Ce roman est le deuxième de Karin Lowachee ; il appartient à un tryptique qui comprend Warchild, Burndive et Cagebird (à paraître). J'ai déjà lu Warchild, j'en ai pensé (et dit) beaucoup de bien. A tel point que j'ai par la suite comparé La stratégie Ender d'Orson Scott Card à Warchild (alors, que béotienne que je suis, j'eus dû faire l'inverse, puisque Ender est antérieur à Warchild).
J'attendais non sans une certaine appréhension la lecture de ce deuxième volet. D'abord parce que je n'aime pas la jaquette, que je trouve inutilement horrifique (bien que de très belle qualité et fidèle à la description des aliens par l'auteur), alors que celle de Warchild était certes évocatrice de violence, mais pas d'épouvante.
Et puis, ce roman allait-il me toucher autant que son prédécesseur ? De prime abord, la réponse s'impose à moi : non. Non, parce que le narrateur, Ryan, est un adolescent pourri-gâté, un gosse de riche égocentrique et veule. Un personnage pour lequel je n'ai, d'emblée, aucune empathie. Ses états d'âme de jeune adulte immature m'impatientent prodigieusement. Or, ceux-ci constituent l'essentiel du récit.
Ceci posé, Burndive n'en reste pas moins un ouvrage intéressant. Il suit la ligne du premier volume en développant le point de vue d'un enfant pris dans une guerre. Un point de vue très différent de celui de Warchild, puisque Ryan est un jeune homme en fin d'adolescence ayant grandi dans un milieu protégé et privilégié, au contraire de Jos, jeune enfant enlevé par les pirates puis les aliens.
La mère de Ryan et son père sont séparés, géographiquement - elle vivant sur une station et lui sur son vaisseau de guerre. En réalité, tout chez eux a divergé : leurs opinions politiques, leurs rapports aux médias, leurs sentiments. La mère de Ryan a une liaison avec Sidney, le Marine attaché à la sécurité de Ryan et son père, Cairo Azarcon, se consacre exclusivement à son vaisseau, son équipage et les pourparlers de paix dans lesquels il s'est engagé au nom du ConcentraTerre - sans son assentiment.
Ryan a vécu quelques années sur Terre pour ses études, jusqu'à ce qu'un attentat dirigé contre son grand-père, dirigeant de l'Etat-Major du Concentra-Terre, le traumatise. De retour chez sa mère sur la station Austro, il se drogue, perdu dans un auto-apitoiement égoïste et désespéré. Un attentat contre lui fait réagir son père, qui revient en urgence le prendre secrètement à bord de son vaisseau afin de le protéger. Bien qu'accompagné par Sidney, qui est son plus proche ami et ce qui se rapproche le plus d'un père pour lui, Ryan se sent seul et abandonné, manipulé comme un pion.
Tous ces évènements se produisent sous les projecteurs des médias, répercutés à l'envie sur le réseau d'information Envoy. L'Envoy est la seule référence de Ryan, qui tend à n'avoir confiance qu'en lui. Pourtant habitué, dans son éducation dorée, à manipuler les médias, il ne réalise que lorsque qu'il commence à connaître la vie sur le vaisseau de son père que le réseau manipule l'opinion publique et que la réalité est bien différente de celle qu'il imaginait.
Sa prise de conscience arrive tardivement - bien trop à mon goût. La cage psychologique dans laquelle Ryan s'est enfermé est crédible, mais on s'étonne tout de même de son manque de maturité. L'écriture de Karin Lowachee est simple et directe, mais manque peut-être un peu de profondeur pour rendre fidèlement la noirceur des personnages et des situations, que le lecteur ne fait qu'effleurer à travers le regard de Ryan.
Tout à la fois orienté sur l'enfance en guerre et sur la manipulation des medias, cet ouvrage mérite le détour, même s'il est moins attachant que le premier opus. J'attends avec curiosité la sortie du troisième roman. Il faut dire que j'apprécie l'univers politique et sociologique créé par Karin Lowachee, doté d'un point de vue original sur une reprise impeccable des codes classiques du space opera.
PS : à noter, beaucoup moins de coquilles dans ce deuxième volume que dans le premier. Dieu merci !
Le Belial, 2011
Genre : space opera, guerre
Lu aussi par : Efelle