n'aspire pas à s'en échapper, elle en fait partie. Le drame est sa réalité, sans fard, dans toute sa crudité. Voilà donc un roman littéralement crépusculaire, qui évoque la fin d'un monde et en porte tous les stigmates. Lorsqu'il se termine, je ne suis pas soulagée, pas véritablement. Mais je porte en moi une histoire qui m'a touchée et qui laisse de belles traces d'humanité - et de littérature.

Et puis... attiré par une note d'intention d'une tonalité étrange, je lis le glossaire. Et là, je me prends les pieds dans le tapis, je glisse sur une peau de banane. Pour tout dire, j'ai l'air d'une folle échappée de l'asile. Car je ris comme je n'avais pas ri depuis longtemps. Je ris presque à chaque définition !

Je découvre donc à la lecture du glossaire que Justine Niogret possède un humour dévastateur, déjanté et improbable, en totale contradiction avec le ton du roman qui le précède. Une bouffée de chaleur, une tranche de bonheur pur.

Je vous dois donc d'en conclure que j'ai adoré ce livre, au moins autant pour le roman lui-même que pour la douche brûlante qu'on se prend sur le paletot en passant du roman au glossaire.


PS : Le roman est étiqueté fantasy alors qu'on ne voit aucun attribut de fantasy dans le récit (non, la brume qui sort du casque de la Salamandre ne m'a pas impressionnée). Personnellement, je le rangerais en littérature blanche - et ce n'est pas une insulte.

 

Lu et chroniqué aussi par : Efelle, Lhisbei, Lorhkan

Mnémos, 2009.

Genre : fantasy (?), historique

CITRIQ

Commentaires

  • ça fait un moment que je lorgne dessus et ton avis fait en sorte de lorgner encore plus...Je vais me le procurer en poche (il sort demain je crois). Impossible de l'emprunter à la bib, il n'y en a plus (je ne sais pas qu'est-ce qu'ils mangent des fois en lisant... mais ça dissuade).

  • Lorgne, collègue, lorgne... Cela vaut le coup. L'auteure trouve ma chronique proche de sa propre interprétation de son oeuvre, ce qui peut être une raison supplémentaire de lire le livre.
    (je ne sais pas non plus ce qu'ils boivent, des fois on a des trucs...)

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