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  • Dormeurs, d'Emmanuel Quentin

    DORMEURS_C1.jpgQuatrième de couverture :

    Il en est des rêves comme de la vie. Comment les traverser, comment les affronter ? On peut être endormi et se rêver poète, espion, astronaute, plongeur, aventurier, voyageur le long des côtes, sur la route, sombrant dans n’importe quel abîme ou contournant les obstacles.

    Dans une société dévastée par une crise économique sans précédent, des « Dormeurs professionnels » ont été sélectionnés pour la richesse structurelle de leurs rêves.

    Fredric Jahan est l’un d’eux. Les images de son sommeil, enregistrées à l’aide de capteurs nanotechnologiques pour une clientèle fortunée, caracolent en tête des ventes. Mais un jour, ses rêves, trop réalistes, ne s’enregistrent plus…

     

    Mon avis :

    D'abord et avant tout, cher lecteur, un avertissement : Emmanuel Quentin est un pote. Bibliothécaire et blogueur, comme moi. Le lire dans sa première oeuvre fut donc une démarche avant tout amicale. Si je le précise, c'est que le type de récit qu'il propose ici, un thriller d'anticipation fantastique, n'est pas dans mes goûts de lecture habituels. Je ne l'aurais donc pas lu si ce n'était lui qui l'avait écrit.

    Maintenant, qu'en ai-je pensé ?

    Essentiellement du bien ! Une fois posé que je ne suis pas très fan de ce type de récit, j'ai été agréablement surprise par plusieurs éléments. D'abord, j'aime beaucoup l'écriture, vive, moderne et travaillée. C'est la première chose qui m'a sauté aux yeux, peut-être parce que je craignais que ce ne soit pas le cas (ce qui est stupide, puisque je sais bien, via son blog, que l'auteur sait écrire...).

    Ensuite, le fil narratif : il est prenant, plutôt bien rythmé et induit rapidement chez le lecteur une angoisse tout à fait en accord avec ce que vit le narrateur Fredric Jahan. A tel point que je laissais de temps à autre tomber le livre, parce que l'angoisse était trop forte pour moi ! Le lecteur s'identifie très (trop) facilement au narrateur et aux personnages qu'il incarne durant ses aventures nocturnes. Oui, je suis une petite nature. Imaginez si vous me faisiez lire un récit d'épouvante... Ce roman est un page-turner, et pour qui ne craint pas le thriller angoissant, il se lit extrêmement rapidement.

    Enfin, le cadre socio-politique rapidement peint autour du récit propose un futur (2018, soit dans un an, hein...) très probable. Et pas réjouissant. Comme souvent dans les récits d'anticipation qui tiennent la route, et c'est le cas pour celui-ci, il constitue un avertissement à ne pas négliger. L'abandon des grands principes humanistes dans l'organisation de la société (même si cela ne reste qu'un idéal) au profit d'un système sans utopie et uniquement tourné vers la survie et le chacun pour soi révèle un futur bien sombre.

    Le quotidien des prisons décrit dans le récit m'interpelle, cette façon d'ignorer totalement les détenus et le sort qui leur est réservé... Je soupçonne mon blogo-bibliopote d'avoir réalisé des interventions professionnelles en maison d'arrêt.

    Si je dois émettre deux réserves sur ce récit, les voici : le rythme perd de sa cohérence vers la fin du roman, où les évènements et les révélations se précipitent un peu trop vite à mon goût. Certaines résolutions m'ont laissée dubitative. Mais il est bien connu que le fantastique n'est pas ma tasse de thé, et mes doutes viennent peut-être de là. Deuxièmement... il n'y a absolument pas assez de femmes ! Le casting est très majoritairement masculin, même si l'un des rôles principaux est féminin. Je ne dirais pas lequel, ce serait divulgâcher... ;)

     

    Bref, tu auras compris, cher lecteur : ce coup d'essai est réussi. Dormeurs est un roman qui tient ses promesses et propose un récit prenant et attachant. Une belle imagination, un sacré sens du suspens, un bon travail d'écriture et de documentation, bref : un roman que je te recommande.

     

    Félicitations, Manu. Je suis épatée.

     

    Genre : thriller, fantastique, anticipation

    Édition:  Le peuple de Mü, 2016

    Illustration de couverture (que j'aime beaucoup) : Cédric Poulat